#9 Plus de nouvelle...- Pierre

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— Chérie ! Chérie ! Tu n'aurais pas vu Éléonore, par hasard ?

— Euh... Attends, je peux entrer d'abord ? sourit doucement Diana.

— Oui... pardon, viens... s'excusa Pierre, en se décalant pour laisser passer sa jeune conjointe. Je suis préoccupé... je suis ici depuis deux heures et je n'ai aucune trace de ma fille...

— Donc, tu es revenu de ton voyage il y a déjà deux longues heures sans me prévenir, pas même un message ? s'exclama-t-elle en le regardant, une lueur de déception dans le regard. Tu m'avais promis de me tenir au courant aussitôt, même avec un petit message de rien du tout...

Il soupira et s'arrêta de faire les cent pas avec nervosité pour la regarder droit dans les yeux :

— Ecoute ma chérie. Je suis désolé d'avoir manqué à ma promesse, mais ce n'est pas le plus important là !

Elle sursauta, légèrement effrayée. Il pouvait être imposant avec ses vingt ans de plus, quand il se mettait dans ce genre d'humeur. Mieux valait ne pas l'énerver l'avantage, d'autant plus que sa nervosité la gagnait elle aussi à présent.

— Bon, désolé. C'est quoi cette histoire avec ta fille ? soupira la jeune femme en visualisant la jeune adolescente, si douce et si sage, à ses yeux incapable de causer le moindre problème.

— Je... comme souvent, je l'avais laissé dormir seule à la maison pendant mon voyage.

Elle esquissa une moue réprobatrice. Elle lui avait pourtant répété des milliers de fois que ce n'était pas une façon d'éduquer un enfant, mais visiblement, il avait encore fait la sourde oreille.

— Ne fais pas cette tête, râla-t-il en levant les yeux au ciel. Je voulais te demander de passer, mais tu avais du boulot... et Éléonore m'avait promis que ça ne l'embêtait pas d'être seule deux jours d'affilés.

Diana plissa les yeux et essaya de réfléchir calmement.

— Elle ne t'avait laissé aucun message ?

— A mon départ, simplement, pour me souhaiter un bon vol, et pour m'assurer qu'elle allait se débrouiller. Ensuite, on ne s'est plus reparlé, j'étais assez occupé et je n'ai rien reçu.

— T'avais-t-elle parlé d'une quelconque activité ?

— Oui, elle devait garder les chiens de la vieille.

— Arrête d'appeler ma mère comme ça, rétorqua-t-elle, courroucée et exaspérée. Et c'est grâce à moi qu'elle a trouvé ce boulot !

Elle s'interrompit en voyant le léger sourire de Pierre, qui, un peu plus détendu, semblait tenter de la pousser volontairement à bout.

— Pierre, tu es vraiment imbuvable ! Je suppose que tu l'as appelée pour en savoir plus ?

— Bien sûr ! S'exclama-t-il, de nouveau énervé. Et tu sais ce qu'elle m'a répondu, cette sorcière ? Elle m'a ri au nez en disant qu'on avait trouvé ses deux chiens qui sortaient des Blocs, l'air essoufflé. Mais point d'Éléonore.

— Des... Des Blocs ? S'écria Diana, soudainement inquiète et effrayée.

— Des Blocs, oui. Pourquoi ? Dis-moi !

— Mais, sombre crétin, tu n'as pas suivi l'actualité de là où tu étais ? Y a une gamine qui as disparu là-bas hier ! Et il y a eu des coups de feu quelques heures après !

Ses yeux s'écarquillèrent d'horreur et il s'exclama:

— Et ta mère était au courant ?

— Je ne sais pas Pierre, je ne sais pas, mais il s'agit de ta fille là ! Il faut aller le signaler !

— Bien sûr que nous allons le signaler ! Mais d'abord, on va voir sur place, s'exclama Pierre avec détermination.

— Mais tu crois quoi ? Que tu va entrer dans les Blocs et qu'elle va te sauter dans les bras ? Bon sang, il faut le signaler TOUT DE SUITE !

Paniquée, elle ne se contrôlait plus à présent.

— Pardon, ma chérie. Tu as raison. On va le signaler aux policiers qui sont sur place. Viens.

Étonnée -elle n'avait pas l'habitude de le voir se ranger si rapidement à son avis- elle le suivit et monta dans sa voiture, qui démarra presque aussitôt.

Ils étaient tous deux d'un tempérament calme et décidé, parfois borné, mais à présent, il n'y avait plus que l'angoisse qui les animait.

Il ne voulait pas perdre sa fille. Depuis le brusque décès de sa femme, il y a cinq ans, il s'était juré de la protéger. Et, même s'il était souvent absent, il aurait tout donné pour elle.

Il sortait avec Diana depuis quelques mois à présent. Elle l'aimait comme une fille et aurait beaucoup donné pour revenir en arrière. Elle lui aurait proposé de venir chez elle, et il n'y aurait pas autant d'inquiétude aujourd'hui.

Enfin, après une course de quelques minutes largement au dessus de la vitesse autorisée, il pilèrent brusquement juste en face du bâtiment Douze, celui dont on parlait le plus dans les médias, celui qui, visiblement, semblait être au cœur de l'action.

Quelques voitures de police y étaient garées, et ils firent une arrivée plutôt remarquée. La plupart, habitués par les excentricités du vieux commercial, qui ne passaient pas inaperçues dans une ville aussi petite, haussèrent les épaules sans chercher à en savoir plus.

Seule une jeune policière vint les trouver:

— Bonjour, monsieur, madame... Je suppose que vous n'ignorez pas que le lieu est sécurisé et que l'entrée est, par conséquent, interdite...

— Nous le savons, bien sûr, dit Diana en descendant la première, devançant le cinquantenaire qui semblait prêt à incendier la jeune femme. Nous voulons signaler un événement qui nous inquiète beaucoup, et qui semble lié aux derniers événements qui se sont déroulés ici...

— Ma fille a disparu ! s'exclama Pierre.

La jeune policière ouvrit la bouche mais il ne la laissa pas poser de question.

— Elle promenait deux chiens, et il semblerait qu'elle se soit un peu trop approché de la zone. Je n'ai plus de nouvelles d'elle depuis, excepté le fait que les animaux aient été retrouvée en sortant d'un de ces bâtiments.

Soudainement plus intéressée, elle prit rapidement note et leur posa quelques questions, avant de les autoriser à repartir, promettant de les appeler s'ils avaient une information de plus pouvant faire avancer l'enquête.

La colère et la détermination avaient à présent laissé place à une angoisse terrible dans le cœur des deux amants. Ils s'accordaient, pour une fois, pour espérer le retour de la jeune fille.

En silence, ils reprirent d'un pas traînant la direction de leur voiture, de laquelle ils avaient dû s'éloigner durant l'interrogation en règle de la policière. Quelques arbres solitaires entouraient le lieu, et, dès qu'ils passèrent devant la façade arrière du bâtiment, un long craquement sinistre se fit entendre, suivant le bruit caractéristique d'une balle tirée à bout portant.

Dans un léger gémissement, un homme entièrement vêtu de noir s'écrasa juste devant eux.

Il avait une drôle de caméra à la main, remarqua aussitôt Pierre.

Dommage qu'elle soit cassée.

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