#8 Observation- Sofiane

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Ce perchoir est nickel ! C'est exactement ce qu'il me faut.
La hauteur est parfaite pour ne pas se rompre le cou en montant mais ça ne reste pas pour autant facilement accessible aux gamins de passage.

Depuis le temps que je l'ai, il ne m'a jamais fait défaut. Jusqu'ici, je l'ai toujours utilisé pour espionner et filmer les trafics de drogue autour des bâtiments Treize et Quinze. Mais c'est aussi un poste de choix pour observer le Douze. Et la caméra qui ne quitte jamais mon perchoir m'a avoué des choses plus qu'intéressantes sur les derniers événements criminels hyper médiatisés.

La disparition, les coups de feu, enfin tout le bordel quoi.

Et encore, ni la télévision, ni la police ne soupçonne l'ampleur de ce qui s'y est passé. J'ai bien vu ces deux autres personnes entrer. Une femme, une fille. Elle ne sont pas ressorties. Et la petite Cléa non plus.

Je ne sais pas ce qu'il est advenu à ces filles, et je fais tout pour le savoir. Heureusement que mes caméras attestent du reste.

Ça va me rapporter un joli petit pactole, tout ça. La police me paie en cachette depuis des années pour en savoir plus sur les trafics de drogue et le marché noir. Ils n'ont pas pensé à me demander des informations là dessus.

Ils devraient, pourtant.

Enfin... qu'importe, puisque c'est moi qui leur donnerai.

Je sais qui est le coupable, à présent, même si je ne comprends absolument pas son mobile.

Je devrais arrêter de parler tout seul. Ce serait con de se faire repérer si près du but.

Bref.

Cet arbre, malgré toutes ses qualités, est terriblement inconfortable. Et rester des heures dans la même position... m'enfin, ces bandes sont un vrai coffre-fort, ça vaut bien quelques moindres sacrifices.

Oh, et puis merde ! Tant pis. Je fais bien ce que je veux. Si je veux bouger un peu, risquer d'être un tantinet repérable... Je ne suis visible que depuis la plus haute fenêtre du Bâtiment, et, si mes estimations sont exactes, personne ne devrait encore s'y trouver. La personne recherchée ne serait tout de même pas assez bête pour se cacher juste au dessus des autorités, qui fouillent et cherchent depuis des lustres sont trouver le moindre indice convaincant, excepté quelques traces de sang sur le sol et des traces de pas qui ne mènent à rien.

L'enquête piétine, ce n'est rien de le dire.

Mais, dès que je serai passé par là, je suis certain que les choses avanceront bien plus vite.

Et là, je ne serai plus Sofiane la racaille, Sofiane le fils de la droguée du coin, mais Sofiane le Malin, Sofiane le Sauveur.

Le Héros, quoi.

Perdu dans mes réflexions plus qu'élogieuses sur mon compte, je ne remarque pas la fenêtre qui s'entrouvre légèrement. Le bras qui sort de la fenêtre.

Le pistolet dans une main décidée.

Le coup qui part.

La balle qui s'enfonce douloureusement dans ma cuisse.

Et puis moi, déséquilibré, qui m'affaisse sur l'herbe sèche de cette fin de soirée d'hiver.

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