Chapitre 71 Le passé pour l'avenir

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 Caléus Fincher releva le visage de derrière l'ordinateur pour embrasser du regard l'ensemble du laboratoire. Il ouvrit plus largement son esprit aux pensées qui tournoyaient autour de lui. Il en cherchait une plus précisément, mais ne parvenait pas à l'isoler. Trop ténue. Trop chuchotante. Elle se dissimulait dans la masse et se dérobait chaque fois qu'il faisait mine de l'approcher. Pourtant, elle avait éveillé sa curiosité, car elle parlait d'espoir.

*

 Cyrus fixa un instant le conteur chercher des yeux quelque chose. Heureux de retrouver son maître, le jeune homme avait eu un peu de mal à accepter sa relégation en seconde ligne après avoir été sur le devant de la scène. Cependant, il devait admettre que les négociations même écourtées n'auraient pas été aussi simples sans Kreine, enfin Caléus maintenant.

 Maître et disciple avait eu une longue conversation durant laquelle chacun avait raconté ses aventures, Fincher utilisant son don pour voir plus loin que les mots. Cyrus, désormais au courant du don que son maître lui avait dissimulé jusqu'à présent, avait tenté de protéger ses sentiments les plus intimes à l'intrusion de son maître, mais ses efforts avaient été vains. Le conteur savait tout, et même plus qu'il n'en savait lui-même. Bien qu'il ne lui ait pas fait de remarques, Cyrus avait senti le poids du reproche dans son regard quand il avait parlé de l'Élue et des circonstances qui avaient entouré sa capture.

 Pourtant, le jeune homme ne parvenait pas à ressentir du remord. Il avait même éprouvé une espèce de joie malsaine lorsqu'il avait appris qu'Alma s'était enfuie. À nouveau. Cette fille était une vraie plaie, n'en faisant qu'à sa tête et exaspérant tous ceux qui l'approchaient. Et puis, cela n'avait plus aucune importance maintenant qu'ils étaient alliés aux rebelles de la tour. Cyrus était bien trop orgueilleux pour reconnaître que c'était grâce à l'obstination de la jeune fille, à son refus de se soumettre, que l'Histoire s'était enfin mise en marche.

 Fincher se méfiait toujours un peu des membres du Haut-Conseil. Il opérait une surveillance constante des esprits avec l'aide d'Ivelda, tout en accomplissant la tâche que lui avait assigné Taddeus Moor. Contraints de s'allier, les deux anciens adversaires apprenaient à se faire confiance.

 En attendant, le conteur et son disciple avait la charge de trouver dans les archives numériques de la cité, une trace quelconque du ver géant, et du moyen utilisé pour le vaincre. Barandoué avait facilité leurs recherches en les orientant dans le vaste réseau de la Doshbat. Jusqu'à présent, ils n'avaient toutefois rien trouvé de probant, du moins concernant le ver. Ils avaient quand même réussi à mettre la main sur des plans assez anciens de la tour. Le passage secret y était mentionné, mais de manière sibylline. L'œil non averti ne voyait qu'une cloison légèrement plus épaisse. Eux avaient décelé un escalier et des portes d'accès.

 Cyrus reporta son attention sur l'écran devant lui. Il venait d'accéder à un dossier parmi les plus anciens du réseau nommé simplement « Extermino Vox », à l'intérieur duquel il découvrit 16 autres dossiers. Tous portaient un nom différent. Tous étaient protégés par un code d'accès. Il jura de dépit.

— Nom d'un Prax ! s'écria Fincher dans son dos, se pourrait-il qu'ils aient conservé des informations sur les conteurs ! Supra Barandoué ! Nous avons besoin de vous !

 Malgré l'étroitesse de leur nouvelle cellule de crise, le supra Moor avait réussi à y faire rapatrier un ensemble d'écrans nécessaires à la bonne marche des opérations contre androïdes et kansikers. Bien qu'occupé à superviser le déploiement de ses hommes sur toutes les zones de combat. Le supra n'en était pas moins attentif à ce que pouvait trouver son ancien prisonnier. Il s'approcha donc en même temps que son collaborateur pour voir où en étaient les recherches.

— Il nous faut ces dossiers, notamment celui-là ! lâcha Fincher en montrant le fichier nommé Aristobulum.

— Qu'est-ce que c'est que ce Aristobulum ?

— Chacun de ces dossiers correspond à l'un des 16 derniers Conteurs de Capolkan avant qu'il ne disparaisse de la vue des hommes. Je suis l'héritier de celui-ci, dit Fincher en désignant le fichier nommé Enoch.

— L'un d'entre eux, répondant au nom d'Aristobulum, avait entrepris de rédiger sur du papier l'histoire de Capolkan depuis ses origines, continua-t-il, personne ne l'avait jamais fait avant lui. Et sa méthode parut archaïque. Cependant, il ne baissa pas les bras, récoltant les informations auprès des plus vieux capolkaniens et reconstituant ce que le temps s'ingéniait à vouloir faire disparaître. Le temps et le pouvoir. Car c'est à cette époque que la Doshbat a réalisé le danger que pouvait représenter les conteurs. Jusqu'alors, les Commandeurs successifs ne les avaient vu que comme des intellectuels sans grand intérêt et surtout sans influence. L'entreprise d'Aristobulum changeait la donne. Elle entravait l'un de leur objectif, qui était de mettre la main sur le passé pour mieux contrôler l'avenir. Et surtout, elle rendait pérenne une version de l'histoire qui ne leur convenait pas. Les conteurs furent alors pourchassés sur des prétextes fallacieux. Enoch parvint à se cacher. Aristobulum, lui, disparut purement et simplement du jour au lendemain. Jusqu'à il y a quelques jours, je croyais, comme Enoch autrefois, que la Doshbat l'avait éliminé discrètement. Mais Prakash m'a ramené ce bout de papier et je suis convaincu qu'il est de la main d'Aristobulum. Il n'a pas été tué ! Il s'est caché lui aussi ! Dans le Sanctuaire ! Lui et tous ses livres ! Et tous ses écrits ! Il n'avait pas été témoin de la première intrusion du ver, mais les faits n'étaient pas suffisamment éloignés pour qu'il n'ait rien à en dire ! Nous devons ouvrir ce dossier ! Coûte que coûte !

— Je crois que j'arrive à temps ! lança une voix juvénile derrière eux.

— Linus ! Tu es vivant !

 Basiléus Dengen s'était élancé vers son fils pour le prendre dans ses bras. L'adolescent bien que très content d'être enfin en sécurité aux côtés de son père, fut un peu gêné par cet accès public de tendresse.

— Vous n'avez pas eu mon message ?

— Ton message ?

— Oui ! Celui où je vous disais que les androïdes s'étaient alliés aux kansikers.

— Si ! Nous avons eu ce message ! Mais il n'avait aucun expéditeur de mentionné ! répondit l'ancien alors que son fils se frappait sur le front de la paume de sa main. Dans l'urgence, il avait oublié d'apposer son empreinte digitale !

— Alors quand Esposa est arrivé, catastrophé par ce qu'il venait d'apprendre au sujet de Mac Adams et du carnage de l'auditorium, j'ai cru que tu avais été tué, toi aussi ! Mais ton corps ne faisait pas partie des cadavres. Alors j'espérais. J'espérais que tu te sois enfui, tout en redoutant ta capture.

 Dengen avait baissé le visage vers son fils et lui souriait tristement. Il ne parla pas d'EDEA. Ça n'était pas le moment.

— Je suis navré d'interrompre vos retrouvailles, Dengen l'ancien, mais si votre fils croit pouvoir nous aider, commença Barandoué.

— Avant cela, je dois vous avertir de plusieurs choses, s'exclama Linus en se détachant de son père et en fixant Moor, Marcus est toujours à la poursuite d'Alma. Elle était avec moi, mais... enfin... c'est un peu long, et ça peut attendre. Juste, elle s'est enfuie avec le passe de Magne. Marcus est sur ses talons avec ce qu'Alma a appelé « la meute », mais il n'a plus le passe, alors il a dû emprunter la voie d'accès normal.

— Comment sait-il où elle va ? demanda vivement Moor.

— Je crois... Il croit qu'elle veut tuer le Commandeur, acheva Linus lentement.

— Quoi !? s'écria Dengen, mais elle est folle ? Il faut l'arrêter avant qu'elle ne se fasse tuer !

— Tu as bien dit que ce Marcus était à présent maître de la meute ?

 La voix qui venait de se faire entendre était gutturale, un peu rocailleuse avec un léger accent. Linus se retourna et fit face à Alcarim, le chef wahid, qui assistait silencieux à la scène. L’adolescent eut un mouvement de recul instinctif avant de reprendre son récit sous l'œil approbateur de son père, fier de sa capacité d'adaptation.

— Oui ! Quand nous étions au 23ème, un ytualani est apparu. Alma le connaissait. Elle l'a appelé Prakash. Malheureusement, il est mort empoisonné. C'est à partir de ce moment-là que tout a dérapé. Alma s'est enfuie. Marcus l'a suivi, mais il avait pris le bâton du gardien dans l'intention de vous le ramener. Et la meute s'est mise à le suivre.

 Le chef wahid et Fincher échangèrent un regard consterné. Prakash était un élément immuable du Sanctuaire. Un être intemporel chargé de la mémoire des ytualanis. Chaque tribu avait une version de l'Hoistrika. Seul Parakash en connaissait l'intégralité. Prakash et le conteur, à qui il l'avait racontée. Fincher avait conscience de l'importance de tout ce qu'il détenait en lui désormais.

 Cyrus vit son maître courber l'échine comme accablé soudain d'un poids trop grand pour lui. Pourtant, il n'était pas temps de s'apitoyer. La situation critique dans laquelle ils se trouvaient tous, lui imposait de faire taire son cœur blessé par la perte d'un ami.

 Fincher se tourna alors vers son disciple, l'œil sévère. Le comportement de Cyrus envers l'Élue avait été un des points sur lequel le conteur avait jugé sévèrement le jeune homme.

— Je crois que tu as quelque chose à faire, Cyrus ! Linus va prendre ta place, lui dit-il d'un ton sec sans méchanceté, cependant.

 Alors, résigné, le jeune homme se leva. Il savait en effet, ce qu'il allait devoir faire, même si cela ne l'enchantait guère.

— Prévenez vos hommes que je vais emprunter le passage. J'arriverai sans doute à l'atteindre avant Ward, lança-t-il à Taglione avant de sortir.

— Il faudra plus que votre disciple pour arriver à mettre un terme à tout ceci. Il faut que nous parvenions à enfoncer les barrages établis au 30ème étage. Ward ne passera jamais sinon.

— Pourquoi ne pas emprunter la voie aérienne ? demanda ingénument le représentant de la tribu Anders.

 Moor se tourna vers les ytualanis de la délégation, et leur expliqua que la configuration de l'observatoire surmonté de la corolle qui générait le dôme, empêchait toute possibilité d'attaque par cette voie. Le Commandeur n'était pas fou. Cependant, mis au pied du mur, il l'imaginait parfaitement capable de fermer la corolle pour entraîner la cité dans sa chute.

 Bran Openwall, qui était jusqu'alors resté en retrait se leva, soutenu par Felia. Il avait créé la surprise en se joignant aux ytualanis qui s'étaient portés volontaires pour assister à l'entrevue avec les capolkaniens. Son histoire n'avait fait que renforcer l'opinion des rebelles du Haut-Conseil sur le Commandeur et ses hommes.

— Peut-être est-il temps pour moi de lui parler, laissa-t-il tomber en fixant les anciens.

 Tanaka, qui se tenait aussi éloigné que possible des ytualanis, observait le vieil homme avec une certaine répulsion. Il ne parvenait pas à s'ôter de la tête les images de Bran et de Felia enlacés. Cependant, l'idée du fils du Commandeur pouvait servir ses plans, et il jeta un œil à Esposa pour voir si lui aussi entrevoyait l'opportunité de cette démarche.

— Je ne crois pas que vous soyez prêt à l'affronter, dit calmement Christophorus qui avait eu une longue conversation avec le vieil homme.

— Ce ne serait pourtant pas une si mauvaise idée !

 Le supra Esposa s'était approché un sourire mielleux aux coins des lèvres.

— Il pourrait peut-être parvenir à convaincre son père de cesser le combat.

— Vous savez bien que non ! répliqua Christophorus avec une certaine hargne, si son père l'a fait éliminer une fois, il n'aura aucune raison de l'épargner ou de l'écouter !

— Sauf le regret ! N'a-t-il pas fait ériger une statue ? Et les clones ? Est-ce que ce ne sont pas des preuves de culpabilité de la part d'un père, dont la solitude est un fardeau. Je le côtoie souvent, et son isolement n'est qu'une manière de se punir. Les temps ont changé. C'est peut-être le moment opportun de mettre un terme à ce combat. Nous pourrions envoyer une délégation. Je l'accompagnerai avec un ancien, et aussi un représentant de nos nouveaux alliés, finit-il en se tournant vers les membres de la délégation ytualani.

 Les paroles d'Esposa étaient loin d'être insignifiantes. Bien que la plupart des hommes dans la pièce ne lui fasse pas confiance du fait de sa proximité avec le Commandeur, ils ne pouvaient lui nier ses talents de négociateur. Aucun d'entre eux n'imaginait la vraie mission d'Esposa en ces murs.

 Mais un cri en provenance du bureau, où travaillaient de conserve Linus et Barandoué, détourna l'attention. Ils avaient réussi à pénétrer les fichiers codés.

 Fincher consulta aussitôt les documents contenus dans celui consacrés à Aristobulum. Aucun ne faisait mention directement au travail sur les origines de la cité. Le conteur commençait à se demander si Enoch n'avait pas imaginé toute cette histoire, quand il tomba sur un petit fichier nommé « Immolatio », « sacrifice » dans l'une des langues des origines.

— Alors ? Vous avez quelque chose d'intéressant ?

 Moor avait laissé les anciens discuter entre eux de l'opportunité d'envoyer une délégation. Selon lui, c'était une perte de temps. Et il soupçonnait Esposa de l'avoir proposé à dessein. Depuis son arrivée parmi eux de manière inopinée, Moor ne cessait de le surveiller du coin de l'œil, convaincu qu'il travaillait en sous-main pour le Commandeur. Cependant, le supra aux relations diplomatiques ne faisait pas mine de s'intéresser aux stratégies développées par les rebelles pour contrer les attaques, ni même aux recherches effectuées pour se débarrasser du ver. Mais ce désintérêt était feint, Moor l'aurait parié si il en avait eu l'occasion. Esposa attendait juste le moment propice.

— Intéressant, mais obscur. Il parle ici de la femme qui a été choisie, une certaine Isadora. Et là, de ce qu'elle devait offrir en plus de sa vie au monstre : « La source de toute puissance de l'ancien monde. L'origine de notre survie durant notre errance. »

 L'ancien Arash Dongala, qui se tenait non loin d'eux, ne pouvant éviter d'entendre les paroles du conteur, sursauta.

— Source de toute puissance ? Pourrait-il s'agir de.., commença d'un air pensif l'ancien avant d'être arrêté par un Tanaka furieux.

— Qu'alliez-vous dire, Dongala ? demanda Dengen, intrigué, en lançant un regard suspicieux vers Tanaka.

— J'ai assisté un jour à une conversation entre le Commandeur et l'ancien supra à l'ordre interne, Otto Velinius. Openwall émettait l'hypothèse d'agrandir le dôme une seconde fois et s'inquiétait de l'incapacité du cospraw à générer un champ magnétique aussi gigantesque depuis la corolle. Velinius l'avait rassuré en lui parlant d'une matrice si puissante qu'elle pourrait aisément répondre à ses attentes. Il l'avait nommé « source de toute puissance ». Je m'en souviens parce que j'avais trouvé cela très présomptueux.

— La solution serait une très grande source d'énergie ?

— Cela paraîtrait logique puisque le ver semble s'en nourrir

— A-t-il dit où elle se trouvait ? demanda Moor en songeant que Velinius, en lui passant le flambeau de sa charge, s'était bien gardé de lui parler de tout cela. Il était mort maintenant. Il était trop tard pour le lui reprocher.

— Pas précisément, mais je crois qu'il a parlé d'une île du lac Victorius. Oui ! C'est ça ! Sur une île du lac Victorius !

— Il y a plusieurs îles sur le lac Victorius. Le Commandeur la connaît sûrement, lui ! lâcha Christophorus d'un ton lugubre.

— Arguons qu'il faut sauver la cité avant tout. Ce sera un premier pas vers des négociations politiques ! s'exclama Esposa qui ne voulait pas lâcher l'idée d'une délégation.

 L'insistance du supra finit pas éveiller les soupçons de Dengen, qui se mit à le fixer avec insistance. Fincher avait tenté à plusieurs reprises de lire dans son esprit, en vain. Esposa s'était forgé une barrière mentale incroyable.

— Le lac Victorius compte quatre îles ! Si nous partons du principe qu'elle doit être accessible sans pour autant faire l'objet d'un battage à outrance, nous devrions chercher un bâtiment de maintenance. Sans doute fait-il l'objet d'une surveillance même minime. Or, il n'y a pas beaucoup de bâtiments de ce type sur les îles du lac.

 Dongala avait raison, trouver la matrice ne devrait pas poser de problème. Une question subsistait : que fallait-il en faire ? Le premier sacrifice n'avait fait qu'endormir le ver.

— Et si ça ne marche pas ? demanda Tanaka d'un air rogue.

— Il faudra alors souhaiter ardemment que le destin nous soit favorable, répliqua sèchement Dengen.

 Alors que Moor composait deux équipes de bersikers et d'ytualanis pour localiser et récupérer la matrice, Esposa, sentant que son projet de délégation tombait à l'eau pour le moment, profita de l'effervescence qui s'était emparée de la pièce pour s'approprier ce pour quoi il avait été envoyé ici. Il avait repéré son objectif depuis un moment déjà et s'en approcha sans difficulté.

 Le supra subtilisa le codeur que Barandoué, encore occupé aux côtés de Linus et du conteur à chercher l'île, avait déposé non loin de lui. Esposa s'apprêtait à quitter la pièce, son butin dissimulé sous sa tunique, lorsqu’un laser l'atteignit en plein milieu du dos. En s'effondrant, le supra lâcha le codeur qui glissa jusqu'aux pieds de Tanaka.

 Le temps sembla un instant suspendu dans le bureau. Tous fixaient l'ancien Dengen, stupéfaits.

— Dengen ! Qu'est-ce qui vous prend ! Vous êtes devenu fou ?

 Dongala s'était aussitôt penché sur le supra mort sur le coup, tandis que Tanaka ramassait le codeur.

— Si j'étais vous Tanaka, je remettrais gentiment cette machine à Barandoué.

 Basiléus Dengen braquait toujours son arme de manière menaçante et ne paraissait pas vouloir s'arrêter là.

— Sinon quoi ? Hein ? Vous allez me tirer dans le dos à moi aussi ! cria Tanaka avec insolence l'objet toujours en main.

— Sinon vous subirez le même sort que ce rat d'Esposa ! Je n'hésiterai pas, Tanaka !

 Dongala s'était redressé, abasourdi par les paroles de Dengen. Il se plaça délibérément devant Tanaka.

— Mais que signifie... Dengen ! Cessez de menacer Tanaka ! Voyons ! La situation est déjà suffisamment difficile ! Nous sommes tous attachés à sauver Capolkan !

— Sortez-vous de la Dongala ! Nous, nous tentons de sauver la cité ! Tanaka, lui, ne désire qu'une chose : rejoindre le Commandeur. Comme Esposa ! Et si possible avec les mains pleines ! Hein ! Tanaka ! Qu'aurez-vous en échange ! Des privilèges ? Des miettes de pouvoir ? Vous êtes répugnant ! Et vous ! Vous, Dongala ! Vous ne vaudrez pas mieux, si vous n'ouvrez pas les yeux !

 L'ancien ainsi interpellé se tourna vers celui que Dengen venait de désigner comme un traître, pour constater que Tanaka avait profité de son intervention pour sortir une arme de sa tunique. Il voulait tuer Dengen avant de s'enfuir. Il tira donc, avant de se précipiter vers la porte. C'est alors qu'un bloc réfrigérant s'abattit sur son crâne. Ris apparu dans l'encadrement de la porte un immense sourire sur le visage.

— Rien ne vaut un repris de justice pour servir le bras armé de l'ordre établi, n'est-ce pas ?

 Moor ne savait pas s'il devait se réjouir ou simplement s'inquiéter du retour du serrocole. Il escortait une civière improvisée, portée par SEITO et une ytualani, sur laquelle gisait un corps recouvert d'un drap. Moor souleva le tissu et ses traits s'illuminèrent brusquement. Volk. Jabr Volk avait été éliminé. Il fallait diffuser la nouvelle le plus rapidement possible. La mort de leur chef arrêterait peut-être certains androïdes. Le supra s'apprêtait à donner des ordres à Barandoué quand Dengen l'arrêta, le visage radieux.

— Je crois que je sais comment nous allons percer les défenses du 30ème étage ! s'exclama-t-il sans plus penser à l'homme qu'il venait d'éliminer, ni à l'ancien qui gisait à terre gémissant de douleur, le crane fendu.

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