Chapitre 56 L'Alliance

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 21h30. L'agitation fébrile qui animait habituellement les secteurs avant et après le couvre-feu, avait laissé place à un silence feutré et lourd de mauvais présages. La contamination non maîtrisée de l'eau potable avait accaparé les primus et leurs hommes. Soutenus par des équipes de la Doshbat, ils avaient distribué filtres individuels et décontaminant à l'ensemble de la population, maîtrisé les émeutes et calmé les foules. Cependant, ils étaient conscients de la fragilité de la période de calme, et tous redoutaient ce qui la suivrait immanquablement.

 En attendant, la nuit n'en était qu'à son début, et si la cité ne respirait plus qu'au ralenti, c'est qu'elle retenait son souffle dans l'attente de la prochaine attaque, car il ne faisait aucun doute pour personne qu'il y en aurait d'autres.

 Dans cette atmosphère pesante, les capolkaniens se terraient avec l'espoir de voir apparaître sur les écrans de communication un flash d'alerte ou un communiqué rassurant. Ceux qui s'aventuraient hors des habitations, le faisaient avec précaution, car des escouades de bersikers sillonnaient inlassablement la cité à la recherche des saboteurs.

 Plus personne ne semblait se soucier des androïdes déconnectés quelques heures auparavant, ni de ce que cette déconnexion aurait pu vouloir dire. Plus personne ne formulait d'hypothèses. Tous cherchaient à savoir d'où venait la menace sans prendre conscience qu'elle était au cœur même de la cité, dans chaque secteur, dans chaque bâtiment nécessitant de la main-d'œuvre.

 Ceux qui, d'une manière ou d'une autre, étaient en contact direct ou indirect avec les rebelles d'Eleftheria, cherchaient à obtenir des informations, car les rumeurs les plus folles circulaient. Certains parlaient d'un groupuscule de rebelles extrémistes. D'autres de renégats de Deshrem. D'autres encore d'ytualanis. Tous parlaient de passages secrets et de souterrains. L'idée que la cité soit une vraie passoire, après avoir pensé le contraire, pendant tant d'années, rendait la population hystérique, et les bersikers nerveux.

 Grâce à l'émetteur posé sur une caisse devant lui, Aquila Breatheater discutait avec les hommes des confréries qui constituaient le réseau Eleftheria. Son corps frémissait de rage à l'idée que ceux qui s'en prenaient à Capolkan tentaient de les mettre en cause pour se couvrir.

 Breatheater était un passeur respecté. Entouré d'hommes de confiance, il gérait les opérations rebelles sur deux secteurs depuis la disparition du passeur voisin, ce qui n'était jamais arrivé de mémoire de conteur. Mais Aquila n'était pas n'importe qui. À 35 ans, il avait acquis sa notoriété en menant à bien des opérations périlleuses de libération de prisonnier. On le savait courageux et aussi inventif lorsqu'il s'agissait de contrecarrer des objectifs gouvernementaux. C'était un homme intelligent attaché à un réseau de connaissance étendu dont l'utilité n'était plus à prouver.

 Malgré son indépendance d'esprit, Aquila Breatheater ne s'était jamais posé de question quant à la justesse de son engagement dans le réseau Eleftheria. Il avait souffert et perdu des êtres chers. Il s'était préparé à se battre. À se défendre. Il rejoignait donc le conteur sur ce point. Tous deux désiraient renverser le gouvernement pour établir un pouvoir plus juste et moins liberticide.

 Toutefois, Breatheater n'était pas un proche de Stakhos. Ce dernier n'appréciait pas toutes les « affaires » dont s'occupait le passeur. Il lui reprochait de jouer sur deux tableaux. Et le passeur ne daignait pas en discuter avec lui. Aquila Breatheater estimait qu'il n'avait de compte à rendre à personne. Eleftheria n'avait pas de chef, juste un coordinateur. Ce qui signifiait que le conteur n'avait aucun pouvoir sur les passeurs. Il y avait une notion de respect mutuel, mais certainement pas d'autorité absolue. Et à plus forte raison maintenant que le Conteur se révélait être plus jeune qu'Aquila.

 Son inexpérience au combat desservait Cyrus aux yeux du rebelle, qui était un homme de terrain. Un homme d'action. Un homme qui avait l'habitude de juger ses contemporains à l'aune de leur capacité physique plutôt qu'à leur force de réflexion. Or, le nouveau conteur était avant tout un penseur. Et Breatheater n'avait pas besoin de quelqu'un qui lui dise quoi faire. Il ne tolérait l'intrusion de Kreutzer que pour une raison : Stakhos lui avait laissé un contact avec la tour. Un contact qui pourrait tout changer en ralliant des forces gouvernementales aux rebelles.

 Dans la situation inattendue dans laquelle Eleftheria se trouvait, aucun soutien ne pouvait être jugé négligeable. Les rebelles pensaient lutter contre les forces conventionnelles de la Doshbat et se retrouvaient opposés à un ennemi utilisant les mêmes armes qu'eux, mais sur des cibles vitales pour Capolkan. Car jamais Eleftheria n'aurait touché au système de filtration de l'eau et encore moins à celui de l'air. Personne n'aurait été assez fou pour scier la branche sur laquelle il se trouvait. Renverser le pouvoir ne voulait pas dire détruire Capolkan. Or, les sabotages qui avaient été réalisés avaient pour but manifeste de mettre la cité à terre.

 Pour éviter de s'aliéner la population, Eleftheria tentait de lui assurer son soutien en favorisant la distribution de matériel, d'eau ou de nourriture. Les rebelles montraient que l'attaque ne venait pas d'eux. Qu'ils luttaient pour sauver Capolkan. Mais il était difficile de faire taire une rumeur. Sa nature la rendait insaisissable, et les autres camps opéraient de la même manière. Il fallait donc de toute urgence identifier clairement la menace. L'identifier et l'exterminer.

 Ce qu'avait révélé le jeune filtreur et sa sœur concernant les machines avait stupéfait le passeur. Il avait eu du mal à croire que les androïdes agissent de leur propre chef et se soulèvent. Aquila pensait plutôt à une ruse de la Doshbat pour incriminer Eleftheria. Après tout, le gouvernement avait la main sur la programmation de tous ces engins.

 Pourtant, force était de constater que les affirmations concernant l'émancipation des machines tendaient à se confirmer au fil des messages qu'il recevait depuis un moment. Darius lui-même avait dû se battre avec un étoilé lorsqu'il s'était porté au secours de Dasalik. Une fois la machine mise hors d'état de nuire, Darius avait vérifié son bridage et n'avait pu qu'en constater l'absence. Il semblait évident que les androïdes étaient passés à l'attaque et qu'ils n'entendaient laisser aucun survivant.

*

 Le conseil des ytualanis était en effervescence. La découverte du Sanctuaire et la fuite de l'Élue étaient des événements auxquels la plupart d'entre eux n'avaient même jamais osé rêver. Une conjoncture pareille ne se reproduirait sans doute pas de sitôt. Cependant les nouvelles données transmises par Cyrus sur les androïdes compliquaient la situation. Il s'agissait donc de ne pas agir à la légère.

 Alcarim, le chef Wahid, s'adressa à une assemblée nombreuse. Le conseil avait rameuté des guerriers de chaque tribu, afin de se tenir prêt à toute éventualité. Les souterrains s'étaient empli de rumeurs diverses répercutées par l'écho à travers les grottes.

— Nos lointains ancêtres avaient préféré oublier le Sanctuaire, nous privant ainsi d'un moyen de pression vital, déséquilibrant la lutte qui nous opposait à Capolkan. Aujourd'hui, cette cité est sur le point de vivre des heures sombres. Nous venons d'apprendre que les machines ont lancé une offensive pour s'emparer du pouvoir. Ce serait la fin de Capolkan, et pour nous, sans doute, la perte irrémédiable de tout espoir de paix. Car si les machines s'emparent de Capolkan, qui sait ce qu'elles décideront ensuite d'asservir ? Nous ne pouvons rester là sans rien faire. Même sans la jeune Élue, nous avons un avantage non négligeable sur l'ensemble des forces s'opposant dans la cité. Aucune d'entre elles n'a connaissance de notre présence. Même pas nos futurs alliés, si j'ai bien compris ce que nous a révélé Prakash sur le précédent conteur.

— Pouvons faire confiance au nouveau ? Il me semble bien jeune, demanda le chef Munashe.

— Il est jeune en effet, impétueux, et sans doute inexpérimenté. Il doit, en premier lieu, informer ses alliés de notre existence en ces lieux, et de ce que nous sommes en mesure de faire pour les aider. Ensuite, Stakhos lui aurait laissé des informations concernant un possible contact dans la tour. Un contact haut placé dans le gouvernement. Nous n'avons pas d'autre alternative que de lui faire confiance.

— Nous pourrions tout de même former des équipes de reconnaissance que nous enverrions à travers la cité à partir de points d'entrée et de sortie du Sanctuaire. Il nous faut une vision claire de la situation qui nous permette de nous tenir prêt à intervenir en temps voulu.

— Cette proposition me paraît appropriée. Le conseil l'approuve-t-elle ?

 Les mains des chefs de tribus et de leurs conseillers proches se levèrent sans hésitation. Chacun ayant déjà en tête ceux et celles qu'ils proposeraient pour former les équipes.

 Prakash observait les groupes se former, mais n'écoutait plus. Il se sentait étranger à tout cela. Il ne s'était même pas rapproché de ses frères de sang, les Anders. Il voyait bien qu'il les effrayait un peu avec sa meute. Rencontrer « l'éclair d'argent » et découvrir le secret de sa vie, n'était pas aussi fantastique qu'il y paraissait, manifestement. Aucun des guerriers Anders n'avait tenté de lui parler, même pas leur chef, un certain Glaw, dont l'attitude générale montrait un certain mépris vis à vis de Prakash. Le gardien trouvait cela bien étrange, mais ne cherchait pas à comprendre.

 Depuis qu'il avait appris la capture d'Alma, il se sentait triste. Triste et las. Il avait pensé influencer suffisamment les ytualanis pour parvenir à la paix, mais la situation lui avait complètement échappé. Il aurait rejoint les souterrains obscurs depuis longtemps s’il n'y avait eu ce que Felia avait rapporté sur la présence sauvage et dangereuse qui semblait habiter les profondeurs du Sanctuaire. Pour la première fois de sa vie, Prakash avait peur.

 Pourtant, l'information n'avait pas vraiment troublé le conseil, trop occupé à entrevoir la paix. Il ne sentait pas l'importance de la chose, tout comme il feignait d'ignorer l'intérêt que pouvait avoir Alma. Alma, la terrienne.

 Le souffle court, Yésénia et Ivenka débouchèrent brusquement dans la grotte. Elles s'empressèrent de faire un rapport aux chefs du conseil. Ivenka transmettait ce qu'elle avait perçu à ceux de sa tribu, et un silence profond s'empara du lieu.

 Dans la lumière vacillante, Ivelda, plus troublée que jamais, prit la parole de manière solennelle.

— Le danger est réel si la bête s'éveille.

— Pour le moment, elle ne fait que frémir. À nous de nous assurer que personne n'aille la ranimer. Il faut tenir compte des priorités. Pour le moment, cette chose n'en est pas une, déclara le chef wahid d'un ton catégorique.

 Avant de lui répondre, la xochilt prit le temps de regarder les chefs du conseil l'un après l'autre. Elle ne lisait pas leurs pensées. Elle ne tentait même pas de le faire. L'expression de leur visage suffisait à lui montrer qu'ils étaient en accord avec le wahid.

— Soit, mais laisse-nous au moins nous assurer que la bête reste en sommeil.

— Un xochilt dans chaque équipe de reconnaissance devrait suffire. Les autres pourront bien faire ce qu'ils veulent.

 La désinvolture de la réponse et le ton péremptoire, voire légèrement méprisant, d'Alcarim, n'échappa pas à Ivelda. La xochilt envoya un avertissement au wahid dans un souffle psychique suffisamment puissant pour lui faire comprendre que la force des xochilts ne résidait peut-être pas dans leur physique, comme pour les wahids, mais qu'il ne fallait pas pour autant la sous-estimer. Cela aurait été une erreur. Alcarim, nullement déstabilisé par la démonstration d'Ivelda, mit à l'approbation du conseil la mission des xochilts.

 Cette fois, Prakash décida qu'il était temps pour lui de quitter la grotte. C'est alors qu'une pensée effleura les siennes. Elle lui disait de rester. Alors que le Sanctuaire redoublait d'effervescence, Ivelda s'était approchée du gardien.

— Nous avons besoin de toi, Prakash. J'entends ton esprit chuchoter à mon cœur des mots oubliés. Je ne peux pas les ignorer, mais tu dois être patient. Reste près de nous. Ta mission n'est pas encore terminée. Bientôt. Oui, bientôt tu auras un nouveau rôle à jouer. Un rôle essentiel. Je te promets que tu pourras la revoir. Oui, tu pourras revoir la terrienne.

*

 Cyrus Kreutzer mit fin à la communication et releva le visage vers ses compagnons. Ce qu'il s'apprêtait à leur révéler risquait de leur causer un choc et serait sans doute encore plus difficile à croire que le soulèvement androïde. Pourtant, il n'avait pas le choix. Il devait réparer l'erreur de Kreine et révéler le dernier secret du conteur.

 Les rebelles allaient devoir mettre de côté des décennies de mensonge d'État et dépasser les peurs ancestrales ancrées en eux. Ils allaient devoir ouvrir les yeux et faire confiance à ceux qu'ils avaient toujours considérés comme des ennemis sauvages et dangereux, plus proches de la bête que de l'homme. Ils allaient devoir réviser totalement la vision qu'ils avaient de l'extérieur.

 Cyrus s'approcha d'Aquila et Darius qui discutaient à voix basses près de l'émetteur.

— Tu crois qu'il y aurait vraiment des renégats de Deshrem avec des ytualanis ? Mais comment seraient-ils entrés dans Capolkan ?

— De la même manière que nous en sortons, je suppose.

— Tu veux dire qu'un ancien de Capolkan aurait vendu la mèche et aurait raconté son évasion...

 Darius cessa brusquement de parler en voyant arriver Cyrus. Le jeune homme n'appréciait pas le nouveau conteur. Pas qu'il regrette Stakhos, il ne l'avait pas connu personnellement. Cependant, l'air prétentieux de Cyrus, sa suffisance et sa manière de donner les informations au compte-goutte avec un air docte, le lui rendait insupportable. Darius savait son jugement alimenté par la jalousie et ne faisait rien pour que cela change. Cyrus restait le type qui avait séduit Prya, mais refusait de lui porter secours. Il ne le lui pardonnait pas.

 Cyrus s'était arrêté devant l'émetteur, ignorant Darius Blackwell et son regard assassin. Il écouta un instant le compte-rendu qu'un passeur avant de fixer Aquila, et de dire calmement :

— Tous les sabotages sont l'œuvre des androïdes. Les rumeurs concernant les ytualanis sont infondées. Pour le moment tout du moins.

— Comment peux-tu en être sûr ?

— Je le suis parce que j'ai confiance en eux. Ma dernière communication avec eux ne date que de cinq minutes et ils n'envisageaient pas encore d'envahir Capolkan. Ce sont nos alliés.

 Aquila se redressa brusquement, stupéfaits. Jamais il n'avait entendu pareille absurdité. Il se demanda un bref instant si Kreutzer n'était pas dérangé.

— Tu peux répéter ça ?

— Je disais que les ytualanis sont nos alliés.

— Ce type est dingue ! s'écria Darius en regardant Shankar et Kala qui s'étaient approchés intrigués par les éclats de voix.

 Cyrus s'assit alors à la place de Breatheater et commença à révéler le dernier secret du conteur. Le dernier, mais non le moindre. Il avait pris soin d'ouvrir les canaux récepteurs des autres passeurs avant de commencer son récit. Il parla du Sanctuaire et de son rôle ancien et oublié. Il parla du gardien et de sa meute. Il parla des ytualanis et de leur désir de paix.

 Le jeune homme gardait un ton neutre pour éviter les effets dramatiques. Il souhaitait que tous prennent la mesure de ce qu'il révélait sans avoir à forcer le trait. Il souhaitait que tous entendent et acceptent.

 Cyrus savait qu'il demandait un effort gigantesque à ces hommes élevés dans la peur. Dans la peur du Getheimklak, d'abord. Et ensuite, dans celle des ytualanis. Pourtant la nouvelle alliance devait se fonder sur la base d'une adhésion franche et complète. Il ne devait pas y avoir d'hésitation parmi les passeurs, car ils auraient la charge de transmettre l'information à leur tour aux rebelles, puis à ceux qui voudraient bien écouter. Ils devraient être convaincants et ne le seraient que s'ils étaient eux-mêmes convaincus.

— Comment peut-on être sûr de ce que tu nous dis ! Après tout, rien ne nous assure de la véracité de ce que tu affirmes. Je connais les mensonges d'état, mais j'ai de sérieux doutes...

 Gus Viesel, le passeur qui venait de parler, était responsable du Secteur 16. Sa phrase fut interrompue par des bruits de lutte.

— Viesel ! Tu m'entends ! Réponds !

 Aquila s'était agenouillé près de l'émetteur et cherchait à rétablir le contact avec le secteur 16. Ne parvenant à rien, il se tourna vers Cyrus, le regard plein de colère. Il n'appréciait pas particulièrement que les passeurs aient été exclus d'un secret aussi important. Sa défiance envers le conteur n'en était que plus importante. L'alliance avec les ytualanis aurait pu s'opérer plus tôt, et le gouvernement de Capolkan serait tombé depuis longtemps.

— Écoute-moi, Kreutzer ! Nous ne pouvons discuter de tout ceci comme il le faudrait, et crois-moi cela ne me plait pas du tout ! Stakhos aurait dû nous en parler avant ! Il aurait dû nous préparer ! Maintenant nous manquons de temps ! Alors, je vais partir du principe que tu dis la vérité ! Tu seras donc ce que tu dois être : un passeur entre eux et nous. Cependant, ne t'attends pas à des miracles ! Des années de propagande ne s'effacent pas ainsi. Nous ne savons même pas à quoi ils ressemblent réellement ! Même en étant convainquant, la population aura peur d'eux ! Et tu sais que la peur peut engendrer bien des drames. Que les ytualanis soient discrets pour le moment ! Leur aide nous serait sans doute précieuse, mais Capolkan n'est pas prête à les accueillir ! Nous ne sommes pas prêts !

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