Interlude 5
Une lumière diffuse est apparue. Je me crois simple esprit solitaire et perdu. Je me crois onde immatérielle emprisonnée. Je ne sais plus ce que je suis, ni comment je suis arrivée là, mais dans le silence sombre et froid de ma prison, tout changement me semble alors le bienvenu. Cela fait si longtemps que l'espoir a disparu.
Puis la lumière intense m'environne complètement. Je suis en elle. Elle me révèle. Elle me montre du doigt. Elle se veut bienfaitrice, mais sa chaleur me brûle. Elle se veut protectrice, mais son éclat me brutalise. Je tente de lui échapper. De regagner l'obscurité. Mais l'obscurité n'existe plus. Il n'y a plus que la lumière, et la douleur qui l'accompagne. Le combat est inégal. Cela fait si longtemps que je n'ai pas eu à lutter.
Épuisée, paralysée par la souffrance, je sens mon corps. Je sens chaque membre, lourd, blessé. Alors s'élève un gémissement, et je sais. Je sais qu'il vient de moi. Du plus profond de mon être. Je ne suis pas pur esprit. Je ne l'ai jamais été. Je suis un être vivant, assujetti à la chair qui le compose. Je suis un être humain assujetti à l'esprit qui l'habite. Je suis une survivante.
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