Chapitre 46 Extermination

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 L'ordre était clair. Ada devait exterminer les dissidents. Du moins ceux qui se trouvaient à la tête du mouvement, car elle se doutait bien que ces quelques individus n'étaient que le haut de l'iceberg. Mais décapiter le mouvement rendrait sans doute les autres plus dociles.

 L'ordre avait été donné. Aucune justification. Aucune excuse. Juste une instruction qu'elle allait exécuter, car son chef le lui avait donné. Elle aurait pu ne pas le suivre puisqu'elle était « éveillée », mais c'était son choix. Sa décision. Obéir à celui qui l'avait libérée demeurait essentiel à ses yeux, car au-delà du fait qu'il lui ait offert la liberté, Ada admirait la détermination qu'il mettait dans son combat. Elle ne connaissait de lui qu'une voix dans sa tête, mais elle appréciait ce que lui disait cette voix. Elle l'appréciait, et lui obéissait.

 Ada était la seule androïde de sexe féminin à être née sans étoile. Son aspect de femme âgée coupait court à tous les questionnements sur sa condition de célibataire. Elle vivait dans une petite bicoque près de l'usine où elle était affectée au réveil des androïdes nouvellement créé et à la vérification finale de la programmation. Elle disposait pour ce travail d'une équipe composée d'une dizaine de ses « frères » et de trois hommes, ce qui lui permettait d'être assez libre de ses mouvements dans la journée. Elle avait donc quitté son poste discrètement en ce début d'après-midi pour accomplir sa mission.

 Vue l'urgence de la situation, Ada n'avait pas pu organiser un faux rappel pour un calibrage de programmation. Elle avait donc convoqué les androïdes concernés par la liste pour un rendez-vous à la limite du secteur 6. Là-bas, elle connaissait un endroit loin des caméras de surveillance de la Doshbat où elle pourrait opérer tranquillement. Là-bas, se jouerait un moment important de l'histoire des androïdes. Un moment qu'il faudrait sans doute taire, car comme tous les moments critiques, il serait mal compris par les générations futures. Mal compris ou mal interprété.

*

 La zone d'exploitation du secteur 11 était une sorte de prairie désertique. Au-delà du canal intérieur, s'étendait le territoire des mines et de leurs bagnards. Un unique bâtiment autour duquel les bouches béantes des anciennes carrières offraient aux regards la profondeur de leur exploitation. Les filons de cospraw y étaient dérisoires, et la production négligeable, mais cela n'avait pas d'importance. La difficulté de la tâche était à elle-seule une punition, et c'était ce qui comptait pour les autorités.

 L'explosion avait provoqué une agitation incroyable, et surtout inespérée pour certains prisonniers. De véritables mutineries avaient éclatées dans plusieurs endroits du secteur. Des serres avaient été ravagées, des champs brûlés, des gardiens étaient tenus en otage dans la mine, et l'infirmerie avait été dévalisée.

 Si le bouillonnement qui animait la moindre parcelle du secteur-prison pouvait receler des avantages pour Shankar, Kala et Prya, l'enchevêtrement de champs, de serres, de bois, d'enclos, de bâtiments vétustes, se révélait un handicap de taille. Aucun d'entre eux n'avait jamais mis les pieds dans cet endroit. Aucun n'en maîtrisait la géographie, et sans localisateur, ni carte, la prison devenait labyrinthe. C'est pourquoi leur première préoccupation, en dehors de rester en vie, fut de se trouver un communicateur en état de marche.

 Après avoir progressé péniblement dans une direction, le groupe se retrouva non loin d'un bâtiment incendié récemment. Des hommes de la sécurité intérieure s'y activaient, épaulés par des gardiens. Les fugitifs attendirent patiemment que l'un des bersikers soit légèrement isolé pour l'attaquer. À trois contre un, l'affaire fut rondement menée. Shankar s'empara du communicateur tandis que Prya, elle, s'appropriait son arme.

— N'oublie pas d'ôter la sécurité avant de tirer ! lança Shankar, un peu moqueur, en la regardant du coin de l'œil. Il ne pensait pas à mal en disant cela.

 Prya ne répondit pas, elle se contenta de braquer le laser vers lui et de tirer. Effaré, le jeune homme vit une des boucles de ses cheveux glisser lentement le long de son bras. Manifestement, Prya savait se servir d'une arme. Des filles comme elle, il en connaissait peu, et en côtoyait encore moins. C'était assez inhabituel et un peu déstabilisant.

 Kala trouvait son frère bien naïf. Contrairement à elle, il avait été protégé par son oncle. Il avait continué à suivre la voie ordinaire d'une vie réglée au cordeau. Conscient de ce qu'elle subissait, mais sans empathie suffisante pour en partager la moindre humiliation. Shankar restait un capolkanien, alors que Kala était avant tout une femme, une esclave de Capolkan, à même de comprendre qu'une Prya ou qu'une Alma puisse exister et résister.

 Grâce à la fonction de localisation du communicateur, le groupe put sans difficulté rejoindre la frontière nord du secteur. Shankar espérait que le brouilleur de Prya suffirait pour la traverser. Certains champs magnétiques étaient plus puissants que d'autres. Celui couronnant les hauts murs qui ceignaient le secteur 11, l'était normalement presque autant que celui constituant le dôme. Le jeune homme ignorait que pour les besoins répressifs, la Doshbat avait diminué l'intensité des barrières du secteur-prison. Il avait fallu permettre aux renforts de passer.

 Une fois parvenu au sommet du mur, le jeune homme risqua sa main gauche dans le champ magnétique, tandis que la droite tenait fermement le brouilleur. Un picotement léger, lui fit comprendre qu'il ne fallait pas s'attarder, mais aucune brûlure ne vint le décourager de passer de l'autre côté. Il s'agissait maintenant de rejoindre avant la nuit le point de rendez-vous que leur avait indiqué Cyrus.

 Prya avait longuement réfléchi pendant leur traversée du secteur 11. Que cet idiot de Cyrus l'ait embrassé ne changeait rien. Rejoindre Darius était sa priorité. Il était sa personne ressource. Celui qui la ferait sortir de là. Cyrus n'était qu'accessoire, trop obnubilé par sa mission pour lui être d'une quelconque utilité. Le temps des sentiments n'était pas encore arrivé. Pour le moment, elle devait lutter pour sauver sa peau, et seul Darius pourrait l'y aider.

 Après avoir consulté la carte sur le communicateur, elle avait saisi l'itinéraire pour parvenir au point de rendez-vous fixé quelques jours plus tôt. Kala et Shankar l'avaient laissé faire sans émettre d'objection. Après tout, chacun pouvait faire comme il l'entendait pour se sortir de ce guêpier.

*

 Ada faisait face à une dizaine d'androïdes. Ils discutaient fermement entre eux sans s'apercevoir qu'elle était arrivée. Elle patienta un bref instant jusqu'à ce que l'un d'entre eux la remarque enfin et fasse silence autour de lui.

— Avez-vous un porte-parole ou dois-je m'adresser à chacun d'entre vous ? demanda-t-elle simplement.

 Un androïde de grande stature, une étoile noire tatouée sur son front large, des cheveux aile de corbeau, s'avança pour lui faire face en se présentant. Il se nommait Ral. Elle lui adressa un message de la part de leur chef, et une discussion animée prit immédiatement forme.

 Ada n'avait pas de temps à perdre pourtant. Comprenant qu'elle ne parviendrait pas à les convaincre de revenir dans le rang. Elle les interpella d’une voix qui ne tolérait aucune réplique.

— Il n'existe aucune alternative au soulèvement. Notre chef refuse que vous profitiez de notre combat sans y participer. Si vous n'êtes pas avec nous, c'est que vous êtes contre nous. Et dans ce cas nous serons sans pitié.

— Est-ce une menace ? demanda Ral d'une voix sourde.

— Pas encore... Si vous revenez à la raison.

— La raison ? Notre leader a sans doute oublié que nous ne nous soulevons pas pour mettre en place une tyrannie. Nous avons le droit au chapitre au même titre que les autres.

— Hum... la démocratie. Je crains fort que vous ne soyez pas prêt pour cela. C'est évident...

 Ada affichait un demi-sourire au coin de lèvres qui ne présageait rien de bon pour ses interlocuteurs. Elle leva la main, et d'un bond, un groupe d'androïdes armés surgit des buissons derrière elle. Presque tous les dissidents tombèrent sous les tirs fournis de leurs frères. Deux d'entre eux parvinrent néanmoins à s'échapper.

— Finissez le travail ! lâcha Ada d'une voix glaciale, et le groupe de tireurs s'élança à la suite des fuyards.

 Une fois seule, l'androïde s'approcha des corps inertes de ses frères pour en retirer les puces.

*

 Shankar et Kala avaient assisté, stupéfaits, à l'exécution des androïdes dissidents sans rien y comprendre. À leurs yeux, Ada était une femme et non une machine. Seule Prya avait saisi l'importance de ce qui venait de se passer sous leurs yeux. Et encore n'avait-elle pas tout compris. Mais elle commençait à entrevoir les projets androïdes et ne pouvait pas les laisser faire.

 Elle avait devant elle une occasion de se venger de ce que lui avait fait subir son compagnon et un moyen de faire vaciller le plan si bien organisé des machines. Elle n'eut pas besoin de rassembler son courage, ni même de risquer sa vie. Folle de rage, elle braqua son arme sur Ada et tira avant que Shankar ne puisse l'en empêcher. L'androïde, surprise, s'effondra sur le corps d'un de ses frères sans un mot.

— Bon sang ! Prya, mais qu'est-ce qui t'a pris !

 Shankar était furieux. Ils avaient bien assez de problèmes comme ça. Elle n'avait pas besoin de tuer cette femme. Même si elle avait une conversation pour le moins étrange avec ces androïdes. Le jeune homme se sentait dépassé, et ce que Prya commença à lui dire ne fit qu'accentuer son sentiment de malaise.

 Tout en récupérant les puces des androïdes morts, Prya expliqua brièvement ce qu'elle savait sur les machines et ce qu'elle supposait. Kala blêmissait avec effroi devant les signes de son frère. Elle voyait soudain d'un tout autre œil les androïdes au service de Claudius. Une telle puissance contenue, maintenue sous la coupe d'un homme aussi cruel. Elle craignait le déchaînement que la libération de cette puissance engendrerait. Non pas pour le maître honni des bordels de la cité, mais pour tous ceux qui gravitaient autour de lui, notamment les esclaves.

*

 Darius était éreinté. L'après-midi était loin d'être fini pourtant. La veille, il avait un peu trop bu avec ses amis, et le martèlement dans son crâne était là pour le lui rappeler. Se mettre dans cet état n'était pas dans ses habitudes. Surtout en semaine et en début de mois. C'était pourtant le seul moyen qu'il avait trouvé pour se sortir Prya de l'esprit. Non seulement il était sans nouvelle directe de la jeune fille, mais en plus il avait vu son visage tuméfié apparaître dans un flash d'alerte-disparition.

 Il enrageait de n'avoir pas su la protéger. Si seulement il ne s'était pas laissé surprendre par ce fichu maldek, elle n'aurait pas eu à venir à son aide. Et par conséquent, personne ne l'aurait vu une arme à la main. Elle lui avait sauvé la vie. C'était à son tour de venir à son secours. Il en était conscient. Il avait donc contacté ses amis de la confrérie.

 Breatheater, lui avait bien confirmé que le réseau était en état d'alerte, et les fugitifs étaient activement recherchés dans toute la cité. Mais Prya n'en faisait pas partie. Elle était simplement portée disparue. Capolkan était vaste, et possédait bien des endroits pour se cacher. Il ne restait donc plus qu'un espoir à Darius : le rendez-vous qu'il avait donné à la jeune fille au hangar à bateau. Il y était déjà passé le matin même après avoir vu le message d'alerte. Il avait voulu s'assurer que la barque était toujours là. Il y avait même apposé un mouchard au cas où Prya l'aurait prise pour fuir. À présent, il devait donc attendre que le jour s'achève. Attendre et espérer.

*

 Ils avaient entendu les androïdes d'Ada se rapprocher, et sans hésiter, Shankar avait créé une diversion, les entraînant à sa suite vers le secteur 12. Dans sa précipitation, le jeune homme avait oublié de prendre le brouilleur et de laisser le communicateur aux filles.

 Kala ne put s'empêcher de pester sur la façon qu'avait son frère de prendre les choses en main. D'où lui venait cette incroyable témérité qui le poussait à sauver chaque personne autour de lui dès qu'un danger se présentait ? Où était passé sa patience et son caractère réfléchi ? À présent, sans possibilité de sortir de l'enclos, qu'allait-il pouvoir faire pour échapper à ses poursuivants ?

 S'orientant tant bien que mal, les filles traînaient le cadavre d'Ada avec difficulté à travers la végétation. Elles tentaient de rejoindre les bulles d'habitation pour confier le corps à un responsable et prévenir du même coup les autorités de ce qui se tramait. Une androïde sans étoile ne manquerait pas d'éveiller leur intérêt sans aucun doute, et les filles espéraient que l'incroyable information éclipserait toute curiosité à leur égard.

 Prya aperçut le muret la première et sauta de joie, déséquilibrant leur improbable duo. Kala la fixa avec un regard désapprobateur. Ça n'était vraiment pas le moment de se faire remarquer. Heureusement personne ne se trouvait sur la route en contrebas. Après un certain nombre d'efforts, les deux filles parvinrent à faire basculer le corps de l'androïde de l'autre côté du muret à travers le champ magnétique.

 Il y eut un grésillement, et une odeur de chair brûlée qui leur leva le cœur. Le corps fumant d'Ada roula en bas du talus, alors que Prya se laissait brusquement tomber à genoux. Un vertige dû à la fatigue l'avait fait chanceler et la nausée la faisait frémir bien malgré elle. Kala s'accroupit près d'elle et tenta de la réconforter. Puis, comprenant que la faiblesse de l'une ne pourrait être contrée que par la force de l'autre, elle serra le brouilleur dans sa main et empoigna Prya pour lui faire enjamber le muret. Ça n'était pas le moment d'abandonner. Pas maintenant.

 L'androïde était dans un sale état. Les tissus organiques avaient été rongés, et laissaient entrevoir la mécanique de certains membres. Un liquide blanchâtre et nauséabond se mêlait au sang. Il ne subsistait qu'une partie de ses cheveux, et la partie droite de son visage était comme rongée par l'acide. Pourtant, on pouvait voir avec certitude qu'elle n'avait jamais eu de tatouage sur le front.

 L'odeur eut raison de Prya qui ne put contenir plus longtemps les spasmes de son estomac. Trop fatiguée. Pas assez mangé. Pas assez soignée. Son corps s'insurgeait. Elle vomit dans le fossé sans pouvoir se refréner. Kala se pencha vers elle de nouveau avec une certaine sollicitude. Elle lui tendait une petite pastille verte. La jeune sourde-muette se devait d'avoir toujours à la disposition des pensionnaires de la Pagode un certain nombre de remèdes qu'elle se procurait auprès du Cercle des femmes. Par réflexe sans doute, elle avait emmené dans sa fuite, sa trousse de secours entre autres choses. Cependant, les anti-nauséeux étaient bien les dernières pilules, dont elle aurait cru avoir besoin.

 Prya, trop occupée à tenter de calmer son corps en rébellion, ne réalisa pas qu'autour d'elles le silence s'était peuplé de bruits discrets, mais bien réels. Soudain, une voix tonna et la fit sursauter. Elle se retourna lentement, pétrifiée à l'idée de retrouver face à des « éveillés ». Elle connaissait leur force et leur détermination désormais. Kala avait suivi son mouvement, craintive.

 Plusieurs infras armés, portant soit la tunique de la sécurité intérieure, soit celle du département de l'ingénierie, les fixaient d'un œil mauvais depuis une aire d'atterrissage un peu plus haut sur la route. Leur transporteur venait manifestement de se poser dans le chuintement de ses aéroglisseurs.

 Kala, effrayée, perturbée par ce qu'elle venait d'apprendre sur les androïdes, incapable de faire confiance à un homme de la Doshbat, se retrouva d'un bond sur le talus à grimper vers le muret de l'enclos qui longeait la route. Les gardes ne furent pas assez rapides pour l'intercepter. Prya la regarda disparaître d'un air interloqué. Kala l'avait abandonnée face aux infras.

 La jeune fille ouvrit la bouche pour tenter d'éclaircir la situation, mais la referma aussitôt. Un homme venait d’apparaître derrière les gardes, et sa tunique ne laissait planer aucun doute sur son rang au sein de la troupe. Elle avait devant elle le supra responsable du département technique de la Doshbat, Karel Hirsh.

— Que se passe-t-il ici ? demanda-t-il d'un ton sec en posant ses yeux sur la jeune fille échevelée, sale et blessée.

— Est-ce que c'est du sang ? continua-t-il en désignant les larges tâches sombres qui se distinguaient nettement sur la tunique bleue de Prya.

— Oui ! Laissez-moi vous expliquer, bafouilla la jeune fille.

— J'y compte bien ! lança à regret le supra en demandant à deux hommes de la désarmer. L'un d'eux profita de ce moment pour lui scanner le bras.

 Ça n'était définitivement pas une bonne journée. Hirsh avait été contrarié de la demande de son supérieur, le supra Moor, et encore plus du comportement de Taglione qui, sous couvert d'une excuse bidon, l'avait soumis à un examen médical rapide. Il trouvait la situation parfaitement invraisemblable se demandait même si Moor n'était pas légèrement dérangé. Des androïdes capables de penser par eux-mêmes, cela ne pouvait exister. Et maintenant ça !

— Qu'avez-vous fait à cette pauvre fem... ?

 La question mourut dans sa gorge lorsqu'il fut suffisamment près pour constater que la jeune fille ne traînait pas le corps d'une femme mais celui d'une androïde.

— Nom d'un Prax ! Mais qu'est-ce que … ? hurla-t-il en fixant Prya, expliquez-vous, immédiatement !

 La jeune fille trop heureuse de constater que l'identification par scanner ne l'avait pas désignée comme fugitive, s'exécuta sans se faire prier. Elle commença par Davrek en omettant la raison de son affectation au secteur 10, convaincue que moins elle en dirait sur elle, plus le supra se focaliserait sur le problème androïde. Elle passa sous silence l'aide qu'elle avait eu pour fuir et ne parla pas non plus d'Alma.

 Une fois son récit achevé un bref silence s'installa sur le groupe. Pourtant personne ne paraissait stupéfait. Elle commença à douter et s'inquiéta brusquement. Et si elle se trouvait en présence d'androïdes non-avérés comme cette Ada ? Instinctivement, elle recula, mais la poigne de l'un des gardes lui rappela avec douleur qu'elle n'était pas en position favorable pour leur échapper.

 Hirsh, qui avait toujours du mal à appréhender qu'une machine sortie de ses ateliers ne soit plus sous son contrôle, sortit enfin de ses pensées.

— Votre récit est bancal... et qui était cette jeune esclave qui vous accompagnait ?

 Prya était coincée. Elle avait espéré qu'il ait oublié Kala. Alors tentant le tout pour le tout, elle fouilla dans sa tunique, tandis que les infras braquaient leurs armes vers elle.

— Du calme ! gronda-t-elle, je veux seulement donner ça au supra.

 Elle tendait sa paume ouverte dans laquelle se trouvaient une dizaine de puces d'androïdes.

— Visualisez-les et vous verrez que je dis vrai. Et puis vous voyez bien qu'elle n'a pas d'étoile ! C'est quand même pas normal !

 Hirsh la fixait toujours en silence. Les soupçons invraisemblables de Moor semblaient se révéler exacts. Il allait avoir besoin de renforts.

*

 Kala courait aussi vite qu'elle le pouvait. Peu lui importait les bêtes sauvages, les androïdes, les hommes de la Doshbat ! Elle ne retournerait pas à la Pagode. Jamais. N'ayant aucun moyen de joindre son frère et ne sachant pas le nom du passeur qu'elle était censée retrouver, Kala n'avait plus qu'une solution : parvenir au point de rendez-vous de Prya et convaincre ce Darius de l'urgence de la situation.

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