Chapitre 36 Le complot

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 Ris Terkoff avait été emmené sans ménagement durant la nuit. Épuisé, le corps douloureux d'avoir été ligoté et tabassé, le serrocole s'était écroulé dans le transporteur. Il avait d'abord cru se réveiller dans la grande prairie en apercevant les hautes herbes qui l'environnait. Puis une face noire et scarifiée était apparue devant son unique œil valide. Bien qu'hideux, ce visage ne pouvait pas être celui d'un ytualani. Il était donc encore dans Capolkan. Il avait entendu râler quelqu'un sur son état avant de sombrer à nouveau.

 Son second réveil avait eu lieu dans l'infirmerie du secteur 11. Il l'avait immédiatement reconnue. Comment aurait-il pu oublier ? Il avait séjourné plus de 15 ans dans ce secteur. Et ça n'était pas suffisamment loin pour effacer les détails d'un quotidien fait de blessures et d'épuisement.

 L'homme qui l'avait soigné était plutôt jeune et semblait prendre son travail au sérieux. Il ne devait pas être là depuis longtemps. Ris l'avait remercié sans que l'autre ne réponde. Devant le haussement d'épaule du prisonnier, l'infirmier avait ouvert la bouche, offrant aux regards le spectacle de sa langue mutilée. La punition pour ceux qui osaient divulguer les secrets du pouvoir.

 À présent, l'aube chassait les derniers lambeaux de brumes accrochés aux hautes herbes du champ et révélait les silhouettes fantomatiques des moissonneurs. Assis près d'un tas de plantes fraîchement fauchées, Ris se demandait ce qui allait arriver maintenant. Toute son aventure pouvait-elle s'arrêter là ? Il en doutait. Quelque chose lui disait que ça n'était pas terminé. Une intuition.

 Son enfermement dans le secteur prison voulait-il dire que la Doshbat avait réussi à retrouver Alma ? Il songea à la jeune fille, si jeune, si fragile. À Selma, qu'il avait encore dû abandonner. S’il avait pu apprendre, par un moyen ou un autre, qu'elles s'en étaient sorties, qu'elles avaient échappé une fois de plus aux mailles du filet, il se serait senti moins coupable. Il espérait sincèrement que son ancienne maîtresse n'ait pas subi le même traitement que lui. Il s'inquiétait pour elle.

 Un grognement lui rappela qu'il n'était pas seul. Le type, assis de l'autre côté du tas de plante, ficelait les bouquets qui seraient suspendus ensuite dans la serre pour le séchage. Ris était censé faire pareil. Mais ses mains étaient encore douloureuses, et il n'arrivait à rien avec la corde. Pour le moment, personne ne l'avait rappelé à l'ordre, même si tout le monde l'observait à la dérobée avec une certaine suspicion.

 Son arrivée avait fait grand bruit. Il était rare de voir un prisonnier être convoyé seul en pleine nuit. Peu lui importait. En fait rien ne lui importait plus, sinon le sort des deux femmes qu'il avait laissées la veille.

 Endo, son chef de serre, celui à qui appartenait le visage scarifié qu'il avait vu au réveil, était en grande conversation de l'autre côté du champ avec un autre type, dont Ris ne distinguait que le dos. Il les observa un moment. L'échange semblait animé. L'inconnu partit soudain d'un grand éclat de rire avant de se diriger vers les sous-bois qui environnaient le champ.

 Ris tressaillit quand il passa non loin de lui en le fixant avec intensité. L'homme n'en était pas un. L'étoile noire tatouée sur son front l'identifiait parfaitement comme un androïde habilité aux travaux de force. Or un androïde, ça ne discutait pas. Un androïde, ça ne riait pas. Ris se demanda ce qu'il se passait ici. Des hommes se serraient-ils fait tatouer à la manière des androïdes ? Des machines auraient-elles pu s'affranchir de leur programmation ?

 La situation était pour le moins inhabituelle et méritait d'être éclaircie, mais pas de manière conventionnelle. S'il avait appris une chose durant les années passées dans ce secteur, 8 ans plus tôt, c'était que pour obtenir des informations, la manière frontale ne valait rien. Pour survivre, il fallait découvrir les rapports de force et s'y conformer. Or, manifestement le pouvoir avait changé de main.

 Endo s'approcha à son tour de Ris. Constatant qu'il ne faisait pas grand-chose du fait de son état, il le renvoya seul à l'infirmerie. Offrant ainsi au serrocole une excellente occasion d'en savoir plus.

*

 SEITO arrangea ses cheveux et sa tenue avant de sortir du bois. Il était en retard. Une vingtaine de ses frères travaillait déjà dans le champ de cocaïers. Il attrapa discrètement un panier et se faufila à moitié accroupi jusqu'à un arbuste pour commencer la cueillette. Le seul emplacement libre se trouvait à l'opposé, en bordure du champ, non loin de la position de DASHEL. Par chance, ce dernier était occupé. SEITO n'aurait pas à justifier son absence pour cette nuit.

 L'androïde redoutait un peu d'avoir à le faire. DASHEL utilisait parfois des méthodes surprenantes pour interroger ses frères, surtout SEITO dont il n'arrivait pas à lire l'esprit. Ça n'était pourtant pas de sa faute à lui, si son esprit ne s'ouvrait pas aux « Réseau Fantôme » comme celui de tous ses frères. SEITO était porteur d'une anomalie qui lui permettait de conserver ses pensées pour lui, alors qu'il entendait parfaitement celles des autres sur le réseau. Juste après avoir été débridé, il en avait eu honte, mais maintenant il était plutôt ravi de pourvoir conserver un secret. Car il avait bien un secret. Et ce secret avait un prénom : Coline.

 Il avait passé la nuit auprès d'elle. Enfin pas toute la nuit, car elle avait dû s'absenter lorsque ses maîtres étaient rentrés de leur soirée. Coline était esclave. Sa mère, une bakasse de la Maison des plaisirs, le bordel situé dans la tour, avait obtenu en secret un enfant grâce aux faveurs d'un de ses clients. Durant la 2e année de Coline, sa mère mourut. L'enfant avait été recueillie par les esclaves qui s'occupaient d'elle lorsque sa mère travaillait.

 Elle avait vécu ainsi jusqu'à ses 7 ans. Elle était devenue une jolie fillette aux boucles blondes, et son physique contrastait tant avec celui de ses parents présumés que Claudius commença à soupçonner quelque chose. Or, les enfants de bakassies appartiennent entièrement aux maîtres des bordels, alors que les esclaves sont attribués par la Doshbat. Sa mère adoptive prit sur elle et décida d'avancer son affectation en prétextant auprès des services concernés qu'elle ne pouvait plus s'en occuper.

 À 7 ans, Coline avait donc quitté le bordel pour rejoindre une belle propriété sur les bords du lac. Elle y avait été chargée de l'entretien avec deux autres esclaves beaucoup plus âgés. Elle avait beaucoup pleuré sans comprendre qu'elle venait d'échapper à un sort terrible.

 En grandissant, elle avait encore embelli. Avec l'aide de ses deux mères de substitution, elle redoublait chaque jour d'efforts pour dissimuler ses attraits. Malgré cela, le regard des hommes de la maison s'était fait plus inquisiteurs. Elle n'était pas idiote. Elle savait qu'elle n'échapperait pas au sort des esclaves trop belles, si elle ne faisait pas attention.

 Un matin, en allant chercher du poisson frais au village de pêcheurs, situé un peu plus au nord sur les berges du lac, elle avait pris la liberté de dénouer le hideux foulard qui dissimulait ses beaux cheveux. Elle se croyait seule. Ça n'était pas le cas. Au retour, elle avait été attaquée par deux hommes qu'elle n'avait jamais vu, mais qui eux l'attendaient manifestement depuis un moment.

 C'était ce jour-là que SEITO était entré dans la vie de Coline. Il remontait le même chemin, chargé d'une mission par DASHEL, lorsqu'il l'avait vue aux prises avec ses deux assaillants. Son panier de poisson avait répandu son contenu sur le chemin, et formait une mare argentée sur laquelle elle trébuchait sans cesse en tentant de leur échapper. SEITO s'était précipité sans réfléchir et avait mis hors d'état de nuire les deux hommes avec facilité. Il l'avait sauvé.

 Il avait beau n'être qu'un androïde, la jeune esclave avait rapidement compris qu'il était particulier. Comme elle, il devait cacher sa vraie nature. Depuis SEITO aimait Coline, et Coline aimait SEITO. C'était ainsi. Il parvenait à se faufiler dans la demeure de ses propriétaires assez souvent pour partager sa couche. C'était un bonheur simple. Fragile.

 SEITO avait espéré qu'après le soulèvement, il pourrait vivre en paix avec elle. Et puis, il avait compris les subtilités du plan que ses frères mettaient en place, et surtout ce que cela impliquait pour les humains. Ça l'avait mis dans une grande fureur. Il avait donc rejoint le clan des opposants sans se déclarer vraiment. Sa position lui permettait d'engranger des informations. Il attendait donc son heure.

*

 Une fois hors de vue du champ, Ris s'était enfoncé dans les sous-bois, prenant la direction de l'androïde qu'il avait entendu rire. Au bout d'un moment, il avait abouti à un immense espace dégagé entre les arbres occupé par des arbustes sagement alignés. Ris n'avait pas tardé à reconnaître la plante, et il en resta stupéfait un bref instant. Des cocaïers. Des cocaïers, à perte de vue.

 Ris n'était pas dupe. Il connaissait les trafics divers auxquels se livraient certains responsables de serres du secteur 11, mais jamais il n'avait vu une production de cette envergure. Des androïdes s'activaient autour des arbustes, ramassant les feuilles et entassant les paniers remplis près d'un véhicule tracté par un mo-shrunk.

 Deux hommes arrivèrent par un chemin à l'opposé de la position de Ris. L'androïde à l'étoile noire paru très étonné et révéla une certaine nervosité quand il les salua. Ris toujours aussi handicapé par son œil tuméfié, décida de se rapprocher. Il devait en savoir plus. Il parvint à se faufiler en silence jusqu'à eux.

— ... en bonne voie. Les colis seront prêts pour la cérémonie. Ne vous inquiétez pas, dit l'androïde qui semblait avoir repris de l'assurance.

— Bien, DASHEL. Et pour la valériane ?

— Nous avons prélevé d'importantes parts dans le stock après le comptage. Le superviseur n'a rien vu, Sven !

— Parfait. Et pour le reste ? continua l'intéressé.

— Nous avons reçu le message concernant les fugitifs. Nous ouvrons l'œil. S'ils font mine de passer par ce secteur, nous le saurons. Les mouvements de troupes ne dérangent pas trop nos petites affaires. Nous avons juste mis les sabotages en suspens. L'augmentation du nombre de membres du « Réseau Fantôme » a perturbé quelques-uns de nos frères, encore peu habitués à en faire partie, mais tout devrait s'arranger d'ici peu, et les humains sont tellement préoccupés par autre chose qu'il ne remarque rien... Pas même les vols d'ailleurs. Les grottes sont pleines.

— Plus nous pourrons en stocker, plus le mécontentement sera grand le jour du soulèvement. Et pour les secteurs sécurisés ?

— ADA n'a pas pris de retard dans les débridages. Nous devrions avoir des retours d'ici peu.... Il y a cependant un petit souci... hésita DASHEL.

— Lequel ? demanda d'un ton inquisiteur l'homme qui n'avait fait qu'écouter jusqu'à présent.

 DASHEL jeta un œil étonné à Sven. La voix qui venait de s'exprimer n'était pas celle de leur compagnon, Atrius. Sven n'appréciait pas lorsque leur chef prenait le contrôle de l'un de ses frères. D'autant que DASHEL ne connaissait pas l'identité de celui qui lui parlait à présent.

 Même si celui qui les menait vers la libération ne cessait de leur répéter que chacun d'entre eux était un être vivant unique, cette façon de faire insistait lourdement sur leur condition de machines interchangeables. Après un bref silence, DASHEL se lança du bout des lèvres.

— Certains de nos frères, bien que conscients de la nécessité de changer leurs conditions de vie, ne sont pas d'accord sur la manière de le faire... Ils ne sont pas d'accord avec le soulèvement, et surtout avec la décision d'exterminer les humains s’ils ne se soumettent pas...

 À travers ATRIUS, Volk répondit d'une voix calme et posée qui ne présageait rien de bon selon Sven qui connaissait bien leur chef.

— As-tu des noms ?

— C'est que...

— Des noms !

 Cette fois, le ton avait été nettement moins posé, et les androïdes travaillant à proximité relevèrent la tête, intrigués.

— Oui, j'ai quelques noms... mais ...

— Tu les transmettras à Sven. Je vais m'en occuper personnellement...Et concernant le nouveau ?

— Il ne devrait pas poser de problème. Il est salement amoché et vu son âge...

— Soignez le discrètement. Je tiens à le garder en vie au cas où nous attraperions la fille. Une fois ce problème réglé, vous le ferez disparaître.

 ATRIUS baissa soudain la tête, puis la releva avec le regard de celui qui se réveille d'un long sommeil. Jabr Volk avait coupé la connexion.

— Méfiez-vous du prisonnier, tout de même. J'ai lu son dossier. Ce n'est pas le premier humain venu. Il a survécu à 15 ans de secteur 11, ajouta Sven contrarié avant de partir.

 Il n'appréciait pas la décision du chef concernant Ris. Il pensait que c'était une mauvaise idée d'introduire un humain non initié dans le secteur, alors qu'ils étaient si près du but. C'était un risque inutile pour une cause dont il ne comprenait pas l'intérêt. Cette fille en fuite ne représentait rien pour lui. C'était le problème des humains. Pourquoi mettre en danger tout le réseau pour elle ?

 S'il ne s'était tenu contre un arbre, Ris serait tombé par terre tant il était stupéfait. C'était insensé ! Pendant que tout le monde courait après l'Élue, les androïdes se préparaient à anéantir les humains de Capolkan. Ils avaient acquis leur autonomie. Certains ne portaient pas de tatouage, et leurs visages ne correspondaient pas aux référents habituels utilisés pour la fabrication des androïdes. Impossible de les distinguer des humains. Comment cela avait-il pu arriver ?

 Il devait faire quelque chose. Il devait avertir quelqu'un. Il devait révéler ce qu'il venait d'apprendre. Oui, mais voilà, Ris était coincé dans le secteur 11 avec des geôliers très attentifs à tout ce qu'il pourrait faire. Il avait bien compris que ce n'était pas la Doshbat qui avait ordonné son transfert. Le chef des androïdes devait avoir beaucoup d'influence pour parvenir à court-circuiter l'ordre interne et la sécurité intérieure de cette manière.

 Conscient du risque qu'il prenait en restant trop longtemps ici alors qu'il aurait dû se trouver à l'infirmerie, Ris entreprit de s'éloigner prudemment. Il se figea brusquement lorsqu'il remarqua deux pupilles bleu océan posées sur lui. Un androïde se tenait debout près de la lisière du bois. De taille moyenne, les cheveux blonds ébouriffés, il le fixait en silence.

 Ris retint son souffle prêt à... mais prêt à quoi exactement ? Il n'aurait jamais pu semer une de ces machines à la course. Quant à se battre, c'était illusoire. Il était fait comme un rat ! Il attendit le cri d'alarme. Mais rien ne vint. À bien y regarder, l'androïde n'avait pas une attitude inamicale. Et contre toute attente, il se détourna et ramassa son panier pour aller le poser près d'un autre arbuste comme si de rien n'était. Sans réfléchir à deux fois, Ris disparut entre les arbres. L'avait-il pris pour l'un des leurs ? Un non tatoué ? C'était peu probable, vu son état. Que c'était-il passé, alors ?

*

 Cet homme dans les bois avait espionné la conversation de DASHEL, alors que SEITO, lui, n'avait rien pu entendre, car les trois androïdes s'étaient isolés du réseau. Mais à voir la pâleur du visage de l'humain, il était aisé de savoir de quoi il retournait.

 En ne donnant pas l'alerte, SEITO avait fait un choix. Un choix irréversible, il en était parfaitement conscient. Il devait maintenant trouver un moyen de parler avec cet homme. Peut-être serait-il le grain de sable qui parviendrait à gripper la machine ?

*

 Le sommier émit un grincement lugubre, lorsque Ris s'y allongea. Les rideaux tirés entre les lits empêchaient de savoir si d'autres prisonniers se trouvaient là. L'une des lampes rivées au mur faiblissait par rapport aux autres, créant une zone d'ombre dans le fond de la pièce, là où se trouvait une porte rouge. C'était la première fois que Ris remarquait cette porte. Pourtant elle avait toujours dû être là. C'était une porte simple qui s'ouvrait avec une poignée, donc sans automatisme.

 L'infirmier qui préparait des pansements près de lui capta son regard. Il lui montra la porte puis le plan de travail collé au mur sur lequel trônaient des bouteilles de liquides et de comprimés. Mais ce n'est pas de comprendre que derrière la porte se trouvait la réserve de médicaments qui illumina le visage de Ris. C'était de voir la bonbonne qui était collée au mur, au pied du plan de travail. Il savait maintenant où trouver ce dont il avait besoin pour mettre son plan à exécution, car il avait désormais un plan.

 Il n'avait aucun moyen d'alerter les autorités sur ce qui se passait ici. Pas de communicateur, et surtout aucun contact sûr. Il n'avait donc qu'une solution : créer un incident suffisamment gros pour être vu depuis la tour. Et il savait comment. Restait à confirmer sa cible.

 Sur le trajet vers l'infirmerie, il était tombé par hasard sur l'un des bâtiments dans lesquels les androïdes stockaient les récoltes non déclarées du secteur 11. C'était une grande bâtisse en bois, pourvue de quelques étroites ouvertures, et d'une large porte sur laquelle était peint un signe d'interdiction d'accès.

 Ris était content de lui, car il disposait d'un énorme atout. Non seulement les androïdes ignoraient qu'il était au courant de leur plan (enfin il l'espérait, le comportement de l'androïde dans le champ le laissait pantois), mais ils avaient également sous-estimé ses capacités. Ils n'avaient pas enregistré que durant ses 15 ans à la mine, Ris n'avait pas seulement manié la pioche. Les explosifs n'avaient pas de secret pour lui, et il savait maintenant où se procurer ce dont il avait besoin pour provoquer un beau feu d'artifice. Ris était conscient qu'il prenait d'énormes risques, mais au point où il en était, il n'avait plus rien à perdre.

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