Chapitre 23 Piégés

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 Ris sentit le changement juste après être sorti du Cercle des femmes. Quelque chose dans l'air. Une tension impalpable entretenue par les nuages sombres qui s'amassaient au-dessus de la cité. Un orage s'annonçait. Et quelque chose d'autre. Quelque chose de plus grave.

 Selma devait les conduire à une sorte de passeur pour atteindre le Conteur et mettre Alma en sécurité. Ris avait été excité à l'idée de rencontrer l'homme le plus recherché de Capolkan. Pour lui, le Conteur était un mythe. Une sorte de légende à laquelle on avait envie de croire pour garder espoir. Selma l'avait un peu rafraîchi en lui annonçant qu'il ne rencontrerait probablement pas l'homme, lui-même. Tout dépendrait du risque pris et du moment propice. Ris n'avait pas insisté.

 Ils avaient d'abord emprunté des sentiers étroits comme à l'aller. Mais manifestement, il était impossible d'atteindre leur but rapidement sans emprunter des routes plus fréquentées. Alma serait bien retournée dans les enclos, mais Selma s'y était opposée avec force. Trop de risques selon elle. Trop d'occasion de fuir, surtout. Les deux femmes qui ne se faisaient pas confiance, ne s'adressaient que très rarement la parole.

 Le trio se fondit donc dans la foule bigarrée qui s'activait en cette journée lourde des prochaines pluies. Les échoppes qui regorgeaient de toutes sortes d'objets neufs ou d'occasion rentraient leur auvent et n'exposaient les marchandises que sur l'intérieur des pas-de-portes. Les capolkaniens discutaient forts et surveillaient de temps à autre le ciel, chacun calculant le temps qui lui restait pour atteindre un abri convenable si l'orage éclatait.

 Selma n'avait que faire de ce genre de préoccupation. Elle semblait suivre un itinéraire très précis et, de temps à autre, jetait discrètement des coups d'œil en hauteur. Ris, lui, tendait l'oreille. La population autour d'eux parlait des contrôles du matin. Ris se vit confirmer ce qu'il avait supposé en prenant la route. Les escouades avaient diminué comme si la Doshbat avait trouvé ce qu'elle cherchait. Ris rattrapa Selma qui marchait devant.

— Nous devons être sur nos gardes.

— Que crois-tu que je fasse depuis le début ! faillit-elle s'exclamer indignée, dit plutôt à la gamine de baisser la tête !

 Ris s'exécuta immédiatement en voyant Alma le nez en l'air scrutant la cime des arbres bordant la route. Devant l'étonnement de la jeune fille, il expliqua que des caméras sillonnaient l'ensemble de la cité.

— Elles sont plus actives que d'habitude, ajouta Selma, cette route ne devrait pas poser de problème, mais mieux vaut prévenir que guérir, n'est-ce pas ?

 Pour éviter les points de contrôle entre les secteurs, Alma se faufila dans un enclos. Selma fut bien obligée de la laisser faire lorsqu'elle vit que le portail ordinairement vide, était flanqué de deux gardes avec des scanners d'identité. Ris marqua un temps d'arrêt et s'approcha d'une étale, Selma sur ses talons.

— Qu'est-ce qu'il y a, Ris ? demanda-t-elle inquiète.

— J'ai déjà été contrôlé deux fois ce matin.

— Pourquoi cela poserait il problème ?

— Je ne sais pas. J'ai un mauvais pressentiment !

— Cesse tes idioties, Ris ! Il faut y aller ! Elle a pris de l'avance et je ne veux pas la laisser seule. Là, est le vrai risque, tu ne crois pas ?

 Ris fixa son ancienne maîtresse avec surprise. Selma était devenue dure et il n'était pas sûr d'apprécier.

— Lorsque nous serons proches du lieu où réside le passeur, je te ferai signe. Tu passeras devant lui avec l'Élue. Il faut qu'il la voit, mais je lui parlerai seule. Tu me retrouveras avec elle dans les jardins du secteur 8.

 Ces jardins étaient immenses, mais Ris n'eut pas besoin de lui demander de préciser le lieu du rendez-vous. Il connaissait là-bas un petit coin chargé de souvenir qu'il aurait été capable de retrouver même après toutes ces années. Il était content qu'elle s'en souvienne aussi.

*

— Bon sang ! Regardez ! Le suspect vient d'être scanné à l'entrée sud du secteur 1 !

 Aldis montrait l'alerte qui venait de s'afficher sur l'un de ses écrans. Karpov se pencha pour vérifier ses dires. Marcus Ward, qui se trouvait dans une salle voisine en plein dépouillement de fichiers concernant l'affaire du secteur 16, s'était levé et les avait rejoints.

— Ward ! Cette affaire ne te concerne plus ! lança Karpov avant de communiquer l'information à son supérieur. Marcus ne l'écoutait pas, il fixait Ris que la caméra avait dans son champ de vision.

— Il faut le laisser passer, murmura-t-il.

— Quoi ! Mais c'est complètement ridicule ! cria Karpov, on va l'attraper et l'interroger !

— La fille n'est pas avec lui ! Tu as lu son dossier ! Tu sais qu'il ne dira rien, s'il n'en a pas envie ! riposta Marcus avec véhémence.

— Il parlera ! Crois-moi ! Il parlera ! Je m'en chargerai moi-même !

— De quoi vous chargerez-vous vous-même, Karpov ?

 Les supras Taglione et Moor se tenaient à l'entrée de la salle de surveillance. Karpov, persuadé que cette fois, ce serait lui que l'on suivrait, révéla le repérage de Ris.

— Ward a raison ! dit tranquillement Moor, il ne nous dira rien. Par contre, s'il peut nous mener à la fille, cela vaut le coup de le suivre à la trace. Où sont-ils ? Le secteur 1, encore lui ! Décidément... Voyons de quoi à l'air ce fameux Terkoff... La femme ne serait-elle pas ?

— Si je crois que c'est elle...

 Taglione n'ajouta rien de plus. Il espérait juste que la femme soit là par hasard. Puis sous les yeux furibonds de Karpov, il se tourna vers Aldis et lui transmis les ordres.

*

— Excusez-nous pour l'attente, dit le plus jeune des deux gardes, mais avec l'orage qui se prépare, les ondes et les communications ont du mal à passer.

— Pas de problème. Nous pouvons y aller maintenant ? demanda Selma d'une voix calme et posée.

— Sûr ! lança le garde en s'effaçant devant le couple qui reprit la route en silence.

— Je n'aime pas ça, grinça Ris.

 Selma haussa les épaules, tandis qu'Alma, toujours méfiante à l'égard de la guérisseuse, sortait d'un enclos à la faveur d'un virage et se rapprochait du serrocole.

— Que se passe-t-il ? demanda-t-elle soudain inquiète devant l'air renfrogné de Ris.

— Écoute-moi bien et essaye de bien retenir ce que je vais te dire. Nous traversons le secteur 1. Nous l'avons déjà fait à l'aller, mais pas à cet endroit. Si nous étions séparés...

— Pourquoi serait-on séparés ? s'exclama Alma doucement.

— Ne m'interrompt pas... dit-il d'un ton sec.

 Puis il lui expliqua comment rejoindre le point de rendez-vous en suivant les bras sinueux du Gélil. Il lui décrit l'unique saule pleureur et les multiples cachettes qu'il recelait dans ses frondaisons dégoulinantes. Alma hésita. Pourquoi cette soudaine inquiétude ? Tout semblait bien se passer pour le moment. La cité était grande et …

— Réponds-moi Alma ! Dis-moi que tu as compris et que tu le feras ! dit Ris avec intensité en interrompant le fil de ses pensées.

— Oui ! Oui, Ris, je vous attendrai là-bas.

 Ris lui jeta un dernier coup d'œil appuyé avant de lui glisser un objet dans la main. Un couteau ! Il lui donnait un couteau ! Aucun d'entre eux ne dit rien. Par ce geste, Ris admettait qu'elle puisse avoir à se défendre de nouveau. Il admettait qu'il ne serait pas toujours là pour la protéger. Alma se crispa sur l'arme qu'elle glissa sous sa tunique. Elle la rassurait et l'effrayait tout à la fois.

 Le serrocole reprit le rythme soutenu de Selma sans rien ajouter de plus. Les échoppes autour d'eux étaient différentes de celles du secteur précédent. Ici, des lés de tissus de toutes les couleurs occupaient tout l'espace. La foule était moins importante, plus concentrée. Ils atteignirent bientôt un village d'ateliers. Comme convenu, Selma s'arrêta devant l'un d'eux, tandis que Ris et Alma poursuivaient leur chemin.

 Selma avait tendu au disciple le signe distinctif qui confirmait son appartenance au groupe Eleftheria, et son niveau de hiérarchie dans ce même groupe. Elle avait déjà rencontré Kreine Stakhos, alors qu'il n'était qu'un disciple plus jeune encore que le jeune homme qu'elle avait devant elle. Elle avait autrefois rallié sa cause et s’était battue dans l'ombre pour tenter de sauver Capolkan autrefois. Aujourd'hui, elle avait besoin de le voir.

*

 Taddeus Moor avait donné le feu vert à Taglione quand la guérisseuse s'était arrêtée devant l'atelier de l'homme que Ward avait déjà dans le collimateur. Une caméra avait clairement filmé Terkoff et l'Élue qui s'éloignaient ensemble. Il s'agissait de réussir deux attaques simultanées. Marcus Ward trépignait mais Moor avait refusé de l'envoyer. Il n'avait toujours pas mis la main sur les androïdes aperçus dans le secteur 16. Les bersikers seraient tout à fait capables de se passer de lui et de réussir leur mission. Ward rongeait son frein sous le regard narquois de Karpov qui attendait de pied ferme les futurs prisonniers. Aristolus Karpov avait une faiblesse pour les interrogatoires surtout ceux avec des récalcitrants.

*

 Ris pressentit le danger avant de l'apercevoir. Il devait faire diversion pour aider la gamine. Il poussa Alma vers les murets en lui indiquant une direction, puis se mit à courir à l'opposé du point de rendez-vous fixé par Selma. Il espérait qu'elle lui pardonnerait de l'avoir encore une fois laissée en plan.

*

 Selma s'excusa d'avoir fait irruption dans la vie de Cyrus. Elle savait qu'il lui faudrait trouver des arguments convaincants pour justifier de la présence de la guérisseuse dans son atelier, mais elle n'avait pas le choix. Il fallait faire vite. Elle ne savait pas de combien de temps elle disposait avant qu'Alma ne se fasse repérer ou ne tombe malade.

 Cyrus fixait la guérisseuse avec intérêt. Il était contrarié, certes mais ce qu'elle venait de lui apprendre était pour le moins surprenant. Cette femme disait lui avoir amené une Élue ! Et pas n'importe laquelle ! La jeune file en colère qui avait tant intrigué le Conteur sur l'enregistrement de la présentation du projet Katartia.

 Cyrus avait vu la jeune fille qui s'était éloignée avec le vieil homme. Il avait vu son visage. Mais ce sont ses yeux pers qui lui permirent de la reconnaître vraiment. Un tel regard ne s'oubliait pas de sitôt. Il fallait qu'il l'amène au Conteur rapidement, la guérisseuse avait raison. Il ne savait pas de combien temps il disposait avant que l'Élue ne pose problème. Le jeune homme attrapait sa besace lorsqu'un fracas de propulseurs emplit l'atmosphère à l'extérieur de l'atelier.

— Où est-elle, maintenant ? cria-t-il pour couvrir le bruit.

— Dans le secteur 8 ! Il faut suivre la berge sud du Gélil. Le Saule pleureur est le point de rendez-vous.

 Cyrus se précipita vers l'arrière de l'atelier. Il escalada les deux caisses judicieusement placées à cet endroit pour former un escabeau et enjamba le cadre de la petite fenêtre qui était en hauteur. Avant de sauter, il se retourna vers Selma avec étonnement. Elle n'avait pas bougé.

— J'ai passé l'âge de jouer à cache-cache ! Je vais les retarder un peu... Dépêchez-vous ! lui lança-t-elle avant de le voir disparaître dans la végétation.

*

 Se frayant un passage entre les arbres, Alma repensa aux avertissements de Ris concernant la faune sauvage et les gardes-forestiers. Elle pointait son couteau devant elle, attentive au moindre bruissement, au moindre mouvement. Elle tentait de ne pas perdre le cap que lui avait indiqué Ris avant de disparaître. Elle était terrifiée. De nouveau. Et si elle ne parvenait pas à trouver cette fichue rivière ? Et si elle ne parvenait pas à trouver la sortie ? Ris lui avait dit que certains de ces enclos s'étendaient sur des kilomètres et traversaient plusieurs secteurs. Grimper dans un arbre serait toujours une solution, mais pour le moment, il n'en était pas question.

 Un bruit sur sa gauche stoppa son élan. Immobile, fouillant la pénombre avec obstination, elle se prépara à se défendre. La peur faisait refroidir la sueur qui lui coulait dans le dos. Elle se força à apaiser sa respiration haletante. Plus rien ne bougeait.

 Puis dans le lointain, elle perçut distinctement le bruit familier que fait l'eau d'une rivière lorsqu'elle parcourt un lit caillouteux. Son cœur bondit et ses jambes avec lui. Elle se remit à courir sans plus se préoccuper du reste. Il lui semblait qu'une fois près de la berge, elle ne craindrait plus rien. Pourtant dans son dos, une silhouette glissa imperceptiblement. Lysandra Everhart avait perdu la trace du tisseur, une fois de plus. Mais le hasard lui avait offert un gibier bien plus convoité. Et il n'était pas question de le laisser filer.

*

 Cyrus avait suivi les indications de Selma, et était parvenu au point de rendez-vous non sans avoir fait quelques détours pour semer sa chère voisine Lysandra. Il devait bien admettre qu'elle était déterminée et ne manquait pas de ressources lorsqu'il s'agissait de poursuivre sa mission. La perdre n'avait pas été sans difficulté. Le jeune homme observa un moment le saule pleureur avant de s'approcher.

 L'arbre semblait avoir poussé dans l'eau comme les cyprès chauves sur les bords du lac Victorius. Sous les frondaisons, l'enchevêtrement des racines et des roseaux permettait de s'assoir, et même de se coucher à l'abri des regards. Il n'y avait manifestement personne, ce qui n'était pas bon signe. Sortant tout de même son couteau de sa ceinture, il s'avança dans l'abri en évitant soigneusement les trous d'eau entre les racines.

 Il distingua bientôt nettement un léger frottement en plus du bruit de la rivière, mais ne parvenait pas à discerner ce que cela pouvait être. Cela provenait d'une touffe plus dense de roseaux. Homme ? Animal ? Il écarta brusquement la végétation, prêt à s'abattre sur ce qui se trouvait derrière. C'est alors qu'il sentit une vive douleur au niveau du mollet. L'Élue venait de lui planter un couteau dans la jambe !

 Il hurla tandis qu'elle retirait son arme prestement, prête à frapper de nouveau. Il fit de grands gestes avec sa propre arme pour la tenir éloignée. Elle l'observait maintenant avec intensité, le couteau pointé vers lui.

— Vous êtes complètement malade ! Je suis votre contact ! Je suis le passeur ! lui cria-t-il en tentant de compresser la blessure.

— Malade ? Et vous, avec votre couteau ? Vous alliez faire des cure-dents, peut-être ? Vous deviez être avec Selma ! Je ne vous connais pas ! Vous auriez pu être de la tour ! D'ailleurs vous pourriez être de la tour !

— Où est le vieillard qui était avec vous tout à l'heure ? demanda Cyrus en guise de réponse.

— Ris ? s'exclama Alma.

— C'est moi qui vais répondre à cette question, si vous le voulez bien !

 Cyrus et Alma se tournèrent tous les deux en même temps vers la voix qui venait de surgir de nulle part. Lysandra Everhart les toisait depuis la berge, en les tenant en joue avec son laser.

— Lysandra, murmura Cyrus tout en rampant à reculons vers Alma.

— Tss! Tss ! Cyrus, ne t'agite pas ainsi ! J'aimerais ne pas avoir à aggraver ta blessure. Quand je pense que depuis des semaines, j'avais un passeur sous la main... Tu n'as pas le profil de l'emploi ! Vraiment ! dit-elle avec dédain avant de river ses yeux bleu acier sur Alma

— Quant à toi ! Ne t'inquiète pas pour le vieux. Tu vas bientôt le rejoindre. Je vais avoir tous les honneurs pour t'avoir capturée ! Une vraie trouvaille ! s'exclama Lysandra en s'emparant de son communicateur pour transmettre sa position.

 Cyrus profita de ce moment-là pour empoigner Alma et la faire basculer avec lui dans les roseaux. La jeune fille sentit quelque chose de chaud lui effleurer l'épaule au moment où son corps s'immergeait dans les eaux glacées de la rivière. Cyrus l'entraina vers le fond tout en se servant du courant pour s'éloigner. Elle sentit rapidement ses poumons bruler. Il lui fallait de l'air. Il fallait qu'elle respire ! Elle tenta d'échapper à la poigne du jeune homme en se débattant, mais il la tenait fermement. Puis brusquement l'étreinte se desserra.

 D'un battement de pied, elle revint à la surface, et aspira tout l'air que ses poumons pouvaient stocker, puis replongea. Le corps inconscient de Cyrus, emporté vers le fond, dérivait devant elle. Les eaux semblaient de plus en plus agitées, et l'eau de plus en plus profonde.

 Elle réussit à attraper le jeune homme et à le tirer vers la surface aux prix d'efforts dont elle ne se serait pas crue capable. Leurs têtes émergèrent au milieu des flots bouillonnants du fleuve. Les rives paraissaient à des kilomètres, et le courant était si puissant, qu'elle ne se sentait pas la force de lutter seule avec un corps inerte à ses côtés. Désemparée, elle secoua Cyrus, le forçant à recracher l'eau qu'il avait respiré, hurlant à son oreille. Le jeune homme reprit ses esprits, mais parvenait à grand peine à se maintenir à flot seul. Blême et crispé, ses traits reflétaient la souffrance qu'il endurait. Pourtant, produisant un dernier effort, il se mit à nager avec difficultés vers la rive opposée du fleuve, Alma à sa suite.

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