Chapitre 12 Les éveillés

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 Tous les déchets et matériels hors d'usage de la cité arrivaient dans le secteur 10 pour y être recyclés ou détruits. Habituellement, Davrek faisait partie de l'équipe de nuit, mais parce qu'il devait accueillir sa future compagne, il avait été exceptionnellement transféré dans celle de jour. Ainsi, il avait pu assister au discours du Commandeur avec les autres recycleurs et avait pris part à leur allégresse.

 Il déposa une carcasse désossée d'air-puller sur le plateau de la compacteuse. Puis il feignit de souffler. Il était pourtant loin d'être fatigué. L'engin ne pesait rien pour lui. Cependant Davrek devait feindre la fatigue pour donner le change à ses compagnons de labeur.

 Quelques années auparavant, il avait été introduit ici sous le nom de Davrek Korn. Depuis, il jouait à être un homme comme les autres, alors qu'en fait, il était né machine. Il était né androïde. De chair et de sang à l'image de ses concepteurs, mais synthétique et mécanique à l'intérieur, il pouvait ingérer de la nourriture et feindre le fonctionnement naturel du corps humain. Il aurait dû porter un tatouage sur le front afin d'être identifiable comme les autres androïdes. Il aurait dû suivre une programmation stricte et bridée. Il n'en était rien. Il était un « éveillé ». Dissimulé parmi les hommes, il attendait le jour du grand soulèvement, le jour de la libération de tous ses frères injustement opprimés, et réduits en esclavage par leurs concepteurs.

 Ce jour approchait, il le savait. Les signes le démontraient. Leur chef le murmurait. Davrek participait de plus en plus souvent à des incursions nocturnes dans les réserves, à des attaques en règle de serres ou d'ateliers, comme la veille. Plus important encore, le nombre d'« éveillés » augmentait chaque jour, venant grossir le « Réseau Fantôme », infiltrant chaque secteur de la cité, chaque étage de la tour et presque tous les services de la Doshbat.

 Davrek ne connaissait pas celui qui était à la tête du réseau. Leur chef demeurait une ombre insaisissable. Alors que tous les frères pouvaient se connecter entre eux, personne n'avait accès à celui qui pensait et orchestrait le soulèvement. On le disait introduit dans les plus hautes sphères du pouvoir. Davrek en doutait parfois. Il était si difficile de dissimuler sa vraie nature aux humains.

— Alors Davrek ! On pense à sa p'tite chérie !

 Celui qui venait de l'interpeller se nommait Pullman. Ce géant, gras et costaud, portait une tunique bleu-gris douteuse avec de nombreux accrocs rapiécés à la va-vite. Un type peu recommandable qui n'aurait pas hésité à sacrifier père et mère pour accéder à de plus hautes fonctions ou de grosses sommes de monnaie. Un type qu'il valait mieux avoir de son côté.

 Davrek n'avait pas physiquement peur de lui, cependant, son rôle ici nécessitait qu'il fasse profil bas. Alors il sourit bêtement comme pris en faute. Les autres partirent d'un rire insolent et moqueur. Davrek n'en avait cure. Mieux valait en rire car la situation était pour le moins cocasse en vérité. Il avait appris avec stupeur qu'une compagne lui avait été attribuée. À lui !

 Dès lors qu'ils voulaient une femme dans leur vie, les hommes de Capolkan avaient trois choix : soit ils optaient pour une maîtresse, soit ils postulaient pour obtenir une compagne auprès du service des compatibilités en y déposant un échantillon de sperme, soit ils passaient du temps dans les bordels de la cité. La première option était rare à cause des risques encourus, la seconde était la plus courante pour les hommes de plus de 30 ans qui désirait un foyer stable, la troisième comptait surtout de jeunes hommes, et les laisser pour compte de la seconde option. Car postuler ne voulait pas dire attribuer. Le nombre de femmes disponibles était insuffisant, et la sélection comportait un certain nombre de facteurs, notamment le comportement général du sujet et son emploi dans la cité.

 Davrek était censé avoir 32 ans. Il avait été conçu pour ressembler à un homme au physique commun et sans particularité : taille moyenne, corpulence moyenne, cheveux châtain, yeux marron, peau noire. Il avait la réputation d'être violent et buveur. Son emploi de recycleur était presque le plus bas de l'échelle du secteur 10. Son profil ne correspondait pas aux critères normalement retenus par le service des compatibilités. Il avait néanmoins fait une demande comme presque tous ses compagnons de travail. Pour ne pas dénoter. Le « Réseau Fantôme » lui avait fourni les échantillons nécessaires et il les avait transmis au département médical.

 Jamais il n'aurait pensé qu'on lui attribuerait une femme. C'était inattendu, et à sa connaissance, aucun autre membre du réseau n'expérimentait ce genre de situation. Pourtant, ses frères l'avaient rassuré en lui donnant de nombreux conseils de manière à ne pas se révéler à cette humaine qui allait partager le peu d'espace qui lui avait été imparti dans la 3ème bulle d'habitation du secteur. Ce serait d'autant plus difficile qu'il n'avait pas beaucoup d'expérience avec les femmes. Il en côtoyait peu, et bien qu'il fasse semblant d'aller au bordel, il y mettait rarement les pieds. Sauf quand il s'agissait de transmettre un message à une « éveillés ». Il appréhendait donc un peu la venue de cette « compagne », même si ses frères lui avaient fourni de quoi la neutraliser de manière naturelle si besoin était.

*

 Prya rentra la tête dans les épaules pour éviter de se prendre encore un coup. Elle avait tenté d'échapper à ses geôliers lorsqu'ils l'avaient transférée vers le transporteur prévu pour la mener à son nouveau compagnon. La rattrapant sans difficulté, ils l'avaient rossée sans vergogne, sachant très bien que personne ne leur dirait rien. Maintenant, elle se demandait si finalement elle n'allait pas échouer dans un bordel comme son père l'espérait. Elle était à leur merci. Pourtant elle s'estimait chanceuse. Il ne l'avait pas violée. Sans doute avaient-ils été retenus par la punition encourue pour ce genre d'abus sur une compagne attribuée. Ils n'étaient pas fous.

 Elle observait à la dérobée les quatre bersikers. Tuniques noires. Spires rouges. Équipements de sécurité. Armes. Une véritable escorte de criminelle. Qu'avait-elle imaginé ? Qu'on la mènerait tranquillement encadrée d'un, voire de deux gardes ? Prya entrait plutôt brutalement dans le monde des adultes. Elle s'était figurée que les violences subies dans l'espace clos du foyer ne pourraient être surpassées. Que son père était un tortionnaire cruel. Unique. Elle commençait à comprendre que ce n'était que le début.

 Un bref instant, elle se demanda si elle n'avait pas fait une erreur en refusant l'offre de Karpov. Elle secoua légèrement la tête en signe de négation. Elle ne devait pas renoncer. Elle avait deux jours pour trouver une solution. Elle affronterait avec courage et subirait son sort bravement.

 Le petit engin s'était immobilisé. Prya tenta d'oublier la douleur qui avait envahi chacun de ses membres et releva le buste, affrontant du regard ses geôliers. Elle n'était pas prête à plier. Elle s'efforça de ne pas penser ni à ce qui l'attendait, ni au spectacle affligeant qui maintenant se déployait devant ses yeux. Le secteur 10 était l'un des plus laids qui soit avec le secteur-prison.

*

 Sa compagne offrait un drôle de spectacle. Elle devait être jolie selon les critères humains, mais en cet instant, elle était pitoyable. Pourtant, Davrek ne voyait que du défi dans ses yeux. Blessée au visage, et manifestement ailleurs, aux vues de sa façon de marcher, elle affrontait du regard sa nouvelle réalité. Sans peur.

 Il la prit par le bras et l’entraîna, un peu déconcerté, vers la bulle d'habitation sous les ricanements et les coups d'œil salaces des recycleurs qui se trouvaient là au moment de l'atterrissage. Il se reprit avant de passer devant Pullman en raffermissant sa prise et durcissant ses traits. Il ne devait pas donner l'impression qu'il ne savait pas quoi faire. La première chose était de l'amener au Cercle des femmes du secteur pour qu'on l'y soigne, et qu'on lui donne quelques clés pour l'aider à s'intégrer avant qu'il ne vienne la chercher à la fin de la journée. Déjà, il communiquait à tout va sur le « Réseau Fantôme », et ses frères tentaient de le calmer.

 Prya grimaça lorsque Davrek resserra sa main sur son bras. Il lui broyait les os. Elle se laissa pourtant emmener sans résister. Elle avait eu assez d'une raclée pour aujourd'hui. Mieux valait faire profil bas pour le moment. Une fois dans le hall d'habitation, le primus du secteur s'avança vers elle, et sans plus de manière s'empara de son poignet. Elle le regarda horrifiée lui passer un bracelet de localisation. Un de ceux que l'on mettait à certaines bêtes qui paissaient sur de grandes étendues.

— Tu ne croyais tout de même pas que nous te donnerions l'occasion de nous fausser compagnie ? Nous avons été avertis ! À présent, tu n'échapperas ni à la loi, ni à ton compagnon. À moins de vouloir subir des sanctions plus lourdes. Et vu ton état, je pense que tu sais de quoi je parle ?

 Le primus attendait une réponse. Au bord des larmes, Prya ne put réprimer un hoquet. C'est alors qu'il la gifla violemment.

— J'attends une réponse intelligible, jeune fille ! hurla-t-il.

 Prya sursauta tant à cause de la gifle que du ton employé. Le fixant soudain avec une certaine frayeur dans les yeux, elle répondit un maigre oui.

— Oui ! Quoi ? continua-t-il sèchement

— Oui, j'ai compris, chevreta-t-elle.

 Davrek, qui n'était pas intervenu jusqu'à présent, raffermit de nouveau sa prise sur le bras de la jeune fille, et répliqua :

— Ne vous inquiétez pas, primus, j'ai la situation en main. Elle ne sera bientôt plus un problème pour personne.

 Le primus fixa intensément Davrek avant de lui répondre calmement :

— Je n'en attends pas moins de vous, Davrek. Je sais que vous serez parfait pour elle. Menez-là aux femmes maintenant ! Il faut qu'elle soit sur pied dès demain. Elle sera affectée à la chaîne de tri des Rouvres.

 Sans ménagement, Davrek poussa Prya vers le chemin menant au Cercle des femmes. Le bâtiment de pierres sèches était construit autour d'un minuscule patio où jaillissait une fontaine. La guérisseuse fit entrer la jeune fille sans prendre la peine de regarder Davrek et referma le sas sans plus de façon. Selma Park avait ce privilège. Elle pouvait se permettre de ne pas faire cas des hommes qui l'entouraient. Elle pouvait les mépriser autant qu'elle le voulait.

 La nouvelle était restée là où elle l'avait placée en entrant. Les autres femmes formaient un cercle de curieuses autour d'elle. Selma les chassa sans ménagement. Elle avait aussi ce pouvoir sur les autres. Elle était la guérisseuse. Celle qui soulageait les douleurs. Celle qui apaisait les cœurs et les corps. Celle qui permettait de supporter la vie grâce à ses remèdes, grâce à ses paroles. Elle était la voix du Cercle. Son autorité était reconnue et respectée.

 Prya se laissa asseoir sur une table. Le bracelet de localisation avait fait s'écrouler tous les murs qu'elle avait érigés entre ses espoirs et sa condition. Elle était apathique, persuadée qu'elle ne pourrait plus échapper à son sort. Persuadée de périr sans avoir jamais eu la possibilité de revoir Darius, ni même d'avoir pu tenter une quelconque fuite. Le bracelet la condamnait à rester là où on l'attendait et à subir. Le brouilleur de Darius ne lui serait jamais d'aucune utilité.

— Comment t'appelles-tu, ma jolie ?

 La voix douce qui s'adressait à elle, lui fit l'effet d'un coup. La sollicitude qu'elle y devinait lui était étrangère. Presque insoutenable. Personne ne lui avait jamais parlé ainsi. Même pas sa mère. Prya leva son visage tuméfié vers la femme penchée près d'elle.

— Moi, c'est Selma, ajouta la femme sans se formaliser du silence de la jeune fille, je vais nettoyer tes plaies, et voir les dégâts sous ta tunique. Tu me permets de regarder sous ta tunique ? continua-t-elle en s'affairant autour d'une petite table roulante sur laquelle s'étalaient des instruments, des produits et des poudres diverses.

 Selma se retourna l'air contrarié par les mauvais traitements qu'avait subi la jeune fille. Son absence de réaction ne présageait rien de bon. Prya, se méprenant sur l'expression arborée par la guérisseuse, sembla soudain sortir de sa torpeur, et cria presque son « oui ». Selma sursauta avec étonnement avant de comprendre que la réaction exacerbée de la jeune fille était une conséquence directe de son accueil par le primus.

— Je ne vais pas te frapper, ni te faire de mal. Je ne suis là que pour te soulager. Je suis de ton côté. D'accord ? Tout ce que tu diras ou feras ici, restera entre ces murs. D'accord ? lui répéta-t-elle calmement tandis que Prya acquiesçait en silence.

 Pendant que Selma lui nettoyait ses blessures, Prya se mit à l'observer plus attentivement. Vêtue d'une tunique et d'un pantalon de lin bleu ardoise, la guérisseuse était grande et sèche. Une longue tresse de cheveux blancs tombait dans son dos. Son visage fin était parcouru de rides d'expression. Ses mains aux longs doigts fins étaient marquées de taches de vieillesse. Elle s'activait avec dextérité à appliquer antiseptiques, compresses et bandages.

 Prya n'avait jamais vu de femme avec des cheveux aussi blancs. On mourrait autour de 50 ans à Capolkan. Quel âge pouvait-elle avoir ? Soudain, les yeux de Selma croisèrent les siens. Nuages gris dans l'azur de son regard. La guérisseuse lui sourit. Un sourire franc. Sans arrières pensées. Sans méchanceté. Prya sentit l'espoir renaître dans son cœur. Peut-être que tout n'était pas perdu, finalement ?

— Prya, dit-elle doucement.

— Et bien, enchantée, Prya, répondit Selma en se tournant pour prendre des pinces, je vais découper ta tunique. Tu n'en auras plus l'usage ici, de toute façon. Nous allons te donner un paquetage neuf. Et vu l'état de ce que tu portes, il serait inutile de tenter d'en conserver quoique ce soit.

 Prya se laissa faire sans prendre conscience de ce qu'impliquait l'opération. Elle réalisa qu'elle allait se trouver nue lorsqu'il fut trop tard. Selma tenait le brouilleur dans sa main. Prya était contrite, enrageant contre elle-même. Cependant contrairement à ce qu'elle croyait, la guérisseuse ne s'indigna pas. Ne la frappa pas. N'alerta pas le primus, ni Davrek. Elle posa l'objet sous le tas de guenilles que constituait son ancienne tunique, et dit calmement :

— Il ne faudra pas oublier tes accessoires avant de partir. Je te montrerai où les mettre dans ta tunique pour éviter de les révéler aussi facilement. N'oublie pas que tu ne seras plus jamais seule, et que tu auras souvent l'occasion de te déshabiller en compagnie. Je te l'ai dit. Je ne suis pas ton ennemi, dit-elle en se penchant soudain sur le bras de Prya les sourcils froncés.

— Qui t'a fait ça, Prya ? siffla-t-elle en tâtant délicatement la marque laissée sur le haut du bras gauche de la jeune fille.

 Prya grimaça en se souvenant de la prise de Davrek. Selma s'empara alors d'un scanner portable et le posa sur la blessure.

— Mon compagnon.

— Davrek ? Hum, ce pourrait-il que …? Je n'aurais jamais cru cela possible... ils vont trop loin.

— De quoi parlez-vous ? demanda Prya en observant Selma, intriguée.

 La guérisseuse s'adossa à son chariot et fixa la jeune fille avec intensité. Elle semblait la jauger. Selma désapprouvait, comme toutes les femmes, le système d'attribution des compagnes. Et encore plus depuis qu'il s'agissait de toutes jeunes filles comme Prya. Alors, si en plus, on les privait de l'année au Cercle qui devait les préparer à affronter leur vie de femme, Selma était carrément hors d'elle. Mais pouvait-elle raisonnablement lui dire ce qu'elle avait découvert ? Comment ne pas la prévenir ? Elle, qui allait partager sa couche avec Davrek. Peut-être était-ce le moment de propager l'information ? Elle ne savait pas trop. Selma n'aimait pas influer sur l'histoire des hommes. Elle les avait depuis longtemps abandonnés à leur sort. Mais pas les femmes. Pas les femmes.

— Sais-tu garder un secret, Prya ? dit-elle avec un air sérieux.

 Prya fronça les sourcils. Elle commençait à avoir froid en sous-vêtements dans la petite pièce aux murs verts. Son bras et son torse lui faisaient mal. Elle se demandait où voulait en venir la guérisseuse.

— Prya ?

— Tout aussi bien que vous, je suppose, lâcha-t-elle fatiguée.

 Selma sourit. Cette petite avait du ressort. C'était bien. Elle aurait sans doute plus de chance de s'en sortir. La guérisseuse empoigna un kit de réduction rapide de fracture et l'appliqua sur la blessure du bras, et commença à s'occuper des côtes de Prya à l'aide de bandages imbibés tout en lui révélant la nature de ses découvertes.

— Je soigne un grand nombre de femmes. Je travaille dans plusieurs secteurs et je navigue dans de nombreux milieux. J'ai de quoi observer. Ces derniers temps, j'ai vu des choses étranges. Des détails que personne ne remarque, mais qui ne m'ont pas échappé pourtant. Certains d'entre nous ne sont pas des hommes.

— Ça n'est pas une nouveauté. Il y a les androïdes, et puis les clones qui ne sont pas vraiment des hommes d'après moi, répondit Prya un peu ironique devant cette révélation qui ne lui en paraissait pas une.

— Non ! Tu n'as pas compris ! Ce que je dis, c'est que des androïdes se dissimulent parmi les hommes. Sans étoile. Sans programmation. Comme des hommes, lança Selma en finissant le bandage.

 Prya garda un instant le silence, stupéfaite.

— Un homme, même très fort comme Pullman, ne peut pas faire ça. Alors un type avec la stature de Davrek... dit-elle en désignant son bras, pourtant il t'a fracturé l'os en le serrant juste. Mais j'ai vu des choses plus spectaculaires. Les androïdes sont comme les hommes. Ils pensent rarement aux femmes et à ce qu'elles peuvent voir ou entendre.

— Mais comment ? Comment vais-je faire ? Je... Il va me tuer... et avec ce bracelet...

 Prya commençait à paniquer. Le fait que des androïdes se fassent passer pour des humains ne la préoccupait pas vraiment. Elle ne songeait qu'à sa situation peu reluisante. Non seulement son compagnon était brutal, mais il disposait d'une force surhumaine qui pouvait la tuer en un rien de temps. Et elle allait devoir coucher avec lui. Cette idée la fit frémir d'horreur.

— Il se trouve que j'ai peut-être un moyen de te faciliter la vie, ma jolie. Depuis que je les ai découvert, je travaille sur un mélange de ma composition à base de plantes et... hum... d'autres choses. Cela pourrait les neutraliser. Comme ils feignent d'être des hommes, ils sont obligés d'ingérer de la nourriture et de boire des liquides. J'ai concocté une poudre que l'on peut mélanger à n'importe quoi, et qui provoque chez eux des somnolences, ainsi que des douleurs articulaires. À forte dose, cela immobilise même certains de leurs membres. En excès ou en usage régulier, je pense que ça peut les tuer. Ils veulent être humains, je leur ai trouvé un moyen de partager nos souffrances.

 Selma souriait, fière d'elle.

— Je ne pensais pas l'utiliser un jour. Mais je ne pensais pas non plus qu'ils iraient jusqu'à postuler pour obtenir une compagne. Ils sont allés trop loin.

— Comment vais-je faire ? demanda lentement Prya.

— Il suffira de le mélanger dans sa nourriture, ou de lui faire boire en tisane. Je suis sûre qu'il sera bien trop occupé à comprendre ce qui lui arrive et qu'il te fichera la paix.

— Et pour ça ? demanda Prya en montrant le bracelet de localisation.

— Ah, ça ? lâcha Selma en ouvrant le bracelet avec une facilité déconcertante, rien de bien inquiétant comme tu peux le voir. Je te montrerai comment faire. Mais attention ! Ne le perd pas et assure-toi de le mettre dans un endroit sûr !

 Prya sourit enfin à Selma. Un vrai sourire. Un sourire franc qui illuminait son visage marbré de bleus. Elle reprenait espoir. Il lui faudrait juste tenir quelques jours. Ensuite, elle s'enfuirait.

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