La lune était là, au-dessus de ma tête. Elle éclairait à peine la ville, noire, terrifiante, avec tous ses bruits et toutes ses ombres qui donnaient l’impression qu’une horrible bête allait surgir d’une impasse pour vous sauter dessus et, finalement, vous dévorer. Vous tremblez à chaque pas, à chaque arbre, à chaque feuille qu'une brise de vent fait vibrer. Vous perdez le contrôle de vous-même et devenez paranoïaque. Vous imaginez que ces plantes sont des passants maudits qui vous guettent pour vous offrir le même sort.

 Ma capuche sur la tête qui me cachait à moitié les yeux m’empêchait de voir plus loin que mes pieds. Je percevais à peine où je me dirigeais, les chaussures trempées, marchant dans les flaques d’eau que la pluie agrandissait goutte après goutte. Les éclairs et le tonnerre ne faisaient que me terroriser. Mais, ne pouvant retourner chez moi de peur que mes parents me frappent encore une fois, je continuais d’avancer, prenant mon courage à deux mains ; je ne savais où le destin me menait, mais quoi qu’il en fût j’y allais, déterminée.

 Cette rue était si vide mais semblait si peu calme. Il y serpentait un courant d’air frais qui vous faisait frémir de peur plus que de froid. Je l’avais arpentée tant de fois, et pourtant, j’étais loin de me douter de ce qu’elle pouvait cacher. Cette rue m'avait faite grandir, elle m’avait bercée, depuis tout ce temps, tous ces orages, tous ces jours où j’avais fréquenté ses murs… Je pensais si bien connaître cet endroit, et, pourtant, j’avais ce pressentiment, cette chair de poule, cette peur, comme si, ce soir, rien n’était pareil. Comme s’il allait se passer quelque chose de paranormal.

 L'eau coulait à flots sur les bords de la route. Les éclairs éclairaient la ville plus que la Lune elle-même. Puis, alors que j'approchais du jardin des Doms, un éclair frappa juste devant moi, m'aveuglant le temps d'un instant par sa lumière, avant que je ne perçus même plus celle des lampadaires.

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