Chapitre 2 : Un événement un peu spécial de Noël.

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Cela faisait maintenant quatre jours que... Que quoi, au juste ? se demanda Léo, un peu perdu en repensant à tout ce qui s'était passé lors de son premier jour comme serveur au restaurant. Qu'un meurtre avait été commis sur son lieu de travail en toute impunité ? Que le restaurant avait dû fermer trois jours, le temps de faire le devis dont avait parlé ce... gangster, de nettoyer, débarrasser et changer une vitre ? Heureusement pour Léo, étant le petit nouveau du restaurant et n'étant pas habitué à vivre ce genre de situations, il n'avait pas été chargé du nettoyage car son patron avait eu peur qu'il soit encore plus choqué de laver tout le sang qui se trouvait sur le sol...

Le jeune homme n'était pas rassuré de repartir travailler aujourd'hui alors qu'il avait l'impression qu'un danger rodait à présent sur son lieu de travail. Son patron avait tout de même parlé d'un restaurant spécial dans lequel des personnes dangereuses se rendaient régulièrement ! Il lui avait aussi dit que la police n'interviendrait pas si pourtant, besoin était parce que la plupart de ses membres travaillaient pour la mafia qui régnait en maître dans cette ville ! Oui, tout ceci n'avait rien de rassurant... Mais Léo avait besoin d'argent, alors en attendant de trouver un autre emploi et après avoir longuement réfléchi, il avait décidé de rester travailler dans ce restaurant peu fréquentable. Après tout, lorsque tu es pauvre, tu n'as pas beaucoup de choix dans la vie pour t'en sortir, n'est-ce pas ? Tout le monde n'avait pas la chance d'être né avec une cuillère en or dans la bouche et tout le monde ne pouvait pas compter sur l'aide de sa famille...

Il avait coupé les ponts avec les siens lors de ses dix-huit ans. Une fois son bac en poche, il avait fait ce qu'on appelle son « coming-out » et ça s'était très mal passé. Ses parents l'avaient mis à la porte en lui disant qu'il n'était plus leur fils. Le choc surmonté, il avait donc pris la plupart de ses affaires et était parti chez les parents d'un ami qui avaient eu la gentillesse de l'héberger le temps qu'il trouve un emploi. Heureusement pour lui, peu après, il avait été engagé comme serveur dans un bar et avait pu louer un appartement. Cela faisait à présent sept années qu'il n'avait pas été en contact avec sa famille et étant fils unique, il n'avait pas de sœur ou de frère qui peut-être, aurait gardé un lien avec lui.

Enfin, tout cela faisait bien longtemps, maintenant, se dit Léo, un peu nostalgique. Cependant, en période de fêtes, avec tous les téléfilms de Noël qui passaient à la télévision prônant le bonheur de la vie familiale et les nombreuses familles qu'il croisait sur le Marché de Noël, il avait tendance à se remémorer de vieux souvenirs de son enfance et de son adolescence liés à ce moment de l'année. Les grands repas de famille, le sapin où reposaient les différents cadeaux, la bonne ambiance, la bonne odeur de cuisine lorsque sa mère et son père préparaient le repas... Oui, il devait avouer qu'en cette période, sa famille qui pourtant l'avait extrêmement déçu et surtout blessé, -Léo n'avait jamais autant pleuré que lorsqu'ils l'avaient rejeté...-, lui manquait même si ce manque ne gâchait pas son amour pour les fêtes.

Il ne comprenait pas comment ils avaient pu choisir de se débarrasser de lui parce qu'il était attiré par des personnes du même sexe que le sien. Non, il ne comprenait pas car sa sexualité était de l'ordre du privé et ne changeait absolument pas ce qu'il était. Il était toujours leur fils, le même Léo Monier qu'ils étaient censés aimer avant qu'il ne leur parle de son homosexualité ! Il n'avait pas changé, il était toujours le même ! Et puis, pourquoi le punir pour quelque chose qu'il n'avait pas choisi ? Non, il ne comprendrait jamais...

En sentant les larmes lui monter aux yeux, Léo se reprit, ce n'était pas le moment de penser à tout ça. Trop d'émotions ces derniers temps ! Déménagement, changement de lieu pour son métier, un homme s'était fait tuer là où il travaillait, il avait pratiquement assisté à une fusillade et un beau mafieux ténébreux l'avait embrassé devant tout le monde ! Ouais, c'était chaud en ce moment...

-Allez, au boulot ! s'encouragea le jeune homme en poussant la porte du restaurant pour prendre son service et découvrant, un peu surpris, que tout était redevenu normal en ce qui concernait le décor, comme si rien ne s'était jamais passé.

Plusieurs heures plus tard, Léo, fatigué par le monde qu'il y avait eu au restaurant ce soir, saluait ses collègues et passait la porte. Il avait été étonné qu'il y ait autant de clients seulement quelques jours après qu'un meurtre se soit tout de même produit en ces lieux. Les gens de cette ville étaient vraiment bizarres ! Etaient-ils tellement habitués que cela ne leur faisait plus rien ?! Il préférait ne plus y penser. En ce moment précis, il voulait seulement retrouver la chaleur de son lit et de sa couette.

En marchant, il regarda autour de lui. Cette ville était vraiment bien décorée pour Noël ! Des illuminations partout, un énorme sapin brillant de mille feux sur la place devant la mairie et dans la journée, des chansons de Noël que l'on pouvait entendre dans les rues ! Sans parler du très beau et grand Marché de Noël qui se trouvait dans le classement européen des plus beaux Marchés ! Oui, Léo appréciait ce qu'il voyait.

Cette ville n'était située qu'à une quarantaine de minutes de là où il vivait auparavant et pourtant, il n'était jamais venu avant de déménager. Comme il ne se trouvait pas si loin de son ancienne ville, il voyait encore régulièrement ses quelques amis. Du coup, il ne se sentait pas isolé mais en période de fêtes, la plupart restait en famille, ce que Léo comprenait parfaitement. Certains l'avaient déjà invité, surtout la famille de son ami qui l'avait hébergé après que ses parents l'aient mis à la porte mais il préférait passer les fêtes, seul car être entouré d'une autre famille à ce moment-là lui faisait trop de peine en lui rappelant ce qu'il avait perdu.

Ce n'est pas pour autant qu'il ne faisait rien en cette période ! Que ce soit au réveillon ou le jour de Noël, Léo se cuisinait un bon petit repas composé de petits-fours, d'une bûche qu'il faisait lui-même et pour le plat principal, cela variait. Il se choisissait également des films à regarder, des films joyeux ou alors, il commençait une nouvelle série et regardait son programme, bien emmitouflé dans sa couette tout en mangeant et buvant du vin. Et franchement, ce n'était pas si mal !

Le réveillon étant déjà demain, il allait être temps de se préparer son petit menu, pensa-t-il alors qu'il arrivait dans la rue où son appartement se trouvait. Une fois devant la porte d'entrée de l'immeuble, Léo chercha ses clés dans sa poche de manteau. Occupé, il ne se méfia pas lorsqu'une ombre s'approcha silencieusement et sans savoir que quelqu'un l'avait suivi depuis sa sortie du restaurant, un mouchoir imbibé de chloroforme lui fut brusquement pressé sur le visage. Le jeune homme se débattit en vain, essayant de retirer le tissu de son nez et de sa bouche jusqu'à ne plus lutter et s'endormir contre l'homme qui le tenait fermement...

**

Plusieurs heures plus tard, Léo commença à se réveiller, émergeant durement d'un sommeil qui ne fut pas réparateur mais forcé. Il ouvrit les yeux, se souvenant avec effroi qu'il avait été agressé. Où était-il ? Il ne pouvait pas bouger et il ne voyait rien, il faisait sombre mais il avait l'impression d'être installé sur quelque chose de confortable. Brusquement, la lampe du plafond s'alluma, l'aveuglant sur le moment.

-Bonjour, Léo.

Cette voix... Attendez... Le serveur cligna plusieurs fois des yeux jusqu'à s'habituer à la luminosité.

-Vous ! s'écria le jeune homme en reconnaissant le meurtrier au sabre qui l'avait embrassé quelques jours auparavant au restaurant.

-Oui, moi...

Le sourire qu'il arbora, fit frissonner le corps entravé de Léo. C'est alors que ses yeux furent attirés par quelque chose de lumineux sur lui-même. Sous le choc de ce qu'il découvrit, il se figea. Qu'est-ce que ça voulait dire ?!

-Ne fais pas cette tête, mon joli serveur. Oui, comme tu peux le découvrir, tu m'as été généreusement offert en cadeau.

-Que... Quoi ?!

-Au restaurant, lors de ton premier jour de travail, j'avais rendez-vous avec un potentiel futur partenaire pour les affaires mais cela ne s'est pas déroulé comme attendu et la situation a vite dégénéré. Cet homme était trop exigeant et lorsque j'ai refusé ses conditions, il n'a pas hésité à me menacer et à sortir son arme. La suite de ce que ça a donné, tu la connais. Je lui ai fait passer son insolence et son manque de respect...

Léo déglutit difficilement en se rappelant le corps ensanglanté et le sabre dans les mains de cet homme. Les battements de son cœur s'accélérèrent encore sous la peur qui augmenta.

-Et puis, j'ai eu une jolie surprise de Noël... dit-il dans un sourire glaçant et plein de promesses en regardant Léo.

Il s'avança pour ne s'arrêter qu'à quelques centimètres du corps allongé dont les mains étaient attachées dans le dos.

-Le successeur de cet idiot m'a contacté et présenté ses plus plates excuses avant de me réserver une surprise que je ne pouvais refuser...

Son regard glissa sur le corps du jeune homme.

-Et te voilà chez moi, attaché, livré à mes soins et joliment... Hum... Empaqueté...

« Empaqueté » était bien le mot adéquat. Le corps de Léo se trouvait allongé sur un canapé noir dans ce qui devait être un grand salon s'il pouvait se fier aux meubles, aux fauteuils et la table basse envahissant la pièce dont les volets étaient fermés. Mais surtout, ce qui sortait de l'ordinaire, était qu'il se trouvait enroulé dans du papier cadeau doré ! Pour tenir tout ceci, il avait également de gros rubans rouges passés autour de sa taille, de ses hanches et de ses genoux qui se terminaient par de jolis nœuds sur le devant de son corps !

-Je... Je... ne comprends pas... bafouilla le jeune enrubanné en se regardant.

Ses pieds dépassaient et il put découvrir qu'il ne portait plus ses chaussettes ni ses chaussures. Il comprit alors qu'il ne portait plus de vêtements ! Sous le choc de son enlèvement, il ne l'avait pas réalisé tout de suite. Qu'est-ce que ça voulait dire ? Et surtout qu'allait lui faire cet homme ?

-L'homme qui t'a enlevé, l'a fait parce qu'il savait que je t'avais remarqué au restaurant. Il est vrai que je ne me suis pas montré très discret... dit-il en effleurant doucement la joue de Léo de sa large main. Dès que mes yeux se sont posés sur toi, tu m'as attiré.

Il fit une pause, détaillant le visage aux jolis yeux bleus.

-J'ai donc enquêté sur toi, Léo Monier. Une enfance et une adolescence sans soucis particuliers. Tu as vingt-cinq ans, tu es détenteur d'un baccalauréat Littéraire obtenu avec mention et tu as été serveur pendant sept ans dans un bar se nommant « Chez Luc ». Je sais aussi que tu as été rejeté par ta famille après le lycée pour leur avoir parlé de ton homosexualité et que tu as eu un petit-ami avec lequel tu es sorti durant trois ans.

Comment... Comment pouvait-il savoir tout ça sur lui ? C'était de l'ordre du privé ! Léo était abasourdi par tout ce qu'il venait d'entendre !

-Ne fais pas cette tête, mon joli serveur. J'ai de l'argent, du pouvoir et de bonnes relations. Il m'a été facile d'enquêter sur ta vie. J'ai su également que tu venais d'arriver dans cette ville, que tu ne connaissais pratiquement personne et que durant cette période de fêtes, tu étais bien souvent isolé. Sache que cette année, ce sera différent pour toi parce que tu m'appartiens, désormais. Après tout, n'es-tu pas mon cadeau de Noël ?

Son « cadeau de Noël » ?! Mais dans quel guêpier avait-il atterri ?...

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