Chapitre 3 : Un cadeau un peu spécial de Noël.

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Ok... Léo se trouvait actuellement allongé sur une table, toujours emballé comme le serait un cadeau. Voilà une situation surréaliste qu'il n'aurait jamais pensé vivre !

Pourquoi la vie s'acharnait-elle ainsi contre lui ?! Calme-toi, calme-toi ! s'encouragea Léo. Mais personne ne savait où il se trouvait !! Personne ! Alors, comment se calmer ?! Merde...

Il sentit les larmes lui monter aux yeux mais il refusait de se laisser aller ! Bon. Récapitulons. Hier soir, un homme l'avait enlevé pour l'offrir au chef mafieux de cette ville. Il s'était donc réveillé chez lui, aujourd'hui. Cet homme lui avait expliqué qu'il lui... appartenait, maintenant et même, qu'il était... son PUTAIN DE CADEAU DE NOËL ! ! Merde ! Mais qui disait ce genre de choses, franchement ?! Il n'était pas un simple objet froid et sans émotions ! Il avait une vie !

Léo soupira, essayant de bouger légèrement pour obtenir plus de confort mais il était toujours attaché. Sa journée avait été quelque peu spéciale et il ne savait que penser de la situation dans laquelle il se trouvait. Dur de ne pas céder à la panique...

Peut-être quelques heures après son entrevue avec l'homme à qui il avait été offert, il avait été emmené dans une salle de bain afin de se laver. On lui avait donné un sous-vêtement propre et noir, un boxer plus précisément mais rien d'autre, évidemment parce qu'une fois vêtu, -si l'on pouvait dire cela d'un bout de tissu ne recouvrant pas grand-chose...-, il avait eu la surprise d'être de nouveau empaqueté dans le papier doré et les rubans ! Et cette fois, il était conscient ! Ce fut un moment assez étrange à vivre mais comme il était face à deux armoires à glace armées et qu'on avait tout de même eu la décence de le laisser seul dans la salle de bain, le temps de se préparer, il n'avait pas répliqué et s'était laissé faire. Après tout, il ne savait même pas où il était.

Etait-il toujours dans la ville où il habitait ? Ou... plus loin ? Il espérait que non... Car plus il se trouverait éloigné de la ville qu'il connaissait et plus cela serait dur de réussir à s'échapper ! Oui, ce qui l'aidait à tenir et à ne pas céder à l'angoisse sourde qui lui tordait le ventre, était cet espoir, infime, certes mais tout de même présent, de pouvoir s'enfuir.

Pendant tout le processus de "l'empaquetage", il avait eu l'impression de passer d'être humain à un objet froid et inanimé. Les deux hommes qui s'étaient chargés de cette tâche ne le regardaient d'ailleurs pas vraiment. Eux aussi, le déshumanisaient sûrement. Sans parler qu'ils ne devaient pas avoir l'habitude de faire ce genre de choses ! Enfin, Léo l'espérait...

A présent, le jeune homme se trouvait allongé sur une grande table noire et rectangulaire, les mains toujours attachées mais sur le ventre, cette fois-ci. Il était sans défense, offert aux mains d'un homme dangereux... Sur ses pensées pas très réjouissantes, la porte s'ouvrit sur cet homme qui le retenait de force dans sa demeure. Un frisson d'angoisse traversa le corps de Léo lorsqu’il posa son regard sur lui car il put se rendre compte qu'il n'était pas tellement vêtu, lui non plus.

L'homme aux beaux yeux bridés ne portait qu'un pantalon noir. Il était torse et pieds nus et Léo put admirer, -assez rapidement car la peur ne lui donnait pas vraiment envie de le détailler davantage...-, les beaux tatouages qui recouvraient son large torse musclé : des symboles noirs de toutes sortes, tribaux pour certains et pour d'autres, cela ressemblait à une écriture. Mais surtout, ce qui attira l'attention du jeune homme, était une tête de dragon noir menaçant à la langue fourchue sortie de sa gueule qui se trouvait sur son épaule droite et dont le dessin devait continuer et recouvrir la totalité de son dos. L'homme s'avança lentement, semblant se rendre compte de la contemplation qui lui était accordée si Léo devait se fier à son petit sourire à la fois glacial et légèrement moqueur.

-Il est temps pour moi de déballer mon cadeau de Noël. Certes, avec un peu d'avance puisque nous ne sommes que le réveillon mais je n'ai pas la patience d'attendre plus longtemps.

L'homme s'approcha. Léo avait si peur qu'il n'arriva pas à prononcer un seul mot et il ne bougea pas lorsque cet homme commença à défaire le nœud des rubans, les uns après les autres, délicatement comme s'il ne voulait pas abîmer son cadeau ou plutôt, son offrande... Une fois tous les nœuds défaits, il écarta, toujours dans des gestes doux, sans précipitation, le papier doré qui cachait le corps du jeune homme. Il laissa alors glisser ses yeux, lentement, sur le joli corps découvert rien que pour lui. Puis, ce qui surprit Léo, fut qu'il sortit une clé de sa poche et lui ouvrit ses menottes afin de libérer ses poignets. Voyant ses yeux écarquillés, l'homme s'empressa de prendre la parole :

-N'aie pas l'air si étonné, Léo. Je ne suis pas le monstre que tu as l'air de t'imaginer. Ce n'est pas moi qui t'ai enlevé, tu m'as été offert sans que je ne l'ai demandé, dit-il alors que ses yeux glissaient de nouveau sur le torse du jeune homme avant de revenir se fixer aux siens. J'aurais évidemment pu refuser mais cela aurait été impoli, ne crois-tu pas ? Et puis, pourquoi le cacher ? Je suis plus que ravi du cadeau qui m'a été offert.

Sur ses paroles, sa main vint délicatement caresser la joue de Léo qui ne put réprimer un frisson agréable. Bizarrement, ce geste tendre l'apaisait un peu.

-Ne sois pas si effrayé, je ne te ferai aucun mal, rassure-toi. Pour l'heure, tu vas partager un repas avec moi. Tu dois être affamé, tu n'as rien mangé de la journée.

Léo le vit appuyer sur un bouton se trouvant sur le mur et quelques secondes après, la porte s'ouvrit sur une domestique poussant une petite table à roulettes à deux étagères. Des assiettes et des plats ainsi que des bouteilles de vin dans un pot argenté rempli de glaçons étaient posés dessus. La domestique s'inclina, ne semblant pas choquée de l'image qui s'offrait pourtant à ses yeux : deux hommes à moitié nu dont un, entouré de papier cadeau, se trouvant allongé sur une table... Puis, elle sortit en prenant bien soin de refermer la porte derrière elle comme si de rien n'était, laissant les deux hommes, seuls. Léo avait l'impression d'avoir atterri dans une autre dimension perverse... Il voulut se redresser et était prêt à se lever mais cet homme posa une main sur son torse pour l'arrêter.

-Qu... Quoi ? Vous avez dit que vous ne me feriez rien de mal... dit le jeune homme d'une petite voix.

Il ne lui répondit pas. A la place, cet homme se rapprocha, entoura sa taille de ses bras et le tira brusquement à lui. Léo se retrouva alors, les jambes écartées autour de ses hanches et les joues plus rouges qu'une tomate bien mûre en sentant leurs peaux entrer en contact. Il entendit un bruit de froissement de papier et comprit que cet homme était en train de le pousser hors de la table. Léo avait la tête contre son épaule, il pouvait ainsi sentir son odeur. Et il sentait bon ! Un mélange d'eau de Cologne et de cigarette. Oui, c'était agréable.

Il sentit ensuite une main caresser tendrement ses cheveux. Une bouche chaude se posa sur sa tempe et descendit doucement sur sa joue jusqu'à se poser sur ses lèvres et Léo ne tenta pas de se soustraire à ce contact intime. Il se sentait si bouleversé par tous ces derniers événements. Qui ne le serait pas ? Alors, incapable de réfléchir, il le laissa mouvoir ses lèvres contre les siennes et lorsqu'il exigea plus, sa langue exigeant davantage, il entrouvrit les lèvres.

Son baiser était doux comme ses caresses sur le dos du jeune homme aux yeux clairs dont la peur s'éloignait peu à peu pour laisser place à une certaine excitation. Léo finit par oser poser ses mains sur la taille de cet homme qui prit cela pour un assentiment et l'allongea sur la table, le recouvrant de son corps. Cependant, à la grande surprise de Léo, au lieu de continuer ce qu'ils avaient commencé, cet homme se redressa et se détacha de lui, le privant de sa chaleur.

-Reste allongé, lui ordonna-t-il d'une voix autoritaire.

Il se tourna alors vers la petite table à roulettes, souleva les couvercles des assiettes, en prit une et ce qui se passa par la suite resterait sans doute gravé pour toujours dans l'esprit du jeune serveur ! L'homme aux cheveux noirs attrapa la nourriture et la déposa sur le corps de Léo, patiemment, en étant concentré sur sa tâche.

C'est ainsi que Léo se retrouva avec de la purée de carottes sur ses boutons de chairs, de la sauce blanche dans son nombril et des légumes accompagnés de viande finement coupés et déposés sur son ventre. Cet homme prit tout son temps pour déguster autant la nourriture que le corps allongé sous lui et le jeune homme, d'abord surpris et gêné par ce qui se passait avec un presque inconnu, finit par se détendre et par savourer la sensation de cette langue douce qui le léchait. Des frissons le parcouraient, surtout lorsqu'une langue gourmande nettoya la nourriture de ses points sensibles et tendus avant de remonter le long de son cou pour finir par se poser sur sa bouche dans un bref baiser. Il lui sourit malicieusement en se redressant.

-A ton tour de manger. Je te rassure, tu pourras manger de manière... ordinaire...

Cette phrase soulagea Léo tout en le décevant. Mais pourquoi ? Se voyait-il vraiment lécher le corps de ce mafieux dangereux qui le retenait chez lui ?! Ça devait être le choc... Forcément !

Une fois assis à table, cet homme posa une assiette et des couverts devant lui et le laissa manger pendant qu'il leur servait un verre de vin blanc. Il resta debout tout le temps que Léo mangea, les yeux posés sur lui, ce qui le gêna beaucoup mais le serveur avait trop faim pour que cela l'empêche de finir son assiette. Une fois terminée, il osa lever les yeux vers cet homme au regard froid mais au petit sourire plein de promesses...

-Lève-toi, Léo. Nous passerons au dessert dans ma chambre.

A ces mots, le jeune homme se figea, les battements de son cœur augmentant, et il le vit. Alors, il le prit dans ses bras et posa ses lèvres sur son front.

-Détends-toi. Je ne te forcerai à rien. Prends ton verre de vin.

Il se détacha de lui, le prit par la main et partit jusqu'à sa chambre qui se révéla gigantesque. Composée d'un grand lit, d'un sofa, de fauteuils et d'une bibliothèque, elle devait être aussi grande que l'appartement de Léo. Le jeune homme put voir également qu'une autre petite table à roulettes les attendait à côté du lit avec une autre bouteille dans un petit pot rempli de glaçons, sans doute du champagne, et deux assiettes contenant chacune, une énorme part de bûche au chocolat bien crémeuse. Sans tarder, cet homme le mena jusqu'au lit et défit la couverture.

-Viens, ordonna-t-il.

Après un bref moment d'hésitation, Léo finit par obéir. Après tout, avait-il seulement le choix ? Il était presque nu dans une maison remplie d'hommes armés jusqu'aux dents et aux côtés d'un meurtrier musclé qui faisait deux têtes de plus que lui... Il préférait se raccrocher à ses paroles qui se voulaient rassurantes : « je ne suis pas le monstre que tu as l'air de t'imaginer », « je ne te ferai aucun mal », « je ne te forcerai à rien ».

Une fois sous les couvertures, cet homme le rejoignit et le colla contre son corps chaud. Léo se retrouva contre lui, sa tête posée sur sa large épaule et toujours son verre à la main. Il en but d'ailleurs une bonne gorgée, se disant que l'alcool l'aiderait à se détendre. Toute cette situation paraissait tellement surréaliste !! Il avait réellement cette impression de ne pas être vraiment là, un peu comme s'il se trouvait dans un rêve étrange. Sinon, comment expliquer ce qu'il ressentait auprès de cet homme ? Un mélange de peur et de... bien-être. Il se sentait presque en sécurité, parfois. C'était bizarre ! Sans doute le traumatisme subi…

-Je m'appelle Nick.

La belle voix grave et autoritaire le ramena à ce qui semblait être pourtant la réalité. Léo se dit alors que cet homme avait l'air plus ouvert, plus enclin à parler que précédemment puisqu'il venait de lui donner son prénom. Et s'il en profitait pour en savoir un peu plus ?

-Est-ce... que nous sommes toujours en ville ?

-Nous sommes juste à côté de la ville. Ma maison est un peu en retrait, ce qui me permet d'être mieux protégé et de mieux me préparer si l'on désire m'attaquer. J'ai du terrain et un système de surveillance efficace.

« Un système de surveillance efficace » ? Merde...

-Vous allez me garder prisonnier, ici ? demanda Léo d'une petite voix, l'espoir de s'enfuir ayant brusquement disparu.

Nick bougea un peu et souleva le menton de Léo afin de plonger son regard sombre dans celui, clair du jeune homme.

-Tu m'appartiens, désormais, Léo Monier. N'aie aucun doute là-dessus. Et je vois bien que je ne te laisse pas indifférent, affirma-t-il, ses yeux glissant sur les lèvres de Léo et faisant ainsi délicieusement rosir ses joues. Cependant, je ne te garderai pas prisonnier entre ces murs pour autant. Tu pourras reprendre ton travail si tu le désires mais tu emménageras chez moi. Je te veux ici, à mes côtés. Surtout que maintenant, tous savent que tu es à moi, ta vie risque d'être en danger.

Le cœur de Léo s'emballa. Sa vie était en danger ? ! Et que regroupait ce "tous" ? Les habitants de la ville ? Ses ennemis ? Et puis, sa vie était-elle plus en danger loin de cet homme ou près de lui ? Dur à dire...

-N'aie crainte, joli serveur, dit-il en discernant l'agitation intérieur de Léo. Je te protégerai.

Sur ces mots, il posa ses lèvres sur celles, tremblantes du plus jeune. Il mit ensuite son verre sur le petit meuble se trouvant à côté du lit et prit celui de Léo afin d'effectuer le même geste. Sa main vint caresser délicatement sa joue avant de se perdre dans ses cheveux et que sa bouche ne vienne s'emparer de la sienne avec fougue. A la surprise de Léo, Nick n'alla pas plus loin. Il le serra plus fort contre lui et à défaut d'être remplie de gémissements, la nuit fut remplie de leurs voix. Ils parlèrent beaucoup, faisant connaissance.

Léo apprit ainsi que Nick avait toujours vécu dans cet univers dangereux, son père avant lui, étant le chef de son organisation. La violence faisait partie de sa vie depuis longtemps mais il avait eu de bons parents l'ayant préparé à ce futur rôle. A un moment, le jeune homme sentit comme une faille dans ses propos lorsqu'il parla un peu de sa famille et de son entourage. Léo savait reconnaître ce qui faisait aussi partie de lui-même. Nick se sentait-il un peu seul parfois, du haut de sa hiérarchie et au sein de ce monde fait de meurtres, de sang, de violences et de dureté, devant toujours se montrer intransigeant ? Ce fut la question que se posa Léo en s'endormant dans les bras de cet homme aussi impressionnant que déroutant, bercé par sa belle voix grave...

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