Partie 3

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C’est à ce moment que le réveil la tira de son sommeil, ce qui la frustra au plus haut point. Mais alors qu’elle s’apprêtait à se lever, elle entendit une voix suave lui susurrer « Georgio »... Cela acheva de totalement la réveiller. Pourtant, le rêve avait été des plus agréables, sans qu’elle ne ressente aucune crainte. Allumant la lumière, elle chercha s’il y avait quelqu’un dans sa chambre, sans succès.

Elle passa sous la douche pour achever de mettre ses idées en place, sans pour autant se défaire de ses rêves si doucereux. Était-ce le fameux Georgio qui les influençait ainsi ? Et qui était-il ? Le pire, c’est qu’elle y prenait goût. Ou bien était-ce elle qui fantasmait tout cela ?

La journée passa sans qu’elle ne puisse penser à son mystère. Les tâches étaient essentielles et sa concentration fut de chaque instant : les futures cultures de la lune saturnienne en dépendaient. Elle rentra chez elle épuisée et sauta sous la douche – une entorse au règlement qui n’en prévoyait qu’une par jour et par personne par souci d’économie d’eau. Même recyclée.

— Tant pis ! Je paierai le supplément sur mon prochain salaire !

L’eau chaude la délassa. Mais l’impression que des mains massaient ses épaules fut encore plus efficace. Elle s’abandonna à la sensation avec bonheur, jusqu’à ce que le timer stoppe l’écoulement. Elle s’enroula dans une serviette et passa à la cuisine dans cette tenue. Bricolant un semblant de dîner, elle installa un second couvert en face d’elle.

— Bon, Georgio, puisque tu es si présent et si prévenant, il va falloir qu’on fasse connaissance…

Elle raconta sa courte vie à voix haute dans le silence de son appartement. Par moment, elle se demandait si elle n’était pas un peu ridicule, ou encore si elle ne devait pas passer au cabinet médical pour consulter. Mais elle appréciait tant les sensations accompagnant cette présence qu’elle préférait poursuivre ainsi. En tout cas, pour le moment.

— Voilà, tu sais tout de moi. Pourquoi je suis ici, ce que j’ai fait de ma vie jusque là et mes goûts. J’aurais bien aimé te poser des questions à mon tour, tu sais…

Pour toute réponse, une vague silhouette se matérialisa sur le tabouret en face d’elle, lui faisant écarquiller les yeux et recracher l’eau qu’elle était en train de boire. Elle parla avec difficulté.

— Georgio ? C’est toi ?

Mais les contours s’étaient déjà évanouis. Myriam était maintenant sûre que ce n’était pas son imagination qui lui jouait des tours. « Un fantôme ? » se demanda-t-elle. Elle ne voyait pas ce que cela pouvait être d’autre. Un extra-terrestre titanien – s’il en existait ! – ne possèderait sans doute pas une apparence aussi humaine.

Elle se coucha non sans fébrilité, impatiente de le retrouver dans ses rêves où il semblait avoir plus de corps. Mais cette fois-là, au lieu des caresses paisibles et du sentiment de complicité naissant, elle fit un horrible cauchemar. Elle se voyait en train de construire les immeubles de la petite place puis faire une chute mortelle à l’endroit où se trouvait maintenant le lopin de terre central. Elle sentit toute la vitalité s’écoulant de son corps et le profond sentiment d’injustice qui l’habitait.

Elle se réveilla en sueur. Fébrilement, elle passa dans le salon pour allumer sa console.

— Comment trouver des comptes-rendus de l’établissement de la base ? Et surtout, de cet accident qui t’a coûté la vie, mon Georgio ?

Car la jeune femme n’avait aucun doute là-dessus. C’était limpide pour elle : un fantôme partageait ses soirées et ses nuits, celui de l’homme dont elle avait rêvé l’accident. Comme pour confirmer son propos, elle sentit fugacement une main serrer son épaule.

Elle passa une bonne partie du reste de la nuit à fouiller sur le réseau pour réussir, finalement, à dégotter un entrefilet sur le tragique décès du jeune homme et les condoléances envoyées à sa famille. Georgio Lake. Abasourdie, elle fit les cent pas avant de se replonger dans les recherches. Affichant toutes les traces numériques qu’il avait laissées, elle sentit les larmes couler sur ses joues en découvrant des photos de lui, souriant et plein de vie. Un ouvrier spécialisé dans le travail en pesanteur artificielle et en moulage plastique, bien fait de sa personne sans être un mannequin. Il portait sur son visage toute la gentillesse qu’elle avait sentie chez son visiteur invisible.

S’écroulant de fatigue, elle retourna grappiller deux heures de sommeil avant de devoir aller travailler.

— Tu es donc bien réel, quoiqu’intangible… Qu’allons-nous faire de cette situation ?

Son sommeil fut de plomb, aucun rêve ne vint lui rendre le sourire à son réveil. Sa journée allait se dérouler avec difficulté, elle le sentait bien.

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