Partie 1

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Myriam venait enfin d’atterrir sur la lune de Saturne qui allait être son nouveau foyer. La ville-base avait été déployée très récemment et la jeune femme se targuait de faire partie des pionniers. Des exilés, en vérité, mais qu’importe. C’était pour elle un moyen de tirer un trait sur sa vie jusque là. Elle cherchait un nouveau souffle et de nouvelles perspectives. Alors pourquoi pas ailleurs que sur Terre ? Elle suivit machinalement le flot de passagers qui descendait de la navette en direction de l’ultime contrôle.

Myriam était titulaire d’un diplôme de botaniste depuis un an, ce qui convenait très bien à la compagnie Alfada Inc, qui gérait l’installation des humains sur Titan. Elle avait signé son contrat de travail avant même d’empaqueter ses affaires, après s’être acquittée du billet qui lui coûta tout le maigre héritage de ses parents et ses économies. Grâce à l’assurance de ce poste, elle s’était autorisée à demander un logement spacieux et à l’écart du centre.

— Myriam Varenna, botaniste. OK. Vous avez l’appart le plus éloigné de ma liste ! J’espère que vous aimez la solitude, ma p’tite dame. Déjà que vous n’êtes pas nombreux, mais là, pas de voisinage avant l’arrivée de la fournée suivante de colons ! Tout le monde, sauf vous on dirait, préfère vivre au centre de « Titan-City »...

Le fonctionnaire transféra sur son pad le plan de la ville-base et la situation de son logement tout en riant, sans aucune sympathie. Il ne s’était pas caché de son incompréhension face à tous ces gens qui quittaient définitivement la Terre. Lui repartirait dans la navette avec soulagement. La jeune femme ne répondit même pas, attrapant le badge qui ouvrirait la porte de chez elle et le panier-repas de la 1re soirée. Elle signa le registre et s’éloigna sans lui accorder un regard. Son entourage avait eu le même type de comportement après l’enterrement de ses parents, lorsqu’elle leur avait fait part de son intention de profiter de l’opportunité de s’exiler dans l’espace.

Le sas étanche conduisait de la navette à l’astroport, lui-même situé au bord du dôme principal. Pas besoin de scaphandre. « Tout semble si aseptisé... » furent ses premiers mots titaniens.


Les quartiers d’habitation qui ne se trouvaient pas dans le dôme central étaient répartis dans des bulles plus petites autour du centre névralgique. Myriam arriva à la sienne en cinq ou six minutes de marche, tirant derrière elle le container sur coussin anti-grav où se trouvaient toutes ses affaires. Son coup de cœur pour la petite place, autour de laquelle se tenaient les immeubles de sa bulle-quartier, fut immédiat. Un espace central avec de la terre prête à accueillir des semences, avec des bancs plastifiés tout autour. Les habitations collectives ne dépassaient pas six étages, dont le sien juste en face d’elle avec des ouvertures donnant sur l’ensemble. Son appartement se trouvait au rez-de-chaussée. Ces éléments successifs la confortait dans sa décision.

— Home sweet home ! s’exclama-t-elle en ouvrant la porte avec son badge, une fois le sas de l’immeuble franchi.

C’est à ce moment qu’un sentiment curieux s’empara d’elle. Comme une présence, un souffle, quelque chose de doux et intangible. Se figeant, elle tenta de comprendre ce qui lui arrivait. Mais la sensation ne dura pas. Secouant la tête comme pour chasser un insecte, ce qui anima ses boucles brunes, elle passa le seuil de la porte pour prendre possession des lieux. Tout sentait le neuf et le plastique, mais elle apprécia l’endroit et son agencement. Elle bénéficiait de deux jours d’installation avant de devoir se présenter aux serres pour commencer son travail.

— Largement le temps de m’approprier les lieux !

Sa première nuit sur Titan fut des plus surprenantes. Elle s’était très bien reposée, mais avec la sensation étrange de ne pas être seule. Non pas que cette présence soit inquiétante, mais ses rêves en furent troublés. Elle ne voyait jamais à quoi il ou elle ressemblait. Myriam vivait des situations imaginaires sans jamais être solitaire. Elle s’étira comme un chat au réveil, car cette impression fut des plus agréables sans qu’elle ne s’explique pourquoi. C’était comme un complice qui l’accompagnait.

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