Chapitre 37 : Réveil douloureux

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Je me cramponnais au corps qui avait pris la balle pour moi. Je vis le corps disloqué de Mike plus loin, du sang s'échappait de son crâne explosé. J'étais comme anesthésiée, je vécus la suite dans une sorte de brouillard. On m'emporta, m'obligeant à lâcher ce que je tenais dans mes bras. J'entendais vaguement que l'on me parlait. J'étais incapable de savoir ce qu’on ne me disait ni qui me parlait. Je fus prise en charge par des ambulanciers qui vérifièrent mes constantes. Marco, première figure connue que je vis après la fusillade, vint me voir et me serra dans ses bras, il me dit qu'il reviendrait me voir après, que je devais être forte, tout était bel et bien fini, j'étais en sécurité maintenant. Il fallait qu'il gère la scène et qu'il fasse le ménage avec les gars avant l'arrivée de sa brigade.

Trent me manquait, j'aurais aimé pouvoir me blottir dans ses bras. A cette pensée, j'éclatais alors en sanglot, la douleur vivace me frappa comme un poignard dans le ventre. Je m'échappai de l'ambulance pour vomir un peu plus loin dans le caniveau. On m'aida à me relever une fois que mon estomac fut vide. On me mit dans l'ambulance et sans que je ne comprenne quand ni comment nous filâmes vers l'hôpital où mon malheur avait commencé. Petit à petit une colère sourde monta en moi, j'en voulais à mes parents, à Clover qui malgré elle avait déterré mon passé et les ennuis qui l'accompagnaient, à Trent aussi pour ne pas avoir réussi à nous protéger. Je m'en voulais aussi. Si je n'avais pas survécu cette nuit-là, si j'avais suivi ma famille dans la mort, tout ce serait éteint avec moi. Plus d'héritière à marier, plus de sang à verser.

Voyant que je m'agitais de plus en plus et que je peinais à trouver mon souffle, l'infirmier me donna une injection de sédatif afin de me calmer.

- Vous êtes en état de choc, me dit-il, respirez tranquillement ça va passer.

Je plongeais alors dans un univers cotonneux. Mon esprit se perdit dans les brumes et mon corps se relâcha enfin grâce au produit médicamenteux. Je ne me réveillai que bien plus tard, dans une chambre à l'odeur familière mais pas vraiment rassurante. J'ouvris les yeux et constatai que je me trouvais à l'hôpital. La porte s'ouvrit sur l'une de mes collègues. Quand elle me vit, elle sourit visiblement soulagée de me voir éveillée.

- Lana ma belle ! Cela fait plaisir de revoir la couleur de tes yeux ! Comment te sens-tu ?

Tout me revint d'un coup en mémoire, les larmes me montèrent aussitôt aux yeux.

- Hey, là tout doux. Me fit-elle en me prenant dans ses bras. Tu es en sécurité maintenant.

C'était la seconde personne à me le dire, mais je songeais encore à Trent et aux enfants.

- Comment vont les autres otages ? Et les enfants ?

- Reste tranquille ! Ils vont bien malgré les circonstances et ce qu'ils ont vécus. On les a amenés ici par sécurité, mais ils n'ont physiquement rien.

Alors que j'allais lui demander d'autres informations, on toqua à la porte. Marco entra avec l'un de ses adjoints. Me voyant réveillée, il sourit et demanda probablement à son collègue de l'attendre deux minutes dans le couloir. L'infirmière nous laissa également sans pour autant rappeler au policier de me ménager.

- Comment te sens-tu ? me demanda-t-il.

- Tu es la deuxième personne qui passe la porte et qui me pose la question.

- Désolé. On s'inquiète pour toi. Tu comptes pour beaucoup de monde.

- Tu as raison. Je suis perdue et triste. Je sens comme un vide, sans Trent c'est encore plus dur.

- Je comprends, s'il le pouvait il serait là tu sais. Il a agi pour toi, pour que tu aies la vie que tu mérites.

- Tu m'expliqueras qui sont toutes ces personnes qui ont participé à l'assaut ?

- Bien sûr, mais pas maintenant. Je suis là en tant que flic et non pas comme ami. Je suis là pour prendre ta déposition.

J'hochais la tête comprenant qu'il devait faire son boulot. Il alla chercher l'autre policier et ils me posèrent les différentes questions d'usage. Je relatais les événements depuis la découverte de Flinn jusqu'à l'arrivée des hommes de main de Trent. Au moment de relater sa mort, les mots restèrent coincés dans ma gorge. Je lui devais la vie, je ne sais pas si je le méritais. Elle avait tellement fait pour moi et la communauté. Mary avait plongé pour me protéger. Elle avait pris la balle pour moi. Je n'aurais jamais imaginé perdre autant ce jour-là. Moi, sans parent ni attache, je venais de perdre celle qui avait été une mère pour moi ces dernières années.

Marco n'insista pas et me dit qu'il repasserait plus tard. Il devait faire son rapport à sa direction. Alors qu'il sortait, on entendit des personnes crier et râler après quelqu'un. Puis une tornade bouscula Marco, avant de me prendre dans ses bras. Mes épaules se détendirent soudain et je lâchai un soupir de bien-être. Enfin, Trent était là.

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