Chapitre 32 : Flinn

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J'aurais dû le sentir que cette soirée allait être pourrie. J'avais suivi le conseil de Trent, Flinn le troisième homme assigné à ma surveillance allait pouvoir m'accompagner dans mon service. Bon, il ne me suivrait pas dans chaque chambre auprès des patients, mais il était autorisé à se tenir dans le couloir et dans le bureau des infirmières. Flinn était du genre cool, un peu dragueur sur les bords, il restait cependant très respectueux. J'entendais depuis le début des visites, plus d'une collègue qui gloussaient dans le couloir lorsqu'elles le croisaient. Deux autres prospects surveillaient les entrées de l'hôpital. Ils étaient prêts à intervenir si besoin. La soirée était plutôt calme, Flinn me proposa de sortir un peu, il avait besoin de se griller une clope. Prendre l'air me ferait du bien, je le suivis alors.

Il avait à peine tiré deux lattes que trois ambulances arrivèrent, je compris qu'un gros accident avait dû avoir lieu. Instinctivement, je me ruais à l'arrière de l'un des véhicules et pris en charge la victime. Le médecin urgentiste me fit rapidement un topo et m'expliqua qu'il y avait une dizaine de victimes. Sans prêté attention à ce qu'il se passait autour de moi, je me mis en pilote automatique, l'adrénaline faisant son travail. Je gérai la situation avec sang-froid et efficacité. Obnubilée par mon travail, je ne remarquai alors pas que Flinn n'avait pas reparu. Je n'eus pas vraiment l'occasion de m'en rendre compte avant trois bonnes heures, le temps de gérer l'afflux soudain de patients. Je ne remarquai pas non plus qu'une demi-douzaine d'ambulanciers étaient restés sur place. Je ne me souvenais pas vraiment les avoir déjà croisés. Bon il est vrai que souvent, j'occultais tout ce qui ne concernait pas mes patients. Je me rendis dans le bureau des infirmières espérant trouver du café buvable. Je me servais une tasse lorsque Mary et Paulina entrèrent dans la pièce. J'écoutais d'une oreille distraite leur conversation :

- Tu te rends compte, il se retrouve alité alors qu'il allait très bien en arrivant.

- Oui, j'ai bien vu que Carmen s'est empressée de s'occuper de lui, un si beau mâle remarque, je la comprends.

- Vous parlez de qui ? leur demandai-je, curieuse.

- De Flinn. T'es pas au courant ? Ajouta Paulina devant mon air surpris.

- Non, qu'y a-t-il ? Il lui est arrivé quelque chose ?

- Après l'arrivée des premières ambulances, il se serait fait tabasser par des gars passant par là. Il est pas mal amoché. Il n'a pas repris connaissance depuis que Franck l'a trouvé dans la ruelle d'à côté. C'est même un miracle qu'il l'ait retrouvé.

Je perdis soudainement mes couleurs. Qui avait bien pu faire ça ? Était-ce pour m'atteindre ou un simple règlement de compte ? Je filais aux admissions pour obtenir le numéro de sa chambre et j'y montais. Comme me l'avait dit les filles, il était inconscient, salement abîmé par les coups. Il garderait des cicatrices sur les bras et le visage. Lui qui était si fier de son sex-appeal. Je ne pus retenir un sanglot et laissai les larmes dévaler mes joues. Un sentiment de culpabilité me prit à la gorge. Sans moi il ne se serait pas trouvé ici, et surtout prit dans la folie des arrivées. Je pleurais de plus bel quand je me rendis compte qu'il était seul. Connaissant Trent, s'il était au courant, il y aurait déjà trois gars ici à veiller leur frère. J'essuyai grossièrement avec ma manche les traces salées sur mes joues et filai à mon casier. Je devais prévenir mon amant. Il ne devait pas être au courant.

Je n'avais aucun appel ni aucun message. Je passais alors un coup de fil à Trent. Il sonna dans le vide cinq fois avant que je ne tombe sur son répondeur. Je réitérai mon appel plusieurs fois, obtenant le même résultat. Je laissai un message sur le répondeur et envoyai également un message écrit. Peut-être ne pouvait-il pas répondre, mais pouvait-il lire le texto. Je repensais aux prospects aux portes d'entrée et de sortie. Je me fis la réflexion que je ne les avais pas aperçus ce soir. Il était vrai que je n'y avais pas vraiment prêté attention, ils savaient aussi être discrets. Je gardai alors mon téléphone sur moi bien que ce ne soit pas autorisé dans l'hôpital. Alors que je voulais descendre afin de contacter les prospects, je n'eus pas l'occasion de passer la porte qu'une main se plaqua sur mon visage. Un bras supplémentaire vint me plaquer contre un corps immense m'emprisonnant, m'empêchant de bouger et encore moins de m'enfuir.

- Enfin je te trouve Princesse !

Je n'eus pas le loisir de répondre ni de vraiment comprendre ce qu'il se passait que je sentis une piqûre dans le cou. Une poignée de secondes plus tard je sombrai dans l'obscurité et le néant.

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