Chapitre 19 : Rencard

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Cela faisait quinze minutes que je buguais devant mon placard. Qu'allais-je porter ce soir ? J'avais rendez-vous dans moins d'une demi-heure. J'avais quinze minutes de trajet. Je n'avais plus le choix il fallait que je me décide. J'avais finalement accepté d'aller boire un verre avec Marco. J'avais longuement hésité. Mais après trois jours à me sentir seule dans l'appartement, j'avais sauté le pas. Nous nous étions donnés rendez-vous dans une brasserie sympa, qui pourrait nous servir à dîner si nous décidions de poursuivre la soirée ensemble. Je pensais toujours à Trent, mais je devais me faire une raison, un biker, le président du club en plus ce n'était pas pour moi. Marco en était un aussi, mais le fait qu'il y soit infiltré me laissait penser qu'il n'y serait pas toute sa vie. Le danger n'était clairement pas ma came. Ma vie à l'hôpital m'apportait suffisamment de stress, pas la peine d'en rajouter.

Bon, là plus le choix je devais m'habiller. Je mis un jeans et un haut à large échancrure, dévoilant l'une de mes épaules, décontracté sans être trop sexy. Je n'avais pas envie d'entrer dans un jeu de séduction. Je voulais surtout passer un bon moment. Je verrais ensuite si j'avais envie d'aller plus loin. Je filai à temps histoire de ne pas être trop en retard, bien que l'adage veuille que les femmes aient le droit d'être en retard, c'était une chose qui m'insupportait passablement. Quand je poussais la porte de la brasserie, il était déjà là. Marco était vêtu simplement, jeans noirs et polo bleu marine. Sa tenue faisait ressortir ses yeux et mettait en valeur sa barbe fraîchement taillée et ses cheveux savamment coiffés. Il sourit en me voyant et se leva pour m'accueillir. Il avait choisi une table ni trop isolée, ni en plein milieu de la salle. Pas d'ambiguïté dans son attitude, je lui plaisais mais il me laissait libre. Bon point pour lui. Il m'embrassa et son contact ne me fut pas désagréable.

- Bonsoir Lana. Je suis ravi que tu aies accepté de prendre un verre avec moi.

- Bonsoir, le plaisir est partagé Marco. Tu vas bien ?

Nous échangeâmes les formules d'usage et parlâmes un peu du centre social. Le serveur prit nos commandes et revint rapidement pour nous servir.

- Parle-moi un peu de toi, finalement à part ton travail, je ne sais rien.

- C'est assez symptomatique de ma vie. J'ai un parcours assez linéaire. Mes amies sont celles du lycée, j'ai commencé à travailler aussitôt mon diplôme d'infirmière dans la poche. Je partage donc mon temps entre le travail, mes amies et le centre.

- Pas d'homme pour égayer tout ça ?

Je rougis à sa remarque. Il est vrai que je n'avais pas eu de vraie relation. Je n'étais plus vierge, j'avais eu des aventures plutôt, surtout lorsque j'étais étudiante. Une de ces histoires avait compté un peu plus pour moi, mais je m'étais vite rendu compte que mon partenaire n'avait pas les mêmes attentes. C'était pour cela que dorénavant je ne m'engageais que lorsque j'étais sûre d'être sur la même longueur d'ondes.

- Non, je n'ai pas eu vraiment le temps jusque-là, et jusqu'à très récemment je n'en ressentais pas le besoin.

- Qu'est-ce qui t'a fait changer d'avis ?

Voyant que je me refermais quelque peu il ajouta :

- Si ce n'est pas indiscret bien sûr.

Indiscret, non pas vraiment. Mais il me semblait maladroit de lui dire que le flirt un peu poussé avec Trent ainsi que notre petite semaine de cohabitation avaient déclenché en moi une révélation : je vivais mon quotidien seul. Je ne lui mentis pas vraiment en lui répondant que voir l'une de mes meilleures amies se marier m'avait fait réaliser que je ne voulais pas passer ma vie seule.

Il hocha la tête, comprenant ce que je voulais dire.

- Et toi ?

- Je crois que je vieillis. Je n'ai jamais eu de souci pour avoir des relations, mais depuis quelques temps je me lasse de ce genre de contact. J'ai envie de construire quelque chose avec une femme.

- Ce n'est pas trop difficile avec ton métier ? Je veux dire tu es Marco dans cette vie, mais le vrai toi, tu ne peux pas vraiment l'exprimer.

Il fronça les sourcils et réfléchit à ce que je venais de lui dire.

- Tu penses que je suis différent quand je suis sous couverture ?

- Ce n'est pas le cas ? Tu ne dois pas jouer un rôle ?

- Je crois qu'il y a méprise Lana. Certes peu de gars du club savent que je suis flic et encore moins les Hell's dog. Mais je fais partie des Black dragons depuis longtemps. C'est juste que la mission que j'ai se trouve dans le milieu dans lequel j'évolue pour mes loisirs.

Je restais scotchée. C'était un vrai biker. Une chose me turlupinait cependant :

- J'imagines que toutes les activités du club ne sont pas légales, comme souvent dans ce milieu, ça ne te pose pas de problème éthique ?

- Je ne sais rien de ces affaires-là qui, somme toute, sont mineures par rapport aux autres affaires que le club dirige. Je suis parfois bien plus utile comme Black dragon que comme flic.

Je hochais la tête pensive. Finalement, je me retrouvais dans la même situation qu'avec Trent. Je me demandais si je devais me faire une raison et laisser un biker entrer dans ma vie, lequel des deux je choisirais. Marco qui a une autre situation que biker et qui me semble plus juste pour ma raison ? ou bien Trent qui a un grand cœur et qui dirige le club de motards ? Comme une réponse à cette question silencieuse, Marco s'exclama en regardant par-dessus mon épaule :

- Scott !

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