Chapitre 14 : Réveil et douleurs

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- Lana, bébé réveille-toi !

- Hum, qu'y a-t-il ? Tu as mal ? lui répondis-je encore ensommeillée.

- Faut que j'aille pisser chérie et j'ai besoin de ton aide.

Je me désentortillais des draps et du corps de Trent. Comment m'étais-je retrouvée dans cette position ? Je grognais et regardais machinalement l'heure. Neuf heures. Je n'avais dormi que six heures, un peu trop court pour moi. Je regardais l'homme à mes côtés et compris que ça devenait urgent. Je me levai lentement avec l'impression d'avoir quatre-vingt-dix ans et d'être passée sous un camion. Si si les deux en même temps. Je grimaçais et geignis quand je sentis les parties de mon visage inflammées. Je lui tendis la main et fis mon possible pour garder l'équilibre. Il fit lui aussi beaucoup d'efforts pour ne pas s'appuyer trop sur moi. Je le guidai aux toilettes. Il me dit qu'il se débrouillerait à partir de là.

- Je ne veux pas que tu vois cette partie-là de mon anatomie dans ces circonstances. Et puis je risque de bander et c'est plus difficile de ne pas en mettre à côté.

Je ris à sa blague qui n'en était pas vraiment une. Je dus m'arrêter rapidement les douleurs sur mon visage se rappelant à leurs bons souvenirs.
Je ne me souvenais que vaguement de mon échange avec Trent après ma douche. Ma tête avait à peine touché l'oreiller que je m'étais endormie. J'avais dormi comme une masse bien au chaud. Je me rappelais vaguement avoir senti son corps chaud contre le mien. J'attendis qu'il ait fini pour l'aider à retourner au lit et je pris sa place.

Avant de le rejoindre je fis un saut par la salle de bain et laissai échapper un cri de désespoir : j'avais une tête affreuse. Entre Quasimodo et Elephantman. Tout en nuance bleutée évidemment ! Punaise Clover tu vas morfler ! Me rappeler de mon ancienne amie me fit mal au cœur et me plongea dans une tristesse mélancolique. Cette soirée avait tué une belle amitié si jamais cette relation avait vraiment été telle. Il fallait que je parle à Bia. Il était un peu tôt pour elle surtout avec la soirée qu'elle avait vécue.

Après avoir constaté les dégâts, j'appliquais une crème cicatrisant et allais voir le deuxième biker. Il dormait toujours. Je vérifiai ses constantes. Cela semblait plutôt bien. Je le fis boire un peu, il ouvrit un œil, me remercia et replongea dans le sommeil. La perte de sang lui avait vidé les batteries. Je rejoignis ensuite Trent. Il était allongé sur le dos, les mains derrière la nuque. Décontracté, il me sourit nonchalamment quand j'approchais.

- T'as de beaux yeux tu sais.

- Tu arrives à voir mes yeux sous les hématomes ? Me fais pas rire, j'ai trop mal.

- Je m'en veux encore, je n'aurais pas dû te laisser.

- Je ne vais pas te dire le contraire, mais j'avais fait le choix de t'aider et ce qui est arrivé par la suite était indépendant de notre volonté. En tout cas, ça me conforte dans l'idée que ta vie est bien dangereuse.

- Ce n'est pas toujours comme ça tu sais, c'est même parfois beaucoup plus paisible.

- Vous jouez tout de même avec la légalité.

- Tu sais ce n'est qu'une toute petite partie de nos affaires...

- Ne dis rien, je ne veux pas en savoir plus. De toutes façons, bientôt nous retournerons chacun à notre vie.

- Vraiment ? C'est ce que tu veux ?

Je ne comprenais pas sa question. Nos vies n'avaient aucune raison de se mêler l'une à l'autre. J'étais infirmière, c'était un biker. Rien ne nous liait.

- Hein ?

- Je ...

Il fut interrompu par la sonnerie de son téléphone, il regarda qui l'appelait, se rembrunit en voyant l'appelant. Il s'excusa et prit l'appel. Ne voulant pas le déranger et ayant moi aussi un coup de fil à passer je le laissai pour aller dans la cuisine. J'appelais Bia. J'avais besoin d'une amie. Elle répondit à la troisième sonnerie.

- Hey Lana ! Ça va ?

- Je fais aller, la nuit a été difficile.

- Je suis vraiment désolée, tu as dû subir à ma place les délires de Clover.

- Ne te blâme pas pour elle. Tu n'as rien à te reprocher. Cette fille est totalement tarée.

- Ouah ! Pourquoi tu t'énerves d'un coup ?

- Tu verrais ma tête ce matin tu comprendrais.

- Comment ça ? Explique-toi enfin !

Je lui racontais par le menu l'ensemble de la soirée. Je m'abstins cependant de lui dire que deux bikers se trouvaient chez moi. Elle ne m'interrompit que pour lâcher de petits cris d'indignation. Elle attendit une seconde après la fin de mon récit pour conclure :

- Tu as raison, elle est complètement folle. J'espère qu'elle va s'en mordre les doigts.

- Humpff ! Je ne suis même pas sûre qu'elle regrette son geste. Tu sais pour elle, c'était juste une vengeance. Je ne comprends pas sa jalousie.

Bia parut réfléchir et me dit qu'elle aussi avait du mal, mais elle pouvait comprendre, je m'étais construite seule, j'avais un boulot sûr, j'étais responsable. Elle n'était que la jolie petite écervelée dont je sauvais les fesses à chaque fois. A croire qu'elle aurait préféré que je la laisse moisir dans son jus. Je réfléchis à tout cela, Bia avait peut-être raison. Mais ma vie était loin d'être parfaite. J'avais mes amies bien-sûr, mais je ne partageais le quotidien avec personne. Cette solitude était parfois lourde. Je raccrochais le téléphone après l'avoir rassurée et promis de la voir dans la semaine. Mon regard fut attiré par le torse nu couvert de tatouages allongé sur le clic-clac du salon. Finalement, j'aurais gagné à cette soirée un peu de compagnie, une charmante compagnie en plus.

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