Chapitre 15 : Vie commune

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Finalement, Trent et Sam - j'avais fini par connaître le nom de son "frère"- restèrent une semaine chez moi. Ils justifièrent le squattage de ma chambre et de mon canapé par leur besoin de soin. J'étais mitigée quant à leur présence. D'un côté, j'aimais le fait d'avoir de la compagnie, c'était parfois terriblement triste de rentrer chez soi, dans un appartement vide et froid. De l'autre, j'avais envie de retrouver ma petite vie tranquille, mes amies me manquaient. Bon soyons honnête, pas toutes ! Je n'avais pas eu de nouvelle de Clover depuis la fameuse nuit où elle m'avait craché sa haine au visage, au sens propre comme au figuré.

Je m'étais rapidement rendue compte que les hommes mangent beaucoup, mes petites courses qui me tenaient la semaine avaient à peine suffi à contenter les deux estomacs en seulement deux jours. Ils allaient me bouffer mon budget nourriture du mois en seulement une semaine. Bon j'étais passablement satisfaite de les voir se remettre, je ne savais pas ce que j'aurais fait si l'un deux était resté sur le carreau chez moi. Il ne valait mieux pas qu'il y ait une enquête pour meurtre qui passe par chez moi, j'avais nettoyé comme je l'avais pu le sang qui s'était échappé des plaies de mes deux patients mais il ne serait pas surprenant si on en retrouvait dans les interstices du parquet ou sur mes tapis.

Trent et Sam étaient de solides gaillards, ils s'étaient pris des balles dans les jambes il y avait à peine une semaine, et déjà ils commençaient à marcher de nouveau. Bon ils n'étaient clairement pas prêts à courir un cent dix mètres haies mais je devais avouer que leur guérison était impressionnante. Je soupçonnais un peu Trent de la jouer fier à bras devant moi, car je l'avais surpris quelques fois à grimacer de douleur. Nous étions vendredi, je rentrais à dix-neuf heures de ma garde, j'eus la surprise de voir mes deux colocataires de la semaine, vêtus et sur le point de partir.

- Vous partez ?

- On ne peut pas rester indéfiniment et profiter de ton hospitalité. Déclara Sam.

- Par ailleurs on a eu des nouvelles de Hell's dog, Mike est sorti de prison, il y a eu vice de procédure, il a été relâché. En restant là, nous te mettons en danger. Fais attention à toi, je ne sais pas si ta copine a mis ta tête à prix. Je te tiens au courant.

Il m'embrassa sur le front, Sam me serra rapidement contre lui et ils disparurent comme ça, sans que je puisse en placer une. Je restais comme deux ronds de flan un certain temps quand un message sur mon portable me sortit de ma torpeur, c'était Trent :

Verrouille bien la porte derrière toi. Merci pour cette semaine et pour le coup de main, je t'en dois une. Prends soin de toi Chaton.

Je souris niaisement à la lecture du petit surnom dont il m'avait affublée. Je devenais guimauve. Je secouais la tête, verrouillai comme il me l'avait dit et fis un rapide tour d'horizon. J'avais un peu de travail. Bien que les gars m'aient un peu aidée, l'appartement avait besoin d'un grand coup de frais. Je me changeai et mis ma tenue spéciale ménage, bandeau dans les cheveux, tee-shirt et pantalon de yoga et surtout les gants. Parée, je mis la playlist qui booste et me mis au travail. Il me fallut bien deux heures pour venir à bout de tout l'appartement, pas qu'il soit grand, mais j'avais décidé de faire la totale, des vitres aux filtres à air de la VMC, des joints de salle de bain aux volets roulants. C'était exténuée que je m'étais écroulée sur le canapé, je me sentais bien et surtout je m'étais suffisamment occupée pour ne pas ressentir la solitude suite au départ des deux hommes.

Il n'y avait rien eu de plus entre Trent et moi. Certes nous avions dormi ensemble, mais rien de sexuel n'avait eu lieu. Je devais admettre que l'idée de lui sauter dessus m'avait effleurée quelques fois surtout quand il s'évertuait à sortir de la salle de bain encore mouillé de la douche, une serviette faisant à peine le tour de ses hanches tant il était bien bâti. Il faut dire que la proximité d'une tierce personne ne m'avait pas aidé et puis, rappelons-le, il était blessé. Nous avions discuté la nuit, en chuchotant, parlant de chacun de nous. La nuit dernière avait été la plus troublante, la plus émouvante aussi :

- Tu sais Trent, j'aurais aimé te rencontrer dans d'autres circonstances.

Une lueur étrange était passé dans ses yeux, entre regret et doute.

- Je suis désolé que tu aies eu à subir tout ça. Ma vie n'est pas toujours si rocambolesque.

- Tu ne vas pas me dire que c'est ma faute ?

Il rit doucement :

- Non Chaton, rentre tes griffes. C'est un... un concours de circonstances voilà tout. Un manque de bol.

- Cela va nous coûter une potentielle belle histoire, c'est moche.

- Pourquoi dis-tu ça ?

- Eh bien, je suis quelqu'un qui aime la sécurité et l'aperçu que j'ai eu de ta vie, me conforte dans l'idée que nous n'aurions jamais due nous croiser. Nos vies sont comme deux parallèles, aucune raison qu’elles se croisent à nouveau.

Il se rembrunit quand j'eus terminé de lui expliquer mon point de vue. J'avais peut-être été un peu dure, mais je ne pouvais imaginer de vivre avec un homme comme lui, aussi attirant et agréable soit-il. Sa vie ne pouvait faire partie de la mienne.

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