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 Alors que Derreck et Catlyn se disputent, une chanson de Layla se termine et ils s’interrompent. Le ranger se met à applaudir, la roublarde fait de même, il termine de lui faire avaler un filet de miasme et s’arrête en espérant que ce sera assez. La ménestrelle s’excuse auprès des clients qui redemandent une nouvelle gigue, elle leur avoue mourir de faim. À cette annonce, la matrone apporte leur assiette, et remercie la barde avant de déclarer un peu boudeuse : « Bon ça ira pour notre marché… Vous pouvez dormir ensemble. Par contre je vous préviens, si vous dérangez les autres clients d’une manière ou d’une autre, je vous jette dehors. On s’est bien compris ? » Le trio hoche la tête, la tenancière leur sourit et leur souhaite un bon appétit. Ils mangent une purée de légumes avec de grandes tranches de pain, rien de bien élaboré ni savoureux, mais nourrissant et chaud. Durant le repas Derreck remarque que Catlyn est mal à l’aise et se tortille sur sa chaise, elle lance des œillade discrète vers Layla, et ne s’aperçoit pas de l’examen du jeune homme. Une fois l’estomac plein, ils récupèrent la clé de leur chambre auprès de la tenancière et montent à l’étage. Ils entrent dans une pièce étriquée avec un lit double, une table et une chaise. Une petit fenêtre est fermée, Derreck s’occupe de rabattre le volet puis installe sa couverture au pied du lit, à un endroit duquel il ne peut pas voir ce que les filles font. Ils s’allongent tous pour dormir et se souhaitent une bonne nuit. Il prétend rapidement s’endormir en ralentissant sa respiration et attend. De longues minutes s’écoulent durant lesquels il ne se passe rien. Puis il entend quelqu’un remuer, suivit de petits gémissements. Il fait tout pour rester immobile et son cœur s’emballe, il retient sa respiration lorsqu’il entend Layla murmurer : « Cat qu’est-ce que tu fais ? » et la roublarde répondre dans un soupir rauque :

-Lilou... » Puis des bruits de baisers et :

-Arrête tu es folle. » Plus de remue-ménage :

-Attends… Je t’en prie… Comme au bon vieux temps... » Derreck jubile en son for intérieur : Je le savais… Mais Layla rétorque :

-Non… Derreck est juste là... » Il les entend s’embrasser à nouveau et sent sa queue durcir rien qu’en les imaginant : « Cat… on ne peut plus faire ça…

-Juste un peu… aller… caresse-moi Lilou… On ne fera pas de bruit et ton prince charmant n’en saura rien... » Derreck s’amuse de cette remarque et l’entend gémir doucement. Bruits de sucions, draps qui se froisse et halètements emplissent la chambre à mesure que les filles s’échauffent. Derreck perçoit Catlyn marmonner : « Ça vient… oui… oui... » et il pousse un grognement étouffé et remue sur place. Les deux amantes se figent et la pièce retombe dans un silence complet. Le calme s’éternise puis les frictions reprennent et Layla chuchote : « Arrête, il va se réveiller…

-Si tu ne m’aides pas je le fais toute seule.

-Mais tu es complètement folle ! » Derreck décide de mettre fin à ce petit jeu en se retournant et en demandant d’une voix faussement endormie :

-Les filles ?… Tout va bien ?... » Il n’obtient aucune réponse, remue et simule à nouveau. Quelques minutes plus tard, Layla murmure : « Si tu recommences, je redescends dans l’auberge. » Nouveaux froissements des draps, puis plus rien. Derreck attend encore de voir si quelque chose va se passer, mais rien. Finalement le sommeil l’assomme et il sombre dans les limbes.

Le lendemain, la pluie s’est arrêtée. Ils décident de reprendre la route le plus rapidement possible et ne déjeunent pas à l’auberge. Ils grignotent un gâteau sec en chemin, en empruntant le pont au dessus de l’Irodon. Ils sont contrôlés au poste de garde à l’entrée des Aidrales et poursuivent leur route. En fin d’après-midi, ils parviennent à un croisement et la route pavée laisse place à un chemin de terre, tandis qu’ils prennent la direction d’Hiveren. Ils sont légèrement en avance sur les prévisions de Derreck, notamment grâce à leur course de la veille. À mesure qu’ils progressent, la végétation change. Les arbres se transforment en pins et les buissons se font plus rares. Catlyn boude dans son coin toute la journée et laisse Derreck en paix, ce qui convient parfaitement au jeune homme. En revanche, il sait désormais pour quelles raisons la roublarde s’en prenait à lui, et il ne cherche plus le contact de Layla. Il la laisse venir à lui quand elle en a envie, sans la fuir, mais il ne s’approche pas d’elle, pour ne pas provoquer son amie. Qui d’ailleurs trouve toujours une excuse pour les séparer chaque fois qu’elle le peut. Pour la nuit, ils trouvent un conifère déraciné au pied duquel ils s’installent et tentent de faire un feu. Mais l’humidité fait échouer toutes leurs tentatives et il finissent pas manger des rations sèches et se coucher. Catlyn se propose pour prendre le premier tour de garde, tandis que Derreck et Layla s’allongent pour dormir. Il est cependant réveillé quelques minutes après s’être , la ménestrelle lui demande embarrassée : « Je… J’ai froid… Est-ce que je peux… m’allonger auprès de toi ? » Derreck fronce les sourcils, il regarde autour de lui et constate que Catlyn les a entendus et trépigne de rage. Il hésite, mais finit par se résigner :

-Bien sûr, viens là... » Ils se blottissent l’un contre l’autre et s’enroulent dans leurs couvertures. Derreck est si fatigué, que même le parfum de la barde ne parvient pas à l’exciter. Il replonge dans le sommeil en appréciant la douce chaleur du corps de Layla. Quelques heures plus tard, Catlyn lui pince méchamment l’oreille. Il émerge en sursaut et elle chuchote : « Pousse toi de là, c’est à ton tour, laisse-moi ta place. » Il opine du chef et se redresse le plus délicatement possible. Il réveille tout de même Layla qui marmonne :

-Quoi ?... » Derreck lui murmure :

-Je prends mon tour, Catlyn va dormir avec toi. » La ménestrelle se rendort, et le jeune homme et la roublarde changent de place. Il attrape son sac et y prend son livre qu’il continue de lire à la lueur de la lune. Plusieurs heures plus tard, Derreck doit réveiller Layla, mais lorsqu’il la voit blottit dans les couvertures contre Catlyn, il n’en a pas le courage. Il se lève, s’étire et va marcher quelques pas autour du campement. La nature ici est magnifique, il parvient à une clairière traversée par un mince courant d’eau et découvre des buissons de menthe fraîche. Il jubile et commence à les cueillir jusqu’à ce qu’un bruit l’alerte. Il dégaine son arc et ses flèches pour découvrir Layla qui se frotte les yeux : « Qu’est-ce que tu fais ? » Le jeune homme l’invite à s’approcher et explique :

-Je ne voulais pas te réveiller, mais j’avais besoin de bouger un peu. J’ai marché quelques pas et regarde ce que j’ai trouvé. » Il lui colle une feuille de menthe sous le nez, et elle la renifle avec plaisir. Derreck la range avec d’autre dans une besace et s’accroupit pour continuer sa collecte. Il soupire : « Dommage qu’on n’ait pas réussi à faire un feu, je nous aurais préparé des infusions pour nous réchauffer. » Layla vient se coller à lui et lui susurre :

-Il y a un autre moyen de se réchauffer... » Avant de l’embrasser dans le cou. Derreck se laisse faire, persuader qu’elle joue avec lui, mais quand les mains de la barde commencent à descendre sur son entrejambe, il déclare :

-Layla… loin de moi l’idée de vouloir te dissuader de continuer mais… Il faut retourner au camp et Catlyn ne nous laissera pas faire… » Il se redresse en l’aidant à faire de même. Elle lui sourit :

-Pas besoin qu’elle le sache, on peut s’éloigner et se cacher derrière un arbre. » Derreck lui caresse le visage :

-On ne peut pas laisser Catlyn toute seule. » Layla l’embrasse à pleine bouche et murmure :

-Oublie-la un peu... » Derreck glisse ses doigts dans les boucles auburn de la ménestrelle avant de se libérer de son étreinte et de dire :

-Tu sais qu’elle t’aime, n’est-ce pas ? » Elle le regarde en fronçant les sourcils et avec un ton agacé :

-Oui… je te l’ai dit elle est comme ma sœur. » Derreck secoue négativement la tête :

-Non, toi tu le vis comme ça, mais elle… » Layla hoche la tête :

-Je lui ai pourtant dit… Mais je crois que c’est de ma faute. Nous avons partagé notre intimité pendant longtemps, mais je suis la première à être tombée amoureuse d’un garçon. » Elle se blottit contre lui : « Comme tu peux t’en douter, ça ne s’est pas bien terminé, et je suis allée pleurer dans les bras de Cat… À présent je me demande si mes jérémiades n’ont pas influencé ses relations à elle. » Ils marchent vers le camp tandis qu’elle continue : « Chaque fois qu’une de mes histoires s’est terminée, j’allais trouver Cat… Si bien que le peu de fois où elle s’est laissée approcher par des hommes, elle partait du principe qu’ils allaient la faire souffrir.

-Impossible pour elle de faire confiance à son partenaire. » Layla hoche la tête :

-Depuis, elle n’a jamais vraiment essayé de trouver l’amour. Elle couche avec un aventurier de temps à autre, un qui lui plaît ou qui est suffisamment confiant pour la draguer. Mais autrement… elle est restée bloquée à notre flirt d’adolescente... » Elle attrape la main de Derreck et l’arrête : « Mais pas moi... » puis l’embrasse. Il comprend qu’elle n’acceptera pas un refus et la laisse faire, mais par hasard, il surprend un bruit de feuilles froissées, et aperçoit Catlyn qui les espionne. Son cœur se fige, il a envie de repousser Layla pour ne pas s’attirer les foudres de la roublarde, mais la ménestrelle a déjà glissé ses mains sous sa chemise. Il décide de passer à l’offensive, il caresse la barde avant de glisser ses doigts le long de sa fente. Avec talent il la fait trembler de plaisir, si bien qu’elle doit se cramponner à lui pour ne pas tomber à genoux. Il continue de la faire gémir, sa main est comme brûlée par le désir de Layla. Il la bâillonne avec l’autre et murmure : « Moins fort, tu vas réveiller Catlyn... » Après quoi il la doigte et lui caresse le clitoris, il la sent se tendre et s’arquer, puis elle jouit. L’âme de Derreck se teinte un peu plus de la puissance de Yag. Layla s’apaise et commence à vouloir lui déboutonner le pantalon. Derreck l’arrête et lui dit : « Non, laisse… Retournons au camp, je suis fatigué. » Elle semble déçue mais obtempère. Derreck cherche Catlyn du regard mais ne la trouve pas. Ils marchent, arrivent à leur couverture, et trouve l’endroit abandonné. Derreck feint une légère surprise avant de déclarer : « Elle a dû aller se soulager plus loin. » Sauf si elle se masturbe après nous avoir vus… Layla est embarrassée, cependant elle rejoint Derreck et déclare :

-Va dormir, je monte la garde. » Le jeune homme lui dépose un baiser sur les lèvres et s’exécute. Il s’allonge en imaginant la roublarde les fesses à l’air, tentant vainement de se satisfaire. Leur relation ne s’est pas améliorée, mais il parvient à être tranquille durant les journées. Cependant il a la sensation que le lendemain, elle reviendra l’ennuyer.

 Et il ne s’était pas trompé. Dès les premières minutes de marche, Catlyn vient se coller à lui. Mais contrairement à ce qu’il imaginait, elle ne lui crie pas dessus, au contraire elle lui déclare tout bas : « Je sais que c’est toi... » Le cœur de Derreck manque un battement, mais il fait tout pour la regarder avec confusion :

-De quoi est-ce que tu parles ? » Elle lui sourit avec un air mauvais :

-Tu sais très bien de quoi il s’agit… Je ne sais pas comment tu fais, mais chaque fois que je m’approche de toi je... » Elle se met à rougir. Derreck continue de jouer l’ignorant :

-Mais enfin… explique-moi... » Catlyn s’énerve et crache :

-Je te démasquerai, et je montrerai à Lilou qui tu es vraiment… En attendant tu ne la touches plus… C’est bien clair ? » Puis elle s’éloigne. Derreck la laisse partir sans utiliser le Souffle, craignant que la roublarde ne comprenne son petit jeu. Bien forcé de ronger son frein, il ne peut pas pousser Catlyn sur le chemin de la dépravation sans avoir à coucher avec elle. Ce qu’il se refuse à faire pour ne pas peiner Layla. Ils passent la journée à marcher, et Derreck tente d’insuffler quelques vapeurs du miasme aphrodisiaque en direction de Catlyn. Il parvient à parfaire sa maîtrise du Souffle et ainsi accroît la frustration de la roublarde quand elle est éloignée de lui, sans jamais atteindre Layla.

 Les journées défilent et à mesure qu’ils progressent, Catlyn est de plus en plus à cran. Elle tente à plusieurs reprises de se masturber et d’atteindre l’orgasme, mais sans succès. Elle est repoussée par Layla qui refuse de partager son intimité avec elle, et elle s’en prend à Derreck, même si ce dernier remarque de pathétiques tentatives de flirt de sa part. Elle fait exprès de déboutonner sa veste pour dévoiler son décolleté, prétend le bousculer involontairement mais en profite pour le tripoter ou encore s’arrête pour inspecter des traces et lui présente son postérieur moulé dans sa tenue de cuir. Derreck s’en amuse intérieurement, mais conserve son calme et ne succombe pas aux tentations. Elle semble vouloir coucher avec lui, mais doit éprouver les mêmes scrupules que lui à trahir Layla. Il la surprend à l’espionner à une occasion alors qu’il se lave dans une rivière. Il fait alors mine de ne pas la voir et la laisse se rincer l’œil. Ce petit jeu de séduction et de frustration ne trouve cependant ni vainqueur, ni perdant, et perdure jusqu’à la fin de voyage.

 Ils parviennent à Hiveren après trois jours, juste avant la tombée de la nuit. L’endroit est rustique, avec des habitations en planches, rondins et toits de tuiles. Lorsqu’ils se rendent à l’auberge, Derreck n’est pas étonné de se voir dire que toutes les chambres sont vides. Il décide d’en prendre une à part et laisse les filles décider pour elles. Layla souhaite être seule et en réserve une autre, au grand dam de Catlyn. Ils louent donc trois lits et commandent trois repas avec. Il s’avère que l’établissement propose une pièce avec un baquet d’eau pour la toilette, et Derreck en profite pour se laver. Alors qu’il baigne dans son jus, Catlyn entre sans frapper et vient se planter devant lui : « Maintenant que nous sommes arrivés, tu peux nous dire ce que nous sommes venus faire dans ce trou perdu ? » Derreck soupire et se lève, révélant sa nudité à la roublarde qui rougit, mais ne détourne pas le regard. Il déclare :

-Je dois me renseigner, à priori un ancêtre de mon bienfaiteur lui a laissé un héritage qu’il n’a jamais eu le courage de venir chercher. » Il interrompt la question de Catlyn en sortant du baquet et en s’approchant d’elle pour coller son visage à quelques centimètres de celui de la roublarde. Il grogne alors : « Le reste est d’ordre privé, bien que ce concept te soit étranger. Je vais tâcher de m’en occuper dès demain et quand ce sera réglé, nous rentrerons tous à Langekan. » À sa grande surprise Catlyn agrippe son sexe et l’embrasse. Il se recule en s’exclamant : « Mais ça ne va pas non ?! » Il en profite cependant pour libérer un petit nuage de miasme. La roublarde devient d’abord cramoisie de honte et balbutie :

-Je… Qu’est-ce qu’il m’a pris… je suis... » Puis elle passe de l’embarras à la colère et dégaine un poignard : « C’est toi… Tu m’as lancé un sort... » Derreck se recule et feint d’être apeuré :

-Catlyn, arrête ! Tu délires ! Je ne suis qu’un pauvre garçon des bois… je suis incapable de pratiquer la magie ! » Elle se met à trembler et des larmes apparaissent aux coins de ses yeux :

-Alors pourquoi ?! Pourquoi est-ce que je suis... » Elle s’effondre soudain et se recroqueville en pleurant. Derreck adopte un ton peiné et lui avoue :

-Tu sais… si je n’avais pas eu Layla… j’aurais été content que tu… » Elle lui rétorque sans le regarder et avec un ton boudeur :

-Tais-toi… Fiche le camp... » Il n’insiste pas et attrape une serviette. Il s’essuie rapidement et renfile son pantalon avant de sortir. Après quoi il termine de se rhabiller et va dans la salle commune. Il demande à avoir son repas et reçoit une généreuse portion de gratin de panais. Il en profite pour discrètement questionner le propriétaire, afin de savoir si il existe un domaine abandonné dans les environs. L’aubergiste lui confirme qu’en continuant au nord du village, il devrait trouver un chemin menant à un vieux manoir. Il le remercie, mange seul et lorsqu’il a terminé, monte dans sa chambre où il s’enferme à clé. Il décide de préparer son matériel pour une expédition nocturne et s’allonge pour se reposer. Layla vient frapper à sa porte, il l’entrouvre et lui explique qu’il est épuisé et a déjà mangé. Elle semble peinée et s’éloigne en traînant des pieds. Il retourne se coucher et s’endort rapidement. Il se réveille au beau milieu de la nuit, s’habille et s’équipe. Il sort, verrouille sa porte et prend le temps d’écouter aux portes de Layla et Catlyn afin de vérifier qu’elles soient bien endormies. Lorsqu’il est certain d’avoir le champ libre, il s’éclipse aussi discrètement que possible et quitte l’auberge pour se diriger vers le nord. Il marche de longues minutes avant de trouver un panneau indiquant un croisement. Cependant le chemin menant au manoir n’a pas été entretenu depuis des années, et Derreck le distingue avec difficulté. Il l’arpente avec lenteur pour ne pas se perdre, et après une bonne demi-heure il parvient aux grilles du domaine. Les murs en briques sont encore debout, mais le portail en fer forgé est dégondé et un battant gît au sol, empêtré dans des plantes grimpantes. Derreck l’enjambe et s’approche du manoir. La bâtisse n’est pas en ruine, mais le fait que la porte et les fenêtre aient été défoncées, lui fait dire qu’il ne doit pas rester grand-chose. Il prend tout de même le temps de l’explorer. Au rez-de-chaussée, chaque pas qu’il fait, entraîne un craquement sinistre des lattes du parquet. Il découvre dans le hall, les traces d’un feu et réalise que des voyageurs ont dû s’installer dans le manoir pour y passer la nuit. Il s’approche des cendres, et constate qu’elle sont froides. Il ne semble pas y avoir de danger immédiat, mais il dégaine tout de même son couteau. L’état général des meubles et des murs, l’amène à penser qu’il ne trouvera rien dans la demeure délabrée, et il sort par la porte de derrière. Le terrain est vaste, et une partie se trouve dissimulée dans une forêt de conifères. Il part explorer le lopin de terre en suivant les murs entourant le domaine, et finit par tomber sur un petit cimetière avec un mausolée au milieu. Il s’agit d’une simple construction en briques grises, l’édifice a lui aussi été fracturé, et le cœur de Derreck se serre dans sa poitrine, si l’Aethog a disparu, il va avoir un sérieux problème. Il se rue vers la construction et l’inspecte. L’endroit contient un cercueil en grès qui a été ouvert, il s’approche, le corps à l’intérieur y est toujours, gravement décomposé, il s’agit plus d’une squelette que d’un cadavre désormais. Il semble avoir été dépouillé de ses richesses, Derreck sent une frustration monter en lui et il frappe le bord du sarcophage avec colère en s’exclamant : « Merde ! Si près du but... » Il continue de chercher pendant quelques instants, puis lorsqu’il ne trouve rien, se résigne à faire demi-tour. Son cœur cesse de battre lorsque la main osseuse du mort l’agrippe. Il voit avec effroi le macchabée se redresser et se glisser hors du cercueil en pierre. Les orbites vides du défunt le fixent et sa mâchoire s’ouvre. Derreck perçoit une voix, comme venue des tréfonds de la terre, aussi sèche qu’un désert et froide que la glace : « Derreck Spencer… vôtre âme est due au Roi éternel… et je viens la collecter... »

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