Chapitre 3

7 minutes de lecture

MATT

Le jeu tourne depuis un bon moment, je suis désinhibé par les vapeurs d'alcool et le défi se poursuit dans le salon de notre amie. Cette fois, c'est moi qui fait la lecture d'une nouvelle carte alors que Dayvon remplit une énième fois mon verre, je le repousse poliment.

  • Méganne fait l'amour pendant cinq minutes avec un garçon dans cette pièce !

J'espère sincèrement qu'elle ne me choisira pas mais je pense que ça peut être amusant. La coquine sulfureuse se tourne dans la direction de Dayvon à mon grand soulagement. Elle attend son accord, auquel il répond avec enthousiaste.

  • Oh bien sûr ma belle, entre nous, ce genre de chose ça se refuse pas.

Il lui fait un clin d'oeil et presse ses mains dans le dos de Méganne.

Ma meilleure amie est abasourdie. C'est en furie qu'elle se lève, instable sur ses talons. Sa voix couvre les rires, ses yeux sont rougis par l'alcool et exorbités par ce qu'elle vient d'entendre.

  • Ah non là c’est trop, vous allez pas faire ça ! Et encore moins devant nous! C’est quoi cette soirée à la con!? hurle t-elle d'un ton hystérique.

  • C'est le jeu, ne fais pas la choquée ! Et c'est marrant, rétorque Méganne.

Je me lève à mon tour pour prendre Lélia par les épaules dans le but de faire baisser sa colère, elle ne bronche pas mais je la sens toujours aussi tendue dans les trapèzes.

  • Bon, on y est allé un peu fort, on va calmer le jeu, dis-je. C'est embarrassant, nous n'avons qu'à piocher une nouvelle carte.

  • Pffff vous n'êtes vraiment pas joueurs vous êtes nazes, se permet Méganne.

  • Si mais là il y a des limites, j'ai dit ça pour rigoler c'est tout et ça met mal à l'aise Lélia, ce n'est pas cool.

Nous passons plusieurs minutes à nous embrouiller et à nous insulter. Ça me saoule je trouve ça puéril, tout ça pour un jeu de cul. Méganne vient taper ses mains à plat sur mon torse, son haleine alcoolisée me chatouille les narines, elle me provoque.

  • Avoues que ça ne t'a pas déplu cette soirée Matt ! Surtout le moment où tu as caressé Lélia, ça te foutait la trique !

Elle me met hors de moi, je décide de me taire sinon je vais réagir de façon impulsive et nous pourrions bien nous brouiller pour de bon. Pour l'entente du groupe, ce n'est pas ce que je veux.

Je colle ma bouche contre l'oreille de la jolie brune, mes mains sont sur ses bras cette fois.

  • Je te raccompagne Lélia si tu veux, on va les laisser à leurs affaires tranquilles, ils m'ont saoulé.

Lélia hoche la tête sans piper mot, Dayvon lui nous lance un regard remplis de sous-entendus. Qu'est-ce que ça m'agace.

  • C'est bon pas la peine d'être lourd comme ça, je ne fais que de la raccompagner, dis-je.

Nous saluons nos amis d'une bise et d'une poignée de main. Je pousse ma main dans le dos de la jeune femme pour qu'elle me précède. Elle monte dans la voiture et je peux la conduire jusqu'à chez elle. Devant la haie de la copropriété, je stationne mon véhicule et me tourne vers ma passagère ensomeillée.

  • Lélia, je suis sincèrement désolé pour ce que tu as subi lors de cette soirée, j'ai vu que ça te gênait beaucoup.

Elle entrouvre la bouche, bêtement et aucun mot ne sort l'espace d'un grand blanc s'installe dans l'habitacle.

  • Oui, j'ai joué le jeu certes mais comme tu viens de le mentionner je n'ai pas été à l'aise ni très consentante, affirme t-elle les yeux embués.

  • J'aurai dû te défendre, j'ai agis comme un con à la place... Nous avions bien assez bu et tu sais je ne suis qu'un homme.

Je vois qu'elle a autant d'estime pour moi que j'en ai pour elle. Elle est adorable, elle me trouve même des excuses et cela me rassure un peu sur mon comportement de ce soir.

  • Non vraiment, ce n'est pas à toi que j'en veux. Matt tu n'y es pour rien, c'est Méganne qui a sorti ce jeu et je comprends que l'ambiance, la nudité, tout ça, ça ait pu t'exciter. Par contre je t'avoue que je n'ai pas reconnu Méganne.

  • Je me sens vraiment mal Lélia, je ne sais pas quoi dire de plus à part que je suis navré et que je n'aurai pas dû accepter de jouer.

  • Ce n'est rien, fait-elle. Si vous ne me voyez plus de quelques temps, c'est normal, je me sens suffisamment honteuse.

Le seul mot qui m'échappe c'est '' d'accord ''. Ben non je ne suis pas d'accord mais c'est sorti tout seul et la situation me fait de la peine, cela me rend triste surtout si Lélia ne m'adresse plus la parole. Penché au plus près d'elle, je lui souhaite une bonne nuit, qu'elle prenne soin d'elle.

Ses lèvres m'effleurent la joue, aussitôt la bise faite, elle claque la portière de la voiture avant de disparaître au fond de l'allée. Cette soirée a mal tourné et elle s'en souviendra.

Elle me laisse con au volant de ma voiture, complètement partis loin dans mes pensées. Mon coeur se serre violemment jusqu'à ressentir des palpitations désagréables sous la poitrine. Je suis déçu de ne pas avoir été là au moment où elle avait le plus besoin de moi, être à la limite du connard m'est insupportable.

Un toc contre la vitre me fait sursauter et hurler un '' Aaaaaah ! '' à pleins poumons. J'étais parti si loin, mon dos heurte violemment le dossier du siège conducteur. Son visage apparait, j'ai l'impression d'être dans un rêve éveillé. Je fais descendre la vitre, elle s'accoude à celle-ci, les cheveux au vent à moitié dans le visage.

  • Désolée de t'avoir fait peur, je ne voulais pas, s'excuse t-elle. Est-ce que tu peux rester avec moi ? Je me sens seule dans cette maison.

Mon visage exprime l'interrogation, je me mordille la lèvre n'étant pas sûr de sa demande.

  • S'il te plaît Matt... Dit-elle plaintive.

Je coupe le contact pour descendre de la voiture, elle me tombe dans les bras, les siens suspendus autour de mon cou. Je veux la raisonner, je crains le dérapage.

  • Écoutes Lélia, tu dois te reposer, tu es éreintée et la soirée a été éprouvante pour tous les deux, je suis tout aussi fatigué et nous avons bien assez ingurgité de Mojito !

Ses lèvres sont toutes proches des miennes, lorsqu'elles se mettent en mouvement, elles les effleurent involontairement. Ce contact me bouleverse, ce n'est rien d'autre que la fatigue.

  • Pas grave, on dormira mieux demain, j'ai besoin de compagnie, répète t-elle.

Le '' on dormira mieux demain '' m'est perçu comme une allusion, je sens mon corps réagir contre mon plein gré. Foutues hormones de mâle ! Je la suis jusqu'à son appartement, je pousse la porte et l'aide à se déshabiller après avoir retiré mon blouson en simili cuir. Elle s'accroche à mon torse, chancelante sur ses talons que je prends soin à déchausser. Puis je la soutiens pour monter dans sa chambre, je lui donne un grand verre d'eau pour l'hydrater, quelques reflexes dû à ma profession.

  • Je sais que tu ne risques plus rien à présent, tu es en sécurité je vais pouvoir rentrer chez moi.

Sa main beaucoup plus petite vient encercler la mienne, je sens qu'elle est troublée, tout autant que moi.

  • Non, vraiment je veux que tu restes ! Viens t'asseoir à côté de moi.

Je m'éxécute sans broncher, je pose mes fesses sur son cocon intime. Sa proximité me provoque des bouffées de chaleur, ses yeux sont pleins de désirs ou alors je me fais des films.

  • J'ai peur de ce que vous allez pouvoir penser de moi, cette soirée, ce n'était pas moi, j'ai été contrainte, bafouille t-elle.

  • Je sais ce que tu vaux, tu n'as pas à t'en faire de mon regard. Ce sera toujours le même qu'avant, répondis-je rassurant en caressant une de ses mèches rouges. Certains gages étaient cool mais je suis d'accord, Méganne a déconné, j'aimerai que l'on en parle plus si tu veux bien.

  • Matt, chuchote t-elle. J'ai envie que tu me prennes dans tes bras.

À ses mots, mon coeur s'emballe, jamais elle ne m'avait demandé cela. Et les seules fois où je l'ai enlacé c'était lorsque l'on faisait des photos tous ensemble. Je referme mes bras contre elle, elle se retrouve à moitié blottie contre mon torse. Je dépose un petit baiser sur son front en guise de respect.

Lélia commence à me caresser le torse par dessus mon t-shirt, c'est électrisant jusqu'à faire dresser les poils présents sur mes bras. J'essaie de ne rien montrer à mon amie mais c'est un contact qui m'émoustille.

Ses mains commencent à perdre de l'altitude, très vite elles se retrouvent vers mon bas ventre, je les attrape dans les miennes pour l'arrêter dans ses caresses sensuelles.

  • Je ne comprends pas ce que tu es en train de faire Lélia, écoute je vais m'en aller ce sera mieux.

  • Tu n'es donc pas bien avec moi ? Dit-elle sur le ton du reproche.

  • Hein mais non, ça na rien à voir répondis-je alors qu'elle me tire les poignets pour que je revienne m'asseoir. Juste que toi et moi dans le même lit, ce n'est pas une bonne idée avec les caresses que tu étais en train de me faire. Ça risque de déraper et il y a des chances que tu le regrettes.

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