Agression

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- Il y a des rumeurs qui courent à ton sujet.

Attablés dans la cuisine en train de prendre notre petit déjeuné,je préfère me taire devant le sous entendu de Georges.

- Hé bien,je vois...

- Au contraire, tu ne vois rien du tout. Tu ne vois pas tout ce que tu es en train de perdre.

Mon ton n'est pas cassant ni même dure. Non, je suis parfaitement calme.

- J'avais déjà quasiment tout perdu, et la ma petite soeur couche avec un Allemand !

Il a craché ses mots haineux avec toute la colère dont il est capable. Je suis choquée qu'il penses ça de moi.

- Je n'ai pas...

J'essaie de me défendre mais il ne m'en laisse pas l'occasion, enchaînant aussitôt.

- Vraiment? Pourtant tout le monde ne parle que de ça. Le commandant Ludwig et Madeleine! Tu es une honte pour cette famille, jamais papa n'aurait cautionné ça ! Tu sali sa mémoire.

- Ce n'est pas...

- Bon sang te rends tu compte de ce que tu fais?!

- Écoute-moi!

- Non je ne veux rien entendre qui vienne de toi. Tu es une déception pour moi.

Il se lève et quitte la cuisine, me laissant seule, choquée par ses propos.

Étrangement j'en veux à Ludwig, comme s'il était responsable de la situation entre Georges et moi. Mon frère me manque terriblement. Je vaque à mes tâches sans grand enthousiasme.

- A quoi penses tu Madeleine?

Une fois de plus je ne l'ai pas entendu approcher. Je ne sais pas quoi lui répondre alors je préfère ne pas ouvrir la bouche.

- Hé ho, qu'est-ce qui ne va pas?

Je m'arrête un instant et prend appuie sur ma fourche tout en le regardant. J'aime cet homme, j'aime sa façon de me regarder, j'aime sa façon de rire, j'aime le contact de ses mains.

- Georges a entendu des ragots sur nous. Tes hommes sont en train de me tailler une réputation de femme à la cuisse légère.

Il comprends aussitôt de quoi je veux parler et semble profondément peiné.

- Tout ça est de ma faute...je suis tellement désolé. Je vais parler à ton frère et lui expliquer. Quand à mes hommes ils vont amèrement le regretter.

- Non! Surtout ne parles pas a Georges, il serait capable de te tuer, même avec un seul bras, tant sa colère est grande.

Il pousse un profond soupir, résigné.

- J'aimerais tellement que cette guerre n'ai pas eu lieux, te rencontrer dans des circonstances différentes, faire de toi une femme heureuse.

J'aimerais lui dire que je le suis déjà, pourtant ce serait un mensonge. Tout semble se dresser contre nous,comment être heureuse quand on se bat contre tous?

Il dépose un baiser sur mon front.

Le soir tombe déjà sur la ferme et dans le ciel le soleil projette des rayons couleur de rencontre les nuages. Ce spectacle est magnifique.

Alors que je somnole, à demi consciente, j'entends l'échelle grincer. Ludwig ne devrait pas revenir ici, pas aussi tôt, pas après ce qui s'est passé. Alors que je me retourne pour lui faire part de mes craintes mon estomac se noue et ma gorge devient sèche. Ce n'est pas la silhouette de Ludwig qui me fait face, mais trois homme dont je ne dicerne que les ombres a la lumière de la lune.

- Petit petit petit, viens ici.

L'un d'entre eux me parle comme on parle à un animal. Je me lève d'un coup et me cache derrière un ballot de paille.

- Allons! Tu n'étais pas si farouche avec le Commandant hein?

- On est pas assez bien pour toi c'est ça?

- Fais pas ta mijorée et vient nous tenir compagnie.

Je n'ai jamais eu aussi peur de ma vie, même quand l'allemand a failli m'attraper avec mon dessin de propagande. Je sens une bouffée de panique monter en moi.

Alors que je contourne une botte de foin, une main m'attrape par les cheveux et me tire violement en arrière, si bien que je tombe sur le dos. Je distribue les coups à l'aveugle. Une main se pose sur ma bouche et je tente de l'y arracher, lacérrant la peau avec mes ongles. Il y a un bruit sourd derrière nous, le bruit d'une chute. La pression sur mes lèvres se fait plus légère, comme si mon agresseur avait un doute soudain. Puis il y a tout un raffut, mon assaillant me lâche avant de partir en courant. Je reste là, tremblante, recroquevillée sur moi-même, choqué de ce qu'il vient de m'arriver.

- Madeleine... C'est moi, où es-tu?

Au son de la voix de Ludwig et à l'inquiétude que j'y perçois, j'éclate en sanglots.

Je l'entends se rapprocher mais je suis incapable de dire un mot, les larmes semblant emplir mes poumons. J'ai beau respirer je n'ai jamais assez d'air.

Il tombe à genoux à côté de moi et me serre contre lui. D'une main il me caresse les cheveux en vue de me calmer.

- Shuuut, ça va aller je suis là.

Son timbre de voix est calme et apaisant, je finis par m'apaiser. Je suis pourtant prise de frissons incontrôlable, des tremblements répétés que je n'arrive pas à réprimer.

- Tu ferais mieux de dormir à l'intérieur. Je vais t'installer quelque chose dans la bibliothèque. Tu peux marcher et descendre l'échelle ?

Je hoche la tête.

Au pied de l'échelle l'un de mes agresseurs geint, plié en deux en se tenant la jambe. Même dans le noir on distingue un angle fort peu naturel. Je sens que Ludwig accélère légèrement le pas l'orque nous passons devant lui. Ça n'empêche tout de même pas l'homme de me saisir la cheville. Il dit quelque chose en allemand d'une voix emprunte de douleur.

Son Commandant, d'un coup de pied, retire sa main agrippée et lui réponds quelque chose d'un ton sec. Nous avançons dans même nous retourner.

Nous entrons dans la bibliothèque à pas feutré.

- Hors de ma vu.

J'avale ma salive de travers: Georges. Il parle avec un air las, un verre à la main, ça ne doit pas être son premier.

Ludwig lui, ne répond pas, ouvrant un coffre, installant des couvertures, cherchant quelque chose par-ci par-là.

- Ho je vois, je foin n'est plus assez confortable pour faire vos affaires donc vous...

Le Commandant Ludwig fait volte face, attrapé Georges au col et le plaque au fond de son fauteuil. Trop éméché, mon frère ne cherche même pas à se défendre.

- Jamais je ne désonorerais Madeleine!

Sa voix ressemble à un grondement de tonnerre, je l'avais vue ainsi.

- Aujourd'hui votre soeur à failli se faire ... Elle s'est faite agresser par trois de mes hommes. Oui est de ma faute! Oui j'aurais pu ne pas arriver à temps! Je plaide coupable! Mais le fait est que je l'aime et ça me rends fou de l'avoir mis aussi bêtement en danger.

Georges écoute, son regard est plus vivace qu'à notre arrivé, il semble presque sobre. Puis il ajoute simplement :

- On en parlera demain.

Après avoir déposé un baisé sur mon front, Ludwig quitte la pièce et après m'avoir lancé un regard empli de peine Georges en fait autant.

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