Maudite sonnette !

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Des rayons de soleil passent à travers le volet, et l'un d'eux tape sur mes paupières fermées. Je me retourne et entre en contact avec un corps. Je ne suis pas tout à fait réveillée, et mes neurones peinent à se rassembler. J'ouvre les yeux, et l'image trouble d'un géant blond endormi apparaît. Je cligne des yeux et tout s'éclaircit : l'écho de notre étreinte me réveille complètement !

Le drap recouvre à peine nos corps nus. Je me relève sur un coude pour profiter de l'instant. Dimitri est allongé sur le côté, dos à moi. Sa respiration régulière fait jouer les muscles de son dos. Le sillon de la colonne vertébrale guide mon regard vers un petit postérieur musclé. J'ai envie de le mordiller ! Dans la pénombre, je le trouve encore plus sexy ! Sa peau est claire alors que la mienne est mate, presque bronzée. Ce contraste me plaît beaucoup.

Il commence à bouger. Je me tourne vers le réveil pour regarder l'heure. Il est bientôt midi. Je sens un bras passer par-dessus mon corps. Dimitri m'attire contre lui et pose son menton au creux de mon épaule. Son bouc me pique un peu, mais je savoure le contact peau contre peau.

  • Bonjour mademoiselle ! Vous avez bien dormi ?
  • Bonjour. Oui, j'ai bien dormi, et vous ?
  • Très bien ! Et le réveil est délicieux.

Ses doigts commencent à tracer des cercles et des boucles sur ma peau. J'essaye de ne pas bouger sous les chatouilles. Je me délecte de ces caresses qui attisent les braises de la veille. J'essaye de ne pas penser au moment où notre bulle éclatera. Ses gestes se font plus ferme et plus précis. Sa main remonte lentement de mon genou vers ma taille, pour se perdre autour de mon nombril avant de reprendre le cap de ma poitrine. Chacun de ses mouvements soulève des frissons de plaisir, et me laisse dans l'attente de la prochaine étape.

Je me laisse faire, m'abandonnant à la montée du désir, quand soudain, la sonnette retentie ! Je sursaute, et Dimitri me supplie de ne pas aller ouvrir. Il resserre son étreinte et me mordille le cou. Surprise, je lâche un petit cri ! Cette fois-ci, quelqu'un frappe durement la porte :

« Léa ! Ouvre ! Je sais que tu es là ! »

Je n'en reviens pas ! C'est la voix de Bastien ! Il insiste à tambouriner la porte tout en hurlant mon nom. À regret, je quitte les bras de Dimitri pour enfiler un peignoir. Chaque coup porté alimente un peu plus ma colère. Lorsque j'ouvre, mon humeur est exécrable :

  • Que fais-tu là ? crachais-je avec un regard noir.
  • Bonjour ma puce ! Je passais par là, alors je suis venu pour voir comment tu allais ?
  • Pourquoi es-tu là ? J'avais pourtant été très claire !
  • Ton père m'a conseillé de passer te voir...
  • Quoi ? !

Je sens une main se poser sur mon épaule derrière moi.

  • Est-ce que tout va bien Léa ? s'inquiète Dimitri.
  • C'est qui celui-là ? hurle Bastien en poussant la porte.
  • Ca ne te regarde pas ! Sors de chez-moi tout de suite !
  • J'en crois pas mes yeux ! Tu as couché avec lui ?
  • Non, mais attends ! De quel droit, tu me fais une crise de jalousie !

Bastien s'avance et m'attrape par le poignet pour me forcer à m'écarter de Dimitri. Celui-ci s'avance pour faire barrage. Il domine Bastien de sa taille et lui demande de partir. Énervé, Bastien le pousse, et me tire sur le bras, ce qui manque de me faire tomber ! De justesse, Dimitri me rattrape, mais reçoit un coup-de-poing de la part de l'intrus.

  • Ne la touche pas ! s'égosille Bastien complètement fou !
  • Ca suffit ! Tu sors de chez-moi où...

Je n'ai pas le temps de finir ma phrase, qu'il s'élance à nouveau contre Dimitri qui n'est habillé que de son boxer. Cette fois-ci, il bloque l'attaque et enchaîne sur une clé de bras. Plié en deux, mon abruti d'ex ne peut presque plus bouger. Il ordonne qu'on le lâche tout de suite. Le plus calmement du monde Dimitri lui explique :

  • Si tu bouges trop, tu risques de te casser le bras. Alors maintenant, tu m'écoutes attentivement. Si tu ne veux pas que Léa appelle les flics, tu vas te calmer. C'est compris ? appuie-t-il en poussant un peu sur le membre endoloris.
  • Ok ! Ok ! grimace t'il.
  • Très bien. Je vais relâcher doucement ton bras et tu pars de l'appartement sans mouvement brusque, et sans crier.

La prise de Dimitri se défait et Bastien s'en va sans rien dire, mais je le sais, la rage au cœur. Il ne supporte pas perdre le contrôle d'une situation. Je referme à clé derrière lui. Je me tourne vers mon sauveur, complètement fascinée.

  • Merci. Je suis désolée de ce qu'il vient de se passer.
  • Vous n'êtes pas responsable de sa bêtise. Qui est-ce ?
  • Venez ! Je vais vous expliquer ça devant un café.

Devant la cafetière, je reprends mes esprits. Mon père a semé une belle pagaille. J'appuie sur l'interrupteur et la machine s'exécute. J'attrape ensuite un torchon et quelques glaçons que je pose délicatement sur la pommette rougie de Dimitri. Il maintient la poche de glace d'une main et m'attrape délicatement mon poignet meurtri.

« Il est bien assez rouge. Vous devriez passer de l'arnica pour éviter un vilain bleu.»

Puis il retourne ma main et dépose un baiser au creux de ma paume. Ce geste si tendre, me laisse béate.

Pendant que le café infuse, je pars à la recherche d'un tube à l'arnica dans ma salle de bains. Ce bref instant me permet de réfléchir un peu. Comment vais-je aborder le sujet de Bastien. Dois-je tout lui dire ? Parce que je le connais à peine. Réfléchis un peu. Il vient de te sortir d'un mauvais pas ! Même si la réaction a été excessive à cause de sa présence, je lui dois bien une explication entière. Et si ça doit le faire fuir, autant que ce soit avant que je n'espère trop. Pas de pommade miracle ! Tant pis, je porterai des manches longues.

À mon retour dans la cuisine, je trouve les tasses remplies de café, et un beau blond en caleçon, fouillant mes placards. Il se retourne triomphant :

  • J'ai trouvé le sucre !

Je lui souris et m'installe, tenant ma tasse à deux mains pour me donner un peu de courage.

  • Merci, mais vous n'auriez pas dû vous donner tant de mal !
  • C'est pas grand chose, même si je dois avouer que je me suis perdu ! Vos placards sont de vrais labyrinthes ! plaisante t'il.
  • Et bien... Voilà... Bastien a été mon compagnon pendant cinq ans. J'ai rompu il y a presque un an.
  • Alors pourquoi cette scène ? Demande t'il perplexe.
  • Au début, il ne l'a pas accepté. Il a commencé par faire comme si de rien n'était. Lorsque je sortais, il se débrouillait pour me suivre, et voulait me prendre la main, m'embrasser... Mais ça n'a pas duré longtemps ! Je ne me laissais pas faire, et toutes nos connaissances ont fini par le savoir. Même après, il continuait toujours de se rendre où j'allais. Je me suis enfermée chez moi. Déjà, lorsque nous étions ensemble, sa jalousie ne me permettait pas de voir beaucoup mes amis... Il m'a contraint à me couper de tout. Seule Caroline s'est acharnée à venir me voir. rapportais-je en souriant.
  • Vous vivez ça depuis tout ce temps ?
  • Non. Ca faisait six mois que je n'avais pas entendu parlé de lui ! L'ennui, c'est qu'il a vu mon père l'autre jour. En dehors de sa jalousie, Bastien était agréable, il s'intéressait à tous les passe-temps de mes parents. Ma mère, et surtout mon père, se voyaient grands-parents de nos futurs enfants. Ils n'ont jamais compris notre rupture. Alors quand mon père a croisé mon ex vendredi, il n'a pas trouvé mieux que dire à cet abruti que j'étais triste. Que j'étais toujours célibataire. Que de l'eau avait passé sous les ponts. Qu'il devrait passer me voir pour essayer de recoller les morceaux....
  • Je vois, dit-il après avoir avalé quelques gorgées de café. Sans vouloir être indiscret, quelle raison vous a poussé à le quitter ?
  • Il me mentait sur ses horaires de travail, pendant lesquels il me trompait avec certaines de ses clientes de l'agence immobilière. Dis-je en portant ma tasse vers mes lèvres.
  • Je n'en reviens pas... marmonna t'il choqué.
  • Moi non plus lorsque je l'ai su. Et le pire, c'est que j'aurais pu me méfier. Il m'a charmé alors que je recherchais un appartement.

Nous finissons nos cafés en silence, quand, à nouveau la sonnette retentit. Décidément, ce dimanche matin est bien agité ! Je me dirige vers l'entrée, et j'attends que Dimitri soit habillé. Caroline attend sur le perron.

  • Coucou ma grande ! me salut-elle. Je suis désolée de t'avoir abandonné hier soir, s'excuse t'elle en entrant. Mais tu avais l'air en bonne compagnie alors... Elle s'arrête en voyant l'apollon qui se tient dans mon salon.
  • Léa ? Je vais vous laisser. Je vous souhaite un bon après-midi. À bientôt ! me murmure t-il en m'enlaçant pour déposer un tendre baiser sur ma bouche.

Je le regarde descendre quelques marches, puis je referme la porte. Pas le temps de souffler, Caroline jette sur moi un regard plein de curiosité :

« Je ne te laisse pas le choix ! Tu vas tout me raconter ! exige t'elle de sa voix pétillante.»

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