Chapitre 8

21 minutes de lecture

Lorsque je reviens dans la fête, le corps et l'esprit légers, je me sers un nouveau verre de vin et me mets un peu à l'écart, pour repérer quel groupe je pourrais rejoindre. Mais Stéphane vient vers moi et je repère son état d'ébriété avancé. Il ouvre ses bras et m'offre une accolade, au cas où je n'aurais pas assez remarqué à son large sourire qu'il était content de me voir.

-- Mon pote! s'exclame-t-il. T'as poussé Annais dans le fossé, ou quoi?

-- Non, elle est aux toilettes... Une envie pressante, lui dis-je avec l'image de sa femme qui avale mon sperme.

-- Les petites vessies, plaisante-t-il. Tu sais... Je suis super content que vous vous entendiez si bien, tous les deux. C'est vrai, regarde. Ce soir, il y a combien de mecs qui se sont mariés à des nanas qui ne supportent pas leur meilleur pote? Un paquet, crois-moi... Mais moi, non! Je peux avoir ma femme et mon vieux poto Julien.

-- Je vous aime tous les deux beaucoup... Elle est autant ma pote que toi... Enfin... Peut-être pas autant, quand même!

J'arrive à garder le ton de l'humour, mais je sens au fond de moi comme du remords. Sa femme vient de me sucer, elle a sûrement encore le goût de mon foutre sur la langue, et je suis là avec Stéphane à parler de notre relation. Une part de moi aimerait être franc et lui dire. Mais lui dire quoi? Je ne peux pas dire que je suis amoureux d'Annais, ce serait mentir. Du moins, pas de la même manière qu'il l'aime. Je ne peux même pas dire qu'elle est amoureuse de moi. Ce serait me mentir à moi-même. Je ne sais tellement pas quoi lui dire que je ne dis rien, gardant pour moi ma mauvaise conscience. Je sais que ça passera dans les minutes qui viennent.

-- Tu sais, me dit-il avec un sérieux tout relatif. Je ne la rends pas si heureuse que ça. Je crois que c'est son amour pour moi qui la fait supporter son mari. Je t'ai menti, tu sais.

-- Qu'est-ce que tu racontes? Annais est très heureuse avec toi, Stéphane. Et vous avez de beaux enfants qui sont très épanouis. Sérieux, je n’ai jamais vu des gosses aussi sereins! Tu peux être sûr que si j'en avais, ils seraient bourrés de tocs à cause des névroses de leur père! Vos gosses sont heureux parce que vous l'êtes.

-- Tu ne m’écoutes pas, Juju...

Il s'appuie sur mon épaule et offre à mon nez son haleine avinée. Je le prends par la taille pour éviter qu'il ne tombe et lui souris:

-- Je t'écoute, frérot.

-- Je t'envie, tu sais... Toutes ces nanas que tu baises, tout le temps...

-- Hopala, Stéphane! Je t'arrête tout de suite, lui dis-je en ricanant. T'es complètement bourré et tu t'apprêtes à dire n'importe quoi.

Il se redresse un peu et plante son regard dans le mien, après avoir hésité entre l'œil gauche et le droit. Malgré son tout relatif équilibre, je sens bien qu'il souhaite avoir toute mon attention.

-- Je suis bourré, ouais. Et c'est pour ça que je vais te dire ça. Je n’ai pas envie de me taper d'autres meufs, je te rassure. Ce n’est pas tant que je t'envie parce que tu te tapes plein de nanas. Je t'envie d'en avoir envie.

-- Qu'est-ce que tu veux dire? Je croyais que...

-- Ouais, je sais... Je t'ai toujours laissé croire qu'Annais était du genre frigide. Mais c'est moi. Je n’aime pas baiser. Putain, je n’arrive pas à voir l'intérêt de baiser. Même Annais. Je veux dire... Tu vois, c'est bizarre. Je la vois, elle est belle. Sérieux, Julien...

-- Oui, je confirme, Annais est belle, je ne vais pas te mentir.

-- Je veux dire... Tu la verrais à poil. C'est une bombe.

Je déglutis un peu difficilement. L'image d'Annais nue devant moi m'assaille. Je la revois sur leur table à manger, les jambes écartées pour que je la prenne, les seins gonflés d'envie, les lèvres dégoulinantes et ses yeux... Ses yeux qui me dévorent, ses yeux auxquels je ne pourrai jamais résister. Heureusement que Stéphane continue, avant que je ne me laisse happé par mes souvenirs.

-- Quand je la vois, j'ai envie d'elle, mais dès qu'on rentre dans le vif du sujet, plus rien. Je la baise, juste. Et encore. Je n’arrive pas à y mettre l'entrain que j'aimerais y mettre. Je m'emmerde. Et elle le ressent, forcément. Tu vois ce que je veux dire?

Je suis très mal à l'aise, le temps d'une seconde. On a souvent parlé cul, ensemble. Enfin surtout moi, maintenant que j'y pense. Mais il s'amusait à me raconter quelques petites anecdotes et je pense qu'il exagérait, finalement. C'est peut-être même possible qu'il s'agissait de moments où Annais tentait de réveiller sa libido, qu'il prenait un peu à son compte. Non, je ne vois pas de quoi il parle. Je n'ai jamais ressenti ce dont il me parle. Si j'ai envie d'une femme et qu'elle se met nue devant moi, j'en profite le plus possible. Ça a toujours été ainsi. Mais je suis son meilleur ami.

-- Ouais, je crois que je vois, ouais. Mais c'est peut-être juste une mauvaise passe?

-- J'ai toujours été comme ça, Julien. Je veux dire... Ça m'arrive de la faire jouir, je crois. Mais je ne prends pas mon pied. Ce n’est pas plus intense qu'une branlette devant un porno quand t'as quinze ans, tu vois? Et je m'en veux... Des fois, je me dis qu'elle serait plus heureuse avec un type qui saurait la baiser.

-- Arrête de raconter des conneries, Stéphane. T'es complètement cuit. Tu ferais mieux de profiter de la fête, tu ne crois pas? Elle est bien avec toi, je te dis. Tu sais, je commence aussi à me rendre compte qu’il n’y a pas que le cul dans la vie. Elle n’a pas l'air de t'en vouloir, en tout cas. Alors arrête de t'en faire. Et puis quoi? Tu n'aimes pas baiser? Moi, je n’ai jamais aimé le Ricard. Voilà, c'est dit.

-- Quoi? Tu... Tu compares... Putain, je n’y crois pas! Tu n'aimes pas le Ricard?

C'est ça qui est bien, quand il est dans cet état. Changer de sujet est d'une facilité déconcertante. J'ai un peu honte de lui avouer ça, parce qu'à la fin de nos études, on était les "misters Ricard", en quelque sorte. Jamais une soirée sans commencer avec plusieurs verres de Ricard. Au début, j'acceptais ses verres parce que ça avait l'air de lui faire tellement plaisir que quelqu'un en boive avec lui. On était les deux seuls à en boire, et il faut bien avouer que c'est en partie ce qui a fait que nous sommes devenus inséparables.

-- Pendant tout ce temps, tu m'as fait croire que t'aimais ça...

Il est déçu. Je sais déjà que je vais lui mettre une claque et que sa soirée va prendre une autre tournure, avant même d'ouvrir la bouche. Mais je suis son pote avant d'être l'amant de sa femme. Je plante mon regard dans le sien qui part en couilles, prends une grande inspiration et lui lâche:

-- Pendant tout ce temps, tu lui as fait croire que t'aimais ça...

Il buggue plusieurs secondes, le regard interrogatif. Il n'est pas sûr de savoir où je veux en venir. Alors je reprends:

-- Annais t'aime, mec. Beaucoup plus que tu le crois. Ça se voit quand elle pose les yeux sur toi. T'es un mari génial pour elle. Sérieux! Tu la mets toujours en avant, tu participes autant que tu peux aux taches ménagères, et tout. T'es affectueux avec elle. Peut-être que t'es pas un bon amant, mais je ne crois pas que ce soit ça qu'elle attend de toi avant tout. Alors dis-le-lui. Tu te sentiras beaucoup mieux, et elle te surprendra, j'en suis certain.

Son regard se ranime et il ouvre ses bras pour me serrer contre lui. Je sais qu'il a peur. Et moi aussi. Je ne sais pas où tout ça va nous mener exactement. Mais si je n’avais pas baisé Annais, c'est exactement ce que je lui aurais dit. Et je ne veux surtout pas que le fait d'être l'amant de sa femme change quoi que ce soit entre nous. Et j'y parviens apparemment. Alors qu'il me serre à m'en étouffer, je l'entends me dire:

-- T'es le meilleur des potes, tu sais ça? Peut-être le plus gros queutard que j'ai jamais connu, et pas un instant tu m'as regardé comme un moins que rien quand je t'ai dit ça. Bon, j'y vois plus très clair, mais je sais que t'es le pote que tout le monde rêve d'avoir...

-- T'en tiens une bonne, hein? lui fais-je carrément gêné.

-- Non, je suis sérieux, mec... Tu vois, y a plein de gens qui m'ont envié pendant longtemps parce que j'étais le meilleur pote d'un des mecs les plus populaires de la fac. Mais ils voyaient que le fêtard qui couche avec plein de nanas. Aujourd'hui qu'ils sont mariés, je suis sûr qu'il y en a plein qui te fuient comme la peste de peur que tu leur piques leur nana. Mais moi, je sais qui tu es vraiment. Merci, mec...

-- T'es un mec bien aussi, Stéphane. Peu de personnes n'ont ne serait-ce qu'essayé de voir plus loin que ça. Du coup, c'est précieux, pour moi, notre amitié. Mais allons boire un coup avant que je te roule une pelle!

-- Ouais! s'exclame Stéphane avec un large sourire, même si je remarque ses yeux légèrement embués par l'émotion. Tu n'oserais pas, cela dit...

-- J'ai une réputation à tenir, en effet, lui dis-je en commençant à me rapprocher des fêtards.

Après quelques pas en silence, Stéphane me demande à nouveau:

-- Tu n'aimes vraiment pas le Ricard?

-- J'ai toujours détesté ça... lui dis-je avec aplomb.

-- Ben merde... T'en as bu des litres, pourtant.

-- Si c'était le prix de notre amitié, j'en boirais deux fois plus, Stéphane.

Il ricane, me lance un regard qui me cloue sur place une seconde et s'en va vers le comptoir. Je crois que je viens de me rendre compte à quel point l'amour entre deux amis peut être fort. Je sais qu'il parlera avec Annais parce qu'il a eu mon soutien. Et je vais peut-être passer pour le dernier des connards, mais penser que ce soir sera peut-être la dernière fois que je baiserai Annais me donne envie de le faire tout de suite.

Elle est dans un groupe de femmes en train de danser. Mélissa est parmi elles aussi. Je les regarde sans pouvoir m'empêcher de m'imaginer avec les deux à la fois. Ce serait sûrement épique. Un sourire aux lèvres, Annais me lance un regard d'abord sans expression, mais qui se transforme aussitôt en appel à l'indécence. Discrètement, elle se met à onduler de façon lascive, puis se retourne vers les autres, se mettant à rire à une boutade, visiblement.

Je sens mon bas-ventre se réchauffer d'un coup. Pourtant, ça ne fait que très peu de temps qu'elle s'est mise à genoux pour me pomper derrière la voiture. La discussion avec Stéphane m'a un peu refroidi. Je sais bien que ça ne va pas durer, que mon envie va revenir me chatouiller les tripes, mais je compte bien profiter de cette accalmie pour m'éclater un peu.

Il n'aura pas fallu longtemps. Il est minuit à peine passé, je suis en plein débat sur les conséquences sociales de ce qu'on appelle maintenant "l'affaire Weinstein" avec Mélissa, Paul, Annais, et Aurélie, la femme d'Augustin. Je me rends compte ce soir que la vision du phénomène est bien différente selon que l'on soit en couple et fidèle ou bien célibataire. J'ai pu moi-même constater que les choses ont bien changé. Je n'irais pas jusqu'à dire qu'elles ont pourtant changé en mal. Ce qui me chagrine, c'est que le non-respect de certains ait pu à ce point modifier l'appréhension d'une main posée sur le bras, par exemple. En fait, pour moi, cela n'a pas changé tellement. Je m'autorise toujours ce genre de gestes lorsque je sens que la situation le permet. J'ai toujours respecté qu'une femme me dise non... Mon ego est, je pense, assez équilibré pour ne pas se retrouver mis à mal par un refus.

Toutefois, j'hésite beaucoup plus qu'avant. Là où j'avais ce genre de geste tout à fait naturellement avant, même sans aucune arrière-pensée (et même avec des hommes), je réfléchis maintenant à deux fois. Ça retire un peu du naturel. C'est comme si on avait ouvert un chemin vers la contractualisation de la drague. Un jour, il faudra demander à quelqu'un son accord avant de la draguer! J'exagère, bien entendu. Mais d'un autre côté, les arguments de Mélissa sont implacables. Premièrement, le fait que les hommes osent moins se mettre à lui faire du rentre-dedans, ça la fait souffler un peu sur un des harcèlements qu'elle subit régulièrement. Elle est femme et noire. D'après elle, les hommes, quels qu'ils soient, considèrent qu'il est moins grave de harceler une femme noire qu'une femme blanche. Et je dois bien avouer que malheureusement, je suis assez convaincu que c'est effectivement le cas pour beaucoup. D'autre part, elle pense que le fait que les hommes soient un peu moins entreprenants laisse plus de place aux femmes pour l'être à leur tour et assumer leur sexualité, surtout le fait qu'elle soit différente de celle des hommes.

On ne m'avait jamais sorti cet argument-là mais il se tient. Aurélie et Annais acquiescent avec enthousiasme et Paul me caresse le bras:

-- Au point qu'il va falloir se faire une idée bien vite, Julien... Un jour, elles nous délaisseront!

On part tous d'un fou rire et c'est à ce moment-là que j'entends la voix de Fabien:

-- Raoul!! Le cri qui dessoule!!

La discrétion n'a jamais été son fort. Quasiment tout le monde se retourne vers la voix et tout le monde voit Stéphane penché en avant, en train de vomir dans un parterre de fleurs. La grande classe. Annais soupire, un peu de honte. Elle s'apprête à se lever pour aller le voir mais je pose ma main sur sa cuisse:

-- Laisse... Je vais m'en occuper, si tu veux. Je crois qu'il a déjà assez honte, là.

Elle hoche la tête et me sourit en coin, pensant sûrement déjà au moment où on va se retrouver sous ma tente. Ce n'est pourtant pas pour ça que j'ai voulu m'occuper de Stéphane. Je sais exactement pourquoi il s'est mis dans cet état et je n'ai pas envie qu'il se ridiculise devant sa femme à vouloir lui en parler maintenant.

J'amène donc un Stéphane tout penaud jusqu'à sa tente, qui n'a même pas la force de parler, toute sa concentration étant sûrement prise pour ne pas s'écrouler par terre à chaque pas. Je m'assure qu'il est bien allongé en lui balançant quelques boutades. Une fois allongé, il réussit à m'envoyer quelques insultes en réponse, et je le laisse sombrer dans un sommeil sûrement houleux.

Lorsque je reviens près de la tablée, Fabien a nettoyé les traces de Stéphane, se sentant obligé de me préciser qu'apparemment, Stéphane avait oublié de manger ce soir. Je lui souris et vais rejoindre le petit groupe avec lequel je discutais.

-- Alors? me demande Annais. La belle au Bois Dormant ronfle?

-- En tout cas, il était bien parti pour, lui dis-je en reprenant ma place à côté d'elle.

-- Non, vraiment, dit Aurélie en semblant continuer une discussion entamée en mon absence. Si Augustin s'amuse à reluquer une autre nana, je le crucifie sur place! s'exclame-t-elle en ricanant.

-- Ah! La jalousie... fait Paul. En tant qu'homme, je peux te dire une chose. Reluquer, ce n'est pas désirer ailleurs.

-- Ce n'est pas de la jalousie, se renfrogne Aurélie. C'est de la prévention.

-- Mais tu sais, lui dit Mélissa en se penchant vers elle comme pour lui dire un secret. Les hommes, tous autant qu'ils sont, ils sont des gamins en pire. Plus tu lui interdiras de reluquer, plus il aura envie de le faire. Il ne le fera peut-être pas, mais il en aura envie. Moi, j'ai trouvé la solution avec Paul. Si la vision d'une belle femme autre que moi lui donne des envies, c'est moi qui prends! Et vice versa!

Tout le monde rit un bon coup, et je ne suis pas sans me souvenir comment Paul nous regardait danser, un peu plus tôt dans la soirée. Ces deux-là risquent de bien s'amuser tout à l'heure. La soirée continue sur ce ton léger. Un peu plus tard, nous ne sommes plus qu'une petite dizaine encore debout et Annais annonce qu'elle va se coucher. D'un simple coup d'œil, je sais où elle va m'attendre, et cinq minutes plus tard, je profite que Paul et Mélissa aillent jusqu'à leur camping-car pour m'éclipser à mon tour.

Lorsque j'ouvre la tente, je la vois. Elle n'est qu'ombre mais elle est là, sur le dos, la robe remontée sur son ventre, les cuisses grandes ouvertes, des doigts qui jouent déjà avec sa vulve. Je m'empresse de refermer la porte alors qu'elle me souffle, visiblement déjà bien excitée:

-- J'ai attendu ce moment toute la soirée, Julien.

-- J'attends ça depuis ce matin, lui dis-je en me plaçant au-dessus d'elle, le visage juste devant le sien.

Nos bouches se collent automatiquement l'une à l'autre. Ce baiser langoureux lui fait déjà lâcher quelques doux gémissements. Quand elle pose ses mains sur mes joues, je sens l'odeur de sa cyprine sur ses doigts et ne peut m'empêcher de quitter sa bouche pour les lui lécher. Dans la nuit, je la vois me sourire. Je suis déjà dur comme la pierre, je pourrais me mettre à la baiser sur-le-champ mais un court instant je repense à Stéphane. Il s'agit peut-être bien de la dernière fois où j'aurai l'occasion de la goûter.

Alors j'en profite. Je déguste son cou, me délecte de la manière dont ça la fait monter. Inconsciemment, son bassin ondule pour accompagner chacun de mes baisers. Je place ma jambe entre les siennes et elle s'y frotte aussitôt. Je sens son humidité traverser rapidement le tissu de mon pantalon pendant que je m'applique à sortir ses seins de leurs balconnets, tirant sur les bretelles de sa robe et de son soutien-gorge. Puis je les dévore. Elle entoure ma tête de ses bras et m'enfonce le visage dans sa poitrine dont je suce les aréoles et les mamelons ensemble, comme si je tentais de les avaler. Ses reins se mettent à presque cogner contre ma jambe. Elle va jouir. Je le sens dans chacun de ses mouvements. Au tout dernier moment, je relève la tête et lui plaque une main sur la bouche en appuyant mon genou contre sa vulve qui déverse de véritables flots de cyprine.

Ses yeux s'ouvrent tout grand et j'entends ses gémissements étouffés. Lorsque les secousses les plus intenses sont passées, je retire ma main et lui fait un "chuuuutttt" avant de plonger ma tête entre ses cuisses. Le tapis de sol est déjà trempé et son sexe... Je crois qu'il n'y a pas de mot pour décrire ce mélange d'odeur exaltante, comme un bonbon, de douceur et d'humidité. À peine ai-je posé le bout de ma langue sur son clitoris tout gonflé qu'elle se crispe à nouveau, réussissant à retenir le râle de plaisir qu'elle a eu à ce contact. Sachant sûrement très bien ce qui va suivre, elle attrape le bas de sa robe et le remonte jusqu'à sa bouche pour mordre dedans.

Je ne suis pas certain que ça va servir à grand-chose. Je plaque ma bouche contre ses lèvres, glisse ma langue dans son vagin et la remue. Je ne sais pas ce qu'elle a, mais elle n'arrête pas de jouir, ce soir. De ses deux mains, elle s'accroche à mes cheveux et me tire dessus de toutes ses forces, les reins remués de spasmes violents alors que ma langue lui caresse les parois internes avec acharnement. Je n'ai jamais, bon Dieu! Jamais! Jamais je n'ai goûté de bonbon aussi délicieux que celui-ci!

Alors à mon tour, j'appuie mon visage contre sa chatte, lèche, aspire, bois, mordille. Je remue mon visage dans tous les sens, frottant mon début de barbe râpeux contre ses chairs. Si je pouvais rentrer dedans, je serais le plus heureux des hommes. Quelqu'un avec peu d'expérience pourrait croire qu'Annais est sur le point de jouir depuis quelques minutes, on pourrait presque croire qu'elle n'arrive pas à jouir. Je sais que c'est l'effet que ça peut avoir sur les hommes. Parce que nous, quand nous jouissons, nous sommes terrassés. Beaucoup de femmes aussi. Annais est différente. Elle jouit une première fois et reste au même niveau jusqu'à jouir une deuxième fois... au moins. Elle jouit par paliers, pas par pics. Et peut-être même que ça joue du fait que Stéphane dit s'emmerder. Parce que s'il a le sentiment qu'elle ne jouit pas, c'est sûr que tout de suite, ça perd de tout son intérêt.

Tout ça pour vous dire que je ne suis aucunement surpris quand elle me relève la tête, s'assied pour approcher son visage du mien et me murmure avec une certaine autorité qui n'est pas sans m'exciter:

-- Baise-moi, Julien... Baise-moi comme la dernière des salopes.

Son petit sursaut d'autorité était très excitant. Il a révélé que son désir est passé par le stade de l'envie, et qu'il en est maintenant à celui du besoin. Besoin de sentir ma queue en elle. Il faut quand même dire que ses derniers mots ravivent en un quart de seconde mon côté plus dominant. J'attrape son visage dans une seule main, lui serrant les joues, et lui roule une pelle de tous les diables, alors que je m'affaire à déboutonner mon pantalon.

Lorsque ma queue jaillit de ma braguette, je sens sa main s'en emparer et se mettre à me branler vigoureusement.

-- Je vais te défoncer, Annais...

Sans un mot, elle se retourne pendant que je retire tout ce que je porte en bas et déroule une capote sur mon membre tendu. À quatre pattes devant moi, elle plaque son visage contre le tapis de sol et tend sa croupe vers mon pieu. Ce sont pourtant mes doigts qui s'enfoncent en elle. Mon index et mon majeur qui viennent la fouiller sans vergogne. Elle gémit presque de douleur. Non pas que je sois trop virulent, mais comme si elle se plaignait de ne pouvoir exprimer pleinement son plaisir. Je retire mes doigts de son antre et les présente à son autre orifice.

Elle a bien un petit mouvement de crispation, de surprise, mais rapidement, elle se prépare à les recevoir en elle. Me plaçant sur son flanc gauche, je me penche vers elle en lui caressant l'anus de mes doigts lubrifiés à souhait.

-- Comme la dernière des salopes...

Elle hoche la tête, visiblement stressée, avec un regard de chien battu, mais volontaire comme jamais. Puis doucement, je lui ouvre le cul. Je m'applique à ne pas me presser, comme je ne force pas jusqu'à les enfoncer en entier. Je vais et viens avec douceur, me plaçant à nouveau derrière.

-- Quel magnifique cul, Annais, lui dis-je.

Mais elle ne peut plus me répondre. C'est carrément dans le coin du tapis de sol qu'elle mord à présent, pour ne pas hurler, et j'aimerais pouvoir en faire autant quand je me mets à frotter mon gros gland contre ses lèvres. Avec la même douceur que je branle son cul tout serré, je plonge mon pieu de chair dans son ventre, tentant au maximum de ne produire aucun son. Juste un soupir de plaisir.

Elle se cambre comme une damnée et se met à onduler par à-coups le long de ma verge qui la transperce. Mes boules sont déjà trempées de cyprine, qui doit couler en filet jusque sur le tapis. Malgré tous ses efforts, elle se met à couiner. Très aigu. Un peu étouffé, mais très aigu. C'est bien connu, les sons aigus excitent, et les siens ne dérogent pas à la règle. Je lâche malgré moi un râle puissant en me mettant à la pilonner. Aucune transition, aucune retenue, juste l'expression d'un désir intense. Le tapis de sol ne suffit plus et c'est d'elle-même qu'elle plaque une main sur sa bouche.

Dans les mouvements désordonnés de nos corps qui se percutent, mes doigts s'enfoncent encore plus en elle. Je suppose qu'elle a un peu mal mais ne peux m'empêcher de les plier, appuyer contre la fine cloison entre son rectum et son vagin, pour sentir ma queue bien raide qui la lime sans pitié. De cette manière, je ressens les contractions de son orgasme comme rarement. Chacune d'elle est accompagnée d'un tressaillement de chaque parcelle de son corps, comme si son orgasme agitait chaque atome de son être les uns contre les autres.

Au moment où je retire mes doigts de son anus pour la baiser cette fois de toutes mes forces, elle semble beaucoup plus inerte. Je m'accroche à ses hanches et cogne mon bassin contre le sien, n'en ayant plus rien à faire du bruit. À chaque fois que ma queue s'engloutit en elle, il y a ce bruit délicieux de clapotement, suivi d'emblée du claquement de ses fesses contre mon bas-ventre. Mes bourses giflent son clitoris à chaque fois que mon gland s'écrase au fond de son vagin.

Il y a quelque chose d'exaltant à la sentir passive, harassée par la puissance de son dernier orgasme. Il n'empêche que je la veux avec moi jusqu'au bout. Car je sais que grâce à l'alcool ingurgité ce soir, sans avoir abusé trop, je vais réussir à tenir un peu plus longtemps, sans que mon érection ne s'en retrouve diminuée. Alors je me penche et attrape sa tignasse pour lui relever la tête. Le résultat est au rendez-vous, certes. Elle se réveille d'un coup et se cambre pour accompagner mon pilonnage en règle de ses mouvements de bassin. Le seul hic, c'est qu'elle n'a plus rien pour retenir ses râles.

Dans la nuit, ça doit s'entendre. Je suis bien tenté de ralentir, de me faire venir avec douceur, mais il est bien trop tard. Chaque son qui sort de sa bouche, mêlé de satisfaction et d'une certaine difficulté à encaisser mes assauts, me propulse de plus en plus près de la jouissance.

Lorsque je la sens jouir une dernière fois, il m'est très difficile de ne pas exploser. Alors je m'arrête, tout simplement. Je lâche ses cheveux et elle tombe en avant, prise à nouveau de convulsions incontrôlées, ses chairs détrempées enserrant ma queue par à-coups. Par réflexe, elle reprend le coin de tapis jusqu'à ce que je la sente se détendre complètement, ses dernières forces servant à ne pas s'écrouler au sol. Haletant, les mains tremblantes, je la retourne et l'allonge sur le dos.

Elle me sourit les yeux fermés. Mon cœur fait une embardée. Faire jouir une femme, c'est déjà quelque chose. La faire jouir et la faire sourire ainsi, c'est juste divin. Je passe une jambe de chaque côté de ses flancs et retire le préservatif de ma queue, à genoux au-dessus d'elle. Presque instantanément, mon sperme gicle de façon incontrôlée. Sûrement le fait de retenir le cri de plaisir qui menaçait de jaillir en même temps que ma semence, celle-ci vient finir sa course sur son visage, sa robe, son cou, son ventre.

Elle en a partout, et elle sourit de plus belle. Pendant que je viens tapoter mon gland contre son ventre pour lui offrir les dernières gouttes, elle s'applique à récupérer les gouttes sur son visage rayonnant, même dans la nuit. Elle avale tout. Elle ne parle pas et tout en reprenant mon souffle en essayant de ne pas ahaner, je la vois déguster mon foutre comme s'il s'agissait d'une crème fouettée.

-- Pardon pour la robe, lui dis-je en m'allongeant près d'elle.

J'avoue que c'est pur mensonge. Avant même d'arriver ici, j'en avais envie. Je ne suis pas peu fier d'avoir atteint ce but, d'ailleurs! Il est des petits plaisirs dont il ne faut jamais sous-estimer l'effet sur votre bien-être! Elle tourne la tête vers moi et dépose un baiser sur mes lèvres. Puis me sourit:

-- Tu pourrais la remplir de ton sperme que je n'en serais qu'encore plus ravie, Julien. Mais je vais devoir filer, sinon je vais m'endormir ici. Tu m'as ruinée.

On ricane ensemble et je l'aide à nettoyer sa robe le mieux possible puis se rhabiller. Je sors quasiment en même temps qu'elle pour me griller une dernière cigarette. Je la regarde s'évanouir dans les ténèbres et soupire d'aise. Il semblerait que s'il s'agissait de notre dernière fois ensemble, ça ait été une belle réussite pour elle comme pour moi.

Au moment où j'écrase le bout rouge de ma cigarette en glissant le mégot dans ma poche, j'entends comme une claque résonner dans le silence de ce coin, suivie d'une voix que je reconnais comme celle de Paul:

-- Ah! T'aurais eu envie de le baiser, hein, salope!

Puis celle de Mélissa qui lui répond en haletant:

-- Oh oui, qu'il me prenne comme toi... Aaahh!!

Je souris et entre dans ma tente, m'installe pour dormir et les écoute baiser. Qui sait? Peut-être qu'ils nous ont entendus. Il n'y a même aucun doute, vu comme leurs mots et leurs petits cris me bercent jusqu'aux bras de Morphée, une nouvelle érection déformant mon caleçon.

Annotations

Vous aimez lire Zeppo ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0