Chapitre 3

13 minutes de lecture

Lorsque j’arrive dans le jardin armé de mon sandwich, avec un peu de retard, je ne mets pas longtemps à la repérer. Elle s’est installée dans un coin légèrement à l’écart, une couverture étalée sur le sol et le panier de pique-nique posé dessus. L’image me fait sourire. Je ne suis pas étonné qu’elle ait ce côté fleur bleue, mais je dois bien avouer que ça me fait un petit quelque chose de savoir que ce petit geste est pour moi.

Dès que je m’approche, on est gêné tous les deux. Est-ce qu’on doit se faire la bise ? Ou me laisser aller à goûter ses lèvres comme j’en ai envie ? C’est elle qui règle le problème en me désignant la couverture, le visage empourpré et ne souriant que difficilement. Ce ne sera ni l’un ni l’autre. Mais je ne montre pas ma déception.

Ma façon de vivre fait que ce genre de situation ne m’est pas tout à fait inconnu. Il m’est arrivé de me laisser aller avec des femmes que je n’aurais pas dû approcher. Une collègue, la femme d’un collègue, la cousine d’un pote qui venait de fêter ses 19 ans, ce genre de personnes avec lesquelles on sait qu’il n’y aura jamais de lendemain. Le fait d’avoir 15 ans de plus que cette cousine jouait énormément en ma défaveur. J’avais dû calmer ses ardeurs dans un moment un peu comme celui-là.

Le seul point commun, c’est le silence avant les hostilités. Parce que son regard me dit qu’à partir du moment où j’ouvrirai la bouche, la conversation prendra une toute autre tournure par rapport aux autres fois. Alors je n’attends pas et fais le pari d’avoir bien compris ce qu’elle désire. Un mot léger devrait l’apaiser :

– Alors comme ça, on espionne les gens dans leur douche au camping ?

– Alors comme ça, on est fétichiste des culottes ? me répond-elle du tac au tac.

– Il est des odeurs auxquelles je ne peux résister, lui dis-je en la déshabillant du regard malgré sa tenue des plus classiques sans même un décolleté affriolant.

Je fais mouche. Elle rougit de plus belle, baisse le regard une seconde en ricanant. Alors je reprends mon sérieux, que ce soit moi qui dise les choses plutôt qu’elle :

– Je ne compte pas te demander quoi que ce soit, Annais. Juste deux adultes qui prennent du plaisir. Je n’ai pas l’intention de te faire quitter Stéphane.

– Je ne le ferai pas, me dit-elle en reprenant une posture plus fière. Je sais que ça peut paraître incongru de dire ça, mais je l’aime, profondément. Aucune histoire de cul ne me fera moins l’aimer.

– Je peux tout à fait le comprendre, Annais. Et je peux te dire que si tu m’avais dit l’inverse, je me serais enfui. Et même, je peux te dire d’expérience que ce genre de petit écart peut même remettre un couple sur les rails. Tu ne serais pas la première à…

– Non, Julien, me coupe-t-elle subitement. Stéphane a toujours eu une libido au ras des pâquerettes. Il est ainsi. J'ai passé outre pendant de longues années, mais aujourd’hui j’en ai besoin. Besoin de me sentir désirée, de…

– Te faire baiser ?

– Comme une chienne, rajoute-t-elle en plantant son regard dans le mien.

J’en ai le souffle coupé. Elle vient d’allumer mille feux dans mon cerveau. J’ai une furieuse envie de lui montrer ici et tout de suite comme je pourrais la défoncer. Mon imagination la voit dans des positions improbables en train de s’agiter avec furie sur mon pieu de chair.

– Mais pas ici, hein, me sort-elle pour me faire redescendre.

– Heu… Non, bien sûr, lui dis-je en rougissant qu’elle lise aussi bien en moi. Donc je suis ton amant, c’est officiel.

Je lui souris, elle me sourit en coin. Je fonds.

– Tu t’es octroyé ce statut en te glissant dans mon lit, ce matin.

– C’est ce que tu attendais de moi, non ? lui dis-je avec un petit ton de défi. Le barbecue juste avant le départ de Stéphane, la jupe courte sans culotte.

Je la vois se mordre violemment la lèvre, à la fois gênée et prête à exploser de rire.

– Le barbecue, j’avoue… Mais tu serais étonné du nombre de fois où je n’ai pas mis de culotte parce qu'on te voyait ! Je ne voulais pas me les faire voler toutes...

J’ai l’impression que ce n’est pas l’Annais que je connais qui est devant moi. Où est passée la femme un peu prude de mon pote ? Celle qui s’empresse d’aller prendre une douche après avoir fait l’amour avec son mari ? Qui glousse pour ne pas être outrée de mes histoires de nanas parfois abracadabrantes ?

– Tu caches bien ton jeu, en fait, Annais.

– Et tu vas devoir apprendre à faire de même, Julien. Sans rire, il va vraiment falloir faire gaffe. On va baiser ensemble, mais je veux que rien ne change. Alors si ça te pose un problème de conscience, il vaut mieux ne pas renouveler l’expérience. Mais ce serait dommage, non ?

– Ma conscience est tranquille, ne t’en fais pas. Je peux même te le prouver tout de suite, si tu veux.

Annais ricane mais ne dis pas non. Ses pommettes s’empourprent. Je la vois se trémousser, comme si elle était mal à l’aise. Je sais cependant que c’est l’idée que je la fasse jouir ici. Ça l’excite autant que ça l'embarrasse.

– J’ai pris une bouteille de vin, tu en veux un verre ? me demande-t-elle sûrement dans l’espoir de me faire penser à autre chose.

Je m’approche d’elle et fouille dans son panier pour en sortir deux verres, sans un mot. Je prends la bouteille et le tire-bouchon. Je l’ouvre et nous sers tranquillement. Pendant tout ce temps, il n’y a pas un mot de prononcé, mais nos regards se croisent régulièrement. Ils parlent pour nous. Je la défie, et elle est prête à s’ouvrir à mon monde.

Je lui tends son verre et m’assieds juste derrière elle, l’accueillant entre mes jambes. Je la devine déjà fébrile et lorsque je fourre mon nez dans ses cheveux pour les sentir à pleins poumons, je la sens frissonner de tout son corps. Je passe un bras sur son ventre, cherchant le contact de sa peau. Elle se raidit, sûrement stressée que quelqu’un nous grille. Je me raidis aussi contre son dos. Ma bouche vient mordiller son lobe d’oreille avant de lui susurrer :

– Ça t’a toujours attirée, ma façon de voir le sexe, hein ? Même si tu jouais les femmes outrées, ça te faisait mouiller. Je me trompe ?

– Non, me répond-elle dans un gémissement alors que ma main vient de défaire le bouton de son pantalon.

– En fait, ta propre façon de penser le sexe est bien plus proche de la mienne que tu ne le laisses paraître. Et tu as besoin de moi pour te libérer.

Ma main plonge dans sa culotte. Le bout de mon doigt trouve un clitoris gonflé à souhait. À peine ai-je besoin de le toucher pour qu’elle râle son premier couinement. Je bois une gorgée, sans bouger mon doigt, puis lui souffle à l’oreille :

– Tu ferais mieux de poser ton verre si tu ne veux pas tacher la couverture. Dans moins de cinq minutes tu seras en train de jouir en public.

– Je me fous de cette couverture, me lâche-t-elle en ondulant son bassin sur mon doigt.

Je pose mon verre et m’applique alors à baisser sa braguette. Mes doigts peuvent apprécier avec plus de précision à quel point elle est déjà trempée. J'écrase du majeur son bouton tout en le faisant rouler doucement. Son souffle s’accélère d’un coup, je peux presque ressentir en moi les pulsations de son cœur paniqué de faire ça ici. Ma main libre remonte justement jusqu’à cet endroit, faisant fi du soutien-gorge – de toute façon bien léger – qu’elle porte. Ses mains s’agrippent à mes genoux, faisant tomber le verre de vin sur la couverture.

Je ricane exprès à son oreille, tout en prenant son sein à pleine main. Dans le même geste, mes doigts glissent sur sa fente d’où se déversent des flots de cyprine. J’ai connu quelques femmes qui sont incapables de baiser sans que les draps ne soient bons à changer après les ébats. Annais fait partie d’elles, apparemment. Et pendant une seconde, je me dis que c’est même peut-être bien la raison du blocage de Stéphane. Plusieurs hommes m’ont déjà fait comprendre qu’ils n’aimaient pas du tout ça. D’une part, ce n’est pas super pratique, certes. D’autre part, je pense qu’ils ont quelque chose contre le fait qu’une femme puisse éjaculer. Parce que même si ça ne gicle pas, ça reste une sorte d’éjaculation. Et là où le bât blesse, c’est qu’elle est bien plus abondante que notre sperme.

Personnellement, j’adore ça, et je ne m’en cache pas. Je pince le téton d’Annais et je pousse deux doigts en elle, bien au fond. Cette fois, je prends plus le temps de la découvrir. Mes doigts fouillent doucement son antre, tout en jouant avec son téton dardé. Elle tente de garder bonne figure, la respiration saccadée, jusqu’à ce que j’appuie enfin sur le point le plus sensible de son vagin.

Elle se crispe de tout son être et se plie en deux sous l’assaut de mes doigts qui pressent violemment ce point en le massant avec ferveur. Mon autre main remonte d’un bond jusqu’à son cou, la plaquant contre moi pour que notre activité soit moins visible. Par réflexe, elle glisse une main dans son dos, jusqu’à mon entre-jambe tendu, une bosse presque douloureuse qui frotte contre son dos. Elle me masse avec énergie alors que je me mets à aller et venir entre ses cuisses inondées. Je l’imagine déjà repartir avec une tache sur son pantalon. Est-ce si innocent que cela qu’elle l’ait choisi noir ?

– Oui, Julien, souffle-t-elle difficilement, la mâchoire crispée.

– Viens, Annais…

Mes doigts retournent à l'assaut de son point G, tout en comprimant son bourgeon. Il me suffit alors de petits mouvements saccadés pour la faire venir. Sa main se referme violemment sur mon pieu tendu alors qu’un ruisseau chaud et continu humecte ma main entière.

Lorsque je la retire de sa culotte, je m’empresse de goûter mes doigts en la sentant continuer son massage de la main tout en reprenant son souffle. Un goût bien plus sucré que ce que j’avais imaginé. Comme c’est délicieux. Je pourrais passer des heures à la lécher. Je l’imagine déjà attachée au lit, jouir sur ma langue, encore et encore, sans pouvoir se soustraire à mon traitement.

Ses doigts commencent à vouloir défaire le bouton de mon pantalon, mais un groupe de lycéens et lycéennes vient s’installer pas très loin de nous. Pour ma part, je n’aurais pas été bien gêné qu’ils la voient me branler jusqu’à l’explosion. Mais elle ne le voit pas du même œil.

– Tu devras attendre un peu, toi. Je dois reprendre dans trente minutes, on devrait manger.

Je retourne à ma place après l’avoir fait ronronner en lui déposant un baiser dans le cou. Mon érection est plus que visible et je ne la cache aucunement, repérant même quelques uns du groupe plus loin se retourner vers moi en ricanant.

Alors que j’entame mon sandwich avec appétit, elle nettoie la tache de vin et nous ressert un verre chacun. Au bout d’un moment de silence, je lui lance :

– Je crois que tu as bien fait de t’habiller en noir. Il semblerait que tu aies légèrement débordé.

– C’est tout le temps comme ça, quand je suis très excitée, me dit-elle en rougissant comme si elle s’en excusait.

– Ne va pas croire que ça ne me plaît pas. Au contraire. J’adore ça. Même si j’entends bien que ça ne doit pas être tout le temps pratique pour toi.

– C’est pour ça que je portais souvent des jupes et pas de culotte quand tu venais. Il n’y a pas eu une seule fois où je n’ai pas pensé à ce jour au camping. Tu peux imaginer dans quel état ça me mettait de t’imaginer te branler en reniflant ma culotte.

– J’aurais pensé que tu aurais été outrée par ce genre de truc.

– Tu te souviens que j’avais dit être fatiguée et que je n’étais pas allée marcher avec vous, ce matin-là ? me demande-t-elle le visage devenu pivoine. Je me suis faite jouir en regardant la photo que j’avais prise.

– Mais c’est que t’es une sacrée coquine, en fait, toi !

– Je veux pouvoir laisser ce côté-là de moi s’exprimer enfin, me dit-elle d’une petite voix.

– Avec moi, tu le peux, Annais, lui dis-je avec sérieux. Et tu peux être certaine que non seulement Stéphane n’en saura rien, mais qu’en plus il n’aura aucune raison de se poser quelque question que ce soit.

Annais me sourit timidement et prend le temps d’avaler quelques bouchées de sa salade, le regard rivé sur la pelouse. Lorsqu’elle relève les yeux sur moi, elle me sourit et prend son verre pour trinquer avec moi :

– Alors au plaisir que tu vas me faire découvrir, Julien.

– À tous les plaisirs que tu me feras découvrir, Annais, lui réponds-je en cognant mon verre contre le sien.

Les yeux rivés l’un à l’autre pendant qu’on avale une gorgée de vin, je me demande comment tout ça va finir. Annais me fait un sacré effet, et cela semble réciproque. Je suis pourtant loin d’être canon, et elle a un corps parfait. Elle pourrait avoir n’importe qui. Je me rends bien compte que c’est le fait que je suis capable d’avoir des relations sexuelles sans sentiments, que ma vision libérée de la sexualité est ce qu’elle recherche avant tout. Mais je sais aussi d’expérience qu’à un moment ou un autre, les sentiments s’en mêlent, ou bien on se lasse, voire même on a des remords. Sans compter le fait que je suis loin d’être le meilleur coup du coin.

Mais je ne vais pas bouder mon plaisir. J’ai tellement fantasmé sur elle que je ne me reconnaîtrais pas si je mettais tout de suite un terme à ce cadeau qu’elle me fait. Qu’elle garde son cœur pour Stéphane, je me contenterai de ce corps aux formes appétissantes tant que la situation sera aussi limpide qu’en ce moment.

– Je peux finir plus tôt, aujourd’hui, lui dis-je après avoir terminé mon bout de pain. Et même prendre ma journée de demain.

– J’emmène le grand à son sport à 17h, pendant que la sœur de Stéphane garde le petit. Je peux être chez toi à 17h15. Je devrais repartir pour 18h. Mais demain, je ne pourrai pas bouger, j’ai plein de boulot.

– Au jour le jour, hein… lui dis-je en haussant les épaules. Je t’attendrai chez moi tout à l’heure.

Je me lève tranquillement et m’approche d’elle pour lui faire la bise, garder les apparences comme elles doivent le rester. Pourtant, je sens sa main se poser sur mon entre-jambe et me palper énergiquement, pendant qu’elle profite d’une bise pour me souffler à l’oreille :

– Je serai déjà bien trempée en arrivant…

Je ne trouve rien à répondre à cela, si ce n’est un mordillement de mes lèvres et une subite érection qui la fait ricaner.

– À tout à l’heure, Annais, lui dis-je en m’éloignant.

Lorsque je marche dans le jardin, j’ai l’agréable impression que tout le monde remarque que je bande, même si je sais pertinemment que ce n’est que mon imagination. Pourtant, ça me fait arriver au bureau avec un sourire de tous les diables.

Je passe par la salle de pause me servir un café et me rue dans mon bureau. J’essaye bien de travailler mais cette pause déjeuner trotte dans ma tête, dans mon corps. Sans même que j’y pense, ma main se pose régulièrement sur mon sexe qui bande et débande selon que je me concentre sur le boulot ou que je laisse mes souvenirs de ses gémissements, de sa moiteur sur mes doigts, m’envahir.

Je déboutonne juste un bouton, tendant les oreilles vers le couloir pour m’assurer que personne n’arrive pour me parler. Ma main plonge aussitôt dans mon pantalon et s’empare de mon pieu érigé. Les images, les sons, les sensations, tout se mêle en moi alors que j’agite mon bras de haut en bas. Si je ne fais pas passer cette tension avant de la retrouver, je risque de jouir en deux minutes. Ce n’est pas tant que ça m’empêcherait de la faire jouir, mais ça fait meilleur effet.

Toutefois, mes gestes sont trop retenus pour que le plaisir soit au rendez-vous, alors je me lève presque d’un bond et sors de mon bureau pour foncer aux toilettes. Là, je me rue dans le premier box de libre et enlève carrément pantalon et caleçon que je jette dans le coin de la minuscule pièce avant de me branler des deux mains. Je l’imagine en train de me sucer, de me pomper goulûment. Lorsque je jouis en lâchant un soupir, je la vois son visage juste en-dessous de mon gland qui crache son foutre. Elle doit être si belle, comme ça. Je ferme les yeux et sens les jets suivants s’échapper puissamment de mon sexe. Je me demande si une femme qui éjacule ressent aussi bien le liquide remonter en elle jusqu’à gicler à l’extérieur. J’espère pour elles, car c’est une sensation des plus enivrantes, comme une deuxième couche apposée sur notre jouissance.

Pendant quelques secondes, je reprends mon souffle, puis nettoie grossièrement la lunette des toilettes qui a reçu sa part de sperme, avant de me rhabiller et sortir de là. Au lavabo, je me mets à siffloter joyeusement. Jusqu’à entendre une chasse d’eau, puis une collègue sortir du cabinet juste à côté du mien. Je retiens un petit rictus en me séchant les mains, et fait comme si de rien n’était. Je ne saurais dire si c’est le fait qu’elle m’ait entendu soupirer ou si c’est le fait de se croiser aux toilettes qui rend son regard si fuyant, mais peu m’importe. Je préfère la laisser dans l’expectative et ne rien faire pour confirmer quoi que ce soit. Ce n’est pas qu’elle soit moche mais je ne pense pas qu’elle serait intéressée par un type dans mon genre. Mais si elle a une imagination comme la mienne, elle se fera un petit plaisir ce soir en y repensant !

Pour ma part, j’ai un peu de boulot encore avant de pouvoir partir l’esprit tranquille.

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