(TESTA MENT) J'Y CROIS PAS (2)

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Le trajet en voiture se passe prestement et avant que je ne puisse me préparer mentalement, je me retrouve installée dans le cabinet du notaire. Assise comme les autres en demi-cercle autour d'un bureau de chêne, d'un immeuble chic, rue du quatre septembre, je patiente.

J'attends que maître Zeender, l'homme de loi et ami de longue date de mon grand-père nous fasse lecture des décisions prise par celui-ci. L'atmosphère dans la pièce est polaire et d'une franche hostilité. Tout le monde semble être au bord de la rupture, pareille à une grenade que l'on n'a pas encore dégoupillée.

À l'extrémité de ce rassemblement vénéneux, je me plais à observer l'attitude de chacun. Et comme supposé plus tôt, je constate que Diana, Françoise, Thierry et Ernest semblent faire front unis à l'inverse de Roger qui à côté de moi les ignorent presque.

Arnaud quant à lui, ne s'intéresse à personne et est d'un calme qui rendrait n'importe qui nerveux. Pour une raison que j'ignore, j'ai comme l'impression qu'il connaît les tenants comme les aboutissants de ce testament.

L'avocat finit par arriver, s'installe en face de nous, s'éclaircit la gorge et commence.

- Avant toute chose et au vu de certaines tensions, comme l'a voulu le testateur, j'aimerais clarifier un point.

Il rouvre un dossier, arrange quelques documents et lève les yeux sur nous.

- Pour éviter toute contestation de la part de sa famille et principalement de ses cinq enfants, Louis s'est décidé pour un testament authentique. Testament d'ailleurs certifié par deux notaires, en la personne de maître Henri Clément et de moi-même.

Sérieux, il poursuit ses explications.

- Le respect de la part héréditaire, de la part réservataire et des clauses testamentaires ayant été parfaitement respecté au regard de la loi sans vices de procédure ce testament est indubitablement inattaquable.

- Inattaquable, rétorque Diana comme un perroquet.

- En effet madame Castillon. Monsieur Laugier voulait éviter que ses biens soient un sujet de discorde après son décès. De fait, il a bétonné son testament afin d'éviter toute procédure judiciaire qui nuirait au respect de ses dernières volontés.

Cette annonce jette immédiatement un froid parmi le clan Laugier. Pour ma part, je me demande simplement pourquoi maître Zeender s'est senti dans l'obligation de nous faire part de cela. Or, je n'ai pas à attendre longuement pour connaître le sens de cet avertissement.

- Je sais que certains d'entre vous se demandent pourquoi je devais évoquer ce point en premier lieu

.

L'avocat toussote légèrement, clairement gêné par ce qu'il s'apprête à nous dire.

- Louis était avant tout un ami bien plus qu'un client de longue date. De fait, j'ai respecté sa volonté en protégeant les intérêts de sa petite fille Aélys Béatrice Laugier ainsi que l'homme qu'il considérait comme son fil spirituel Arnaud Lévi Allarence. Il a usé de tous les outils patrimoniaux à sa disposition fin d'avantager ses héritiers réservataires au détriment de ses héritiers héréditaires.

En entendant cela, cette vipère de Diana se lève et interroge de colère l'avocat.

- Que voulez-vous dire par avantager ses héritiers réservataires au détriment de ses héritiers héréditaires ?

Cette psychopathe de Diana continue son cirque et toise l'avocat avec le plus grand mépris. Mais complètement indifférent, le notaire lui répond quelque peu sèchement.

- C'est très simple madame Castillon. Après la souscription de contrats d'assurance-vie, le recours aux sociétés, l'utilisation du démembrement de propriété, il ne reste que cinq cent mille euros à partager. Ce qui ne vous laisse réellement que quatre cent dix-sept mille euros en réalité, car la quotité disponible va à Aélys Laugier.

Cette nouvelle annonce fait d'abord planer un silence glacial sur la pièce, avant que des murmures de révoltes sortent de la bouche de quatre enfants Laugier. Diana plus déterminée que les trois autres, déjà debout pleinement furieuse, tourne en rond de rage comme un poulet qui a perdu sa tête. Alors qu'oncle Roger et Arnaud restent sans réaction.

Cette fois incapable de me taire, je lève également, abasourdie par les actions de Papi Lou.

- Comment Papi Lou a-t-il pu faire ça ? dis-je très mal à l'aise.

J'essaye de réaliser que mon grand-père a pratiquement déshérité ses enfants, mais l'information reste bloquée au niveau de mon cerveau sans que je parvienne à l'intégrer.

L'homme que j'ai connu autrefois n'a jamais parlé en ce sens. C'est un véritable choc pour moi, car j'ai toujours été certaine qu'il ne m'aimait pas comme il aimait Viviana.

Pendant que je me fais cette réflexion, Diana ne se prive pas pour m'insulter.

- Espèce de petite salope ! Tu ne vaux pas mieux que cette traînée de Cassandre.

L'attaque sort à peine de la bouche de ma tante, que l'homme de loi abjecte âprement afin de ramener le calme dans son office.

- Mesdames, pouvez-vous vous asseoir s'il vous plaît ? Quant à vous madame Castillon, aucune injure d'aucune sorte ne sera tolérée dans mon bureau. Calmez-vous, je vous prie !

Le calme à nouveau revenu bien qu'une forte tension haineuse flotte dans l'air, l'avocat commence la lecture du document de la discorde.

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