Chapitre 8

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Les journées s’enchainaient pour la jeune fille, presque identique à avant. Presque. Elle n’était plus aussi seule durant ses journées de cours. Samiael, Samira étaient très souvent, voir même tout le temps avec elle. Mickaël était… étrange. Du moins aux yeux de la jeune femme, elle ne savait pas comment se comporter avec lui, ni sur quels pieds danser. Un jour, il pouvait être très ouvert, rire avec elle et l’autre l’ignorer presque tout la journée. Elle ne comprenait pas. Pourquoi y avait-il une telle distance entre eux ? Elle n’osait pas en parler et tachait surtout de ne pas s’y attarder. Mais malgré tout ce qu’elle pouvait se dire, elle ne pouvait s’empêcher de penser qu’elle avait fait quelque chose pour que le jeune homme soit aussi lunatique avec elle.

- Hey ! Talia ! dit Samiael en tapotant l’épaule de la jeune femme, tu viens boire un verre avec nous ?

- Je ne peux pas, je suis désolée… s’excusa-t-elle.

- Mais qu’est-ce que tu fais après les cours ? demanda Samiael curieux, tu ne viens jamais passer du temps avec nous en dehors des cours.

- Je sais… je suis désolée mais… je ne peux vraiment pas, je dois absolument y aller…, répondit la jeune femme mal à l’aise face aux reproches du rouquin.

- D’accord, une prochaine fois ?

- Oui… je viendrais un de ses quatre, c’est promis, dit la jeune femme adressant un timide sourire à Samiael avant de récupérer son sac et de sortir.

- Alors ? demanda Samira, s’approchant de Samiael, elle ne vient encore pas ?

- Ouais… je sais pas ce qu’elle fait… mais vous trouvez pas qu’elle a l’air fatiguée ?

- Si… soupira Samira. Je sais pas ce qu’elle nous cache mais ça doit être important.

Mickaël fixait la porte par laquelle Talia avait disparu,

- Sortez sans moi… Je vais rentrer, dit-il en se levant.

- Dis plutôt que tu vas la suivre, dit Samiael avec un rire devinant ses intentions.

- A d’main, répondit Mickaël en prenant son sac et pressant le pas sans pour autant démentir. Il voulait savoir où se rendait la jeune femme, pourquoi avait-elle l’air aussi fatigué et inquiète même si elle ne le montrait presque pas. Il était attentif à chacune de ses réactions malgré la distance qu’il mettait parfois entre eux. Il savait que cela la perturbait surement mais… Il ne pouvait pas s’en empêcher, s’il n’était pas parfois distant avec elle… Il ne savait pas ce qu’il ferait. Il avait trop envie de prendre soin d’elle et parfois une irrépressible envie de l’embrasser, de la serrer contre lui, le prenait. Dans ses cas-là, il partait parfois brusquement, mais là… Il voulait comprendre, comprendre et la protéger. Il ne savait pas ce qu’elle endurait mais… Il voyait que cela la rongeait alors il réussit rapidement à la retrouver, ses cheveux argents ne passant pas inaperçue au milieu des têtes brunes et blondes du lycée. Elle attendait le bus. Il se mit à une distance respectueuse de la jeune femme, sans pour autant la perdre de vue. Rapidement, les deux adolescents montèrent dans le bus, et un bon quart d’heure de bus, ils descendirent à leur arrêt. La jeune femme ne prit pas comme d’habitude le trajet pour retourner à leur lotissement, mais celui à l’opposé. Mickaël fronça les sourcils. Où allait-elle ? Il ne la voyait pas se rendre au lac à cette heure-ci, il allait bientôt faire nuit noire, et encore moins se rendre au skate parc. Il lui emboita le pas, un peu inquiet, il ne savait pas ce qu’elle faisait, peut-être travaillait-elle ? Mais en ce cas pourquoi ne leur disait-elle pas tout simplement ? Elle tourna au skate parc, remontant la rue avant de finalement tourner… A l’hôpital. Mickaël se figea devant le bâtiment, la regardant entrer. Que faisait-elle à l’hôpital ? Etait-elle malade ? Il attendit quelques minutes, profitant de l’instant pour se griller une cigarette, il fumait rarement, mais là… Il était inquiet et le geste le calmait. Il entra à son tour dans le bâtiment et se dirigea vers l’accueil.

- Bonjour, que puis-je pour vous jeune homme ?

- Bonjour, je cherche Mademoiselle Myrdyr…

- Talia ? dit la jeune femme surprise, elle est monté en visite… Dois-je l’appeler ?

- Non non, je l’accompagne, mentit aisément le jeune homme, pouvez-vous juste m’indiquer où elle est, elle n’a pas pensé à me dire où elle montait.

- Oh, répondit la femme à l’accueil, elle est montée à la chambre 318. L’ascenseur de droite, troisième étage. Vous donnerez votre nom à la personne au bureau.

- D’accord merci, répondit Mickaël avec un sourire, soulagé que la jeune femme ait été aussi sensible à son inflexion mentale. Il savait qu’elle ne lui aurait surement pas donné ses informations s’il ne l’avait pas incitée à l’aide d’une légère pression mentale. Finalement son don n’était pas si encombrant que cela, il pouvait s’avérer utile parfois. Il prit l’ascenseur, donna son nom une fois sur place et se dirigea vers la chambre. Il fut un peu surpris. L’unité de soin intensif et un mauvais pressentiment le tenait. Qui était donc ici ? Il arriva finalement devant la chambre 318. Une vitre laissait voir la jeune fille, assise près d’un homme qui semblait endormi. Il était âgé, d’une maigreur et pâleur maladive, il n’avait pas l’air en très bonne forme. Talia lui tenait la main, lui parlant. Il n’entendait pas ce qu’elle lui disait et ne chercha pas à utiliser son don pour savoir. Il avait un minimum de conscience malgré tout. Il s’assit dans le couloir et attendit observant la jeune femme sans être vu. Il la vit faire ses devoirs, travailler ses cours. Elle resta longtemps, jusqu’à ce qu’une infirmière vienne et entre dans la salle. Il vit Talia hocher la tête et se lever, serrant une dernière fois la main du vieillard avant de sortir de la chambre. Mickaël se leva, ne sachant pas vraiment ce qu’il allait faire, d’autant plus que Talia s’était figée en le voyant.

- Qu’est-ce que tu fais là ? demanda-t-elle d’une voix blanche et hésitante.

- Je m’inquiétais pour toi…

- Tu m’as suivi ? dit Talia un léger ton de reproche dans la voix.

- Oui. Je suis désolé.

Talia pinça les lèvres avant de commencer à marcher d’un pas vif, presque énervée.

- Tu n’avais aucun droit… dit-elle une fois dans l’ascenseur.

- Je sais. Mais je m’inquiétais pour toi tout comme Samira et Samiael.

- Oui mais eux ne m’ont pas suivi, lui reprocha-t-elle lui jetant un regard noir, c’est effrayant Mickaël. Tu t’en rends compte ? Et si je ne vous en avais pas parlé c’est que j’ai mes raisons ! dit-elle d’une voix devenant tremblante baissant le regard.

- Je m’en rends compte… Je suis vraiment désolé Talia, dit-il se serrant les poings pour se retenir de la prendre dans ses bras. Qui est-ce dans la chambre… ? demanda-t-il après qu’il soit finalement sorti de l’hôpital.

Talia resta un moment silencieuse. Elle était en colère, elle ne voulait pas leur en parler. Encore moins que Mickaël sache, elle n’avait déjà pas l’impression qu’il l’appréciait beaucoup alors pourquoi l’avait-il suivit ?! Elle pinça ses lèvres remettant son bonnet sur sa tête avant de finalement répondre,

- Mon oncle…

Mickaël eut un instant de surprise, son oncle ? Il resta silencieux avant de finalement poser la question qui lui brûlait les lèvres.

- Où sont tes parents Talia ?

- Cela ne te regarde pas, répondit la jeune fille en s’arrêtant et croisant les bras sur sa poitrine. Pourquoi tu es comme ça ? Pourquoi un jour tu es gentil et le lendemain tu m’ignores totalement ? Tu ne m’as pas adressé la parole depuis deux jours et là, aujourd’hui tu me suis et tu veux me connaître ? Il faut savoir ce que tu veux Mickaël ! dit-elle son ton montant au fur et à mesure qu’elle vidait ce qu’elle avait sur le cœur.

Parce qu’elle se sentait irrésistiblement attirée par lui, qu’elle voulait se confier à lui, mais elle ne voulait pas de sa pitié, elle voulait son amitié, qu’il l’apprécie. Pour la première fois de sa vie, elle voulait sortir de sa solitude, commencé à vivre pour elle, se faire des amis, sortir. Mais elle ne savait pas comment s’y prendre, ne savait pas comment faire pour gagner l’amitié de Mickaël. Elle avait été à la fois heureuse et en colère lorsqu’elle l’avait vu en sortant de la chambre. Elle ne savait pas comment en parler à Samira et Samiael, mais encore moins à Mickaël, d’autant plus au vue de son comportement. Pourtant… Elle était heureuse qu’il soit là avec elle. Elle avait l’impression de pouvoir lui parler, de tout, qu’il la comprendrait sans la juger mais elle n’osait pas, parce qu’elle n’arrivait pas à savoir ce qu’il voulait.

Mickaël s’arrêta, la regardant. Il voyait qu’il la blessait à agir comme il le faisait, il la blessait et cela lui faisait mal au cœur. Elle se braquait et ce n’était pas son objectif.

- Talia… commença-t-il, mais que devait-il lui dire ? Qu’elle hantait toujours ses pensées ? Ses rêves même ? Depuis des mois. Elle allait le prendre pour un fou. Elle ne devait déjà pas beaucoup apprécier d’être en sa compagnie, alors que lui-même la recherchait, d’une manière un peu étrange certes, très certainement pas logique, mais il la recherchait autant qu’il la fuyait. Il voulait la connaître, savoir si ce qu’il avait rêvé d’elle était vrai. Voulait la voir rire, sourire, aimer peut-être ? Même si l’idée lui paraissait totalement incongrue. Il la regarda avant de dire.

- Je suis désolé de me comporter comme ça… Mais je ne sais juste pas comment réagir avec toi, dit-il, ce qui était vrai. Il n’arrivait pas l’entendre ses pensées, il se rendait compte qu’il se reposait beaucoup trop sur ses dons dans sa vie de tous les jours et cela le gênait, il ne pensait pas dépendre autant d’eux, mais il avait fallu que Talia arrive pour qu’il s’en rende compte.

- Mais sois toi-même ! Tu n’es jamais différent avec Samira et Samiael, si tu ne m’apprécies pas dis le directement ! Finit par lâcher l’adolescente.

Mickaël la regarda les yeux ronds.

- Tu crois que je ne t’apprécie pas ? Finit-il par dire. Putain, il n’arrivait pas à y croire. Elle pensait qu’il ne l’appréciait pas.

- Je ne sais pas ce que je dois croire… mais c’est ce que tu laisses penser, répliqua la jeune femme avant de reprendre son chemin alors que les portes de l’ascenseur s’ouvraient.

Mickaël resta figé quelques instant avant de s’élancer vers Talia et de l’enlacer, la serrant de toutes ses forces contre lui, il avait peur de la briser en deux.

- Putain, Talia, ne penses plus jamais que je ne t’apprécie pas… dit-il en enfouissant son visage dans le cou de la jeune fille. Il huma son odeur ; douce et florale, s’imprégna de la forme de son corps contre le sien, elle était vraiment minuscule et petite, elle lui arrivait à peine à l’épaule s’il se tenait droit. Elle s’était raidit, avant de se détendre. Il avait l’impression qu’elle tremblait entre ses bras.

- Je t’apprécie énormément Talia, reprit-il. Il ne savait juste pas comment l’exprimer avec elle. Il savait que c’était dangereux ce qu’il était en train de dire, mais… Il ne voulait pas lui mentir sans pour autant vouloir se pencher sur l’attirance qu’elle exerçait sur lui.

Talia se mordit la lèvre, devait-elle le croire ? Elle ne savait pas, n’était pas sûre de vouloir s’attacher, pourtant… pourtant elle avait envie de s’attacher, d’avoir des amis, d’être un peu plus « normale » de rentrer un peu dans le moule. Elle ferma les yeux, parcourut de tremblement avant de serrer les bras de Mickaël qui l’entourait.

- Mickaël… murmura-t-elle, d’une voix essoufflée.

- Oui ?

- Je… Tu me serre trop fort… Je… J’étouffe.

L’étreinte de Mickaël se desserra mais il ne lâcha pas la jeune fille, les voitures passaient non loin d’eux. Sous le pont, il serrait la jeune femme contre lui, indifférent au monde autour de lui. Talia était un peu mal à l’aise mais petit à petit elle se détendit, au bout d’un long moment la jeune femme était presque amorphe dans les bras de Mickaël, elle avait l’impression que plus rien ne pouvait l’atteindre dans le cocon de ses bras pourtant elle finit par dire,

- Il faut que je rentre Mickaël… Alban va s’inquiéter…

- Oui… Je sais… Viens, dit-il la lâchant finalement avant de passer devant elle, il se tourna vers elle, lui souriant, je vais faire des efforts pour essayer d’être naturel... Mais fait de même d’accord ?

- D’accord.

- Tu veux bien répondre à ma question de tout à l’heure ?

- Sur mes parents ? dit Talia d’une voix hésitante, au hochement de tête de Mickaël, elle inspira avant de dire, ils sont morts… je n’ai plus que mon oncle.

Mickaël sentit sa gorge se serrée. Il se sentait mal d’avoir trop insisté mais fut aussi touché qu’elle ait finalement accepté de lui en parler. Il sentait que cela lui coutait beaucoup de lui parler de sa famille, de parler tout court même.

- Je suis désolé…, murmura-t-il regardant la jeune fille qui continuait de marcher près de lui, les yeux brillants, les joues rougies par le froid, un masque presque impassible sur le visage, il est en hôpital depuis longtemps… ? demanda-t-il.

- Quelques semaines… et une semaine en soin intensif… dit-elle, on attend qu’il se réveille…

- Je vois, répondit l’adolescent en regardant devant lui, un sentiment de malaise et mitigé grandissant en lui. Si… tu ressens le besoin de parler ou quoi que ce soit… tu sais qu’on sera là n’est-ce pas ? dit-il en la regardant à nouveau.

Talia se figea. Tu sais qu’on sera là. La phrase la touchait, bien plus qu’elle ne le pensait. Pouvait-elle compter sur eux ? Alors qu’elle ne leur avait parlé de presque rien ? Qu’ils ne connaissaient presque rien d’elle ? Du moins, rien de très personnel…

- Vous ne me connaissez pas… Vous ne savez rien de moi… murmura-t-elle, d’une voix plus faible qu’elle ne le pensait, comment peux-tu dire ça ?

- Parce que ce que je connais de toi…, il s’arrêta cherchant ses mots. Il aimait ce qu’il voyait d’elle, ce qu’il connaissait d’elle. Il aimait la personne qu’elle était, sa personnalité, sa timidité aussi, elle était avait une retenue touchante, presque candide. J’apprécie beaucoup ce que je connais de toi, je sais que je n’en donne pas l’impression, je… ne sais juste pas comment l’exprimer, mais je veux t’aider, je veux que tu me vois comme un ami, un ami sur lequel tu peux compter, et je sais que Samira et Samiael seront là pour toi, parce que tout deux t’adorent. Enormément.

La jeune femme resta silencieuse de longues secondes, et si Mickaël ne la regardait pas attentivement, il aurait surement cru qu’elle était insensible à ce qu’il lui disait. Mais son visage lui parlait, parce qu’il le connaissait sur le bout des doigts, il lisait en elle comme dans un livre ouvert. Il toucha doucement la peau dévoilée de sa main… et le monde explosa. Peur, joie, confusion, envie… Les sentiments qui se succédaient en Talia explosèrent dans l’esprit de Mickaël. Il chancela percuté par l’effet, et se raccrocha à la main de la jeune fille, la serrant comme si sa vie en dépendant alors que ses pensées passaient en lui. Il était chamboulé, elle pensait vraiment tout cela ? Sa peur de perdre les précieuses amitiés qu’elle construisait, son incompréhension face au fait qu’ils restent avec elle, son envie de croire Mickaël lorsqu’il lui parlait, ses inquiétudes par rapport à son oncle. Tant et tant de pensées tourbillonnaient dans l’esprit de la jeune femme et passaient dans celui de Mickaël qu’il eut peur de se perdre.

- Mickaël ? Lança la voix cristalline de Talia. Mickaël ? répéta-t-elle en voyant qu’il ne réagissait pas, l’inquiétude commençant à poindre. Le jeune homme cligna des yeux, ramené à la réalité.

- Talia… dit-il d’une voix vague, rauque et essoufflée, comme s’il venait de faire de l’apnée. Comment ne tournes-tu pas folle ? s’entendit-il demander.

- Pardon ? répondit-elle confuse.

- Tu as tellement de pensées… Comment… ?

Talia cligna plusieurs fois des yeux. Ses pensées ? Qu’est-ce qu’il racontait ? Elle écarquilla les yeux.

- Arrête. Arrête ! dit-elle plus violement rompant le contact physique entre eux. Tu n’es pas drôle ! dit-elle croisant les bras autour de son buste avant de se remettre à marcher.

Mickaël grimaça. Elle redevint totalement silencieuse une fois le contact rompue, mais cela l’intriguait. Puis ce qu’il avait penser à voix haute le frappa au visage. Comment allait-il expliquer cela, il inspira.

- Je ne rigole pas Talia… dit-il mais la jeune femme avançait sans l’écouter, Talia ! dit-il en la rattrapant.

- Tu ne sais certainement pas à quoi je pense Mickaël, dit-elle d’une voix plus sèche, je ne te permets pas de… il la coupa,

- Talia, je peux savoir. Vraiment. Ce n’est pas une blague, Samira et Samiael le savent… J’entends tout, tant par l’ouïe que par l’esprit… dit-il le cœur battant. Il savait qu’il jouait quitte ou double, ou elle le croyait, ou elle le prenait pour un fou et s’enfuyait en ne voulant plus jamais le revoir. Il vit le visage de Talia devenir perplexe. C’était plutôt une bonne chose en soi, du moins il l’espérait. Il ne savait pas ce qu’elle pensait, du moins… par sans la toucher apparemment.

- Tu entends à quoi je pense là maintenant ? demanda-t-elle d’une voix hésitante alors qu’ils arrivaient à l’entrée du lotissement.

- Non, tu m’es silencieuse… Je ne t’avais jamais entendue avant… que je ne te touche.

Elle se mordit la lèvre, n’arrivant pas à le croire. Comment cela pouvait-il être vrai ? Mais… cela serait possible non ? Si elle-même voyait les morts, sentait plus de choses que les autres… Peut-être pouvait-il réellement entendre ses pensées. Elle avait cependant du mal à y croire. Elle le vit soudain tendre la main.

- Tu veux bien… me donner ta main ? demanda-t-il, elle hésita un instant avant de glisser sa main dans la sienne, ta main est froide… dit-il se concentrant d’abord sur les sensations physiques, pense à ... quelque chose de précis, dit-il après un instant.

La jeune femme hocha la tête, concentrant ses pensées sur une seule, elle vit un mince sourire étiré les lèvres de Mickaël.

- Ca je peux t’en faire un… j’ai même des guimauves à mettre dedans, dit-il.

Talia écarquilla les yeux,

- Oui, je sais faire un chocolat chaud ! rit-il devant sa mine surprise, bon peut-être pas aussi bon que celui auquel tu penses mais… Je sais le faire.

Elle ouvrit la bouche sans qu’aucun son ne sorte.

- Oui, j’ai tendance à faire cet effet-là…, dit-il avant qu’il ne dise, ne pars pas en courant… s’il te plait… J’essaie de ne jamais lire les pensées de mes proches, j’arrive à le faire, à bloquer tout le monde autour de moi… Avec toi, je n’ai pas besoin de le faire, il n’y a que si je te touche… à même la peau, dit-il après avoir pris son poignet couvert par son long manteau, que j’arrive à t’entendre. Je…

- Je te crois… dit Talia en levant enfin les yeux vers lui, je te crois et… je ne vais pas m’enfuir en courant, dit-elle. Son cœur battait la chamade. Je… je dois rentrer, bredouilla-t-elle. Ils étaient arrivés depuis quelques minutes devant leur domicile respectif, mais sans rentrer. Elle était perturbée, par trop de choses. Elle avait besoin de se retrouver seule, avec ces pensées, sans qu’on ne l’espionne.

- Talia… commença Mickaël, il avait l’impression de dépasser les bornes mais… Il voulait savoir. Parles-moi… dis-moi ce que tu penses… demanda-t-il assez paradoxalement. Il n’avait jamais eu à le faire. Il voulait savoir il entrait dans l’esprit de la personne avant d’en ressortir sans que personne ne s’en rende compte.

- Je… ne sais pas, répondit la jeune femme, c’est… irréaliste mais pourtant… Je te crois. Je… j’ai envie de te faire confiance, de… te connaître plus… J’ai l’impression de te connaître depuis longtemps mais…

- Mais cela te paraît impossible c’est ça ?

- Oui…

- J’ai le même sentiment, j’ai l’impression de te connaître depuis toujours, je te promets que tu peux avoir confiance en moi Talia. Ce qui était assez paradoxale, il la connaissait tout du moins en partie, grâce aux rêves qu’il avait eu.

- Je sais… Ce n’est pas toi le problème, c’est moi, dit-elle avant d’inspirer, je dois vraiment rentrer… dit-elle avant de regarder la maison, à demain… dit-elle en jetant un regard à Mickaël sans pour autant oser l’embrasser sur la joue.

- D’accord, dit Mickaël un peu déçu, il voulait parler avec elle, avait des centaines de questions à lui poser, mais il n’en fit rien, à demain Talia, répondit-il.

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