Chapitre 9

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Gaël pianotait des doigts sur son bureau. Il lui avait résisté bien plus qu’il ne le pensait. Sam n’était pas aussi faible qu’il le pensait. Pourtant il avait presque réussi. Presque. Il était passé deux doigts de dire adieu à son ennemi, mais cet homme, ce Merlinois avait eu la présence d’esprit d’appeler à l’aide. Quel cauchemar. Il n’aurait pas dû le sous-estimé autant, il s’était laissé convaincre que parce qu’il était âgé, n’avait pas utilisé ses dons comme lui, il était faible mais le vieux était fort, bien plus que ce qu’il avait cru au départ. Il ne se ferait pas avoir deux fois, la prochaine fois il serait prêt et réussirait. Il fallait que cet idiot soit éveillé ! Il savait que Sam Myrdyr reconstituait ses forces à rester ainsi endormi, dans ce coma, et ne pouvait pas agir, pas pendant le sommeil du vieil homme. Il se leva faisait les cents pas dans son bureau. Comment allait-il bien pouvoir faire ?

- Père ? Lança la voix flutée de sa fille.

- Oui ? dit-il en se tournant vers elle.

- Vous semblez préoccupé…, y’a-t-il quelque chose que je puisse faire pour vous aider ?

- Tu en fais déjà suffisamment mon enfant, dit-il en s’approchant d’elle et caressant avec douceur la joue de la jeune femme. La douceur et la tendresse qu’il avait envers sa fille contrastait avec la cruauté et la sévérité dont il faisait habituellement preuve.

- Mais je veux vous aider autant que je le peux ! protesta la jeune femme, voyant parfaitement que son paternel était plus préoccupé qu’il ne le laissait voir. Elle s’inquiétait, et si cette vengeance lui faisait aussi perdre son père ?

- Raconte-moi ce que tu as appris de l’enfant au lycée, finit par lui dire son père en l’invitant d’un geste à s’asseoir sur les fauteuils confortables non loin de l’ancienne et colossale cheminée qui occupait presque tout l’espace de son bureau.

La jeune femme aux cheveux violets s’assit prenant le temps de trouver une position confortable avant de commencer son récit.

- Et bien, elle est arrivée au lycée comme vous l’aviez prédit, son tuteur l’a fait transférer je suppose. Elle est assez en retrait, n’ose pas vraiment se mêler aux personnes de sa classe. Je n’ai pas encore pu lui adresser la parole, le trio des trois autres l’entour tout le temps même si j’ai l’impression qu’il y a quelques choses de plus complexes entre Mickaël et elle, elle s’arrêta, son regard vairon croisant celui de son père. C’est à lui qu’elle est lié n’est-ce pas ? dit-elle une légère tristesse transparaissant dans sa voix.

- Oui, répondit-il sans ciller, tu comprends pourquoi je t’ai dit que t’enticher de lui serait vint ?

- Oui Père, dit-elle avant de reprendre, elle s’isole beaucoup, parle peu mais elle s’accroche peu à peu à eux. J’ai l’impression qu’elle sent que quelque chose les connecte mais qu’elle n’arrive pas à comprendre quoi, je ne sais même pas si elle a conscience de ses dons Père.

- Elle en a conscience, elle les utilise chaque jour, cela lui semble aussi normale que respirer mais elle cache bien son jeu, rappelles-toi qu’elle a été formé par Samwell Myrdyr. Il ne lui a peut-être pas révéler que tout ce qu’elle apprenait, ce qu’elle faisait était pour forger ses pouvoirs, les affuter mais tu peux être certaine qu’il l’aura formée même si elle n’en a pas conscience.

- Je vois… dit-elle pensive, c’est donc la raison pour laquelle je n’arrive pas à la sonder ? demanda-t-elle, jouant avec un fils du fauteuil pensive.

- Très certainement, tu vas devoir devenir son « amie », dit-il les guillemets s’entendant dans la voix de Gaël, je sais que je t’en demande beaucoup Astrid… dit-il.

- Il n’y a rien que je ne ferais pour vous Père, dit-elle. Je saurais me rapprocher d’elle, en apprendre suffisamment sur elle pour qu’elle me fasse confiance… ensuite… nous l’abattront.

- Non ma fille, pire.

- Pire ?

- Nous la trahirons, elle aura une douleur telle… Qu’elle se libérera, et la magie de Merlin ne sera plus que fusion avec les éléments. Nous serons le seul clan à pouvoir manier la magie celte ma fille.

- Et l’équilibre ? demanda la jeune femme sachant très bien qu’il y aurait un sérieux problème.

- Cela ne sera pas un problème, répondit Gaël, Morgane aimait le chaos mon enfant, c’est par-là même qu’elle faisait tout pour faire le bien.

- Je vois… répondit la jeune femme, un sourire glaciale étirant ses lèvres, un monde de Chaos… elle inspira, Mère serait fière ?

- Très, répondit Gaël sans la moindre hésitation. Je suis moi-même très fier de toi.

Astrid sentit son cœur de gonfler de joie. Elle aimait son père, plus que tout, se pliait à toutes ses exigences depuis qu’elle était en âge de comprendre. Elle voulait le rendre fier, et réussirait à tout prix sa mission. Père et fille discutèrent une longue partie de la journée. Gaël finissant par expliquer les difficultés qu’il rencontrait avec Samwell Myrdyr.

- Il suffit de le rendre plus amorphe Père, dit-elle, qu’il soit constamment sous-sédatif, amorphe, son esprit si malléable que vous pourrez lui faire faire tout ce que vous désirez, dit la jeune femme.

- Je sais bien, mais il faut tout de même trouver des raisons plausibles, nous ne devons pas alerter plus que nécessaire la gamine ou son tuteur.

- Je vois… problème épineux, répondit pensivement Astrid.

- Oui… Il regarda à l’extérieur, le soir tombant sur la vallée, nous ferions mieux d’aller nous coucher ma chère, la nuit porte conseil, espérons qu’elle soit bonne conseillère cette fois-ci.

Elle hocha la tête, avant de se lever gagnant sa chambre. Demain, elle devrait commencer à réfléchir à la façon dont elle aborderait Talia. Il fallait qu’elle commence à se rapprocher de la merlinoise… En espérant que ses dons ne soient pas suffisamment développés pour qu’elle se méfie d’elle plus que nécessaire.

Talia s’adaptait petit à petit à sa nouvelle vie. Elle s’attachait peut-être trop rapidement à ses nouveaux amis mais surtout, sortait. Elle avait finalement accepté de sortir boire un verre avec eux après les cours, ce qui avait ravi le petit groupe d’ami. Lorsque la sonnerie retentit, ils se dirigèrent vers le bar le Podium situé à trois minutes du lycée. Ils s’installèrent à une table non loin du chauffage. L’ambiance était au jeu, chaleureuse, un peu duveteuse. Talia retira son bonnet puis son écharpe, ne gardant que son manteau.

- Vous voulez boire quoi ? demanda Samiael, c’est moi qui invite !

- Comme d’hab, une bière, répondit Mika.

- Une cappuchino pour moi, dit Samira,

- Et toi Talia, tu veux boire quoi ?

- Euhm… un chocolat chaud, s’il te plait, dit-elle à mi-voix. Elle était un peu gênée et en même temps contente d’être ici, même si elle culpabilisait un peu, elle aurait aimé voir son oncle mais elle pourrait toujours y aller ensuite non ? Elle regarda un peu dans le vague lorsqu’elle sentit la main de Mickaël se poser sur son bras.

- Tu veux que je t’y dépose après ? proposa-t-il comme s’il devinait ses pensées.

- Où ? dit-elle un peu surprise, avait-il lu ses pensées ? Il lui avait pourtant dit qu’il ne l’entendait pas !

Samira discutait avec une jeune fille à la table derrière eux, Mickaël chuchota donc,

- A l’hôpital, tu culpabilises de ne pas aller directement le voir je me trompe ?

Talia se mordit la lèvre avant de hocher la tête,

- Je veux bien…, dit-elle en souriant timidement.

- Messieurs-dame sont servi ! s’écria Samiael en revenant avec un plateau.

- Merci ! dirent les trois amis en cœur.

- Samiael… tu t’es trompé, dit Talia en voyant sa boisson.

- Nop ! Tu aimes ça non les liegeois ?

- Oui… répondit-elle, mais…

- Pas de mais ! dit le jeune homme en s’asseyant et prenant sa propre bière, cadeau, pour la première sortie que tu fais avec nous !

- Merci… dit la jeune fille en rougissant avant de tremper les lèvres dans sa boisson, serrant ses mains autour. Elle était gelée. Elle écouta les trois amis discuter, un sourire léger aux lèvres. Elle aimait l’ambiance toujours joyeuse qu’il y avait avec eux, elle avait le sentiment de pouvoir tout accomplir avec eux, d’être chez elle presque à sa place, même si cela ne faisait que quelques semaines qu’elle les connaissait.

- T’en penses quoi Talia ? demanda Samira en tournant la tête vers elle.

- Pardon ? Vous m’avez perdue, dit-elle un sourire gênée aux lèvres. Un rire fusa des lèvres de la jeune lolita, sur le fait que monsieur bouchon nous donne trop de devoir d’après Samiael.

- Ah, je ne sais pas, je fais tout d’avance du coup… je trouve pas que ce soit tant que cela, dit-elle.

- Tu fais tout d’avance ?!

- Bah oui… J’ai rien d’autres à faire une fois chez Alban, dit-elle ou à l’hôpital pensa-t-elle.

- Ah ouais, c’est la joie chez toi ma poule, rit Samiael.

- On peut dire ça… Mais en soi ce n’est pas énorme, il n’y a qu’un résumé de lecture à faire par semaine.

- Et un chapitre à lire surtout en plus des exos qu’il donne !

- T’as qu’à finir tes exos en cours, le taquina Talia, et le chapitre tu lis trois pages recto-verso par jour et tu l’as fini le samedi soir ! rit-elle.

- Pfff…, spèce de fondue du travail ! lui dit Samiael en buvant une gorgée de bière. Plus sérieusement vous faites quoi ce week-end ? demanda-t-il se balançant sur sa chaise.

- Tu vas tomber, dit Samira. Sinon je n’ai rien de spéciale de prévue.

- La même, sauf si mon père tente encore de nous prendre ce week-end avec ma sœur et qu’on doit se battre pour dire non.

- Ca ne s’est pas arrangé ? le questionna Samira.

- Non…, et il ne veut pas comprendre qu’on ne veut pas le revoir et le juge n’a pas redonner de verdict, ni en sa faveur mais pas non plus l’inverse. Du coup… il essaie une semaine sur deux de venir nous chercher.

- Je vois, relou, soupira Samiael. Et toi Talia ? Tu fais quelque chose ce week-end ?

- Et bien… commença la jeune femme cherchant comment s’expliquer, je… oui j’avais quelque chose de prévu… Mais…

- C’est important où cela peut-être reporter ? demanda Samiael.

- Je… il faut que j’y passe mais tout dépend de ce que tu avais prévu… dit l’adolescente.

- Je voulais qu’on monte à Annecy, y’a des animations ce week-end. On y passerait la journée si ça vous tente.

- Je suis carrément partante ! dit Samira.

- Je te redirais, dit Mickaël.

- Je… je dois avoir avec Alban, dit Talia, cherchant à gagner un peu de temps. Elle avait vraiment envie de sortir avec le groupe mais en même temps elle avait peur, pouvait-elle s’amuser alors que son oncle était à l’hôpital ? Elle sentit le regard de Mickaël sur elle.

- Tu devrais leur dire, dit-il à mi-voix.

Le regard bleu glace de Talia se tourna vers lui. Elle avait peur, et si elle leur en parlait comment prendrait-il la chose ? Comment…

- Tu devrais nous parler de quoi Talia ? demanda Samira d’une voix douce, tu peux tout nous dire tu sais…

La jeune fille se mordit la lèvre avant de dire,

- Mon… oncle…, je vais le voir ce week-end… Je… tous les soirs après les cours en fait, je… il est à l’hôpital, bafouilla-t-elle, et… j’avais prévu d’aller le voir ce week-end… murmura-t-elle.

- Oh. Je vois… Tu penses qu’il t’en voudrait si tu ne passes que le soir ? On rentrera pas trop tard pour que tu puisses y aller en ce cas.

Talia regarda ses mais, les yeux brillants,

- Je… je pense qu’il n’y verrait aucun inconvénient… Je serais vraiment contente de passer le week-end avec vous, murmura-t-elle.

- Alors on fait comme ça ! dit Samiael avec un grand rire en terminant sa bière. Il regarda sa montre, bon va falloir que j’y aille, je commence bientôt. Il se leva et déposa un baiser sur le front de Samira avant de saluer les deux autres, à d’main !

Samira le regarda partir pensive.

- Bon. Tu nous raconte ou pas ? dit Mickaël un sourire amusé aux lèvres.

- Racontez quoi ? dit Samira l’air de rien.

- Avec Samiael.

Les joues de la jeune fille se colorèrent de rouges, alors qu’elle plongeait le nez dans son cappuccino. Talia rit amusée,

- Vous êtes ensemble ? demanda-t-elle les yeux brillants.

- Je ne sais pas mais… On s’est embrassé.

- Ca on avait devinez ! rit Mickaël, Samira… ajouta-t-il plus sérieusement.

- Oui, je sais, il faut que… qu’on parle.

- Oui. Tu le connais.

- Comment ça ? dit Talia.

- Il a tendance à être volage, dit Samira, il peut… jouer avec les filles et en changer comme on change de chemises…

- Oh…

- Mais ces deux idiots s’aiment depuis des années sans réussir à se l’avouer surtout… Et je veux pas qu’ils se fassent du mal, dit Mickaël en regardant Samira.

- Je sais à quoi m’attendre, dit Samira, je ne m’attends à rien du tout d’ailleurs.

- Oh… Samira, dit Talia en posant une main sur celle de la jeune femme, ne doute pas, les hommes sont parfois idiots… Mais lui, il tient à toi, cela se voit.

- Talia, comment peux-tu dire ça ? Tu ne nous connais que depuis peu.

- Je vous observe, tous depuis le début où vous m’avez accueilli et il tient à toi, à la façon dont il te regarde, dont il est lorsque tu parles avec d’autres hommes, il est clairement amoureux de toi, il ne sait juste pas comment te l’exprimer, rit-elle.

Samira lui sourit doucement

- Elle a raison, Sasa, dit Mickaël, je ne compte plus le nombre de fois où il est venu me parler de toi, il t’aime clairement, mais il a peur de ses propres sentiments… Alors parler tous les deux, ne vous faites pas du mal bêtement.

- Micka… Talia…

- File, dit la jeune femme, en poussant son amie, va le voir.

La brunette n’hésita pas longtemps avant de saluer ses amis et de partir à grand pas rejoindre Samiael. Il prenait le bus, avec de la chance elle le rattraperait avant qu’il ne soit dedans.

- J’espère qu’ils vont être ensemble… murmura Talia pensive.

- Je n’en doute pas, dit Mickaël en ébouriffant les cheveux de la jeune femme, allez, finis ton choco, je t’emmène.

- Mais tu as une voiture ?

- Ouais, j’ai la voiture aujourd’hui, ma mère me l’a laissé.

- Tu as ton permis ?

- Ouais depuis quelques jours maintenant.

- Oh ! Mais tu ne nous a rien dit !

- J’voulais vous faire la surprise, rit-il. Allez, attends-moi, je vais chercher la voiture, reste au chaud il caille.

- Je vais t’attendre devant, dit Talia en se rhabillant après avoir fini son chocolat chaud. Elle sorti avec Mickaël, serrant son sac contre elle avant de patienter.

- Excuse-moi… tu aurais du feu ? demanda une jeune femme en s’approchant de Talia.

- Oh non, pardon, je ne fume pas.

- Oh merde… tant pis, tu attends quelqu’un ? demanda la jeune femme en rangeant sa cigarette.

- Oui… j’attends un ami…

- D’accord, je vais attendre avec toi, les mecs sont parfois cons avec les filles toute seule, surtout lorsqu’elles sont aussi mignonnes que toi !

- Euhm… Merci… dit Talia un peu mal à l’aise.

- Je m’appelle Astrid et toi ?

- Talia…

- C’est jolie, répondit Astrid avec un sourire amicale. Elle sentait la méfiance de Talia, mais au moins, elle avait réussi à établir le contact. Une voiture se gara devant elle,

- Tu viens Talia ? dit Mickaël par la fenêtre ouverte.

La jeune fille hocha la tête,

- Au revoir… et merci…, dit-elle à l’adresse d’Astrid, désolée pour le feu.

- C’est rien, au revoir ! dit Astrid avant de se diriger vers un autre groupe.

Mickaël démarra et s’éloigna, Astrid les observa, un sourire fugace sur les lèvres. Maintenant que le contact était établi… Elle allait pouvoir se rapprocher de la jeune femme.

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