Chapitre 1 (repris)

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José claqua la porte de la voiture et fit grincer le démarreur. Kader se crispa lorsqu’il entendit la boite de vitesses craquer et les roues patiner dans la boue. Il détourna la tête et se focalisa sur le cadavre qu’ils venaient juste de ramener sur la berge du fleuve. Il retrouvait ses automatismes et observait soigneusement tous les détails de ce corps qui avait dû être magnifique.

Il remarqua qu’elle ne devait sûrement pas manger à sa faim, étant donnée sa maigreur.

La vue du corps lui faisait remonter en mémoire des visions abominables.

Elle était juste vêtue d’une robe en tissu imprimé, à fleurs sur fond jaune, qui était en lambeaux.

Des enfants, des femmes, des vieillards assassinés.

L’étiquette de la robe avait été coupée.

Des flaques de sang, qui partaient des cours intérieures et coulaient jusque dans les rues.

Il jeta un bref coup d’œil sur la tête et ce qu’il vit confirma sa première impression : les traits du visage avaient été effacés à l’acide.

Des dépouilles criblées de balles.

Sa figure n’était plus qu’une brûlure informe.

Il entendit à nouveau les cris de cette mère portant son jeune fils assassiné.

Les oreilles et le cartilage du nez avaient été dissous.

Des femmes pleurant le décès de leur mari, de leur père, de leur fils.

Il vit que la boite crânienne avait été enfoncée, sans doute avec un objet contondant à l’arrière droit.

Des images d’autobus scolaires mitraillés.

Il examina rapidement les membres supérieurs et nota que les empreintes digitales avaient, elles aussi, été rongées par de l’acide. Il remarqua des traces de liens autour des poignets.

Des cadavres décapités dans les cours des immeubles.

Ces flashs, mêlés à cette vision sordide, lui firent tourner la tête. Il dut s’asseoir sur une souche voisine pour ne pas s’effondrer et sentit les larmes lui monter aux yeux.

Abdel, Karim et Luigi arrivèrent à la hauteur de Kader. Apercevant le cadavre défiguré, ils furent comme frappés de stupeur. Luigi se signa de nouveau et Abdel se mit à pleurer, lui aussi, devant ce corps si jeune qui avait eu une fin si horrible. Il avait une fille âgée de dix-sept ans et ne pouvait pas s’empêcher de penser à elle devant ce tableau macabre. Karim prit Abdel par les épaules. Puis de sa main droite, il saisit son chapelet et se mit à réciter doucement des versets du Coran. Luigi marmonnait une prière, sans doute le « Je vous salue Marie »…

Soudain, ils entendirent tous les quatre une sirène approcher. José avait dû croiser les gendarmes sur la route pour arriver aussi vite. Ils les trouvèrent ainsi, Kader assis à côté du corps, comme groggy, Luigi en train de prier et Karim soutenant Abdel en larmes.

Les gendarmes se présentèrent, Scymanczky, maréchal des logis-chef, et un auxiliaire nommé Juliot. Le plus gradé, malgré sa petite taille, avait une autorité naturelle qui fit s’écarter les hommes se tenant sur la berge. Kader se redressa un peu. Il n’avait jamais vu ces deux-là. À peine eut-il aperçu le cadavre, l’auxiliaire s’écarta en chancelant. Il était devenu tout blanc, presque vert. Il s’éloigna pour aller vomir en s’appuyant sur un arbre. Le gradé sortit son carnet et commença à noter ses observations sur l’état du corps. Ses observations étaient les mêmes que celles faites par Kader. Il appela son auxiliaire et lui demanda d’alerter la BRDIJ[1] ainsi que les TIC[2].

Le sous-officier se tourna vers les hommes qui restaient à une distance respectueuse.

  • Alors, qui a découvert le corps en premier ?
  • C’est Kader, je l’ai vu se diriger vers la berge. Je me demandais bien où il allait. Il est tombé en y allant et j’ai été l’aider à se relever, expliqua José qui venait d’arriver, et c’est là qu’on a vu que c’était un pied humain. Alors on est entré dans l’eau tous les deux et on l’a sorti. Et puis Kader m’a donné les clefs de sa voiture, pour aller vous prévenir, et je vous ai trouvé sur la route.

Le gendarme se tourna vers Kader, attendant qu’il complète ces propos. Mais malgré cette instance, Kader restait muet, comme groggy.

  • Et votre collègue, il ne parle pas ? demanda le maréchal des logis.

Gêné, José reprit :

  • Ben si d’habitude, il parle, pas beaucoup, mais il parle. Ça a dû lui faire un choc, cette découverte…. Qui sait ce qu’il a vu ou vécu en Algérie, avant de venir ici, répondit José. Et puis en tombant, il a reçu un coup à la tête.

Kader se sentait dans un état second, ne sachant plus bien quelle était la réalité, de ce corps ou de ses visions d’horreur extraites de ses souvenirs.

Les pompiers d’Agen ne tardèrent pas à arriver, suivis de peu par une voiture de la BRDIJ, accompagnés par le véhicule des TIC d’Agen. Tous les gendarmes et pompiers se mirent au garde-à-vous devant la femme qui descendit de sa Clio. Puis le maréchal des logis chef déjà présent s’approcha d’elle :

  • Mes respect mon adjudant, c’est nous qui sommes arrivés sur place les premiers, alertés par celui-ci, fit-il désignant José. C’est lui qui a découvert le corps, désignant à son tour, Kader.
  • Merci Scymanczky.

Visiblement, ils se connaissaient tous les deux. Marie Jeandreau avait la réputation de ne pas être très commode, professionnelle et très intelligente, mais assez « pète-sec ». Elle avait en outre été nommée adjudant quelques semaines auparavant.

  • Je prends la suite maintenant. Vous voulez bien baliser la zone, que personne d'autre ne la piétine ?

Penaud de ne pas y avoir pensé immédiatement, le premier gendarme arrivé sur les lieux appela son auxiliaire et tous les deux déroulèrent une bande jaune estampillée « gendarmerie nationale, enquête en cours » de façon assez large autour de l’endroit où le corps avait été repêché.

  • Alors, fit l’adjudant en s’adressant aux deux hommes qui avaient extrait le corps de l’eau, racontez-moi.

Avec la même confusion que précédemment, José narra de nouveau leur découverte et remontée du cadavre.

  • Et puis Kader m’a donné les clefs de sa voiture, continua-t-il, pour aller prévenir la gendarmerie et j’ai trouvé vos collègues sur la route, en désignant les deux gendarmes balisant la zone.

Elle nota tout cela dans son carnet puis, se tournant vers Kader :

  • Et vous ? Rien à ajouter sur ce qu’a dit votre collègue ?

Toujours incapable de prononcer un mot, Kader fournit un effort pour arriver à secouer la tête, afin de lui faire comprendre que non, il n’avait rien de plus à dire. De toute façon, même dans le cas contraire, il n’aurait pas pu.

Un des deux techniciens présent vint faire son premier rapport à l’adjudant. Rien de plus que ce que Kader avait pu constater lui-même : l’arrière de la boite crânienne enfoncée, les traces de liens aux poignets ainsi qu’aux chevilles, la figure informe et les empreintes effacées à l’acide. L’hypothèse de l’accident était écartée. On était bien en présence d’un meurtre.

Jeandreau héla les pompiers qui étaient en attente des consignes.

  • À l’hôpital d’Agen, service de médecine légale ! leur ordonna-t-elle, tandis qu’ils sortaient la civière de leur véhicule.
  • OK, pas de problème, on connait, répondit le plus vieux des pompiers.

Sur un signe de la gendarme, ils emballèrent le corps dans un sac plastique noir qu’ils mirent sur un brancard, puis embarquèrent le tout dans leur fourgonnette.

Les deux TIC avaient terminé leur balisage et semblaient papoter sur la berge du fleuve.

  • Hé, vous deux, vous voulez foutre en l’air ma scène de crime ? leur demanda-t-elle.
  • Euh non, mon adjudant, répondirent-ils gênés.
  • Alors sortez de cette zone que vous venez de baliser. Faut vraiment tout vous dire…

Puis, avisant Kader qui semblait toujours ailleurs :

  • Vous devriez peut-être l’emmener voir un médecin, suggéra la gendarme en s’adressant à José.

Kader secoua à nouveau la tête pour exprimer son refus. Il se releva péniblement, et rejoignit Luigi, Karim et Abdel qui s’étaient écartés pour laisser passer les pompiers avec leur brancard. Ils commençaient à se désintéresser de tout cela. Seul José semblait avoir envie de continuer la conversation avec la gendarmette. Visiblement, elle lui plaisait bien, à José, Marie Jeandreau, trente-quatre ans, mignonne frimousse, brune avec les cheveux coupés en carré. On devinait un corps bien féminin sous l’uniforme informe de la Gendarmerie Nationale. Il faut dire que lui-même avait laissé sa femme et ses cinq filles en Espagne, qu’il ne les voyait qu’une fois l’an, au mois de juillet. Or, on était en mars…

La gendarme, ayant remarqué son manège, le fusilla du regard et lança :

  • Vous deux ! Vous passez à la gendarmerie d’Agen ce soir après la débauche ! Vous ferez votre déposition ! J’espère que votre collègue sera plus causant que ce matin, dit-elle à José en regardant Kader.

Elle était en colère. Avec cette histoire, elle allait une nouvelle fois rater l’entraînement de judo au club de Bon-Encontre. Normalement, elle était l’entraîneuse en titre, et elle allait devoir laisser son adjoint, le boulanger, se débrouiller avec les minimes ce soir, alors qu’il y avait un championnat départemental dans trois semaines ! Il allait encore les pousser et en faire des bêtes à médailles et coupes, en occultant totalement son rôle d’éducateur sportif ! Décidément, entre les permanences et les tuiles comme aujourd’hui, elle avait vraiment du mal à assurer son rôle dans ce club. Elle allait avoir des tonnes de paperasse à rédiger…

Elle alla faire un point avec les TIC qui tentaient de relever des empreintes dans le sol. Avec le temps de ces derniers jours et le nombre de personnes qui avaient marché autour du corps, cela n’allait pas être simple. Puis elle repassa sous le balisage et remonta dans sa voiture pour faire son rapport à son capitaine, le chef de la BRDIJ. Il n’allait plus se sentir celui-là. Un meurtre à résoudre ! Un élan dans sa carrière, pour lui qui venait des bureaux parisiens.

Après le départ de la maréchaussée et évitant soigneusement la zone balisée, Kader et les autres reprirent leur tâche, mais sans grand allant. Déjà que le travail n’était pas passionnant, ils n’avaient pas besoin d’une « distraction » telle que celle-là.

Le patron arriva sur les coups de midi, déjà au courant de la nouvelle. Les informations, surtout celles de ce genre-là, circulent vite dans le coin. Voyant l’enthousiasme au labeur de ses ouvriers, il les renvoya chez eux pour l’après-midi. Jérôme protesta. Il voulait continuer à travailler. Rien à foutre de ce noir ! Llanta ne voulut rien entendre. Il embarqua Luigi, Abdel, Karim et Jérôme, qui était encore en train de grommeler, dans sa camionnette. Ils récupéreraient leurs véhicules respectifs dans la cour de sa ferme.

D’autorité, José emmena Kader jusqu’à sa 4L et le fit monter côté passager. Sa mobylette, une vieille «bleue», ne risquait rien ici. Personne ne viendrait la chercher dans un champ d’actinidias. En plus, elle était dans un état de délabrement tel qu’il aurait fallu être un sacré bon bricoleur pour la rénover avant de la revendre. Et pour en tirer combien ? à peine quelques centaines de francs. Non, décidément elle ne risquait rien à rester en bordure du champ.

José prit le chemin longeant la Garonne, puis fila sur Laspeyres où il récupéra la nationale 113 avant de continuer en direction de Saint Jean-de-Thurac. La Garonne, du fait de la crue du Tarn, charriait des branchages, des troncs, et autres débris arrachés aux berges. Avec sa couleur boueuse et les déchets divers qu’elle contenait, elle ressemblait à un gigantesque égout. Sans les odeurs !

Il s’arrêta devant le café-bar-tabac-journaux-restaurant «chez Ginette» qui faisait aussi location de meublés à l’étage et où habitait Kader. Il coupa le contact et sortit de la voiture. Kader ne bougeait toujours pas, comme hébété. José l’aida à descendre de la 4L et le fit monter jusqu’à son logement, juste sous les toits. Il fouilla dans la poche de Kader et prit sa clef, ouvrit le meublé, et poussa son ami à l’intérieur. Celui-ci s’affala sur le lit. José alla dans le coin toilettes et fit couler la douche. Il déshabilla son ami sonné et le mit sous l’eau chaude.

  • Tu me rejoindras en bas quand ça ira mieux.

Kader l’entendit à peine refermer la porte et descendre l’escalier en bois qui craquait à chaque marche. Il resta sous la pluie brûlante, sans bouger, un long moment. Petit à petit, l’eau très chaude qui ruisselait sur son corps lui donnait l’impression de le laver de ces images macabres qui hantaient son esprit. Comme si elles partaient une par une dans le siphon à ses pieds.

Décidément, depuis le 3 janvier 1994, il ne pouvait plus supporter la vue d’un cadavre. Trop de souvenirs douloureux remontaient à la surface. Il ne voulait conserver que les instants magiques avec Raïssa, Slimane et Hacène. Sa femme et ses deux fils. Au début, il n’avait eu qu’une seule pensée : se venger. Se venger de ceux qui lui avaient tout pris, pris sa raison de vivre, son soleil, la chair de sa chair. Oh, il en avait tué des « fous de Dieu », des dizaines. Il avait fait partie de l’unité d’élite de la police algérienne. Ceux qui sont cagoulés et qui tirent avant de poser des questions. Il était connu pour être sans pitié. Prêt pour les missions les plus risquées. Puis il avait été blessé, laissé pour mort après avoir reçu une rafale de kalashnikov. C’est là, en se réveillant sur son lit d’hôpital, après plusieurs semaines entre la vie et la mort, qu’il avait compris que pour lui, tout ça, c’était fini, oui, bien fini. Il n’avait plus le goût de la vengeance dans la bouche. À quoi bon ajouter des meurtres aux meurtres ? L’horreur du criminel justifie-t-elle celle du bourreau ? La haine est-elle la seule solution à la haine ?

Avec déchirement, il avait décidé de partir, de quitter son pays, la terre de ses ancêtres et de son enfance, la Kabylie, ainsi que le service de son état, l’Algérie. Ses chefs n’avaient pas compris sa décision. Surtout deux ans après sa condamnation à mort par le GIA et le meurtre de sa femme et de ses enfants. Il avait tenu deux ans alors pourquoi partir maintenant ? Il n’avait pas écouté les promesses de carrière, de décorations. Un beau jour, à peine remis de ses multiples blessures, il avait embarqué à Alger et était arrivé à Marseille. Son histoire avait suffi pour obtenir un visa de réfugié politique. À cette époque, en 97, c’était encore relativement facile.

Il avait finalement pris la route, le long de la nationale 113, de Marseille à Bordeaux. Il avait fini par s’arrêter ici, à Saint Jean-de-Thurac. Pourquoi là ? Il ne le savait pas trop. Peut-être à cause de sa rencontre avec Paul Mercier, chez Ginette, justement, un soir où celui-ci, malgré son état d’ancien gendarme, maintenant retraité (adjudant-chef même et ancien commandant de la brigade de Puymirol), avait un peu trop bu lors du concours de belote hebdomadaire. Ils s’étaient retrouvés dehors, après la fermeture. Ils avaient parlé de littérature américaine jusqu’à une heure avancée de la nuit. Kader était un inconditionnel de Jim Harrison. Mercier, lui, ne jurait que par Thomas Mc Guane. Ils s’étaient cependant mis d’accord tous les deux pour reconnaître le talent de Richard Hugo. Mercier émaillait souvent ses propos de citations latines qui faisaient sourire Kader. Parler ainsi lui avait changé les idées, lui qui se sentait comme un ressort cassé depuis son réveil à l’hôpital. Le travail agricole, vite trouvé par Ginette, avait contribué aussi à sa reconstruction. Quand on travaille de ses mains, on ne pense pas, on ne réfléchit pas, on ne ressasse pas. Au bout de près d’un an de ce régime, il avait retrouvé, petit à petit, goût à la vie, surtout grâce aux conversations avec son nouvel ami ancien gendarme. Celui-ci l’avait même amené voir la bâtisse qu’il était en train de retaper, du côté de Saint-Pierre de Clairac, à flanc de coteau. Une idée de fou ! Tout était organisé autour de la bibliothèque. Il possédait plus de dix mille livres et les avait tous lus !

Il sentit l’eau se refroidir petit à petit…Il avait dû vider le ballon d’eau chaude. L’eau froide le fit sortir de sa rêverie. Il se frictionna vigoureusement en frissonnant. Décidément, le chauffage de son logement ne remplacerait jamais la douceur du climat de sa Kabylie, quand soufflait le Sirocco.

Il s’habilla et descendit, prêt à supporter le sempiternel baratin de José. Surtout après ce qu’ils avaient découvert ce matin, il allait être intarissable.

Kader le retrouva dans la petite salle. Il était déjà installé devant une des tables en formica sur laquelle étaient disposés deux couverts. José ne l’avait pas attendu et avait déjà bien attaqué le cassoulet. Du cassoulet au confit de canard et sans porc. C’est pas qu’il était pratiquant, Kader, mais le porc, il ne pouvait vraiment pas. Sans doute une question d’habitude. Il s’attabla en face de José et se versa un grand verre d’eau qu’il vida d’un trait. En face de lui, José avait déjà bu une bonne moitié de la bouteille de Frontignan. Pour Kader, l’alcool, c’était comme le porc, son organisme ne supportait pas. Il ne buvait que de l’eau, du thé ou du café. Il se servit une bonne portion de ce cassoulet dont le parfum lui effleurait agréablement le nez. Il mangea avec appétit en écoutant à peine son voisin d’en face qui, non content de l’abrutir avec son discours, racontait pour la dixième fois à toute la salle leur découverte du matin. Ils formulaient tous toutes sortes d’hypothèses sur l’origine de la jeune fille, les causes de sa mort, l’endroit où elle avait dû être jetée dans la Garonne…

Voulant couper court à ce verbiage qui avait don de le fatiguer, il lui suggéra d’aller sans trop tarder à la Gendarmerie pour être débarrassé des formalités de leur déposition. Mais José n’avait pas encore épuisé le sujet, en plus il n’en était qu’au fromage. Il lui apprit qu’il y avait de la crème brûlée au dessert. Ils n’allaient quand même pas rater la crème brûlée de Ginette ! Kader, rassasié par le cassoulet, commanda un « petit noir » et attendit patiemment que son collègue finisse son repas. Après un troisième café – le temps de trois fut nécessaire pour que José finisse son repas -, Kader donna le signal du départ.

Il poussa José, qui était encore en train de raconter leurs aventures sur les berges de la Garonne, dehors, et salua la patronne.

  • Au revoir Monsieur Kader !

Elle, qui tutoyait tous ses clients et les appelait par leur prénom, n’avait jamais pu l’appeler autrement que «Monsieur Kader». Pourtant, c’était un Arabe et Ginette n’aimait pas beaucoup les Arabes. Sans doute une certaine classe naturelle chez Kader lui inspirait-elle ce respect. Sûrement aussi sa réserve et la tristesse qu’on pouvait lire au fond de ses yeux bleus. Et puis, quand il parlait, Ginette avait bien vu que c’était un «Monsieur», malgré son travail d’ouvrier agricole. Elle se doutait bien qu’il y avait une histoire pas drôle derrière son attitude. Une histoire de femme, Ginette en aurait mis sa tête à couper. Si elle avait su…

[1] Brigade de Recherche Départementale et d’Instruction Judiciaire, entité rattachée au groupement départemental de la gendarmerie nationale et en charge des enquêtes criminelles.

[2] Techniciens en Identification Criminelle : rattachés à la BRDIJ, ils sont l’équivalent des techniciens de la Police Scientifique au sein de la gendarmerie nationale.

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