• Que puis-je faire pour vous ?

Elle était jeune. Fin de la vingtaine, début de la trentaine. À vrai dire, je n’ai pas gardé son visage en mémoire. Je me souviens simplement qu’elle était jeune. Son âge me mettait étonnamment à l’aise. Je pouvais m’adresser à elle comme si je discutais avec une amie. Son regard et son sourire me rassuraient. Il émanait d’elle une gentillesse qui, dès notre première rencontre, m’avait touchée. Instinctivement, j’ai senti qu’elle était d’une nature bienveillante. De quoi accroître davantage ma confiance à son égard. Le bureau dans lequel elle travaillait était épuré, sans artifices. Suffisant. Très petit. Je ne pensais pas être amenée un jour à me confier dans un cagibi. L’étroitesse de la pièce rendait cet endroit intimiste. C’était ce dont j’avais besoin. De neutralité. Une longue table me séparait de cette femme. Un ordinateur en veille, quelques feuilles blanches et un crayon y reposaient. Dans un coin, une boîte de mouchoirs ; un outil qui semblait indispensable pour le cabinet d’un psychologue.

Pendant deux semaines, j’avais imaginé toutes les manières possibles d’aborder le sujet. Aucune ne me paraissait adaptée et toutes se sont écroulées lorsque j’ai passé la porte du centre de santé de l’université. Cependant, cet environnement neutre et paisible me poussèrent à prendre la parole, ce qui n’empêcha pas une boule apparaître dans mon estomac. D’une voix tremblotante, je lui lance :

• Alors voilà. Je… Enfin… Je pense que j’ai été violée.