18 heures 30, un bord de mer

Jérémy pleure assis sur un ponton, en balançant ses jambes dans le vide au-dessus de la mer, le regard portant loin vers la ligne d’horizon. Cyrielle arrive dans son dos. En entendant ses pas, il essuie ses larmes.

CYRIELLE (posant une main sur son épaule en s’asseyant à ses côtés, le regard sur la mer) – Alors, qu’est-ce qu’il a dit ?
JEREMY – A ton avis ? Qu’est-ce que tu veux qu’il dise ?
CYRIELLE – J’en sais rien, moi ! C’est lui ton ami, après tout, non ?
JEREMY – Je te rappelle quand même que tu es sortie avec lui…
CYRIELLE (tournant brusquement la tête vers son interlocuteur) – Ça, ça compte pas !
JEREMY (la regardant à son tour) – Pas à ses yeux… Ça l’a cassé, crois-moi…
CYRIELLE – Mais enfin, Jérém’, à l’époque, je sortais avec n’importe qui, donc non, logiquement ça ne compte pas !
JEREMY – Oui mais tu as été la première avec qui il a…
CYRIELLE (surprise) – Comment tu le sais ?
JEREMY (lui prenant la main en plongeant son regard dans le sien) – C’est toi qui me l’as appris il y a deux ans – Tristan est trop pudique pour me parler de ces choses-la ! Le soir où tu as rompu avec lui, celui où l’on s’est embrassé sur la plage… Le feu de camp, la musique tzigane, les chants et les danses jusqu’au bout de la nuit… Tu t’en souviens pas ?
CYRIELLE (se détournant) – J’avais trop bu, ce soir-là. Ça compte pas…

Jérémy relâche brusquement sa main.

JEREMY (énervé) – « Ça compte pas, ça compte pas… », mais ma parole, t’as que ce mot-là à la bouche ! Seulement, dis-toi bien qu’un jour ou l’autre, tu devras prendre tes responsabilités et faire face à tes actes…

Cyrielle se lève et remonte le ponton en direction du rivage. Jérémy la rattrape, la saisit par la main pour la contraindre à lui faire face.

JEREMY – Cyrielle, tu ne pourras pas te défiler éternellement !
CYRIELLE – C’est pour ça que tu lui as dit ?
JEREMY – C’était à moi de lui annoncer. Au nom de notre amitié. À personne d’autre.
CYRIELLE – Et tu crois que pour Ellorah, il se doute ?
JEREMY – Non. Et il est grand temps que tu lui apprennes qui elle est pour lui…

Cyrielle fait non de la tête. Jérémy relâche sa main pour enserrer le visage de sa fiancée avec détermination.

JEREMY  – Ecoute-moi bien, Cyrielle ! Tristan est mon meilleur ami. J’ai souffert de son absence, mais j’ai dû limiter nos échanges virtuels à des banalités pour ne jamais nous trahir. Je lui ai menti pendant près de deux ans sur ma vie, sur toi et moi. Je ne peux plus continuer ainsi…
CYRIELLE (ôtant les mains de son fiancé de son visage) – Y’a plus de problème puisque pour nous deux, il sait. Et puis, c’est lui qui a choisi de partir…
JEREMY – Il faut que tu le fasses, Cyrielle. Pour Ellorah et pour Tristan. Et le plus tôt sera le mieux…

Jérémy enlace tendrement sa fiancée, puis l’embrasse.
Noir progressif sur la scène, comme si la nuit tombait.