Abandonnée dans cette salle de bain depuis au moins dix minutes. Niara avait eu le temps d'en imprimer chaque recoin dans sa tête, se demandant ce que pouvait bien subir les autres femmes. Elle n'avait pas vu le chemin pour y aller car on lui avait bandéles yeux. L'endroit était grand, orné de colonnes et fait de pierres lisses tel un manoir, en son extérieur. Luxueux, bien qu'il soit également assez effrayant et particulièrement silencieux. Tout était rouge ou noir, rien ne dépassait des meubles vides en apparence. Niara n'osait rien ouvrir et sursauta lorsqu'elle entendit l'eau de la baignoire couler derrière elle : une présence l'avait rejointe. Une présence sombre qui éveillait tous ses sens. Puis elle réalisa avec la forme de l'ombre visible à ce moment précis, que c'était un homme. Forcée de constater qu'il se rapprochait, elle voulut se retourner mais elle n'en eut pas le temps. Soulevée comme une vielle chaussette trouée, elle fut déshabillée par des mains précises et puissantes. La peur la gagnait car elle devinait sa torture. L'eau. Sa phobie.

Niara fut plongée dans la baignoire jusqu'au début de l'étouffement. Puis la main qui tenait son cou la remonta et la replongea, plusieurs fois. Le supplice fut terminé lorsque l'homme remarqua qu'elle allait manquer d'y passer. Sans rien comprendre, elle sentit des lèvres se poser pour lui donner de l'air. Oubliant sa quasi nudité et ce contact forcé, elle prit l'oxygène avidement, sinon elle allait mourir et elle l'avait très bien compris. Une main lui frôla son sein droit avant de briser tout contact et de disparaître avant qu'elle ne puisse le voir. Une serviette et sa robe l'attendait en dehors du bain, l’invitant à en sortir.

Niara se souvenait des mots de l'homme masqué. Était-elle mariée désormais ? Est-ce comme cela que l'on unissait deux personnes dans cette secte diabolique ?

Tout ce qu'elle pouvait en déduire c'est qu'elle était en effet attribuée à quelqu'un, puisqu'aucun contact physique intime n'était autorisé en dehors du mariage et c'était une règle très respectée. Le pentagramme et sa lumière lui revinrent en tête, était-ce celui qu'on appelle...le diable ?
Était-ce la seule épreuve pour diriger une femme vers l'homme de toutes les rumeurs ?

Niara, chuchotant: "Alors c'était ça... mais pourquoi moi ?

Niara se demandait aussi si Ouja, sa cousine, allait bien. Elle finissa de se rhabiller et l'homme masqué fit son entrée.

L'homme masqué : ''Bien le rebonjour Niara, je suis Kelven l'agent du diable. Je suis venue vous informer que vous êtes l'élue.''

Niara : ''Est-ce qu'Ouja va bien ? Et comment ça l'élue ?"

Bien qu'à l'évidence de la situation, elle le savait déjà. Niara ne réalisait pas complètement ce qu'il se passait, venant de subir une torture son esprit s'absentait.

Kelven : ''Votre cousine est ma femme désormais, suite aux épreuves c’est vers moi qu’elle s’est retrouvée guidée par le hasard. Il s’agissait d’un labyrinthe mené d’embuches qui a été sorti du sol où vous étiez. Chaque démon à marier se trouvait à une sortie. N'ayez crainte, je ne suis pas le pire démon pour elle. En revanche, je suis bien le plus redoutable après le vôtre. Vous n'allez pas me dire que vous ne vous doutez pas, de ce qui vous arrive ?"

Kelven retira son masque dévoilant son visage dont la peau était étrangement belle. Avant que celui-ci ne devienne totalement noir ébène avec des traces blanches, comme des racines peintes sur un tableau noir. Niara eut un mouvement de recul qui l'a fit percuter quelqu'un qui ne bougea pas suite au choc. Kelven regarda derrière elle et lui adressa un dernier message avant de partir en faisant une courbette.

Kelven : ''C'était une simple présentation mademoiselle. Vous êtes l'élue et je vous laisse avec, lui.''

La porte se referma et elle sentit deux bras se refermer sur son ventre. Elle tremblait, ce qui ne semblait guère plaire à l'homme qui la retenait. Il l'emmena dans la pièce adjacente qui n'était autre, qu'une chambre.

L'homme : ''La connexion ne s'est pas faite.''

Niara n'osait pas lui demander de quoi il parlait. La jeune femme sentait sa dangerosité émaner dans l'air. Sa voix était dure et pleine de reproche et ses mots sortit de façon aussi inattendue lui ont fait l’effet d’un couteau sous la gorge. Son dos toujours plaqué contre le torse puissant du présumé diable. Elle ne pouvait plus se poser de questions : Le pentagramme, les mots de Kelven, l'évidence même de l'aura que dégageait l'homme qui venait de la relâcher. Niara était maquée avec le diable, enfin celui qu'on appelle comme tel.

Elle se demandait comment devait-elle l'appeler ? Mais la jeune femme ne voulait pas bouger. Pétrifiée sur place, attendant son heure venir. La réalité la rattrapa lorsqu'il lui parla à nouveau.

Le diable : ''Vous ne m'avez pas comprise ?''

L'homme lui pris le bras pour faire ce qu'elle redoutait le plus à cet instant, la retourner. Elle fut surprise de tomber nez à nez avec un homme d'une beauté... satanique. Pour ne pas dire de mots houleux, au cas où il saurait lire dans les pensées. Elle ne le fixait pas, les yeux ailleurs, n’osant pas faire quelque chose « d’interdit ».

Le diable : ''J'attends une réponse ma chère future femme.''

Niara : ''Que voulez-vous dire par la connexion qui ne s'est pas faite ?"

L'homme afficha un rictus moqueur et dangereux, pourtant la jeune femme y décela une certaine fausseté. S’agissait-il d’un mirage ?

Le diable : ''Le pentagramme à réagit à vous. Liant nos deux âmes pour l'éternité. Mais nos cœurs auraient dû se lier lors du rituel de... torture.''

C'était comme si le diable en personne n'aimait pas ce mot, sa voix s’était rétractée le laissant presque tousser. Elle se risqua à lui répondre, que pouvait-elle faire d'autre maintenant ?

Niara: ''Comment voulez-vous lier deux cœurs par la noyade ?"

L'homme l'emmena vers une autre salle, paraissant insensible.

Le diable : '' C'est très puéril de ta part, quand on sait que tu es une native. Que croyais-tu ? Je suis le maître des démons. Pas un simple humain te courtisant à la ferme locale. Mais la noyade, bien qu'apparemment soit ta phobie, était la technique la moins violente de toutes.''

À ces mots elle se retrouva à retenir ses larmes. Mais que faisait-elle ? Elle qui ne pleurait jamais. Le diable lui glissa que c'était la pression qui jouait sur ses émotions, qu'il ne lui en voulait pas d'avoir peur.

Sur le chemin, ils croisèrent Kelven et Ouja. Le nouveau couple discutait tranquillement et la cousine ne semblait plus si effrayée que ça. Niara pensa qu'Ouja a été ensorcelée d’une manière ou d’une autre. Leurs regards s'accrochèrent et celle-ci écarquilla les yeux, devant l'air éteint de la belle brune.

Niara voulait mourir. Être la femme du diable et puis quoi encore ? Oui, elle ne pouvait pas nier que Kelven n'était pas humain. Qui pourrait se maquiller si vite sous ses yeux sans bouger et perdre ses cheveux pour une fumée comme remplacement ? Personne. Niara ne voulait pas voir le vrai visage de son amant forcé. Elle se dit même qu'elle souhaiterait devenir sa cousine. Qui avait franchement l'air bien traitée lors de leur courte entrevue dans les couloirs.