62. Confidences entre sœurs

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Rafaela

Je jette un œil au beau gosse profondément endormi à mes côtés et souris bêtement. Une vraie bonne nunuche comme je l’ai rarement été. Je ne sais pas où tout cela nous mènera, mais pour le moment, je me laisse porter et je profite. Je n’ai aucune envie de me prendre la tête avec des “et si” et des “peut-être”, pas le temps pour ça et surtout pas le besoin. Je préfère utiliser mon temps à jouer et à jouir. Ça, c’est le plan parfait. Bon, il faut quand même que je cale quelques heures de sommeil dans ce planning bien chargé, mais je crois que l’équilibre est plutôt bien trouvé.

En attendant, j’hésite entre réveiller Angel et descendre préparer le petit déjeuner. Pour une fois que je suis alerte avant lui, je pourrais au moins faire ça, pour changer. Mais je suis bien, ici, au chaud sous la couette, lovée contre lui et avec une folle envie de profiter de son corps jusqu’à épuisement. J’hésite entre la folie et la raison. S’il dort, c’est qu’il en a besoin, non ? Un baiser dans son cou me confirme qu’il a le sommeil profond. Il ne bouge pas d’un poil et je me dis qu’au moins, contrairement à hier matin, nous n’arriverons pas en retard à cause du sexe.

Je me lève délicatement et enfile mon peignoir avant de descendre à la cuisine. Vu l’heure, je pense que Bella est réveillée et je lui envoie un message pour savoir si elle est dispo avant de faire couler le café. Je lance l’appel visio en m’installant devant mon assiette de brouillade et souris en découvrant la petite famille au lit en plein câlin.

— Il reste une petite place pour moi ? leur demandé-je alors que le petit Thomas me fait coucou, les yeux encore ensommeillés.

— Eh bien, si tu veux, oui, mais je te préviens, c’est l’heure des câlins, il n’y a une place que si tu en fais beaucoup ! Tu vas bien ? Tu es bien matinale.

— Je fais toujours plein de câlins quand il s’agit de vous ! Et je vais bien, je me suis couchée tôt, souris-je.

Pas pour dormir, mais je me suis couchée tôt quand même.

— Et vous ? Tout va bien ? Vous me manquez trop, j’ai hâte de rentrer, continué-je.

— Oui, ça va. On essaie de s’organiser pour venir te voir, mais c’est vrai que ça risque d’être encore à toi de venir. Ici, il y a toujours un truc qui nous empêche de bouger.

— Je vais avoir fini le tournage avant que vous ne puissiez venir profiter de Vancouver, c’est dommage. Mais bon, je suis bien occupée ici, de toute façon… Vous auriez vu la maison plus que moi.

— Elle est vraiment canon. Tu profites bien du jacuzzi ? Pas trop difficile d’avoir tout le temps ton assistant dans les jambes ?

— Terence ? Tu ne veux pas aller préparer le petit déjeuner avec les enfants ou… je sais pas, ce que tu veux ? Je voudrais parler à ma sœur quelques minutes… S’il te plaît, mon beau-frère préféré ?

— Mais je veux tout savoir aussi, moi ! répond-il en se levant néanmoins. Allez, les enfants, on y va. Le premier en bas peut choisir le dessin animé qu’on va mettre !

— Hé ! Je vous aime ! crié-je alors qu’ils se lèvent tous les trois en trombe. Eh bien, un peu trop mouvementé pour un réveil, chez toi… Tout ça pour un dessin animé, vraiment ?

— Il sait y faire, tu vois ? Sans ça, aucun n’aurait bougé. Bon, tu veux qu’on parle de quoi ? Tu m’intrigues, là.

Je soupire et grimace en voyant le sourire niais qui s’est affiché l’espace d’une seconde sur mon visage. J’espère qu’Angel ne va pas descendre trop discrètement, parce qu’il en faut peu à ma sœur pour s’emballer et que je risque de ne pas être mieux, emportée dans son trip.

— Angel est un très bon assistant, tu sais ? Je ne l’ai pas vraiment dans les jambes, en fait… Disons que je risquerais plutôt la plainte pour harcèlement, dans le cas présent, ris-je.

— Harcèlement ? Ben, ça ne change pas des précédentes, si ? Tu devrais te calmer un peu, sur tes demandes, à force de jouer à la Diva que tu n’es pas, tu vas finir par devoir travailler seule. Tu sais qu’à ton âge, il faudrait un peu changer tes habitudes ?

— OK, je vois que tu as une très haute estime de moi, merci, bougonné-je. Tout ce que je demande à mes assistantes, c’est de faire leur boulot. Je n’y peux rien, moi, si elles sont incompétentes. Tu sais que comparée à bien d’autres acteurs, je suis une crème ? Et apparemment, je suis suffisamment sympa avec Angel pour qu’il ajoute dans ses missions : baiser et faire jouir au quotidien, tu vois ?

Elle ouvre grand les yeux et jette un œil à la porte de sa chambre avant de reporter son attention sur moi.

— Tu fais quoi, là ? Tu baises Angel ? Et tu ne me dis rien ? Depuis quand ? C’est un bon coup ? s’exclame-t-elle.

— Je te le dis maintenant, ne commence pas à me reprocher je ne sais quoi, ris-je. C’est un très bon coup, oui, tu n’as pas idée.

— Tu ne crois pas qu’il fait ça parce que tu es une star ? Il faut te protéger, tu sais ? Même s’il baise comme George Clooney dans mes fantasmes !

Je grimace et m’adosse contre mon siège en resserrant les pans de mon peignoir. Elle ne s’emballe pas plus que ça, finalement, et me met même en garde. Magnifique. Je voulais partager un peu de joie, je vais me retrouver à douter de tout.

— Je ne t’ai pas dit que je comptais l’épouser, non plus. Je te parle de parties de jambes en l’air, Bella. D’un peu de tendresse, d’attention, d’intimité. Ça fait du bien. Et pas que parce qu’on parle d’orgasmes.

— Dis-moi tout, tu préfères quand il te fait quoi, alors ? Tu sais comme j’aime quand tu me racontes tes frasques ? Ça me fait rêver et me donne des idées pour le faire avec mon doudou.

— Heu… En voilà une bonne question. On a fait une séance de massage mutuel au Spa en début de semaine, c’était juste trop torride, tu n’as pas idée… Vous devriez tenter, c’est sensuel à souhait.

— Eh bien, moi qui croyais qu’il t’énervait et que tu avais envie de le virer, je suis surprise, là. Tu es sûre qu’il ne fait pas tout ça juste pour récupérer ton fric ? Fais attention à toi avant de t’engager dans quelque chose qui pourrait te faire du mal. Tu sais comme tu es quand tu te rends compte qu’on t’a utilisée. Désolée de jouer à la grande sœur, hein, mais je te connais…

— Donc, pour me protéger, je dois passer ma vie seule ? Je sais que je dois faire attention, Bella, et je ne m’emballe pas, je profite, c’est tout. Mais je n’ai pas envie de passer ma vie seule non plus. Je… Bien sûr que je me pose des questions. Tous les jours… et encore plus depuis qu’il m’a dit qu’il était amoureux de moi, lui avoué-je avant d’aller me resservir un café, emportant mon téléphone avec moi.

C’est vrai, évidemment que je m’interroge. Surtout que Bella lit un peu trop en moi et qu’il est bien possible que je tombe amoureuse, moi aussi. Si ce n’est pas déjà trop tard.

— Ah, mais s’il est amoureux, ça change tout, ça. Il est courageux de te l’avoir dit. Si en plus c’est un si bon coup que ça, j’en connais une dont le cœur doit battre plus fort, là.

— Ah bon ? Parce que ça change tout ? Je pourrais te dire que je suis pauvre, parce que je le dis c’est que c’est vrai ? Qu’est-ce qui me prouve qu’il ne m’entourloupe pas ? Je pourrais bien t’engueuler et te dire que je te déteste sans que ce soit la vérité. Quoique, là, dans ces conditions, je te déteste vraiment parce que tu m’as ramenée à mes prises de tête, grimacé-je en me laissant tomber dans le canapé, sur la terrasse.

— Eh, Rafie, tu sais que je t’ai rarement vue dans cet état-là et que rien que ça, c’est un signe. Le joli barbu t’a tapé dans l'œil, on dirait. Et ailleurs aussi, si je comprends bien ce que tu me dis sur lui.

— Arrête, ris-je. Tu ne m’aides pas une seconde, là. Qu’il m’ait tapé dans l’œil ou pas, ça ne change rien à ce que tu m’a collé en tête. Bon, ça ne changera rien non plus au fait que je crois que je vais me laisser porter… Qui vivra verra, non ?

— Oui, c’est sûr. Tu envisages un truc plus sérieux, avec lui ? Il serait partant, tu crois, ou vous deux, c’est juste du sexe ?

— Il m’a dit qu’il était amoureux, Bella. Tu dis ça à une nana que tu veux juste sauter ?

— Non, tu lui dis qu’elle a un cul d’enfer et une bouche sexy à en crever. Il est fou ou ça va dans sa tête ? Tu crois qu’il est sincère ?

— Je peux t’assurer qu’il a un cul d’enfer et une bouche vraiment, mais alors vraiment sexy et douée, gloussé-je. Il n’a pas l’air fou, et j’en sais rien pour la sincérité… Pourquoi est-ce qu’il ne le serait pas ? Pourquoi est-ce que, pour une fois, je ne tomberais pas sur quelqu’un de cent pour cent authentique ?

— Ah, si Terence utilisait sa langue plus sur ma foufoune que pour parler de son boulot, soupire ma sœur, rêveuse. Et tu as raison d’y croire pour Angel. S’il te mentait, je pense que tu le sentirais. Et il a dit quoi quand tu lui as répondu, alors ?

— Tu veux que je parle à Terence ? Je peux lui remonter les bretelles, si tu veux.

— Non, prête-moi Angel, plutôt, rit-elle depuis son lit. J’ai envie de grimper aux rideaux, moi aussi !

— Désolée, je ne partage pas, souris-je. Mais je peux t’envoyer Tyler, il est très doué pour les cunnis. Et je n’ai pas répondu à Angel… Il m’a prise de court, je ne m’y attendais pas du tout.

— T’es sérieuse ? Tu n’as pas répondu ? Mais il va croire quoi, lui ? Putain, tu déconnes là. Le gars, il se mouille et toi tu lui colles un vent ?

— Je ne suis pas prête à lui répondre, c’est tout. Je… je me protège, encore et toujours. S’il est vraiment amoureux, il saura patienter un peu, non ?

— Oui, il saura s’il est sincère. C’est certain. Il faut vraiment que j’arrive à me libérer pour venir vous voir, tous les deux. Et que je puisse le cuisiner un peu et voir s’il veut faire du mal à ma sœur ou pas. S’il te cherche des problèmes, tu peux lui dire qu’il aura affaire à moi !

— N’oublie pas que c’est moi, la grande sœur, ris-je. Tu me manques, Bella. Il va falloir que je te laisse, si je ne file pas réveiller l’assistant et que je traîne à me préparer, on va être en retard. Des bisous à tout le monde, et n’oublie pas que vous êtes les bienvenus. La maison est trop silencieuse et rangée pour moi, en ce moment, j’ai besoin d’un peu de folie. Autre que le repas qui finit par terre et moi nue sur la table, tu vois ?

— Oh oui, je vois bien, petite coquine. Profite bien et promis, on vient dès qu’on peut ! Fais attention à toi !

Je raccroche, le sourire aux lèvres, et pose mon téléphone à côté de moi. Quelle idée de l’appeler à cette heure ? Elle m’a embrouillé le cerveau pour la journée. Je vais essayer de ne pas trop penser à tout ça, et aussi de ne pas trop douter d’Angel. J’y vais au feeling, et ce dernier me dit de foncer, de profiter, et de peut-être… envisager quelque chose de sérieux. Alors… qui vivra verra.

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