61. C’est une poupée qui fait rien, rien, rien, rien…

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Le fan

Aujourd’hui, c’est une journée magnifique. Il pleut, il fait froid, le café n’était pas bon, je me suis fait engueuler par le réalisateur, mais tout ça ne me touche pas. Bon, ça m’énerve vraiment, j’avoue. Mais finalement, comme il faut un équilibre dans toute journée, celle-ci ne pouvait que bien se terminer. Et là, avec cette déclaration de Rafaela à mon égard, je ne peux qu’être que le plus heureux des plus heureux ! Je n’en reviens pas qu’elle ait osé ainsi m’avouer ses sentiments. Certes, à mots cachés, mais quand même ! Ce n’est pas tous les jours que Madame Lovehart fait de telles déclarations ! Oh la la, je crois que mon cœur va exploser. Ou que ma bite va se transformer en massue. Je vais l’assommer avec, c’est sûr.

Je n’arrête pas de me repasser le film de ce qu’il s’est passé au studio tout à l’heure. C’était vraiment une journée de merde. J’ai horreur de m’abaisser à travailler comme ça, pour rien. D’être si près d’elle et de ne rien pouvoir faire, c’est la pire des tortures. La voir souffrir comme ça et ne pas pouvoir l’aider, c’est horrible. J’ai envie de crier, de sauter entre elle et ses tortionnaires, mais je suis obligé de me retenir. Il faut que le moment soit opportun si je veux réussir. Pour l’instant, ce n’est pas encore arrivé. Un miracle à la fois, c’est déjà bien.

Je me déshabille dans mon petit studio et je vais chercher ma poupée gonflable sur laquelle j’ai mis une photo de la tête de Rafaela. Je l’installe sur la petite chaise devant la table et me refais la scène de tout à l’heure. Sauf que cette fois, je suis nu et elle aussi et que je vais finir par jouir en elle. Une voix résonne dans ma tête et c’est le signal du début de la scène où Rafaela m’a dit qu’elle m’aimait.

— Ça ne va pas du tout, la lumière ! On se croirait dans un cercueil ! C’est un bar ! Un bar, j’ai dit ! Changez-moi donc ces spots ! Et vite ! On fait une pause le temps qu’ils ajustent tout ça.

Je revois Allan me faire signe d’intervenir et suis surpris de voir que Rafaela ne bouge pas de sa chaise sous les projecteurs. Je m’avance vers la poupée en prenant la même démarche intimidée que tout à l’heure à l’approche de la star.

— Excusez-moi, mais je vais devoir passer à côté de vous pour régler les spots. Cela ne vous dérange pas ? je lui ai demandé en m’approchant.

— Non, non, allez-y, bien sûr, m’a-t-elle répondu en me souriant.

Je passe près de la poupée sans la toucher et fais mine de régler une lumière avant de me retourner vers Rafaela et de voir que ça n’est toujours pas satisfaisant.

— Excusez-moi encore, mais il va falloir que vous vous reculiez un peu. Je dois accéder à la lumière juste au-dessus de vous. Mais si ça vous embête, je le ferai plus tard. Vous savez, je vous admire et je ne veux pas vous déconcentrer.
— Merci, mais c’est normal que je me pousse, voyons, a-t-elle répliqué en s’exécutant.

Et là, je soulève la poupée et elle passe à côté de moi en posant sa main sur mon bras. J’en tremble encore.

— Si un jour, vous voulez que la lumière se fasse, je suis votre homme, Madame Lovehart.

— Appelez-moi Rafaela, voyons. On travaille ensemble, après tout.

Et là, je ne résiste plus à cette déclaration. Ce que j’ai failli faire tout à l’heure, je le fais à la poupée qui me fait face. Je lui saute dessus et insère ma queue dans son trou. Je la prends férocement, voracement. Je la baise à fond ! Mmmmm que c’est bon !

Quand j’en ai fini avec Rafaela, je me relève et reste nu. Elle me regarde avec ses grands yeux amoureux et je souris, fier de moi, content que le traitement que je lui ai réservé lui ait plu.

— Tu vois, j’apporte la lumière et le plaisir, c’est beau hein ? Tu ne regrettes pas de m’avoir dit qu’on était ensemble. Un vrai couple, n’est-ce pas ?

Elle me fait signe de la tête qu’elle est d’accord. Elle n’est pas bavarde ce soir, je crois que me faire l’amour l’a épuisée. La pauvre. Son réalisateur l’exploite et la voilà toute raplapla. J’aime l’épuiser comme ça.

— Tu sais, maintenant qu’on s’aime et qu’on est un couple, il faut qu’on pense à te permettre de t’échapper de tous ceux qui te rendent prisonnière. Je crois que je vais pouvoir mettre mon plan à exécution maintenant que je sais que toi et moi, c’est pour la vie.

Je me mets derrière elle et prends son menton entre mes doigts pour l’embrasser. Il est bizarre son rouge à lèvres. C’est quoi cette saveur plastique ? Je croyais que je lui avais dit de mettre la saveur fraise ? Putain, c’est con ça.

— Bon, il va falloir que je trouve le bon moment, mais je te ferai signe, ne t’inquiète pas. Quand tu verras le signal, tu sauras que c’est là qu’il faut me sauter dans les bras. Je tuerai tous ceux qui se mettront en travers de notre chemin comme ça, on sortira vite et puis, la voie sera libre pour qu’on s’aime à tout jamais. Cela t’excite, hein ?

Moi, ça me remet clairement en forme. Et Rafaela semble apprécier car elle ouvre les jambes quand je glisse les miennes entre les siennes. Plus aucune résistance, je crois que je l’ai définitivement séduite !

— Tu verras la belle vie qu’on va mener. Et si tu veux, on se débarrassera de tous ceux qui t’ont fait du mal. On commencera par le barbu qui t’accompagne toujours. Lui, je ne le sens pas du tout. Il a une tête de flic, une carrure de flic, un regard de flic. Franchement, je ne sais pas ce que tu lui trouves.

Putain, qu’elle est bonne. J’en reviens pas de ses seins ! Elle les a fait refaire pour qu’ils soient aussi durs. Ou alors, j’ai trop poussé sur le gonfleur, mais bon, il faut bien que la poupée ait les bonnes formes. Bref, je m’égare parce que c’est Rafaela qui est là et nous allons être heureux. Loin. Mais à deux. Ou trois, qui sait ? Quoique. Je ne vais pas prendre Rafaela et la poupée ? Elle n’est pas lesbienne, elle, je l’aurais vu, sinon. Il faudra que je lui demande si elle veut qu’on l’emmène.

Mon cerveau commence à s’échauffer et j’ai du mal à faire sens de toutes les idées qui me passent par la tête. Quand ça arrive, il n’y a qu’une solution. Je lâche ma Rafaela et fonce dans la salle de bain où je cherche mes pilules. Je ne les trouve pas à leur place habituelle. Les battements de mon cœur s’accélèrent, je commence à paniquer. Mais où sont-elles, bordel ? J’ai quand même pas pris le dernier ? Oh non ! Ah oui ! Là ! Comme ça !

Je me frappe la tête contre le rebord du lavabo. Cela me fait mal, mais cela soulage mes pulsions presque aussi bien que les médicaments. Et puis, je n’ai pas besoin de ce traitement, ça ne fait que ralentir mes ardeurs, et maintenant que je sais que je vais m’enfuir avec mon Amour, il faut que je sois au mieux de ma forme. Finis, les médicaments, à moi le retour de la libido ! Eureka ! C’est la solution à mes problèmes ! Encore un coup sur le lavabo et je me sens mieux. Il faudra que je mette un pansement sur mon arcade car elle s’est un peu ouverte, mais ça va. J’ai juste été un peu fort avec le premier coup, mais ça me donne l’air d’un guerrier. J’aime bien ce look.

. Je retourne dans la petite pièce où Rafaela m’attend sagement. Je lui souris en voyant qu’elle est toujours nue pour moi. Une vraie coquine, mais j’adore ça.

— Tu sais quoi ? Je vais t’écrire une petite lettre, comme ça, tu pourras te préparer. On va être heureux, tous les deux, ma Poupée.

Je m’installe à la table après l’avoir poussée à terre, à mes pieds, là où est sa véritable place. Je prépare mon matériel et me lance dans l’écriture de mon courrier.

Ma chère et tendre, Mon Amour, Ma Poupée,

Quelle joie de voir que tu te sois enfin décidée à te confier à moi, à m’exprimer ton amour et ton désir de moi, de nous. Je suis heureux. Cette petite session avec toi, c’était vraiment le pied. Tu as une chatte si accueillante. Tu es si belle. Et ces seins ! Miam, miam, j’en reprendrais bien encore un morceau. Bref, je m’égare. On aura tout le temps de faire encore l’amour quand nous serons à nouveau réunis.

Pour l’instant, je veux que tu te prépares. Il faut que ta valise soit prête (Et prends la robe que tu avais aujourd’hui, celle où tu m’as dit que tu voulais de moi, je sais, malgré mes aspects un peu rustres, je suis sentimental…). Je vais venir te chercher. On va vivre à deux, loin du monde et ce sera comme si on était au Paradis. Je t’aime et suis ravi que toi aussi, tu aies pu m’avouer tes sentiments.

On va baiser, on va s’aimer, et encore recommencer. Le Paradis, je te dis.

A très vite.

E. D.

Je me demande si elle va saisir la référence à Edmond Dantès et faire le lien avec notre rencontre à cette séance d’autographes. Je n’ai pas l’impression qu’elle m’ait reconnu mais quand nous serons seuls, je lui raconterai tout ce que j’ai fait pour elle, tous ces moments que nous avons déjà passés à deux. Elle ne pourra que réaliser que c’est pour ça qu’elle a l’impression de ne vivre qu’une moitié de vie. Avec moi, elle sera plus que complète. Et rien que pour ça, je sais que j’aurais le droit à ma petite gâterie du soir avant le match de foot. Elle est parfaite, Rafaela.

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