47. Un amour sans retour

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Le fan

L’air est frais ce matin alors que je me rends à mon nouveau travail. Cela n’a pas été aussi difficile que ça, finalement, de me faire embaucher. Il faut dire qu’avec mon niveau technique et mon expérience, il y a peu de patrons qui pourraient me dire non. Bon, il a fallu que je donne un coup de main au destin, et je suis un peu désolé que mon prédécesseur se soit retrouvé à l’hôpital avec une triple fracture, mais on n’a rien sans rien. Et il devrait s’estimer heureux que je me sois contenté de m’occuper de ses jambes, parce que si je n’avais pas été interrompu, je me demande si j’aurais été capable de m’arrêter. Qu’est-ce que ça fait de tuer quelqu’un ? Et pourquoi cette pensée m’excite comme ça ? Je bande presque autant que quand je pense à Rafaela.

Lorsque j’arrive avec le reste de l’équipe technique mais bien avant les acteurs, je fais le tour du plateau pour prendre mes marques. Et trouver les meilleurs endroits pour observer ma chérie. En étant si proche d’elle, je crois que je vais réussir à enfin lui remettre la bague que j’ai achetée et à la convaincre de fuir avec moi. Il ne peut en être autrement ! Et puis, sa loge est très accessible, je crois que je vais bien pouvoir me rincer l'œil, moi. J’ai hâte de la voir arriver !

Je me mets à mon travail sans plus attendre, le regard rivé vers la porte d’entrée, et je n’arrive pas à retenir mes soupirs à chaque fois que quelqu’un arrive et que ce n’est pas Elle. J’espère que ce n’est pas un jour de repos pour Elle. Sinon, il faudra que je trouve son adresse ici à Vancouver et que j’aille lui rendre une petite visite de courtoisie. Mais je n’ai pas à m’inquiéter car enfin, la Merveille de toutes les Merveilles franchit le seuil du studio. Et là, mon cœur s’arrête de battre. Ma bite se gonfle comme par magie. Putain, il va vraiment falloir que je la baise, cette Reine de mon coeur, parce que là, ce n’est pas possible de continuer comme ça !

Quand elle s’approche de moi, j’ai l’impression qu’un avion est en train de faire un aller-retour jusqu’au soleil tellement mon cœur bat la chamade. Elle n’est pas seule, malheureusement. Elle est toujours avec ce foutu barbu qui lui sert d’assistant. Et il croit quoi en la collant comme ça ? Qu’elle va s’occuper de lui juste parce qu’il fait semblant de vouloir l’aider ? N’importe quoi, elle est plus maligne que ça, la petite. Et c’est moi qu’elle aime de toute façon. Tellement qu’elle est prête à prendre tous les risques car je la vois s’approcher pour me parler !

— Vous êtes nouveau ici, non ? C’est vous qui remplacez Ellias ?

Oh ! Elle a tout de suite capté que j’avais pris sa place, à ce con qui n’est pas prêt de remarcher ! Et elle me parle, à moi, qui ne suis rien sur ce plateau. Je crois qu’elle m’a reconnu, c’est fou le pouvoir de l’Amour.

— Oui, c’est ça, dis-je un peu timidement. Je ne pensais pas que vous auriez remarqué la différence, honnêtement.

— Bien sûr que si. On travaille ici tous les jours, ensemble, et il manquait à l’appel depuis deux jours. Bienvenue à vous alors.

— Allez, viens Rafaela, tu dois aller te changer et tu vas énerver Beckman si tu es en retard. Monsieur sera encore là tout à l’heure si tu veux lui parler.

Il fait quoi, là, le barbu ? Il croit qu’il peut me l’enlever comme ça, impunément ? Je vais lui faire cuire ses roubignettes s’il pense pouvoir m’évincer comme ça !

— Oui, oui… On n’accueille juste pas les gens à vingt heures quand la journée commence à huit, c’est tout. A plus tard, peut-être, termine-t-elle en me faisant un sourire avant de tourner les talons.

Je n’ai pas le temps de répondre qu’elle est déjà partie et je me remets à travailler. Je n’ose pas trop m’approcher de sa loge où elle doit être en train de se déshabiller pour revêtir sa tenue du jour. Quand je pense que lui a le droit de la voir se changer ! C’est son boulot que j’aurais dû prendre. C’est lui que j’aurais dû essayer de tuer. Des fois, je ne suis pas malin, moi. Je ne réfléchis pas.

Je passe le reste de la journée comme sur un nuage. A chaque fois qu’Elle sourit, j’ai l’impression que c’est pour moi. A chaque fois qu’Elle regarde vers moi, j’ai l’impression qu’elle me dit qu’elle m’aime. A chaque fois qu’Elle passe à mes côtés, j’ai l’impression que je vais jouir. C’est fou comme c’est fort. Et elle joue vraiment bien la comédie car je sais qu’elle est dans le même état que moi et elle parvient à le cacher sans aucune difficulté. Quelle actrice !

Vu la tension qu’elle parvient à créer chez moi et qu’elle ressent aussi, j’en suis sûr, il faut que j’agisse pour régler ce petit souci qui l’empêche de venir me retrouver et enfin la libérer de cette prison dorée dans laquelle elle est enfermée. Une fois rentré dans la petite chambre que je loue, je sors une page blanche et réfléchis à ce que je vais lui écrire. Je crois qu’il faut que je mette les pieds dans le plat et que je lui demande officiellement de m’épouser, c’est le seul moyen de faire bouger les choses.

Ma Chérie, Ma Dulcinée, Ma Petite Poupée Chérie,

Aujourd’hui, on fête nos deux ans. Déjà. C’est fou comme le temps passe vite. Je te revois la première fois comme si c’était hier…

Tu trouveras avec cette lettre un petit bouquet et j’en profite pour te faire ma demande. Est-ce que tu veux m’épouser ? C’est bon ? C’est oui ? Alors, quelle est ta réponse ? Toi aussi, tu es excitée à l’idée de devenir ma femme ? Dis-moi oui et comme ça, ce con d’assistant ne pourra plus rien pour toi. Tu seras libre de le dénoncer aux flics et de vivre le parfait amour avec moi ! J’ai tellement hâte. Je ne sais pas ce que les médias vont penser de notre idylle, mais on pourra leur raconter une belle histoire. Tu sais, tous ces regards échangés qu’on ne peut pas éviter, tous ces sourires auxquels on ne peut pas résister. Fais-moi un signe dès que tu es prête à t’enfuir, mon Coeur, et tu verras, ce sera la fin de tous tes soucis.

Je t’aime.

Ton serviteur à tout jamais.

Je suis assez fier de moi, là. Un de mes meilleurs courriers, je trouve. Et avec le beau bouquet, c’est bon, elle va enfin m’appartenir. Je vais pouvoir en faire ma petite créature, mon petit jouet. Quel homme je fais, moi, avec mes mots. Mieux que ça, tu meurs. Je suis vraiment un génie et rien ne pourra jamais m’arrêter. J’adore ! Que c’est beau d’être amoureux ! Que c’est bon d’aimer et d'être aimé en retour !

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