33. L'assistant joue au chef de bande

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Angel


Je commence à avoir des crampes mais pour rien au monde, je ne bougerais de ma position. C’est tellement agréable de sentir Rafaela collée contre moi, sa tête sur mon épaule, mon bras enroulé autour d’elle. Je sais que ce n’est pas raisonnable de continuer comme ça mais qui pourrait m’en empêcher ? Il n’y a que Ben avec nous et il est endormi, lui aussi. Je suis le seul qui ne parvient pas à se reposer et à se laisser aller au sommeil dont nous avons tous besoin à la fin de ce voyage. L’excitation de la situation ? Peut-être… Ou alors, tout simplement, je veux juste profiter au maximum de ce temps qui court si vite et qui pourrait être perdu à dormir.

Je pose mon front contre la vitre et admire le paysage anglais défiler à faible allure. C’est censé être un train à grande vitesse, mais il semblerait que le manque d’entretien des voies ferrées dans ce pays ne permet pas à notre moyen de transport de pleinement s’exprimer. Ce n’est pas si grave que ça, cela étire le temps et ne me déplaît pas dans les conditions actuelles. Je pense que si Rafaela était éveillée, elle ne serait pas d’accord avec moi. Depuis l’agression par le fan au cinéma, elle n’a qu’une envie, quitter ce pays pluvieux qu’elle semble avoir pris en grippe. Et je ne vais pas m’en plaindre vu comment elle se montre tactile avec moi depuis.

Quelle nuit j’ai passée suite à son arrivée impromptue dans ma chambre d’hôtel. Il a fallu toute mon énergie pour ne pas lui sauter dessus, pour ne pas profiter de sa proximité pour finir de la déshabiller et la caresser partout où mes mains pouvaient se porter. Et j’espère qu’elle n’a pas senti mon érection, parce que tout ce qu’elle voulait, c’était un câlin. Et je lui ai donné. J’ai réussi à garder la tête froide et à lui transmettre tout le réconfort dont elle avait besoin. Et de ça, je suis fier, parce que ce n’était pas gagné.

Alors que le train commence à prendre de la vitesse et que nous pénétrons dans le tunnel sous la Manche, je repense à ce matin et au réveil qui a été particulièrement agréable. J’ai en effet eu le plaisir de la découvrir toute collée contre moi, son dos contre mon torse, mon bras qu’elle utilisait comme oreiller. Je n’ai pas résisté à la tentation de déposer un baiser dans son cou, ce qui l’a réveillée tout en douceur. Elle s’est étirée tel un félin dans mes bras avant de s’écarter, non sans m’avoir donné un petit bisou sur la joue. Quel pied ! Si ça pouvait être tous les jours comme ça…

Lorsque nous arrivons en France et que nous revenons à la lumière du jour, j’ai l’impression que le rêve s’arrête car Rafaela se réveille et se redresse sur son siège, le sourire aux lèvres.

— Bien dormi ? Contente d’être en France ? La campagne n’a pas l’air très différente ici de celle en Angleterre, mais au moins, le soleil s’est remis à briller, lui dis-je en replaçant une mèche de ses cheveux derrière ses oreilles.

— Contente d’avoir quitté Londres. Et j’adore Paris. Je ne me suis pas sentie partir, désolée…

— C’est rien, je commence à avoir l’habitude de t’entendre ronfler, me moqué-je alors qu’elle me donne un coup de coude. C’est fou que dans même pas une heure, on arrive à Paris. Tu avais déjà pris un train comme ça ?

— J’ai déjà fait ce trajet, oui. Je te dirais bien pour quel film, mais comme tu n’en as vu qu’un, ça ne te parlera pas, plaisante-t-elle. La première fois que je suis venue à Paris, c’était pour une avant-première. Je me suis sentie tellement petite et à la fois… c’était magique.

— J’espère que ce sera aussi bien cette fois-ci. Et toi, Ben, tu connais Paris ? Pour moi, comme le reste de l’Europe, ce sera une vraie découverte. J’ai hâte de voir la Tour Eiffel et la Joconde !

— Je suis venu avec Rafaela l’an dernier, rit-il. Tu as de la chance qu’on reste deux jours, la dernière fois on est repartis à peine la soirée finie. On a passé en tout et pour tout huit heures dans la capitale.

— J’ai l’impression que je suis un vrai chanceux dans la vie, moi. A nous Paris !

— Tu l’es, quand Rafaela est de bonne humeur. Sinon…

— Je viens de me réveiller, tu comptes vraiment attaquer sur ce sujet ? grimace notre patronne avant de lui tirer la langue.

— Tu sais, même si elle te vire, Ben, tu ne vas pas pouvoir rester ici, en France. Tu seras quand même obligé de retourner aux States, et en plus, tu devras payer ton propre billet. Tu ferais mieux de respecter la boss, ce serait plus malin.

— Voilà, écoute-le, c’est apparemment le plus sage de vous deux.

— Hé, on n’est pas censés se serrer les coudes entre employés ?

— Moi, je serre les coudes avec celle qui me paie, désolé. A une autre époque, j’aurais été un briseur de grève, tu sais ? Ou alors, c’est l’air français qui agit déjà sur moi. Je ne résiste pas à une jolie femme, je suis faible, que veux-tu ?

— Arrête de lécher les bottes de la patronne ou c’est toi qui vas finir par devoir payer ton billet et pas moi, me lance Ben en riant.

C’est sur cette bonne humeur que se continue le reste du voyage jusqu’à Paris, comme si le fait d’avoir changé de pays avait mis de côté les événements de Londres, comme si un poids s’était enlevé de la poitrine de Rafaela, nous permettant à tous d’être soulagés.

Quand nous arrivons à l’hôtel, les employés nous accueillent avec une chaleur qui fait plaisir à voir et Rafaela m’entraîne avec elle dans sa suite afin de l’aider à se préparer pour l’avant-première qui va avoir lieu juste après. En attendant que les employés de l’hôtel nous montent nos bagages, nous faisons le tour de la suite.

— Eh bien, c’est pas mal non plus ici, n’est-ce pas ? On s’y fait à tout ce luxe ou c’est toujours aussi bien, malgré les expériences qui s’accumulent ?

— Je ne saurais pas te répondre… Parfois, je m’émerveille comme une enfant, d’autres ça ne me fait ni chaud, ni froid.

— Tu as vu ? Il y a même un jacuzzi dans ta salle de bain ! Ils ne font pas les choses à moitié, les Français ! Tu crois qu’on a la même chose dans nos chambres ou c’est juste pour la star ?

— Je crois que c’est partout pareil. Le mieux, c’est la piscine au sous-sol. Il y a aussi une salle de sport et un sauna, d’ailleurs. Bon, OK, le luxe a du bon, rit-elle, et on devient vite une Diva, fais gaffe.

— C’est clair qu’on peut vite s’habituer à tout ça. Ce n’est pas ce à quoi j’étais habitué avant de venir à ton service, dis-je alors qu’on frappe à la porte. Oh, ça doit être nos bagages. Tu vas mettre quelle robe ce soir ?

— La robe couleur crème, je vais avoir besoin de toi, d’ailleurs, je pense. C’est une galère à enfiler.

— C’est toi qui choisis tes robes ? Pourquoi tu les prends toutes sur un modèle impossible à enfiler ?

— On me propose un panel de tenues de créateurs généralement et je fais mon choix. Je les choisis parce que je les trouve jolies, et j’essaie de porter une robe d’un créateur différent chaque fois pour mettre en avant les moins connus. Celle de ce soir vient d’une jeune femme super douée, d’ailleurs.

— J’espère bien, parce que si c’est compliqué à mettre et moche en plus, c’est que tu ne sais pas choisir.

— Non, elle est sublime, mais c’est une robe très… ouverte ? Je ne sais pas comment la décrire sans que ça ne fasse négatif, mais en gros, ce sont plein de bandes de tissu qui sont assemblées, du coup il faut tout placer comme il faut, trouver le trou pour les bras, et faire en sorte qu’on ne voit ni mes fesses, ni mes seins, ni… tout ce qui ne doit pas être vu, quoi. Merci beaucoup, termine-t-elle en s’adressant en français au groom tout en lui laissant un pourboire.

— Je sens que les Français vont adorer, murmuré-je alors qu’elle est déjà en train de la sortir de sa protection.

Moi, par contre, ça va être une vraie torture. Une robe ouverte ? Et ça va être à moi de cacher les fesses et les seins ? Oh la la… Mais Rafaela ne se pose pas le même type de questions et s’est déjà débarrassée de ses vêtements. Elle s’enferme quelques minutes dans la salle de bain et je n’ai pas bougé d’un poil lorsqu’elle en ressort et approche de moi en petite culotte, sa magnifique poitrine qui se balance sous mes yeux.

— Tu comptes baver encore longtemps ou tu me donnes un coup de main ? rit-elle. Regarde-moi cette merveille, elle est superbe, non ?

— Oui, superbe, c’est le mot, murmuré-je en essayant de reprendre mes esprits. On commence par quoi ? De bas en haut, non ?

— Oui, il faut nouer la taille pour ensuite placer les bandes de tissu comme il faut. La bande pailletée vient sur les hanches, me répond Rafaela en se penchant pour l’enfiler.

Je m’approche et elle se relève juste devant moi en me tendant des bandes de tissu pour que je l’aide à les positionner sur elle. Je me retrouve à l’enlacer par derrière, son papillon tatoué juste sous les yeux. Elle ne cesse de se baisser pour récupérer des morceaux de tissu et je l’aide à les fixer.

— On dirait que tu as fait ça toute ta vie, j’ai l’impression que je ne sers pas à grand-chose…

— Tu vas devoir passer la soirée à faire attention à ce qu’on ne voit pas mes fesses, alors je peux t’assurer que tu sers à quelque chose !

Je crois que je vais passer la soirée à la mater oui parce que le résultat auquel on arrive est merveilleux. Quand on attache la dernière bande autour de son cou, elle s’éloigne enfin de moi et j’ai l’impression que je peux à nouveau respirer, que j’ai retenu ma respiration tout le temps de son habillage.

— Tu es splendide, c’est fou comme cette robe te met encore plus en valeur que d’habitude.

— Tu vois qu’elle est belle ! Ça valait le coup d’y passer dix minutes, non ? Je te remercie de ne pas en avoir profité pour me tripoter…

Ce n’est pas l’envie qui m’a manqué. Et puis, si l’aider à enfiler la robe n’était pas la tripoter, je ne sais pas ce que j’ai fait, moi.

— J’assiste, moi, je ne tripote pas ! Tu as encore besoin de moi pour la coiffure et le maquillage ou tu vas t’en sortir toute seule ?

— Non, je vais me débrouiller. Tu es doué pour le dessin, mais j’ai un doute pour le trait d’eye-liner. Je devrais peut-être te faire prendre des cours de maquillage, à l’avenir, ça pourrait m’être utile… Bon, j’en ai pour dix minutes, quinze maximum, je me dépêche.

— Ah non, ce n’est pas pour moi, ça. Tu me vois en train de te peinturlurer et me faire engueuler parce que je ne vais pas assez vite ou parce que je ne fais pas les traits comme il faut ? J’ai déjà assez de raisons de me faire crier dessus, merci.

— Tu ne seras donc jamais le meilleur assistant que j’aie eu, soupire-t-elle en haussant les épaules. Dommage pour toi !

— Je suis pourtant bien parti pour faire le record, c’est déjà bien, non ?

— Si tu le dis… mais j’ai moins de raisons de m’énerver sur toi, puisque je dois me débrouiller pour le maquillage, donc ton record ne vaudra rien.

Qu’importe s’il ne vaut rien, j’ai l’impression que chaque minute passée en sa compagnie apporte son lot de bonheur et d’agréables moments. Si ça continue comme ça, je ne suis pas sûr que je vais retrouver un jour l’envie de revenir à mon métier de détective, moi.

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