31. ¡ Viva la vida en España !

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Angel

L’avion atterrit enfin et, pour la première fois de ma vie, je suis en Europe. A Madrid, plus particulièrement, et je compte bien profiter de ce voyage pour en prendre plein les yeux. Le programme est enchanteur : Londres dans deux jours, Amsterdam juste après, Berlin et enfin, le meilleur pour la fin, Paris. Mais bon, tout ça, ce n’est pas pour tout de suite car être l’assistant de Rafaela quand elle voyage n’est pas une sinécure. Cela a commencé quand je me suis pris une remarque avant même de monter dans l’avion car je n’ai pas emmené son petit coussin de voyage et que celui que j’ai acheté à l’aéroport n’est tout simplement pas de la bonne taille pour la tête de la star que j’accompagne. Et tout le reste a été un peu sur le même mood. Je crois qu’elle stresse quand elle quitte la terre ferme et que c’est nous qui subissons parce qu’il lui faut bien une soupape de sécurité. Pauvre Ben aussi qui, pour des raisons qui nous échappent, s’est retrouvé en deuxième classe et qui l’a “lâchement abandonnée” comme elle lui reproche, alors qu’il n’y est pour rien. Si le Dragon s’était endormi, je crois qu’il s’est réveillé et que les Espagnols ont intérêt à être sages s’ils ne veulent pas se retrouver brûlés vif par le feu de sa colère.

Lorsque nous passons la Douane, j’entends Rafaela discuter en espagnol avec les policiers et je me dis que mes quelques rudiments sont bien insuffisants ici. Vivement qu’on soit en France que je puisse utiliser ce que j’ai appris à l’université. Et donc, je suis un assistant un peu à la ramasse et c’est elle qui se charge d’appeler un taxi, non sans me reprocher de ne pas parler la langue du pays, ni de l’avoir apprise.

— Je te rappelle que ça ne fait pas très longtemps que je suis à ton service et que dans le contrat, la maîtrise de langues étrangères n’était pas une des conditions de recrutement ! Alors, arrête de t’en prendre à moi comme ça, s’il te plaît, surtout vu que toi, c’est ta langue maternelle, ici.

— Je m’énerve si j’en ai envie, bougonne-t-elle en me fusillant du regard. Si,comme les autres assistants, tu avais passé un entretien, je t’aurais demandé les bases de la langue espagnole, mais forcément, Quinn a dû pistonner le seul mec chauvin qui ne parle que sa langue maternelle…

— Et qui t’a dit que je ne parlais qu’anglais ? Je suis allé à l’université, tu sais ? J’ai de la culture, moi aussi ! Et tu verras que cela te sera bien utile à Paris, osé-je répliquer alors qu’elle croyait m’avoir maté avec son ton cassant. Vivement que tu sois moins stressée parce que là, tu abuses ! On dirait que la Diva est de retour.

— Je ne suis pas stressée. Et je ne suis pas une Diva, bordel ! s’agace-t-elle en s’éloignant de quelques pas.

— C’est ça, et moi, je suis la Reine d’Angleterre. Tu sais, si c’est comme ça tout le séjour, autant que je reprenne l’avion tout de suite, ça évitera que tu ne t’énerves contre moi sans raison.

— Il a raison, Madame, intervient Ben. On vous connaît autrement, c’est pour ça qu’on se permet de vous dire de nous ménager un peu. Vous verrez, tout va bien se passer.

— Et vous vous liguez contre moi, en plus ? s’esclaffe-t-elle, retrouvant le sourire. Magnifique, je vous adore, tous les deux. Ça fait du bien.

Je lève les yeux au ciel mais suis rassuré de voir qu’elle est un peu redescendue. Elle nous a bien dit avant le départ qu’elle ne voulait pas de béni-oui-oui à ses côtés et qu’elle avait besoin de critiques constructives. Elle a hâte de nous montrer le résultat de son film, mais c’est clair que si elle passe son temps à nous houspiller, on ne va pas être très constructifs.

— Vu le retard qu’a pris l’avion, il faut qu’on aille directement au Bella Artes Cinéma, dis-je en regardant l’heure. Mais ne t’inquiète pas, tu auras une salle pour te reposer un peu avant le début de la séance. Et si je me suis bien fait comprendre de la responsable du cinéma, on aura à manger en arrivant. Des Tapas, je crois. C’est bon pour toi comme ça ?

— Est-ce que j’ai le choix ? Donc, on rentre par derrière pour que je me change et on retourne à l’entrée principale pour les fans ?

— Oui, je suppose. Je vais voir pour organiser l’entrée magistrale de la salle pendant que tu fais la siesta et que tu te prépares.

— Parce que ce n’est pas encore géré ? Magnifique, soupire-t-elle théâtralement. Je ne vais rien dire pour ne pas encore me faire engueuler, mais je n’en pense pas moins.

— Eh bien, pense en silence, tu me vireras à la fin du séjour si je n’ai pas été à la hauteur, d’accord ?

— Parce qu’il y a des conditions pour te virer ? Merde, je me suis vraiment fait entuber en signant ton contrat.

J’adore voir son petit sourire qui me fait comprendre que sa bonne humeur est de retour et qu’elle aime bien ce genre de petite joutes que je me fais un plaisir de provoquer. Notre relation a évolué suite à notre petite séparation et j’ai bien retenu le speech qu’elle a tenu. Je fais tout pour que ça se passe bien et ça a l’air de marcher, même si le Dragon n’est jamais loin.

Quand on arrive au cinéma, l’accueil est royal et tout est fait pour que nous nous sentions bien. On nous installe dans une petite loge où il y a deux pièces, une pour Rafaela et une pour son staff où nous nous installons alors qu’elle va se reposer à côté pour se remettre du décalage horaire. Moi, je n’ai pas ce luxe et je m’active en coulisses pour que le repas soit servi quand elle le souhaitera, pour que son eau soit servie la plus froide possible, pour que le spectacle se passe sans souci. Je m’assure même que la chambre d’hôtel est prête pour la fin de soirée. Un vrai assistant ! Pas le temps de penser à l’enquête ou aux fans en manque d’amour…

Après le repas vite avalé, j’enfile une des tenues choisies par Rafaela et je me dis qu’elle a du goût. J’ai l’air classe avec ma chemise noire, le pantalon sombre et une veste blanc crème. Je constate que la petite pochette de couleur violette est assortie à la robe qu’elle porte et qui est magnifique. Franchement, elle a pensé à tous les détails, et elle porte aussi sa broche porte-bonheur dorée en forme de papillon sur le devant de sa robe. Nous ressortons par l’arrière où une voiture l’attend. Ben monte à l’avant à côté du chauffeur et moi, j’ai la chance de pouvoir m’installer à ses côtés.

— J’ai hâte de voir le film. Je suis sûr que tu vas être formidable dans ce rôle. Ça va, pas trop stressée ? demandé-je alors que la voiture s’engage dans une toute petite rue.

— Formidable ou pas, tu ne te rends pas compte de l’importance de ce film. C’est mon premier rôle qui ne se base pas sur le stéréotype de la jolie fille soit mauvaise, soit nunuche ou trop parfaite. Même avec une bonne prestation, je peux me faire allumer par les critiques… Tu aurais dû regarder mes autres films avant de voir celui-ci, ça t’aurait donné une idée du genre de rôles qu’on me donnait avant d’avoir la chance de tourner pour celui-là.

— Tu veux dire que tu ne vas pas être jolie, là ? Je ne te crois pas !

— Je veux dire que c’est un personnage profond et tourmenté, qui se bat pour ses convictions qui sont bien loin de celles de mes précédents rôles. Mais… tu me charries, désolée, grimace-t-elle.

— Je suis sûr que tout le monde va adorer. James, l’autre star à l’affiche du film, va être là aussi, non ?

— Oui, et le petit Allan qui joue mon fils également. Ça va être sympa de les revoir.

Je n’ai pas le temps de réfléchir à la raison de la pointe de jalousie que je ressens quand elle évoque son partenaire dans le film que déjà la voiture s’arrête. Comme convenu, je sors le premier et fais le tour du véhicule pour lui ouvrir la porte et lui tendre mon bras. C’est un déluge d’applaudissements, de cris, de flashes. J’ai l’impression d’être invisible pour tous les fans qui ne voient que la ravissante créature à mes côtés et quand nous arrivons en haut des quelques marches, je me retire pour la laisser saluer l’audience. Elle le fait avec un naturel qui est impressionnant, surtout que je sais qu’elle n’aime pas trop ça.

Un petit discours rapide est fait en espagnol et le film commence ensuite dans un silence presque religieux. Je suis rapidement pris par l’action et en oublie que l’actrice principale est ma patronne tellement elle a l’air d’incarner le personnage. Que d’émotions, j’en viens presque à pleurer quand elle se retrouve abandonnée de tous et qu’on lui retire son fils. Et à la fin, quand malgré son handicap, bien qu’elle soit autiste, elle récupère la garde de son enfant, avec l’ensemble du public, j’applaudis dans une rare communion. Rafaela se lève et va se mettre devant la scène où elle est rejointe par les autres acteurs et le réalisateur du film. Son sourire en dit long sur la fierté qu’elle ressent face à l’accueil du film. Je ne capte rien aux échanges de questions réponses qui suivent car tout le monde lui parle en espagnol, sans laisser le temps à la traduction de se faire, mais je n’ai pas l’impression qu’elle se fasse critiquer. Au contraire, tout le monde semble conquis, comme je l’ai été moi-même par cette prestation magnifique.

Durant la petite réception qui suit, je n’ai pas l’occasion de me rapprocher de Rafaela qui est accaparée par la foule de journalistes et de fans présents. Ben parvient à toujours rester près d’elle, mais je ne pense pas qu’elle soit en danger. Moi, je sens la fatigue commencer à se faire sentir et suis ravi d’enfin croiser le regard de la star du jour qui donne le signal du départ. Dans la voiture, elle reste silencieuse et se perd dans la contemplation du paysage. Je ne sais pas ce que ce silence veut dire, mais je le respecte, tout comme le fait Ben. Et c’est toujours sans un mot que nous arrivons à l’hôtel où un jeune groom nous emmène à nos chambres. Je me dépêche de m’installer chez moi pour aller voir si Rafaela n’a besoin de rien. Je frappe à sa porte mais je n’ai pas de réponse. J’utilise le double qu’elle m’a laissé pour pénétrer et constate qu’elle n’est pas dans la pièce principale.

— Rafaela ? Tu es là ? Tout va bien ? Tu as besoin de quelque chose ?

— C’est toi, Angel ? crie-t-elle depuis la salle de bain. Tu peux venir m’aider ? Le zip de ma robe est coincé !

— Euh, oui, j’arrive.

J’ouvre la porte et la vois s’agacer sur la fermeture éclair sur son flanc, se tortillant tel un poisson pris dans un filet.

— ¡ Coño ! C’est pas possible de faire des trucs aussi pourris à ce prix-là, grogne-t-elle. Quelle connerie !

— Attends, c’est juste que la fermeture est prise dans la couture. Regarde, si tu remontes, là, comme ça, ça va descendre tout seul.

Et effectivement, c’est ce qu’il se passe. La robe tombe directement à ses pieds et je me retrouve juste à côté d’elle en petite culotte. Je détourne les yeux, mais j’ai le temps de mater son corps de rêve qui s’imprime dans mes rétines et mon cerveau de manière presque indélébile.

— Oh désolé, je ne pensais pas que ce serait si efficace que ça.

— Tu dois être le premier, hormis mon père, à détourner les yeux en me voyant à poil, pouffe-t-elle en récupérant une serviette de bain qu’elle positionne sur sa poitrine.

— Ce n’est pas que c’est désagréable, hein ? Mais ce n’est pas convenable… Bref… Je voulais voir si tu allais bien. Satisfaite de l’avant-première ? Tu étais… Je n’ai pas de mot pour dire à quel point tu m’as ému.

— Mais… tu rougis ? sourit-elle en venant me pincer la joue. Ne me dis pas que tu n’es pas allé voir ces histoires de photos de moi nue sur le net ?

— Ah non, je n’y ai pas pensé, avoué-je franchement. Mais l'original est mieux, je suis sûr. Quoique… La version de la mère particulière n’était vraiment pas mal.

— Ça t’a vraiment plu ? me demande-t-elle plus sérieusement. Je veux dire… Le personnage, moi dans le rôle, pas le physique, quoi…

— Je crois que nous avons tous été conquis. Tu vas avoir une récompense avec ce rôle, c’est évident !

Quant au physique, la petite serviette ne couvre pas grand-chose et j’ai du mal à rester concentré sur la conversation tant ses courbes sont attirantes.

— On verra bien… Je n’ai pas pensé à ça en prenant le rôle, mais ce serait un petit bonus agréable.

— Ton duo avec James et aussi avec le petit, c’était juste incroyable… Plus personne n’osera te critiquer sur tes talents d’actrice, désormais.

— Peut-être bien, mais il y aura toujours des mauvaises langues. Je suis sûre que ma mère trouvera quelque chose à redire.

— On s’en fout de ta mère, non ? Et peut-être qu’elle aussi sera séduite ? Difficile de ne pas l’être, ajouté-je en l’observant de manière moins subtile.

— Tu ne parles plus du jeu d’acteur, là, je me trompe ? sourit-elle en me lançant la serviette au visage pour cacher sa poitrine de ses mains. Je peux prendre ma douche, maintenant ?

— Si tu n’as plus besoin de moi, je te laisse. N’hésite pas à me bipper. Bonne soirée et encore bravo pour ce magnifique film et ta belle performance.

— Merci, Angel. Bonne fin de soirée à toi, me dit-elle en approchant pour m’embrasser sur la joue.

Vu la chaleur qui s’empare de moi, je dois rougir jusqu’en haut de mes oreilles et je me dépêche de filer avant de déraper et de ne plus retenir mes mains traitresses qui ne pensent qu’à se poser sur la peau nue de cette sublime femme dont je pense devenir rapidement le plus passionné des fans.

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