27. Le mateur du jacuzzi

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Angel

Allez, on respire, Angel. On inspire… On expire… Pfiou… Que m’arrive-t-il ? Heureusement qu’elle est sortie de la pièce, parce que là, je ne tiens plus ! C’est quoi tous ces bisous qu’elle me fait ? C’est comme ça qu’une patronne remercie ses employés ? Et puis, pourquoi ça me met dans cet état ? C’est quoi cet état ? J’essaie de me concentrer sur les ballons que j’accroche un peu partout parce que je sais que je dois faire vite avant qu’ils ne redescendent, mais c’est compliqué. Tous ces ballons, c’est elle qui les a touchés, elle qui les a gonflés, elle qui… Merde, il faut que j’arrête, ça tourne à l’obsession là !

Je monte sur la chaise pour accrocher les derniers en hauteur et hop, un nouveau flashback me passe en tête. C’est elle qui était sur cette chaise il y a quelques minutes. Rafaela Lovehart en personne, vêtue d’un simple short qui met en valeur ses longues jambes et un débardeur un peu large sans soutif. Vous imaginez la vue du dessous quand elle a levé les bras ? Il y a de quoi devenir fou. Il va falloir que j’écrive à Quinn ou que je l’appelle… Peut-être qu’il va falloir que je lui fasse un procès, mais là, c’est abusé ! C’est marqué où dans le contrat qu’un des risques du job, c’est de se retrouver en compagnie de la plus belle femme du monde qui joue à la séductrice ? Comment je fais pour résister à ça ?

Allez, on respire encore, ça a marché tout à l’heure, pour calmer la panique qui s’empare de moi. La panique ou l’excitation ? Mais pourquoi je ne sais plus rien, moi ? Et mince, j’entends les portes s’ouvrir à l’étage et il me reste encore deux ballons à accrocher. Tant pis, je saute en bas de ma chaise et quand les deux jeunes filles dévalent les escaliers les premières, je me précipite et leur tends les deux baudruches en criant un tonitruant :

— Joyeux Anniversaire, Princesses !

De les voir entrer les yeux remplis d’étoiles, cela me ramène immédiatement sur Terre. J’atterris en douceur et m’écarte sur le côté de la pièce pour les laisser entrer et s’émerveiller devant toutes les décorations que nous avons installées. Rafaela les suit bientôt, le petit Thomas dans les bras. Que c’est beau de la regarder sourire comme ça. Elle est plus fière à ce moment là qu’après son interview avec Jerry ou quand elle lit une critique positive d’un de ses films.

— Wow ! Trop bien ! C’est trop beau ! s’exclame une des deux jeunes filles sans que je sache laquelle c’est.

— Ça vous plaît ? Bon, j’avoue, Angel m’a aidée, j’ai mis trop de temps à vous cuisiner le petit déjeuner, j’étais à la bourre…

— T’étais bourrée ? se moque Tess, je crois. Tu as quand même fait des pancakes ?

— Bien sûr que j’ai fait des pancakes ! Et j’étais en retard, pas bourrée, Taylor. Allez, à table, rit-elle en approchant de moi. Tess a le tee-shirt rose, Taylor le jaune, si des fois tu n’arrives pas à les distinguer. Une histoire de grain de beauté sur la pommette. Taylor et moi avons le même, hérité de mon père.

— Mon Dieu ! Qu’est-ce que c’est, tout ça ? s’exclame Allyson, la mère de Rafaela, qui vient d’entrer dans la pièce. Non mais, tu es folle, ma chérie !

— Doucement, ma biche, tu sais bien que c’est pareil tous les ans. Bon anniversaire, les filles ! complète son père qui la suit.

— Ça va, il n’y a pas une montagne de cadeaux dans le coin de la pièce, soupire Rafaela en installant Thomas sur une chaise.

— Et puis, si on ne fait pas rêver les enfants à leurs âges, quand peut-on le faire ? ajouté-je. Qui veut du jus d’orange ? C’est ma tournée !

— Eh bien, tournée de jus d’orange pour tout le monde, sourit Bella en descendant à son tour avec son mari. Tu t’es surpassée, Rafie, c’est magnifique.

— Angel l’a aidée ! C’est beau Maman, hein ? s’exclame Taylor alors que ses parents l’embrassent l’un après l’autre.

— Eh ben, merci Angel, continue la mère des jumelles en venant me faire une bise.

C’est de famille, les bisous ? Parce que ce n’est pas désagréable toutes ces jolies femmes qui viennent m’embrasser.

— Oh moi, je n’ai pas fait grand-chose, c’est Rafie, la Grande Instigatrice de tout ça ! Même qu’elle l’a fait bourrée, il paraît.

— Eh bien, bourrée deux jours de suite, c’est sympathique, soupire Allyson en critiquant à nouveau sa fille.

— Un jour sur deux, Maman, un jour sur deux seulement, marmonne l’intéressée qui file à la cuisine, visiblement agacée.

— C’était une blague, vous savez, elle a juste dit qu’elle était à la bourre…

— Je te déconseille de te mêler de tout ça, chuchote Terrence à mes côtés. Volcanique, cette situation, je ne voudrais pas que ça te pète au nez…

Vive l’ambiance dans la famille. J’en arrive à plaindre ma patronne qui semble être à la fois la source de toutes les admirations et la cible de toutes les critiques. Heureusement que les enfants sont loin de toutes ces considérations bassement terre à terre. Ils sont heureux de tout ce qui leur est proposé et malgré les critiques à peine voilées de ses parents, Rafaela semble passer une bonne journée.

Quand le soir arrive et que tout le monde va se coucher, j’avoue que je suis content que le calme revienne un peu. C’est fou comme cette famille a de l’énergie et peut fatiguer ceux qui les accompagnent. Ellen est déjà allée se coucher, tout comme son mari. Et encore, vu que Rafaela a privatisé un restaurant ce midi, elle n’a pas eu à faire à manger pour tout le monde. Sinon, qu’est-ce que ça aurait été… Je vais moi aussi me reposer dans ma chambre et constate qu’il n’est pas encore vingt-deux heures. Je suis crevé comme rarement, je l’ai été.

Alors que je me mets à l’aise et enlève mon tee-shirt, quelqu’un frappe à la porte et je soupire. Il semblerait que ma journée ne soit pas encore terminée car c’est ma patronne qui se présente à moi, vêtue d’une brassière et toujours de son si agréable petit short.

— Je suis en pause syndicale, là, Rafaela, dis-je en souriant quand même, ravi de la voir.

— Je vois que mes parents t’épuisent autant que moi, rit-elle. Je vais aller me détendre en faisant du Yoga, si des fois ça t’intéresse. Pas d’obligation, j’aimerais autant ne pas avoir de plainte pour asservissement.

— Euh, du Yoga ? Comment tu fais pour avoir encore l’énergie pour ça ? Si je viens, je suis obligé de participer ou je peux juste profiter de la musique relaxante ?

— Je réitère, aucune obligation. Mais prends ton maillot de bain, je veux bien te prêter mon jacuzzi, si tu veux.

— Ah si tu me prends par les sentiments, je ne peux pas refuser. J’avoue que l’eau du spa me fait plus envie que des exercices et des ohmms !

— Tu as tort, le Yoga fait beaucoup de bien, tu sais ?

— On verra si tu arrives à me convertir, je te rejoins dans deux minutes.

Elle s’éloigne dans un sourire et je me dépêche d’enfiler un maillot pour la retrouver sans plus tarder. Quand j’arrive dans la salle de sport, elle a déjà lancé la musique et installé un matelas au sol.

— Je peux vraiment aller dans le jacuzzi pendant que tu fais ton Yoga ?

— Oui, si tu préfères ça au bien-être d’une position du lotus, évidemment. Mais n’y prends pas trop goût quand même, je ne le prête pas souvent.

— Je préfère oui. Je crois que j’ai mérité ça pour mes bons et loyaux services.

Je traverse la salle de sport et vais m’installer dans le jacuzzi dont je lance les tourbillons, non sans avoir laissé la porte ouverte afin de profiter du spectacle que m’offre Rafaela qui vient de se mettre à quatre pattes sur son tapis. Elle ferme les yeux et se cambre, en rentrant son dos au maximum. Elle enchaîne en se retournant et fait une position qui ressemble à une table, ses seins pointant vers le ciel. Elle se repose ensuite en levant ses longues jambes en l’air. Purée, mais arrêtez la torture ! Heureusement que je suis dans l’eau, au moins elle ne voit pas comment elle m’excite. Je mate, ce n’est pas bien, mais quel homme pourrait résister et rester insensible à tant de positions suggestives ? Mon cerveau l’imagine faire la même chose, nue et là, je suis au bord de la crise de folie. Je ne suis qu’un homme et je suis surpris quand elle m’interpelle et me sort de ma rêverie.

— Toujours pas tenté par le Yoga ? Ça a pourtant l’air de bien t’intéresser…

— Disons que le spectacle est splendide, mais que c’est encore mieux de faire ça avec les jets d’eau sur la peau. Tu es une experte, on dirait.

— Dix ans de pratique, ça aide. Experte, je ne sais pas, mais c’est agréable de se retrouver avec soi-même après une longue journée.

— Oui, ça aide à oublier toute l’excitation des enfants et les critiques des parents. Je comprends que tu aies besoin de ça.

Mais ça n’aide pas mon excitation à moi. Surtout quand je la vois se lever et venir s’installer au bord du jacuzzi, les pieds dans l’eau, à mes côtés. Elle est magnifique au naturel, sans maquillage, après l’effort physique qui a rosi ses joues.

— On fait avec ce qu’on a. Je ne me plains pas des enfants, même s’ils sont épuisants, c’est de la bonne fatigue et ils me permettent de garder les pieds sur terre. Mes parents, eh bien… je réitère, on fait avec ce qu’on a, hein ? Comment sont les tiens ? Aussi envahissants que les miens ou tu as de la chance ?

— Les miens ne sont plus de ce monde, malheureusement, mais ça fait longtemps. Tu es en tout cas pleine de merveilleuses surprises. J’ai passé une excellente journée malgré la fatigue.

Et la soirée l’est tout autant. Je dois tout faire pour résister à la tentation de sortir du jacuzzi pour l’embrasser et lui faire l’amour tellement elle crée de désir en moi.

— Oh, je suis désolée… Et moi qui me plains de mes parents constamment, grimace-t-elle. Je suis contente que tu aies apprécié la journée. Ma sœur et Terence sont cools, ça va.

— Oui, tu as une jolie famille et grâce à toi, tout le monde a des étoiles plein les yeux et des souvenirs à chérir.

— Mes parents n’ont pas trop apprécié la privatisation du restaurant. Ça ne leur met pas des étoiles dans les yeux et ils ne voient pas l’intérêt de la chose. Je n’ai pas fait ça par plaisir, mais ce n’est pas eux qui sont interrompus pour des autographes au beau milieu du repas… Et puis, je ne voulais pas que les filles finissent en photos sur les réseaux sociaux. Juste pour info, même si tu penses ce que tu veux, toi aussi, j’ai l’habitude.

— Tes parents sont fiers de toi, tu sais, même s’ils ne te le montrent pas. Il me semble qu’ils ont peur que tu abandonnes tout si tu crois qu’ils sont satisfaits de ce que tu fais et pensent qu’ils doivent continuer à te pousser pour ne pas que tu t’arrêtes en chemin. Je crois qu’ils n’ont pas compris que rien ne t’empêcherait de jouer la comédie, tu as ça en toi et ton talent n’est plus à prouver. Bref, désolé, je fais de la philosophie de comptoir… Il est tard ! ris-je.

— Mes parents n’ont toujours pas compris que j’aurais déjà arrêté si ça ne me plaisait pas. J’adore incarner des personnages et je leur ai déjà dit je ne sais combien de fois que je les remerciais de m’avoir fait prendre des cours de théâtre. Mais… ils sont tellement oppressants et jugeants que je me suis vite éloignée quand je l’ai pu et ils n’ont pas apprécié que je les snobe. Sauf qu’ils m’empêchaient de respirer. Bref, je ne vais pas te raconter ma vie non plus, conclue-t-elle en se glissant à son tour dans le jacuzzi.

Je m’écarte un peu mais il n’est pas si grand que ça et je ne peux rien faire quand elle s’assoit à mes côtés et que sa main, dans le mouvement, effleure mon érection que rien ne peut calmer dans les circonstances actuelles. Je rougis immédiatement et tente de détourner la conversation.

— Euh, tu ne fais plus de Yoga, toi ?

— Non, je crois que les remous vont me détendre aussi. A moins que ma présence te gêne ?

— Non, non, du tout. J’espère juste que ça ne te dérange pas de partager avec moi. Je peux te laisser, si tu préfères.

Peut-être qu’elle n’a rien remarqué. Mais si c’est le cas et qu’elle me demande de sortir, là tout de suite, je fais comment pour cacher cette bosse qui me fout la honte ?

— Je te l’aurais déjà dit, si tu me dérangeais, murmure-t-elle. C’est quand même le pied, ce calme.

— Oui, je peux te dire que je ne regrette pas d’avoir signé mon contrat, soupiré-je.

— Ne te repose pas sur tes lauriers pour autant, je te préviens. Ce n’est pas parce ton travail me satisfait et qu’il te plaît qu’il peut y avoir du relâchement, hein ? sourit-elle.

— Je t’assure qu’il n’y a aucun relâchement de ma part ! rétorqué-je rapidement.

— Ah oui ? Eh bien, ça semble venir du fond du cœur, au moins, se moque-t-elle.

Ou du fond du jacuzzi. Il faudrait vraiment que j’apprenne à réfléchir avant de parler. Néanmoins, je passe des moments formidables, quoique frustrants, avec une femme superbe et beaucoup plus intéressante et profonde qu’elle ne le laisse penser au premier abord. Comme quoi, elle est loin du cliché “Sois belle et tais-toi” et elle gagne tout à se faire connaître. Mon enquête avance peu, j’ai un peu l’impression d’être payé à ne rien faire, mais tous ces petits riens m’apportent beaucoup de bonheur et de joie. C’est bien comme bonus, non ?

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