Chapitre V. Proverbes 14:17

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Arrivé chez moi, j’ai claqué la porte et suis monté dans ma chambre directement. Cette action a apparemment énervé ma mère qui est rentrée dans ma chambre à peine quelques secondes après moi :

— Tu pourrais faire attention avec la porte s’il te plaît, ce n'est pas toi qui la payeras quand elle sera cassée !

Pris dans mon énervement, je n’ai pas cherché à mettre les formes et je lui ai répondu sur le coup.

— OH ! C’est bon lâche moi, ta porte au vu de sa gueule elle a dû avoir vu les deux dernières guerre mondiale c’est pas un petit coup qui va la tuer !

— Marius Charles Louis Nicolas ! reprit-elle après quelques secondes de silence. Tu vas commencer par me parler sur un autre ton ! Je suis ta mère pas ta copine, donc tu me dois le respect. Je vais en parler à ton père quand il rentrera, tu verras !

Elle se retourna et ferma la porte qui ne manqua pas de claquer, ce à quoi j’ai rajouté :

— LA PORTE !

Elle la rouvrit presque instantanément pour me lancer un regard noir, avant de la refermer. Je m’allonge sur mon lit et remets mes écouteurs dans l’idée de broyer du noir toute la soirée. Je suis vite rejoint par Cardinal qui s’allonge sur mon ventre. Ce chat est souvent chiant, mais quand il faut, il est là. Après une bonne heure dans ma chambre à écouter des musiques, j’entends toquer à la porte.

— C’est qui ? dis-je

— Le Pape ! Répondit la voix qui n’est d’autre que celle de mon père.

Même si cette blague est très mauvaise, elle me fait sourire sur le moment, je lui dis d’entrer et il vient s'asseoir sur le bord de mon lit.

— Alors ? Ta mère m’a dit que vous vous êtes disputés.

— Ouais… dis-je en soupirant.

— Je ne pense pas que ce soit seulement pour une histoire de porte hein ?

— Non…

— Et donc ?

Je lui explique alors rapidement l’histoire avec Henri, jusqu'à sa trahison et son vol, ainsi que les raisons de mon énervement. À la fin de l’explication, il prend quelques instants pour choisir ces mots et reprend :

— Enfin Marius… Tu n’as pas besoin d’avoir des titres et responsabilités pour que ta mère et moi soyons fières de toi. Oui, ça nous rend fières, mais c’est juste un plus. Tu as de bonnes notes, tu es bien élevé, sauf quand tu claques les portes et parles mal à ta mère, et surtout, tu es notre fils. Même si ta mère a du mal à le montrer, elle est fière de vous tous. Et en ce qui concerne ce Henri, ça arrive que les gens décident de fréquenter d’autres personnes. Et pour ce qui est de ta défaite, je connais des coins très isolés où on ne le retrouvera jamais, finit-il en rigolant.

Ses mots m’ont redonnés le sourire assez vite

— Merci, et désolé, repris-je.

— Ce n’est pas à moi que tu dois des excuses, jeune homme, dit-il en se levant. D’ailleurs, tu as malgré tout manqué de respect à ta mère, ça te coûtera une semaine sans sortie, finit-il en sortant.

—Ok, soupirais-je

Après cette discussion, j’ai attendu une dizaine de minutes avant de descendre faire mes excuses à ma mère, ce qui à mon grand regret n'a pas annulé ma punition. De toute façon, je n’avais prévu aucune sortie cette semaine. Après le dîner, je suis remonté dans ma chambre, c’est alors que j’ai vu un message d’Élisa qui venait aux nouvelles, je lui ai dit de ne pas s’inquiéter, et que ça allait mieux, mais comme à son habitude elle était assez dubitative. J’ai donc fait le plus beau selfie avec le plus beau des sourires absolument surjoué pour lui prouver ma bonne foi, ce qui a défaut de la convaincre, l’a au moins fait rire.

Le week-end lui s’est passé dans un calme relatif. On va dire qu’il est difficile de se concentrer sur un devoir de philo quand on a deux fillettes de dix qui jouent à la dînette doublée d’un match de MMA juste à côté. C’est d’ailleurs très étonnant qu'à cet âge, on puisse imaginer ce mélange.

C’est le dimanche matin que mon week-end de repos fut le plus troublé. Ce matin, la messe n’était pas négociable pour ma mère. Qui dit messe, dit chorale. Et qui dit chorale, dit Henri. J’ai pu voir aux quelques occasions où j’ai regardé dans la direction de celle-ci, que celui-ci me regardait. Après la messe, alors qu’on attend que ma mère et mon père aient fini de faire les mondanités avec la moitié de la paroisse, je sens une tape dans le dos. Je me retourne alors et je vois Henri tout sourire.

— Tu veux quoi ?

Son sourire s’efface rapidement de son visage face à ma réaction des plus froides.

— Je venais te dire bonjour, mais apparemment, tu t’es levé du pied gauche.

C’est alors que ma petite sœur juste à côté de moi s’immisça dans la conversation et dit :

— NON ! Il est juste grognon depuis vendredi parce qu’un méchant garçon dans sa classe lui a volé son poste de délégué.

Son visage se décomposa encore un peu plus.

— Ouais, d’ailleurs concernant ça, je voulais te dire…

Il est alors coupé par mon père qui nous appelle au loin.

— Marius ! Si t’es privé de sortie, ce n'est pas pour retrouver tes amies devant la cathédrale, allez venez.

— Bon, je dois y aller, repris-je, salut !
Je rejoins alors mes parents avec Lison, et nous rentrons chez nous aussi vite.

Le lundi matin se déroule plutôt bien, les cours sont longs et ennuyeux comme à leurs habitudes, mais juste assez rapide, pour pas que nous sautions tous par la fenêtre. Lors de la pause méridienne, nous sommes tous à table avec Élisa, Joachim, Thibaut et Amine quand Henri arrive à notre niveau avec son plateau. Il hésite une seconde avant de parler, lui qui a son habitude est si sur de lui et dit :

— Je peux me joindre à vous ?

Tout le monde semble attendre ma réponse, tout le monde sauf Amine qui brise le blanc en train de s’installer en s’exclamant :

— Mais bien sûr que tu peux ! Vas-y viens à côté de moi !

À côté de lui, ça veut dire en face de moi. Tous les autres regardent Amine avec un regard réprobateur ce à quoi il se contentera de répondre un “bah quoi ?”. Élisa fait alors un signe de la tête vers moi. Et l’expression sur son visage traduit littéralement une lumière qui s’allume, il s’exclame alors à nouveau :

— Aaaaah ! C’est par rapport au fait qu’Henri ait volé le poste de délégué à Marius !

Joachim et Thibaut poussent un râle de désespoir et Élisa plonge la tête dans ses mains face à temps de subtilité. Je vois alors le visage d’Henri déjà bien gêné l’être encore plus et dis alors :

— Nan, m’en fou, et de toute façon, j’ai fini.

Je me lève et m’en vais débarrasser mon plateau. Le reste de la journée se passe aussi calmement que le début. La dernière heure qui est une heure d’Anglais avec Mme.Maurice notre professeur principal, se déroule tout aussi bien. C’est à la fin de celle-ci alors que je m'apprête à sortir de la salle que celle-ci m’interpelle.

— Marius, tu peux rester un peu s’il te plaît ?

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