Isis-Nofret.

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Vêtue d’une robe vaporeuse en lin verte, Isis-Nofret était toujours merveilleusement apprêtée, comme si l’amour de sa vie, le seul et l’unique Ramsès allait venir la voir. Elle espérait toujours qu’il revienne, celui à qui elle avait donné son cœur et son corps. Il n’y a avait que lui et il n’y aurait que lui.

Comment ne pas aimer un tel homme ?

Il était à elle avant que cette femme n’arrive dans sa vie. Elle s’était sentie trahie à l’époque, elle eut mal, si mal d’être reléguée derrière mais que pouvait-elle faire ? Même les dieux l’avaient trahi lorsqu’elle avait mis au monde, le premier enfant du prince Ramsès, une fille…

Et elle, les Dieux lui ont accordé la mise au monde d’un héritier.

A cette époque, elle comprit qu’elle ne serait que la seconde et l’avait accepté par amour pour le Pharaon. Elle était devenue ainsi la supérieure du Harem Royal et la directrice des enfants du Kep et à cet instant, elle attendait de pied ferme la princesse royale : Mérytamon.

Et cela la mettait mal à l’aise, Mérytamon ressemblait tellement à sa mère : Néfertari. A chaque fois, qu’elle la voyait, son cœur saignait. Elle repensait à toute cette peine, cette souffrance qui l’avait habité pendant des années et qui revenait sans cesse lorsqu’elle voyait cette petite Princesse.

Alors, pour masquer ses émotions et son mal-être, elle se montrait plus sévère avec Mérytamon. Elle lui faisait payer sa ressemblance et quelque part, Isis-Nofret se vengeait. Et aujourd’hui, elle jubilait. Mérytamon, la petite fille modèle, avait commis une erreur. Elle n’avait pas terminé son travail et avait préféré fuir au lieu de finir. Et ça, en tant que directrice, elle devait le lui faire remarquer. Mérytamon, la parfaite, pensa t-elle, subirait une punition et elle savait laquelle.

On frappa alors. Elle tira sur sa robe pour la remettre correctement, arrangea sa perruque et demanda à son domestique d’ouvrir la porte. Elle vit la jeune fille, toujours vêtue de sa robe blanche en lin.

—Où étais-tu ? Voilà plus de vingt minutes que je t’ai faite appeler ! dit-elle froidement dès que Mérytamon franchit la porte d’entrée.

Le regard de la jeune fille se baissa en signe de respect.

Face à l’absence de réponses de la jeune fille, elle continua :

—Tu étais encore à traîner dans le jardin, je suppose. Dit-elle en posant son regard sur les tâches vertes sur le tissu.

—Je suis désolée, je… murmura la jeune fille, toujours en gardant la tête baissée.

—Arrête d’être désolée, Mérytamon. Je voudrais que tu prennes enfin conscience de tes devoirs, ici. Il y a des règles à respecter. Continua t-elle avec sa singulière froideur.

—Je respecte les règles, madame, je… répondit-elle d’une voix tremblante

—Non, tu ne les respectes pas. Tu manques de respect à ton professeur en t’enfuyant dans le jardin. Affirma Isis- Nofret avec exaspération

Mérytamon persuadé de son bon droit, répondit

—Je ne me suis pas enfuie dans le jardin. Je comptais terminer mes écritures ce soir, après le cours de musique. Ahmosê…, avoua t-elle malgré tout, très gênée.

—Cesse de mentir. Ahmosê est venu me voir après le cours. Il t’avait expressément demandé de rester le temps du déjeuner et tu as refusé.

—Non, je lui ai dit que…

—Tais-toi, maintenant. Cesse de m’interrompre.

Face à ce regard métallique, glacial, Mérytamon baissa de nouveau le sien au sol. Cette femme la détestait, elle le savait mais ignorait les raisons.

—J’ai prévenu le Pharaon… Il est au courant de ta nonchalance et de ton manque de travail. Reprit plus posément Isis-Nofret

Mérytamon sentit les larmes lui monter aux yeux. Elle n’avait qu’une envie : partir de cet endroit, se réfugier dans son jardin merveilleux, au pays des couleurs et des encres… Elle n’avait rien fait de mal. Elle avait dit à Ahmosê qu’elle terminerait et elle tenait toujours parole.

Face à sa belle -mère qui continua son discours, Mérytamon garda le silence, les yeux toujours au sol.

—Nous sommes donc tombés d’accord. Tu n’assisteras pas au spectacle des danseuses d’Hathor, ce soir. Tu iras avec ton précepteur terminer tes travaux d’écriture et en faire d’autres. Cela te fera réfléchir…

En prononçant cette interdiction, la belle Isis-Nofret savait qu’elle toucherait la jeune fille, adoratrice de la déesse Hathor et si proche de ses arts.

« Cette fois, je tiens ma vengeance se réjouit-elle. Pleure aussi, Jolie princesse… tu ne sais à quel point moi aussi, j’ai pleuré… » murmura t-elle en la voyant touchée par cette horrible punition.

Prête à la congédier, la porte s’ouvrit brusquement. Isis-Nofret perdit pied lorsqu’elle la vit entrer. Son cauchemar…

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