ADIEU

2 minutes de lecture

Quand les souvenirs reviennent, c’est comme un tison brûlant qui vous traverse chaque membre en même temps. Tyler n’est plus. Sur la tombe de l'inspecteur on peut lire : Mort en service. Un classique du genre pour un flic. Mais il était bien plus que ça. Mortensen reste un moment devant la pierre. Pourquoi l’a-t-il suivie jusqu’à Londres lorsqu’elle a tout quitté pour qu’on l’oublie ? Pour oublier. Mais ce genre de choses ne s’oublie pas. On vit avec. Un flic doit apprendre à négocier avec ses fantômes. Le môme s’en sort, finalement, et le meilleur des hommes repose six pieds sous terre. Une légère brise lui caresse la peau.

— Deyn ?

Lawrina se retourne, à peine surprise.

— Je ne vais pas me rendre à la police… annonce-t-il, planté là, impassible.

— Tu...

— Laisse-moi finir, s’il te plaît.

L’inspectrice l’observe. Elle ressent le vide. Aucune émotion, pas même la colère, ne l’anime.

— Je suis malade. Ma maladie n'excuse en rien ce que j'ai fait, mais... ces voix... il fallait que je les arrête. Je n'ai pas su. Elle continuent de me chuchoter des choses. Je vais me faire interner.

— Deyn. Je suis désolée... pour tout ça.

— Tu n'y es pour rien. Je me demande seulement pourquoi tu m'as épousé ?

— Je t’aimais. J’ai sans doute cru que tu me sortirais de ma mélancolie. Tu étais passionné, altruiste… Je n’aurais jamais dû partir comme ça.

L’atmosphère est imprégnée d’une froideur abyssale. Il s’éloigne vers la sortie du cimetière.

— Deyn ! Ne fais pas de conneries, lance-t-elle, brusquement.

— Ne t'inquiète pas, je ne vais tuer personne.

— Ce n'est pas ce que je voulais dire...

Gilmore sourit.

— Je veux vivre ! Tu ne me connais pas, en fin de compte. Moi non plus, je ne te connais pas. Deux étrangers ont vécus ensemble sans se rendre compte qu'ils n'étaient pas à leur place. Des gens sont mort à cause de ça.

— Tu parles de destin ?

— Je ne sais pas de quoi je parle.

Je n’ai pas compris ma réaction. Ou plutôt, mon absence de réaction. Il a raison, des gens sont morts et moi je suis restée plantée là, apathique. J’aurai dû me jeter sur lui, je cogner, l’insulter. Tyler n’est plus. A cause de lui. A cause de moi. Parce que je me suis toujours laissée porter. Je me suis laissée aller aux gré des choses, sans jamais décider de ce que je voulais vraiment. Ma O’Donnell a essayé de m’ouvrir les yeux sur mon attitude irresponsable envers moi-même. Des innocents ont payé pour ma bêtise. Tout est lié. Nous sommes tous connectés les uns aux autres. Reliés par un fil rouge. Invisible, mais bien réel. Nos actes se répercutent sur l’existence de chacun. Nous devons prendre soin les uns des autres. Non pas au sens où on l’entend, mais prendre soin de notre destinée pour ne pas impacter celle de l’univers. Être responsable c’est vivre et expérimenter pleinement ce don du ciel. Survivre, c’est la mort. Une pandémie de mort. Deyn a raison, il faut vouloir vivre. Je vais vivre.

Lawrina Mortensen, ex-flic de Londres, dépose l’agenda rouge sur la stèle de Tyler Declan McKenzie, Détective Inspecteur Chef de Brixton.

Tout ceci est bien réel. C’est finit.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 4 versions.

Vous aimez lire Salt Penry ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0