La fête (Parcours Orange) 

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« Désolée, si je ne vous réponds pas souvent. Tout va bien, la fête va commencer. »

« Désolée si je ne vous réponds pas souvent. Tout va bien, la fête va commencer. » est le SMS que Lucie adresse à Rachel et Aude à dix-sept heures quarante cinq dans le métro qui la conduit à Bellecour. Marie et elle se rendent ensemble au point de départ du parcours qu’elles ont choisi la veille. Marie est perdue dans ses pensées. Elle a hâte d’avoir les premiers retours de Lucie sur sa première soirée de la Fête des Lumières.

Arrivée place Bellecour sur les coups de dix-huit heures, la foule est déjà très dense. Marie et Lucie se fraient un chemin vers la première oeuvre de leur parcours orange, l’oeuvre Pavillon, n° 17. Elle se résume à une succession d’éclairs et de dessins électriques blancs dans le ciel, que Lucie trouve fades dû à l’absence de couleurs. Elle n’aime pas cette oeuvre. La musique évoque des battements de coeur et cela la met mal à l’aise. Alors elle entraine Marie vers l’oeuvre suivante, n° 18, Prairie Ephémère, juste à côté.

Cette animation autour de la statue équestre de Louis XIV avait déjà attiré l’attention de Lucie : des volutes évoluant lentement dans le ciel apportent un premier sentiment d’émerveillement. La musique a quelque chose d’aquatique. Mais ce n’est que le début ; la suite du parcours réserve encore beaucoup de surprises. Après le passage Place Bellecour, Marie et Lucie poursuivent leur chemin en discutant quand Marie est interrompue par une des ses connaissances qui venait des les rattraper. Marie fait alors les présentations. Puis elles poursuivent leur chemin comme deux vieilles amies. Curieuse, Lucie demande

— Ça fait longtemps que vous vous connaissez ?

— 3 ans, on était au lycée ensemble, pourquoi ?

— Pourquoi tu ne lui a pas proposé de se joindre à nous ? Quelque chose ne va pas entre vous ?

— Non tout va bien. C’est plutôt que je veux profiter pleinement de ce premier jour avec toi.

C’est ainsi qu’au rythme de la foule de plus en plus dense Marie et Lucie arrivent quai Tilsitt aux abords du pont Bonaparte, sur les berges de la Saône, pour rejoindre la troisième oeuvre du parcours orange, l’oeuvre n° 20, Les Colosses. Fascinant. Impressionnant. Les colosses, bien sûr, virtuels et surtout très lumineux, semblent tenir et soutenir le pont. Au passage, c’est le seul pont de la ville qui n’a pas été dynamité lors de son évacuation par l’armée allemande entre le 2 et 3 septembre 1944, lors de la libération de Lyon. Lucie sort son portable et prend des photos des Colosses. Pour l’instant c’est l’oeuvre qu’elle préfère, comme elle le dit à sa copine Rachel en lui envoyant un MMS.

Mais qu’en est-il de l’oeuvre n° 19, La rêverie lumineuse de Léonard ? - Lucie et Marie sont passées à côté sans la voir car la foule est trop dense, en ce jeudi 5 décembre 2019. Elle est pourtant toute proche de La prairie éphémère de la place Bellecour. Après avoir donc vu Les Colosses les deux amies se rendent directement sur le quai des Célestins, sur la Saône également, depuis lequel elles observent les animations n° 21 du chevet de la cathédrale Saint Jean : Cueilleurs de Nuages. Au loin, elles aperçoivent celles du chevet de la basilique de Fourvière, sur la colline au-dessus. Lucie en profite pour faire quelques photos encore une fois.

Elles s’éloignent de la Saône et arrivent place des Célestins où se situe le théâtre du même nom et dont la façade est animée : c’est l’oeuvre n° 22, Lightning cloud. La foule étant toujours aussi dense sur cette place, étriquée dans ce contexte, elles ne peuvent pratiquement pas voir, en ayant de surcroît la sensation d’être serrées comme dans le métro à l’heure de pointe.

Après la place des Célestins, direction la place des Jacobins et sa fontaine. Marie et Lucie ne s’y attardent pas car l’oeuvre n° 23 Wasserleuchten ne leur plait pas plus que ça.

Les voici maintenant dans la rue Edouard Herriot, qui va leur permettre de rejoindre les quais de la Saône, en passant d’une oeuvre à une autre. La rue est elle même animée par l’oeuvre n° 24 De grands rêves à partager. Ces illuminations entre les maisons dansent, légères, et brillent dans la nuit comme des attrape-rêves qui veilleraient sur tous. Lucie est émerveillée d’autant que, pour elle, assister à cette manifestation féérique est un désir qui se concrétise.

Ni l’une ni l’autre n’a remarqué l’oeuvre n° 25 « Dundu, les géants de Lumière » qui se déplace. Pourtant de gigantesques bonshommes, comme de grandes marionnettes lumineuses animées par des humains, déambulent en dansant sur les quais de Saône.

Place St Nizier « Can you see the light? » est l’oeuvre n° 26. L’illusion nous fait croire que nous sommes aux Etats-Unis ! Le clinquant de Las Vegas avec des enseignes lumineuses à l’américaine. Hautes de six mètres ! C’est kitsch au possible. On y retrouve des personnages de nos dessins animés préférés qui font bien rire les deux compagnes. Mais, attention, ici pas de plastique, ici pas de débauche d’électricité. Lyon étant soucieux comme toujours de l’environnement, L AUTEUR Lyon a utilisé des matériaux nobles et naturels et des lampes LED à foison pour reconstituer les enseignes des motels américains tels qu’on les connaît dans les films. C’est une belle réussite et un joli clin d’oeil à nos amis d’outre Atlantique.

Pour un 5 décembre, il fait plutôt bon et la promenade leur est à toutes deux finalement très agréable. Lucie n’a pas vu l’heure passer et il est déjà 20 heures. Elles arrivent alors place Gabriel Rambaud, mais l’oeuvre qui porte le n° 27, « Trapped », qui est une oeuvre interactive ne les attire pas vraiment et elles décident de continuer le parcours.

L’animation n° 28 « The great indecision council » de la place Sathonay donne à Lucie l’impression de se retrouver dans un manège équestre ! Curieux, n’est-ce pas, autour d’une statue immuable, des fenêtres internet font défiler des messages en temps réel provenant de réseaux sociaux. Juché sur son cheval, le courageux Sergent Blandan qui est mort au combat à 23 ans, se demande que sont ces discours sans queue ni tête, de ces bizarres citoyens. Marie et Lucie restent là, plantées un moment, songeuses, mais n’insistent pas et reprennent leur chemin.

« Une petite histoire des lumières », n° 29, place des Terreaux qui accueille entre autres l’Hôtel de ville et le magnifique musée des Beaux-Arts. Que se passe-t-il ? Toute la façade du musée est dans l’obscurité ! Doucement, insensiblement, des lumières apparaissent, l’espace se transforme. Nous ne sommes plus en ville, les visiteurs volent dans des nuages qui oscillent et voltigent. Redécouverte de la poésie pure. Merci, Marie mon amie. Merci Marie, mère de Jésus à qui la Fête des Lumières est dédiée.

Jeu de mots entre Théâtre, Eau et Terreaux, Théâtr’eaux est la dernière étape du parcours orange, la n° 30. Elle se situe au premier étage de l’Hôtel de Ville devant une fontaine entourée de guirlandes de lumières. Oui, nous sommes bien en présence d’une scène de théâtre dont la fontaine est le personnage central. Les statues, à l’arrière, font partie de la scénographie. Des gargouilles au regard incandescent. La musique, relaxante, est un appel à la paix. Lucie, Marie, restent figées au milieu du public, fascinées comme lui.

Au loin on discerne déjà la Place de la Comédie où débutera le parcours rose qu’emprunteront demain les deux jeunes filles, désormais inséparables.

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