La fête (Parcours Rose)

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« Hier, c’était dingue, surprenant, je n’ai pas de mots»

« Hier, c’était dingue, surprenant, je n’ai pas de mots .» C’est le texto, l’unique texto quotidien que Lucie adresse à ses deux amies bretonnes Aude et Rachel. Toute la journée, Lucie a hâte d’aller découvrir les oeuvres du parcours du jour, le parcours rose.

Marie profite du déjeuner pour demander à Lucie ce qu’elle a pensé de la soirée d’hier sur le parcours orange.

— J’ai vraiment aimé, c’est sûr. J’ai une préférence pour les Colosses et Théâtr’eaux. Un peu déçue de ne pas avoir vu les géants de lumière.

— Dundu ?

— Oui. J’aurais aimé. Hier, j’ai rapidement vu les gigantesques abat-jours, je crois que cette oeuvre va beaucoup me plaire ce soir.

— En effet, moi aussi, je pense qu’elle va nous plaire. Il va être plus court ce parcours, donc on aura plus de temps pour faire des photos. De plus, la place de la Comédie est plutôt bien agencée. On ne devrait pas être trop à l’étroit comme sur la place des Célestins, hier soir.

— Ah ça, c’est bien. On part à quelle heure ce soir ?

— Un peu avant dix-sept heures trente, pour qu’il n’y ait pas trop de monde dans les transports, mais que l’on ne piétine pas trop longtemps sur place non plus avant le début des animations.

— D’accord, c’est toi qui gères, tu connais, pas moi. Je vais vider la carte mémoire de mon appareil photo sur mon ordinateur, en vue de la soirée.

— Tu aimes la photo ? Moi aussi. Surtout les photos en basse lumière. Viens, prends ton ordinateur et on va s’installer sur le canapé, avec un bon thé puis éditer nos photos ensemble.

Elles viennent de se découvrir une nouvelle passion commune, la photographie. Elles ne voient donc pas l’après-midi passer. Il est déjà l’heure de rejoindre le début du parcours rose.

Ce vendredi 6 décembre 2019, le circuit qu’elles empruntent démarre aux abords de la colline de la Croix Rousse, plus précisément Cour des Moirage, par l’oeuvre n°9 intitulée « Order 200 ». Lucie pense immédiatement à l’Ombrière du Vieux-Port de Marseille et Marie aux lumignons que les Lyonnais déposent à leurs fenêtres le 8 décembre. Ensemble elles prennent des photos puis se rendent à l’oeuvre suivante « Faites vos jeux » qui porte le n°10. Celle-ci n’intéresse ni Lucie ni Marie qui se dirigent donc vers l’oeuvre qui les passionne sur ce parcours « Les Lustres » (n° 11) de la place de la Comédie au pied de l’Opéra, à deux pas de l’Hôtel de Ville. Cette oeuvre les fascine et elles ne se lassent pas d’immortaliser les abat-jours à chaque changement de couleur. L’animation rappelle à Marie les Philips U géantes.

L’oeuvre n° 12, tout comme « De grands rêves partagés, » est une « oeuvre-passerelle » qui fait le lien entre plusieurs oeuvres. Ce sont « Les amours en cage », qui se prolongent rues de la République et Carnot. Pourquoi leur avoir donné ce titre ? Lucie ne voit pas trop. Mais elle aime ces luminaires tous suspendus dans les arbres, tous différents et de couleurs vives.

Et voici donc nos deux jeunes filles atteignant, place de la Bourse, l’oeuvre n 13 : « Light me ». Bizarre, elle ressemble à trois robots et projecteurs géants qui ont pour fonction première d’illuminer de plus en plus intensément les personnes au fur et à mesure qu’elles s’en rapprochent. Un choeur de voix multi-langues enveloppé de musique. Pas de mots pour expliquer rationnellement ce ressenti si ce n’est qu’il est sans conteste poétique et étrange.

« Microcosmos » est l’oeuvre suivante, la n° 14, rue du Président Carnot. C’est une oeuvre lumineuse en trois dimensions, ensemble de triangles, immobile, bleue et blanche, très géométrique posée au sol qui, pour Lucie, a un petit air asiatique, allez savoir pourquoi. Peut-être un rappel des motifs de vêtements d’Extrême-orient. Curieusement, cette oeuvre est réfléchissante et quand on prend de la distance, on voit une ombre. L’ensemble paraît froid aux yeux des filles. Elles ne s’attardent pas.

Les voici devant l’oeuvre n°15 « Les Lumignons du coeur », sur la longue place de la République. Pourquoi ce titre ? - Parce que les passants peuvent acheter un lumignon au bénéfice de l’Association des Paralysés de France et le déposer sur le plan d’eau, construisant ainsi l’oeuvre au fur et à mesure des contributions (Euh…, paradoxalement la majorité des parcours ne sont pas accessibles aux personnes en situation de handicap). Les murs de la rue, le plan d’eau, sont bleu nuit et font ainsi d’autant plus ressortir les lumignons. Sentiment de paix.

Arrivée à l’Hôtel Dieu, dans la cour du Midi, se trouve la dernière oeuvre du parcours rose, la n° 16 « Coda », la « conclusion ». Posé sur une rampe, dans la brume, une figure rectangulaire en trois dimensions et de bonne taille d’où émergent une vingtaine de barres de lumière qui s’agitent, telles des sabres de Jedi. Oeuvre futuriste, danse des machines dit-on. On a l’impression que d’un moment à l’autre ces barres lumineuses vont se propulser dans l’air comme des fusées. Lucie et Marie ont le sentiment de traverser pendant quelques instants un espace-temps relevant de la science-fiction.

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