La Mère Michel ne manque pas de chien

2 minutes de lecture

22 décembre.

La Mère Michel est une vieille femme à chats. C'est d'ailleurs de là que lui vient son surnom. Parce que la Mère Marie Figaro-Berlioz, c'est trop long à dire.

Elle vit dans le bâtiment d'en face, au deuxième étage. Elle ne sort pas souvent, hormis pour acheter les croquettes et autres babioles pour ses félins. De ma fenêtre, j'en dénombre dix. Enfin, ils étaient onze initialement, mais un s'est fait la malle en profitant de l'absence de sa propriétaire. Une fois libre, il a pris ses jambes à son cou et n'est jamais revenu. D'ailleurs, la vieille ne s'en est jamais aperçu.

Au début, je voulais la dénoncer pour maltraitance animale, tant ses pauvres chats s'entassent les uns sur les autres dans son quinze mètres carrés. Puis je me suis ravisé. Cette pauvre dame a l'air de les aimer ses boules de poils. Il m'est impossible de l'en priver.

Aujourd'hui, je suis debout à trois heures du matin, parce que ma vessie m'a supplié de la vider maintenant. Et apparemment, je ne suis pas le seul, vu la lumière au deuxième étage de l'appartement d'en face. Je crois que la Mère Michel ne trouve pas le sommeil. Elle tourne encore et toujours dans son appartement. Elle a l'air de parler seule. Elle est bizarre. On dirait qu'elle m'a vu. Je ferai mieux de retourner au lit, je ne veux pas de problème avec elle.

Bon, il est désormais sept heures du matin. J'ai eu du mal à dormir tellement cette femme hantait mes pensée. Du coup, mon premier réflexe au réveil a été de regarder par la fenêtre. Et j'ai été accueilli par le magnifique majeur tendu de la Mère Michel. Un plaisir. Moi aussi je vous hais vieille folle.

Cela étant, ce qui me perturbe le plus, c'est le calme dans son logement. Pas de chats à l'horizon. J'ai beau regarder, je n'en vois aucun. À la place, trône un petit chien sur la banquette du salon. La Mère Michel a l'air accro à lui. Elle le cageole, le caresse. Elle a l'air d'avoir oublié ses chats. Pour preuve, elle a claqué la fenêtre au museau de l'un d'entre eux. Ce dernier a tapoté à la vitre, jusqu'à repartir face à l'absence de réponse. Pauvre matou. Remplacé par un chien sorti de nulle part...

Actuellement, il est dix-sept heures. Après le travail, je suis parti me renseigner. Mon instinct avait dit vrai ; elle a bel et bien abandonné ses chats de toujours. D'après certains, elle voulait du changement et a foutu ses matous à la rue, sans prévenir. Comme pour me prouver la rumeur, l'un de ces minets m'a suivi tandis que j'enquêtais. Il s'agisait d'une boule blanche à quatre pattes dont les grands yeux bleus n'arrêtaient pas de me crier "Aime-moi ! Prend-moi avec toi !"

Bien évidemment, je n'ai pas cédé.

Je ne l'ai pas nommé Félix.

Il n'est pas du tout sur mes genoux à ronronner.

Il n'est pas du tout adorable.

Oh mon Dieu, je deviens accro à cette boule de poils. Je me transforme en Père Michel...

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Sibaran ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0