24 décembre.

Sous l'appartement de la Mère Michel, vit une petite famille. Il y a les deux parents et leur jeune fille de sept ans. Pour son anniversaire, sa tante lui a offert un ciret rouge ;  de ceux qui donnent envie d'envoyer cette petite chez sa mère-grand, armée d'un panier de galettes.

Tout les matins, elle part à l'école avec, semblable à un coquelicot gambadant. Elle me fait toujours rire, avec ses joues assorties à son ciret à force de courir. D'ailleurs, aujourd'hui encore elle courait, lorsque le drame s'est produit.

Il devait être dix-huit heures trente. Elle trottinait sur les pavés, suivie par ses parents quelques mètres plus loin. Soudain, sortant d'un coin de rue, un homme déguisé en Père Noël s'est mis en travers de sa route. La gamine, surprise, s'est décalée, mais a glissé sur le verglas. Vu ses pleurs, je pense qu'elle s'est fait bien mal. L'homme l'a regardée, et au lieu de l'aider, a continué sa route. Et la petite hurlait :

"Le Père Noël n'existe pas ! C'est un vilain pas beau !"

Et cetera, et cetera.

Ses parents ont accouru pour la calmer. Quant à moi, j'ai fermé ma fenêtre pour écrire ce terrible méfait. Parce que je veux bien que la fillette hurle à la mort. C'est irritant, mais peu importe. Par contre, qu'elle ose dire sans sourciller que le Père Noël n'existe pas, c'est beaucoup trop pour moi.