Chapitre 2

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Après l'incident de l'abeille géante, Farfalla remarqua des immenses gardes immobiles placés stratégiquement dans la ville. Ils paraissaient terrifiants avec leur armure moulante de couleur noire et cuivre. Ils portaient également un casque orné de piques qui cachait complètement leur visage. L'italienne aimait les observer pendant ses heures perdues. Il y avait des hommes et des femmes et on pouvait tout juste les distinguer les uns des autres . Même leur voix semblaient identiques, Farfalla avait remarqué cela pendant les séances de recrutement. Mais l'adolescente ne s'intéressait pas à leurs discours. Elle, ce qu'elle voulait faire, c'était de travailler dans la médecine des plantes.

Ce matin-là, Farfalla se réveilla très tôt, sa mère avait besoin d'aide pour la commande d'un riche client. L'adolescente sortit de son lit toute ankylosée, elle avait les cernes aux yeux. C'était la première fois qu'elle se levait aussi tôt. Elle ouvrit les volets de sa chambre et découvrit un magnifique ciel étoilé.

— Farfalla, dépêche-toi un peu ! Ordonna sa mère.

— Oui, j'arrive !

Elle enfila un vêtement en vitesse, s'attacha les cheveux sans même les coiffer. Pour finir, l'adolescente descendit vers la cuisine.

— On va préparer quelques médicaments à base de plantes avant que tu partes à l'école.

— Ça marche, répondit l'adolescente en bâillant.

Farfalla avala son petit déjeuner rapidement, puis aida sa mère dans la réalisation de ses médicaments.

Sa mère avait reçu une énorme commande de la part d'un riche client. Elle expliqua à sa fille comment préparer les plantes dans de bonne condition. Elle parla pendant un long moment. Farfalla put enfin commencer, elle était impatiente. Toutes ses longues années de théorie amplement méritées. L'adolescente put se mettre au travail. Elle y prit beaucoup de plaisir. Ses mains s'habituèrent petit à petit aux plantes plus ou moins épineuses. Sa mère la surveillait presque tout le temps, mais vu que Farfalla se débrouillait bien, elle la laissa tranquille.

L'adolescente ne vit pas le temps passer, ce furent les premiers rayons du soleil qui la surprirent.

— Fafa, tu m'as bien aidé ce matin. Je te félicite ! La complimenta sa mère.

— Merci !

L'Italienne avait perdu ses mots, elle était trop contente d'avoir réussi. Cette expérience lui plaisait. Elle confirma ses hypothèse pour l'avenir : c'était dans ce domaine qu'elle voulait travailler.

Farfalla changea d'habits, les plantes étaient plutôt salissantes, puis elle se dirigea vers son école. Pendant le trajet, elle vit un garde un poil différent : c'était une femme avec une mèche de cheveux qui dépassait de son casque. La jeune fille lui fit un sourire, mais la femme ne réagit pas.

La journée scolaire se passa vite, elle était un peu ennuyante pour l'adolescente. Cette dernière pensa aux événements de ce matin. Pendant toute la journée. Vers 18h, quand Farfalla eut fini ses cours, elle vit Lothar se promener dans la forêt. Elle le laissa tranquille et rentra chez elle paisiblement.

— Ma chérie, je serai en réunion ce soir, il y aura un garde qui va s'occuper de toi.

— Pourquoi ? Demanda la fille un peu anxieuse.

— C'est la Loi : comme tu n'a pas encore dix-huit ans, tu ne peux pas rester seule.

Elle la prit ses bras pour lui dire au revoir, puis sa mère disparu derrière la porte. À l'instant, un garde entra.

C'était la femme à la mèche de ce matin. Farfalla ressentit quelque chose de bizarre dans son ventre, une sensation étrange mais pas maléfique, le sentiment que tout irait bien avec elle. De tous les gardes, celle-là ne faisait pas peur à Farfalla. La femme fit quelques pas, l'adolescente put inspecter cette tenue de plus près. Cette dernière moulait bien le corps de la femme comme si elle ne portait aucun vêtement. La femme ne parla pas, elle s'assit sur une chaise. Farfalla était obnubilée par elle. Soudain, la femme enleva son casque. Sa longue chevelure brune fut délivrée et tomba en cascade sur ses épaules telle une déferlante lors d'une tempête. Ses yeux brillaient comme un phare dans un sombre cyclone. Au bout de quelques instants, ses cheveux lisses prirent leur position naturelle et Farfalla put enfin distinguer les yeux bleus de la femme. L'adolescente resta bouche-bée pendant toute la scène.

— J'espère que ce n'est pas ma tenue qui te choque autant ! Fit la femme avec un sourire.

— Non, non, vous êtes très jolie vêtue ainsi, mais je m'attendais pas à voir votre visage. Vous êtes aussi jeune que moi !

La femme explosa de rire. L'adolescente l'accompagna. Les deux femmes rirent pendant un long moment.

— Tu peux commencer par te tutoyer :je m'appelle Melya et non je ne suis pas aussi jeune que toi.

— Si tu veux, moi c'est Farfalla.

— Tu est bien trop naïve, ma chère. Je vais t'expliquer quelques choses. Tu sais tout autant de moi qu'il faut prendre de Las Astrane un peu tous les jours.

— On nous le répète sans arrêt, que c'est pour notre bien vital, dit Farfalla. C'est faux !

— Plus ou moins, continua la femme. On dit des mensonges pour nier la vérité.

— Tu va me dire toute la vérité ? Pourquoi moi ?

— Parce que ton sourire est empli d'amour et de bonheur. Tu es jeune, tu es née ici, mais ce sont nous, les anciens, qui ont fait de toi ce que tu es devenue. Las Astrane est une plante dont on devient vite dépendant. Selon les chercheurs, c'est une drogue utopiste. Qui, selon laquelle, permet d'avoir une vie meilleure. Qui dit nouveau monde dit monde parfait. Tu as obtenu la « beauté absolue »

— La beauté absolue? S'étonna Farfalla.

— Dans l'ancien monde, expliqua Melya, tout le monde était différent, des grands, des petits, des obèses, des maigres, des laids et des beaux. Les autorités, en découvrant cette planète, voulaient créer un monde parfait. À Courtepaille, tout le monde est identique. Heureusement pour nous, l’esprit est différent.

Ces troublantes révélations bouleversèrent Farfalla. La jeune fille s'engouffra dans les bras de Melya pour pleurer. Elle y resta pendant un long moment.

— Je suis désolée, mais j'étais obligée de te parler de ça, mais maintenant, n'en parlons plus. Je vais préparer à manger, je commence à avoir faim. Mais d'abord, je vais aller me changer, indiqua Melya.

— Tu peux aller dans ma chambre, répondit Farfalla.

L'adolescente expliqua où était située sa chambre à la garde. Farfalla resta assise. Elle aussi, son ventre criait famine. « il faut vite trouver un bateau et partir d'ici avec Lothar », songea la fille. Ses pensées commencèrent à se brouiller, des souvenirs apparurent, qui se mêlèrent avec des pensées négatives. Elle demeura perdue dans un vaste trou perdu. Le retour de Melya fit sursauter la jeune fille.

— Je t'ai fait peur ?

— Non, j'étais plongée dans mes pensées à cause de tes révélations.

Farfalla tourna la tête vers Melya. La femme était vêtue d'une magnifique robe fleurie.

— Tu détestes un aliment en particulier ? L'interrogea la femme.

— Je te laisse carte blanche, j'aime tout.

Melya lui répondit par un sourire, elle ouvrit un peu tous les placard pour chercher de la nourriture. Pendant ce temps, l'adolescente regarda encore l'armure de la garde, elle était toujours intriguée. Farfalla commença par la toucher du bout de son doigt. Elle trouva la tenue douce donc elle plongea deux doigts à l'intérieur. L'adolescente crut d'abord que ça serait rugueux à cause des minuscules motifs qui faisaient penser à la peau d'un serpent. Le poids l'étonna aussi, la tenue était aussi légère qu'une plume.

— Farfalla, à table ! Tu pourras essayer ma tenue après, pas maintenant ! Fit Melya.

L'adolescente se retourna le visage tout rouge, qu'elle cachait tant bien que mal. Elle s'assit sur une chaise et la femme lui donna son assiette : un poulet blanc avec des pommes de terre épicées accompagnés de Las Astrane. Farfalla se régala, elle mangea lentement pour savourer chaque bouchée. C'était bien différent des repas de sa mère, mais c'était tout aussi bon ! Melya avait le sourire aux lèvres, elle était heureuse de voir l'adolescente se régaler de son plat.

— Qu'est ce que tu vas faire maintenant ?

— Je vais sans doute aller lire un livre dans mon lit, et toi ? Voulut savoir la jeune fille.

— Je veillerai sur toi et sur la maison jusqu'au retour de ta mère, il parait qu'il y a des voleurs la nuit.

— Ça ne me fais pas peur, plaisanta Farfalla.

Elle fit un câlin à Melya pour lui dire bonne nuit, puis monta dans sa chambre. Elle remplaça ses habits par sa robe de nuit puis pénétra dans sa couverture qu'elle aimait tant. Elle sortit un gros livre regroupant les auteurs de fantasy du XXe siècle. C'était très vieux ça ! Ce volume regroupait les œuvres de J.R.R Tolkien, de C.S Lewis, de Clark Ashton Smith et, pour finir, de George R. R. Martin. Depuis quelques temps, elle lisait le Seigneur des Anneaux. L'adolescente se plongea dans sa lecture. Les aventures de Frodon et de Sam la captivèrent tellement qu'elle en oublia de dormir.

Elle se réveilla à cause d'un bruit en provenance du rez-de-chaussée. Elle enleva son livre de sur sa tête.

— Maman, c'est toi ? Cria Farfalla.

Personne ne répondit, mais le bruit retentit une autre fois. Elle sortit de son lit pour aller voir ce qui se passait. Un courant d'air passa sur ses jambes nues. « C'est pas bon signe » songea t-elle. Elle appela Melya, mais celle-ci ne répondit pas. Ce fut à ce moment-là que Farfalla angoissa. Elle sentit son cœur battre de plus en fort, elle crut qu'il allait exploser ! L'adolescente arriva dans la cuisine, le sol paraissait être de la glace à ses pieds. Elle tendit l'oreille et le bruit s'estompa. Farfalla décida de vérifier si sa mère était dans sa chambre. Elle traversa le couloir, puis tourna à droite. Elle ouvrit la porte.

Farfalla découvrit sa mère attachée au fond de la pièce. L'adolescente se jeta sur sa mère.

— Cache-toi, ce ne sont pas des voleurs, cache toi ! Lui ordonna sa mère.

Farfalla essaya de libérer sa mère, mais cette dernière lui ordonna encore une fois de se cacher. Cette fois là, la jeune fille obéit et alla se dissimuler dans une énorme malle. La fille avait terriblement peur ! C'était le premier incident depuis quinze ans. Quelques instants plus tard, trois hommes baraqués entrèrent brusquement dans la pièce.

— On a fouillé toute la maison, elle est où ta fille ?! cria l'un des hommes, apparemment le chef.

— Je l'ignore, je ne veux pas que ma fille soit maltraitée par vous, dit la mère en larmes.

Elle reçut une baffe violente de la part du chef.

— Tu mens, elle est dans cette pièce. C'est tant pis pour toi, tu pouvais avoir beaucoup d'argent.

Il était en train de caresser ses cheveux et son cou.

— Arrêtez ! J'étais idiote. Qui est assez fou pour laisser sa fille à des inconnus pour une somme d'argent ?! Cria la mère de Farfalla.

- Tais toi ! Malheureusement, les mecs, on va se contenter d'une vieille ce soir.

L'homme prit la femme dans ses bras. Farfalla voulu intervenir mais un des hommes posa une grosse boîte à outils sur la malle, rendant la sortie impossible pour la jeune fille. Cette dernière ne pouvait plus rien voir, mais elle entendit les hommes sortir de la pièce. « Ou va-t-elle ? Qu'est-ce que ces hommes vont lui faire » Farfalla vivait dans un monde bien utopiste pour savoir la vérité.

Farfalla essaya tant bien que mal de se libérer. Elle était toute recroquevillée. Au bout de quelques minutes, ses jambes la faisaient souffrir. La jeune fille donna un coup puissant pour se débloquer. La malle ne bougea pas, son épaule lui faisait terriblement mal maintenant. « Quelle idiote ! Je ne pourrai jamais sortir de cette caisse ! » songea Farfalla. Cette dernière pleura comme une madeleine pendant de longues minutes. Au bout de trente minutes, elle devint toute ankylosée dû au fait qu'elle ne pouvait pas se mouvoir. Elle avait faim, soif et même besoin d'uriner. L'adolescente ferma les yeux pour s'endormir. Elle plongea dans un sommeil par intermittence pendant longtemps jusqu'au moment où elle se réveilla trempée et puante. Sa tête lui faisait un mal immense. L'adolescente n'en pouvait plus de rester coincée dans la caisse, immobile, baignant dans son urine. Elle essaya un dernier coup pour tenter d'ouvrir la malle. Comme par magie, elle réussit. Farfalla se sentit libérée et elle s'étira. La boite à outils avait littéralement disparu, comment était-ce possible ? L'essentiel pour Farfalla était de retrouver sa mère. L'adolescente alla dans la cuisine et vit sa mère plutôt en forme.

— Ma chérie, qu'est-ce qui s'est passé, tu es trempée, tu as fait un vilain cauchemar ?

« Ai-je rêvé ou ma mère ignore tout ? » songea la fille. Farfalla conclut que la deuxième proposition était la bonne, car sa robe était vraiment trop dégoûtante pour que ça aie été un rêve.

— Un terriblement cauchemar, je n'ai pas pu m'en empêcher, menti la fille.

— Tu n'as pas l'air très bien, tu vas rester à la maison aujourd'hui. Lave-toi et va dans ma chambre pour dormir, tu y dormiras plus facilement.

— Tu ne te souviens de rien à propos d'hier soir ? L'interrogea Farfalla.

— Je suis rentrée de ma réunion, j'ai fais la connaissance de Melya et je suis venue t'embrasser, tu t'étais encore endormi avec un livre. Pourquoi tu me poses cette question ?

— Pour rien... Pour rien.

Les mots de Farfalla furent presque inaudibles. Elle alla se laver, puis dormit dans la chambre de sa mère.

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