Éveil

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Dans le Siège – noir – Ils me tiennent – noir – une main, sur moi – noir – des décharges – noir – je meurs ! – Flash – La lumière perce mes yeux.

Un cauchemar – encore – bordel... Je me réveille sous migraine. Ça pulse aux tempes, ça tape ferme et la luminosité participe. Où suis-je ?

Se découpe sous mes yeux le plastique cheap d'un dossier de siège, surmonté d'un tissu d'un rouge douteux. À côté, son voisin. À gauche, une allée ; des rangées composées de leurs camarades et, en fond, les fenêtres exhibant un décor flouté par la vitesse.

Qu'est-ce que je fais dans un train ?

J'me redresse d'un coup, mon cœur en profite pour redoubler d'efforts et tape encore plus violemment à l'intérieur de ma boite crânienne. Je grimace de douleur en contemplant la scène qui s'offre à moi : un wagon vide, déserté de bruit et filant à travers les champs estompés par son passage. Un intérieur aseptisé, qui ne vibrait même pas, comme s'il filait sur l'air plutôt que sur des rails. Un TGV probablement. Comment suis-je arrivé ici ?

Une voix vient soudainement grésiller dans les haut-parleurs pour traitreusement rompre le silence installé.

— Il ne te reste plus que trois minutes avant que tout n'explose, clame une voix sadique avant d'ajouter « tic tac tic tac », comme dans une parodie de mauvais film américain.

— C'est quoi, ces conneries ? crié-je, sans espérer réponse. Cette annonce pour le moins mélodramatique m'inspire de très mauvaises choses. Quelque part je sens que ce n'est pas une farce. Car tout semblait étrange. Un TGV désert, aucun souvenir de la façon d'y être arrivé et puis quelque chose dans l'ambiance... comme un parfum de fin du monde.

Je me lève. J'dois me barrer, c'est clair. Tout me le dit, tout le transpire : fous l'camps !

Électrisé, j'm’élance vers le fond du wagon, à contre-sens de sa direction, comme si la menace était à l'avant. Je remonte les rangées de fauteuils trop placides. Au bout, la porte, vitrée à souhait, me promet les prochains espaces s'enfilant jusqu'au bout du train. Vite !

Mais la poignée m'envoie bouler. S'ouvre pas. Veut pas me sauver, la garce.

— Inutile, raille la voix traitresse. Toutes les voies sont fermées. Tic tac !

— Saloperie de psychopathe ! Répondis-je en faisant à mon tour dans le mélo.

Par acquis de conscience, je tape à grand coups de coude dans la vitre au cas où elle serait fragile. Mais rien.

Mordant mes lèvres, Je retourne vers l'avant du wagon. Histoire de vérifier les dires de l'autre. Mais c'est la même vitre froide et désespérément transparente qui me refuse son franchissement. Le wagon suivant semble me rire au nez.

— Tic tac... Tic tac...

Mon « Putain ! » résonne avec force dans tout le wagon. J'me mets en quête de n'importe quel objet qui me permettrait d'abattre ces maudites portes, ces murs, ou ces vitres, s'il le faut. N'y-avait-il pas quelques haches rouges planquées dans quelques vitrines, comme dans les films ? M'agitant, pris de terreur, je cherche trop gros et la voix me nargue...

« Encore une minute, tic tic tac !

Et puis là je tombe sur le graal : le marteau brise-vitre était pourtant juste sous mon nez. Je m'empresse de le sortir de son boitier – j'ai une pensée pour l'amande salée qu'on me fera payer si tout cela s'avère fake – et puis dans un déchainement frénétique je claque l'objet de toutes mes forces sur la vitre.

J'm'acharne, je donne tout, mais le paysage continue de me toiser en défilant, je-m'en-foutiste, derrière le verre. Dans ma main, le soi-disant marteau est privé de sa pointe métallique, je ne tiens qu'un bout de plastique...

« Quarante secondes !

— Non, non, non, et merde ! Crié-je comme si ça allait aider. Je quitte le panorama, me place au centre du wagon, mes yeux courent tous azimut à la recherche de...

— Trente secondes. Plus vite !

... De quelque chose... Je me jette au sol, inspecte sous les sièges, mais rien !

J'commence à ouvrir chaque casier, dernière chance ...

« Vingt secondes. Allez allez !

... Rien ! Il n'y a rien dans ces foutus casiers ! Mais je continue, pas le choix. J'ouvre, je ferme, j'ouvre, je ferme...

« Quinze secondes... 14...

— Oui... OUI ! ATTENDS !

J'me décide à essayer d'arracher un accoudoir. J'essaye de l'emporter, quitte à désosser tout le fauteuil. Me faut juste une pièce de métal solide !

12...

Je m'appuie des pieds sur le fauteuil d'à côté, dans cette position invraisemblable, je tire...

11

Le métal commence à se plier. Je m'acharne !

10

Je tire dessus de tout mon poids, il s'incline.

9

Il va rompre ! Je sens la ferraille souffrir et grincer.

8

J'commence à taper dedans avec mon pied. J'vais l'avoir !

7

— Tu vas te rompre saloperie !

6

CLANG ! L'objet est dans ma main. Je l'ai !

5

La vitre, maintenant ! Je me relève et vise le paysage flou.

4

J´amorce le geste, puis lance la pointe métallique qui l'arrimait il y a peu au fauteuil.

3

J'lai percuté. MERDE ! Marche pas ! Encore un coup ! Je retape. IL Y A UNE BRISURE !

2

Allez allez ! CLING ! Encore !

— Tu vas lâcher, oui !

1

Je balance tout dans ce dernier coup ! Mes muscles explosent en accompagnant cette ferraille qui s'enfonce dans le verre.

La vitre éclate...

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