L'affaire Carpenter : Un réveil difficile.

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J'ai un de ces mal de crâne ! Qu'est-ce qui m'est arrivé ? 

Je repasse le film de ma journée : l'affaire Carpenter, la découverte de ses bouquins, les annotations en rouge, l'Oulipo, l'Égypte. Argh ! Ma tête ! je me revois finir de remplir mon rapport. Je suis allé voir où en était la récupération des données de surveillance du drone... plus rien. Pas moyen de me souvenir de quoi que ce soit après ça. Le trou noir. 

J'ai soudain une fulgurante envie de vomir, mon corps se réveille et il n'a pas du tout aimé la façon dont il a été traité. J'arrive à me remettre debout en titubant. Je m'appuie sur le mur à ma droite et en profite pour refaire la peinture. Ma bile à un gout âcre, j'ai l'impression d'avoir du plomb fondu au fond de la gorge. 

Je reste encore quelques instants contre le mur, le temps que mon organisme se remette... de quoi ? Aucune putain d'idée ! Je relève la tête. Aucun doute, j'ai été drogué. Mais pas moyen de me rappeler ce qui m'est arrivé après avoir quitté mon bureau. Je m'examine.

J'ai toujours mon arme, un Colt Python, ça c'est bon à savoir. Vous pouvez me vanter tous les avantages d'un Pulse, pour moi rien ne remplace un bon vieux revolver. Même si ce truc a bien cent ans de plus que moi, il ne m'a jamais lâché, lui. On ne m'a pas volé mon portefeuille, j'ai toujours mes papiers et je crois bien qu'il ne me manque pas d'organes. Alors pourquoi je me retrouve au milieu de... C'est quoi cette embrouille ?

- Bonsoir, inspecteur Fincher. Mon nom est Thot.   

Je me fige et sors instinctivement mon arme. Vu le timbre synthétique et grésillant de la voix, soit j'ai affaire à un augmenté soit c'est un interphone. 

- Inutile inspecteur, cela ne vous sera d'aucune aide ici. Et ce n'est pas la peine de me chercher partout du regard, vous ne me verrez pas. Retournez-vous.

Je m'exécute. Je tombe nez à nez avec une petite caméra encastrée dans le mur auquel je tournais le dos. J'en profite pour détailler l'endroit où je me trouve. Une chambre d'immeuble, délabrée, qui doit bien dater d'avant la Table Rase, une ampoule à filament grésille au plafond. J'écarquille les yeux, pris de panique. Je cherche une fenêtre. Il n'y a qu'un seul Block où l'on retrouve des constructions pareilles. 

- Bravo inspecteur ! fait la voix déformée. Vous avez deviné où vous êtes. Bienvenue dans le Block Omega ! Ce bâtiment est l'un des seuls qui ait survécu à la Table Rase. Vestige d'une époque perdue où des villes entières pouvaient voir le jour grâce à de belles paroles. Vous avez effleuré cette époque du bout des doigts ce matin, inspecteur.

- Vous êtes le meurtrier d'Anthony Carpenter ! je m'exclame. Pourquoi vous faites tout ça enfoiré ? Quel est votre lien avec l'Oulipo ?

- Gardez votre sang-froid Edouard, je vous en prie. 

Il connaît mon prénom, ce malade a dû me fouiller. J'essaye de me calmer.

- Bien. Sachez que la mort d'un auteur aussi brillant que monsieur Carpenter m'attriste énormément. Ensuite, ce n'est pas moi qui ai mis fin à ses écrits. Mais il était nécessaire de le stopper, il allait finir par déterrer quelque chose. Vous êtes arrivé trop tôt, inspecteur. Nous n'avions pas prévu cette contrainte supplémentaire. Aussi nous devions nous occuper de vous. Je vous ai dit tout à l'heure que ce bâtiment fut construit avec des paroles. Solides, brutes. À vous de prouver que vous pourrez trouver le chemin de la sortie grâce à vos propres mots. 

J'en ai assez entendu. Je viens de remarquer une porte dans le fond de la pièce. Fermée. Je tire une balle dans le mur, juste au-dessus du loquet. Rien ! Même pas une égratignure ! 

- Vous voyez, me dit la voix monocorde. Creusez-vous un peu la cervelle et surmontez la contrainte avec vos propres mots.  

- Crois bien que quand je sortirai d'ici sale cinglé, je te les ferai ravaler, tes mots ! Quant à cette porte, je vais trouver un moyen de l'ouvrir t'en fais pas !

À cet instant précis, j'entends un déclic au niveau de la serrure. Je pose lentement ma main sur la vielle poignée rouillée et je pousse. Les gonds émettent un affreux grincement après des années d'inactivité et je débouche dans une autre pièce, l'arme au poing. J'ai à peine le temps d'entrer que la porte se referme derrière moi en claquant. Il fait noir comme dans un four.  

- Excellent, fait la voix de Thot dans l'obscurité totale. Avancez à tâtons, pesez le pour et le contre de chaque mot. Soyez vigilant et... bonne chance inspecteur.


À SUIVRE...

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