La trotteuse hachurant l’horloge de la cuisine tel un dresseur d’opale céleste, je m’assis devant le petit-déjeuner.
- Pas de flingue sur la table ! Sinon j’enlève le jus d’orange.
Je soupirai. Ma mère était en peignoir.
- Guillaume, qu’est ce que je viens de dire ?
Je glissai l’arme dans ma poche, pris un croissant. Basculant en arrière, je montai les pieds au niveau de mon assiette, les posants entre le beurre et la confiture, sous les sourcils haussés de ma génitrice.
- Maman, j’ai décidé de partir.
Je mordis dans la viennoiserie réchauffée.
- Aujourd’hui ?
- Oui.
- Avant la traite ?
On avait des chèvres.
Le silence veilla sur le reste du repas. Puis je sortis.
Il faisait un froid noir. J’haussai les épaules. J’avais mis ma plus belle écharpe.
J’étais libre.