Chapitre 4

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La ville de Zvolen était dominée par son château dont les remparts en pierre blanche reflétaient la lumière et aveuglaient ses visiteurs. Tom Jedusor était déjà venu à de nombreuses reprises ici pour poursuivre un désir ardent qu’il pensait inatteignable. Jamais il n’aurait imaginé revenir ici. L’hiver y était froid et sec. Il resserra les pans sa cape et s’engagea vers le jardin du château.

Il croisa quelques gobelins dans le château, ils le regardaient avec dédains et longeaient les murs pour éviter tout contact avec lui. L’intérieur du château était richement décoré, des vases doré incrustés de pierre et des lustres disproportionnés s’échangeaient des filets de lumière colorée à travers les grandes salles.

Lorsqu’il arriva dans le grand salon, un gobelin tout aussi dédaigneux que ses prédécesseurs en haut d’un pupitre le scruta de haut en bas.

- Vous souhaitez allez quelque part, Monsieur ?

- La fôret d’Yngeldhir, lui répondit Jedusor sans un regard.

- Pour affaires ?

- Cela ne vous regarde pas.

Grincheux et vexé le gobelin descendit de son pied d’estal pour le guider à travers la pièce. Des miroirs se succédaient les uns les autres, petits, grand, doré, cuivré, en fer. Certains étaient ornementés de pierres précieuses d’autres sans aucunes boiseries et d’un minimalisme détonnant par rapport aux autres. Ils tournaient à gauche, bifurquaient à droite, leur reflet et leurs ombres se découpant et se confondant entre chaque miroir. Jedusor s’avoua à lui-même qu’il n’aurait jamais pu réussir à se guider dans ce labyrinthe. Le gobelin s’arrêta devant un miroir cassé, étroit, sans pierre précieuse ni ornements.

- Il s’agit du bon passage ? demanda Jedusor suspicieux.

En guise de réponse le gobelin tandis sa main en attente des gallions que lui devait le sorcier. Lorsqu’il se retrouva seul devant le miroir Tom fit face à lui-même. Il n’avait jamais été un grand adepte des miroirs. Il se dévisagea pendant quelques secondes, un regard sombre, des cheveux sombres, une aura sombre. Exactement tout ce qu’il appréciait. Il échangea avec lui-même un sourire ténébreux. Il se savait bel homme mais n’en jouait pas du tout. Pour lui la beauté n’était pas un objectif et était inutile dans sa quête. Il était doué et puissant en magie c’était suffisant, la beauté ne lui apportait rien.

Il inspira et franchi le miroir. Une atmosphère lourde et humide le saisit et fouetta son visage. Les miroirs étaient des portoloins efficaces, le gobelin devait déjà être en train de recréer un autre passage derrière lui. Jedusor ne pouvait donc pas être suivit et se retrouvait sans issue de secours également. Il se trouvait au beau milieu d’une forêt, le vent sifflait entre les pins massifs, les oiseaux chantaient dans les branches, et le son d’un court d’eau se mêlait à cette cacophonie. Une peinture magnifique que Tom se promit de bruler dès qu’il serait revenu de son voyage. Il lanca le sortilège « pointe au nord » pour se guider et marcha le long des troncs d’arbres. Il arriva après quelques minutes le long d’un court d’eau. L’eau y était clair, et aucunement rouge. Il décida de remonter vers la source. Il y parvient après quelques heures de marches et d’escalade. Il ne ressenti ni la faim, ni la fatigue, son objectif l’obnubilait à un tel point qu’il en oubliait qu’il était vivant. Une cascade se jetait du pied de la source. L’eau n’était pas rouge. Il douta quelque instant des propos de l’elfe, peut être était-elle plus résistante au sortilège de l’impérium que les humains ordinaires. Cette pensée le mis dans une colère noire, il sauta dans l’eau et s’immergea jusqu’à la taille. L’eau était glacée, mais sa colère irradiait, il n’avait ni chaud ni froid. Il n’était pas venu pour rien, il allait réussir, l’échec n’était pas permis. Il se rémora les propos de cette maudite elfe. Il remarqua qu’une pierre au fond du court d’eau était gravée. Il s’en saisit et y lu « L’eau couleur pourpre lève le voile ».

De nombreux sorciers avaient perdu la vie ici, par faiblesse sans aucun doute. Le prix de la vie pour lever le voile l’avait prévenu l’elfe. La réponse était toute trouver. Il devait mourir, ici dans l’eau. Cependant, contrairement à beaucoup de sorciers et sorcières qui avaient fait usage d’un sortillège de mort temporaire ou sacrifier d’autres personnes qu’eux même, Jedusor voulait plus que tout au monde pouvoir voir le monde des elfes et y dérober la puissante qui s’y cachait. En réalité, sa vie en dépendant, son plan également. S’il voulait être immortelle et devenir le plus puissant des sorciers de ce monde, il devait tout donner. Sa vie y compris. Il avait déjà créé deux horcrux, et beaucoup d’autre encore à créer. Sa puissante n’avait donc pas atteint son paroxysme. Il se mit à rire, un rire profond et horrible. La situation était plus qu’anodine. L’auteur de l’énigme voulait voir jusqu’au les sorciers pouvaient aller pour franchir le voile. Il ne fallait pas user de la magie.

Il se saisit d’une pierre, et l’aiguisa, encore et encore. La nuit tombait, Tom répéta l’opération un nombre incalculable de fois jusqu’à obtenir la lame la plus tranche qui puisse fabriquer par lui-même. Il était trempé, livide, mais son regard brulait d’un désir ardent de parvenir à ses fins. Il porta sa lame de fortune le long de son avant bras gauche et, sans aucune hésitation, la fit glisser le long du poignet. Un filet de sang écarlate et chaud s’en échappa et colora l’eau de la source. Il fit la même chose sur l’autre poignet. La douleur était atroce, il sentit ses forces le quitter doucement. Il se mit à hurler d’un rire hystérique. Son cœur s’emballait, luttait pour ne pas mourir. Mais mourir l’intéressait justement, et il n’avait pas peur. Il se réjouissait et se délectait de cette expérience.

Le monde tournait et Tom Jedusor, ensanglanté s’effondra dans l’eau. Le froid le gagna, l’eau emplit ses poumons et tout devint noir autour de lui. L’eau de la cascade était pourpre. Le voile s’était levé.

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